uZine
Retour au sommaire

Web indépendant, Web citoyen

Cyber-économie mon amour

Internet & Journalisme

Pressions & répression



Molière, Mozart et Balzac assassinés par Kazaa
mercredi 21 janvier 2004




Dans une tribune intitulée « Tartuffes du piratage » publiée sur un site de presse membre du Groupement des éditeurs de services en ligne Geste, membre du groupe de contact contre le spam, membre du Forum des droits sur Internet (FDI), membre du Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) François d’Aubert, député UMP, président du Comité national anticontrefaçon déclare, en pleine polémique sur la Loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) :

« On n’enterre plus Molière à la dérobée, on ne laisse plus mourir Mozart ni Balzac harassés par leurs créanciers. Les artistes bénéficient aujourd’hui d’un traitement plus hypocrite : on s’interroge avec une feinte naïveté sur leur bon droit.

Les fraudeurs font de la simple tolérance pour la copie privée un véritable droit à l’abus. La démultiplication de la copie sur Internet, à cause du « peer to peer » servi par des logiciels comme Kazaa, ne contribue pas seulement à l’effondrement des ventes de CD musicaux et à la prolifération des fichiers musicaux MP3 sur les disques durs des ordinateurs.Elle entraîne aussi le recyclage du discours des contrefacteurs. »

Pour stimuler notre mémoire républicaine, on pourra relire la Petite histoire des batailles du droit d’auteur, par Anne Latournerie :

« Face aux revendications des auteurs, le pouvoir monarchique choisit de favoriser les libraires-imprimeurs, corporation puissante et influente. La querelle éclata au milieu du XVIIè siècle. La corporation des libraires s’opposait à ce que les auteurs puissent diffuser eux-mêmes leurs livres et réclamait donc que les auteurs leur soient soumis en droit, avec une propriété littéraire limitée dans ses applications. Le gouvernement ne soutint pas directement les libraires, mais il interdit la pratique des privilèges généraux, qui existaient jusqu’alors et porta ainsi tort par un autre biais au développement de la propriété littéraire des auteurs. »

A lire également :

- Prix des CD : où va votre argent ? par Loïc Roman
- La tartufferie des maisons de disque, par Hutspot







> Molière, Mozart et Balzac assassinés par Kazaa 2 mars 2004, par Rogeron

La RIAA et la NARAS, tout comme la plupart de l’industrie musicale repliée sur ses positions, déclarent que les téléchargements gratuits font souffrir les ventes - mieux, elles disent que cela détruit l’industrie. Hélas, l’industrie musicale n’a pas besoin d’aide extérieure pour se détruire elle-même. On sait très bien faire ça tout seuls, merci.

Voici quelques déclarations issues du site web de la RIAA :
1 - "Les analyses montrent qu’un des nombreux systèmes peer-to-peer en usage est reponsable à lui seul de plus de 1,8 milliard de téléchargements non autorisés par mois". (Lettre d’Hilary B. Rosen à Rick Boucher, membre du Congrès, 28 février 2002)
2 - "Les ventes de CD-R vierges…ont augmenté de près de 2,5 fois au cours des deux dernières années…si seulement la moitié des disques vierges vendus en 2001ont été utilisés pour copier de la musique, le nombre de CDs gravés dans le monde entier est environ le même que le nombre de CDs vendus dans le commerce." (Lettre d’Hilary B. Rosen à Rick Boucher, membre du Congrès, 28 février 2002)
3 - "Les ventes de musique souffrent déjà de cet impact...aux Etats Unis, les ventes ont baissé de plus de 10% en 2001." (Lettre d’Hilary B. Rosen à Rick Boucher, membre du Congrès, 28 février 2002)
4 - "Dans une étude récente portant sur des consommateurs de musique, 23%…ont dit qu’ils n’achetaient plus de musique parce qu’ils la téléchargent et la copient gratuitement." (Lettre d’Hilary B. Rosen à Rick Boucher, membre du Congrès, 28 février 2002)
Prenons ces points un par un, mais avant, laissez-moi vous rappeler quelque chose : l’industrie musicale a eu exactement la même réponse lors de l’arrivée des magnétophones à bande, des cassettes, des DATs, des minidiscs, VHS, BETA, vidéos musicales ("Pourquoi acheter le disque quand vous pouvez le copier sur bande ?"), MTV et une multitude d’autres avancées technologiques faites pour faciliter la vie du consommateur. Je le sais, j’étais là.

La seule raison pour laquelle ils n’ont pas réagi publiquement à l’arrivée des CDs, c’était parce qu’ils croyaient que les CDs étaient incopiables

1 - Qui a dit qu’une de ces personnes aurait acheté les CDs si les chansons n’avaient pas été disponibles gratuitement ? Je n’ai pas pu trouver une seule étude là-dessus, une où un sondeur réputé comme Gallup poserait vraiment cette question aux gens. Je pense que personne ne la pose parce que chacun a peur de la vérité - la plupart des téléchargements viennent de gens qui veulent essayer un artiste. Et si un pourcentage des ces 1,8 milliard vient du fait que des gens téléchargent un tube en vogue de Britney ou de In Sync, qui va vraiment dire que ça fait souffrir leurs ventes ? Les statistiques peuvent facilement être manipulées. Combien de ces gens sont sortis acheter un album qui avait été matraqué à la radio pendant des mois, juste parce qu’ils en avaient téléchargé une partie ?
2 - Les ventes de CDs vierges ont augmenté ? Bien sûr ! J’ai acheté un nouveau Vaio en décembre et je sauvegarde maintenant tous mes fichiers sur CD. J’utilise ainsi 7 à 15 CDs par semaine, soit environ 50 par an. La plupart des PCs sont vendus avec [Windows] XP, qui permet une sauvegarde facile sur CD ; Combien font ce que je fais ? De plus, quand j’achète un nouveau CD, je fais une copie pour ma voiture, une copie pour l’étage et une copie pour mon partenaire. Ca fait trois disques vierges par CD. Ainsi, à moi seule, je consomme 750 CDs vierges chaque année.
3 - Je suis sûre que la baisse des ventes n’a rien à voir avec la crise économique, ni une spirale infernale dans laquelle serait enfermée l’industrie musicale, ou la daube que nous servent les maisons de disques. Pas vous ? Il y a eu 32 000 nouveaux morceaux publiés aux USA en 2001, et je ne compte pas les rééditions, les disques vendus à compte d’auteur, ou les petits labels qui ne sont pas inclus dans les statistiques de SoundScan. Une estimation prudente des CDs "nouveautés" serait de 100 000 par an. Ca fait un sacré nombre de sorties pour une industrie qui a été détruite. Pour compliquer les choses, on entend de la musique partout, qu’on le veuille ou non : magasins, parcs d’attractions, arrêts d’autoroutes. Le concept original de Muzak (jouée dans les ascenceurs de façon si douce que son effet apaisant serait subliminal) est totalement incontrôlé. Pourquoi acheter des disques quand on peut entendre l’intégralité du Top 50 en allant faire ses courses au supermarché ?
4 - Quels consommateurs de musique ? Des étudiants qui ne peuvent pas se permettre d’acheter 10 CDs par mois, mais veulent entendre leurs groupes favoris ? Quand j’ai acheté à mes neveux le dernier CD des Backstreet Boys, je leur ai demandé pourquoi ils ne l’avaient pas plutôt téléchargé. Ils ont patiemment expliqué à leur tante sénile que le téléchargement ne leur donnait pas la super pochette, et mieux, la vidéo qu’ils ne pouvaient voir que sur le CD.
Soyons réalistes, pourquoi la plupart des gens téléchargent-ils de la musique ? Pour entendre une nouvelle musique. Pas pour éviter de payer 5euros au magasin de CDs d’occasion du coin, ou de l’enregistrer à la radio, mais pour entendre de la musique qu’ils ne peuvent pas trouver ailleurs. Regardez les choses en face - la plupart des gens ne peuvent pas se permettre de dépenser 15,99 € pour expérimenter. C’est pour ça que les cabines d’écoute (contre lesquelles les labels ont aussi lutté) ont tant de succès

extrait de l’article de Janis Lan

La débâcle de l’internet

[Répondre à ce message]

> Molière, Mozart et Balzac assassinés par Kazaa 31 mars 2004

merci pour la réponse que vous apportez et le temps consacré
Vous avez exprimé ce que beaucoup de monde pense avec une justesse excellente
je suis entierement d’accord avec vous

[Répondre à ce message]

> Molière, Mozart et Balzac assassinés par Kazaa 22 janvier 2004, par Hutspot

Merci pour ce lien intéressant.

Il est à regretter que, sous ce joli titre, Monsieur D’Aubert défende son point de vue (non sans fondement) avec si peu de talent.

Dommage que la taxe (car cela en est bien une) sur les supports de sauvegarde ne soit citée que pour lancer une banderille à la gauche.

Regrettable aussi qu’après avoir déterré Mozart et Balzac – on se demande bien pourquoi – il enterre d’emblée tout débat sur la propriété intellectuelle, qui ne se limite pas aux oeuvres artistiques.

En gros, il aura fallu appuyer deux fois sur « Page Down » pour découvrir que voler, ce n’est pas bien. On applaudit mollement d’une main.

Les artistes (pour ne parler que d’eux) méritent meilleur défenseur que D’Aubert. Encore que – sont-ce vraiment eux qu’il défend ?

[Répondre à ce message]