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Droits d’auteur
15 janvier 2003
 
dimanche 12 novembre 2000

La musique en ligne ? Un service public !

Pour l’accès de tous à la zique sans passer par Napster ou quelque start up
par Ariel Kyrou
 

À la fin du mois d’octobre 2000, Napster a annoncé la signature d’un accord avec le monstre Bertelsmann, accord qui fera bientôt de l’entreprise californienne un service de « distribution musicale en ligne, sécurisée et sur abonnement ». Est-ce la fin du téléchargement gratuit de musique en ligne dont Napster était le symbole ? Et que vont faire les 38 millions de « Napstériens » recensés ? Cette capitulation ne changera rien au désir des internautes de dénicher par tous les moyens de la zique gratos sur le Net sans se préoccuper des droits d’auteur. Les emmerdes ne font que commencer pour les majors du disque et c’est tant mieux. Mais il y a urgence à trouver des voies originales pour assurer l’accès de tous à la culture sans torpiller les artistes, et ces voies, parentes des chemins du logiciel libre, devront refuser sans ambiguïté la logique du profit.

La capitulation de Napster face aux majors

Napster ? Depuis mai 1999, son logiciel permettait aux internautes du monde entier de s’échanger sans bourse déliée toutes les musiques du monde. À partir d’un catalogue centralisé par le logiciel, de disque dur à disque dur, les internautes troquaient les vocalises de Madonna contre les pilonnages de Daft Punk, sans que la famille SACEM ni les dragons Universal, Emi et Warner ne touchent leur royale obole.

Nous sommes aux derniers jours d’octobre 2000. Sonne le deuxième Acte de l’épopée de la musique en ligne : après quatre mois de procès avec la RIAA (l’Association de l’industrie musicale américaine), et avant même que cette sarabande judiciaire ne soit close, la société Napster rentre dans le rang. Le petit e-moustique californien qui piquait les e-vaches des majors du disque annonce une alliance avec l’un de ces mastodontes qui l’avait placé devant les juges : Bertelsmann. Et les quelques 38 millions de « Napstériens » de notre planète connectée ? Demain, s’ils veulent continuer à troquer leurs coups de cœur musicaux sous format de compression numérique mp3, ils devront verser 38 francs par mois dans le porte-monnaie de la société qui naîtra de l’accord de Napster et de Bertelsmann…

Le désir de musique gratuite plus fort que Napster

Une question se pose : ces « Napstériens » vont-ils payer pour puiser dans le catalogue de Bertelsmann et sans doute demain des autres majors ? Non. Seule une minorité de gugusses passera à la caisse. Car le succès de Napster repose sur le mariage d’une technologie et d’un appétit de musique gratuite. Enlevez le fleuve sans limites de jazz, de techno, de pop et de hip hop, et vous n’aurez que l’outil sans l’usage. Mettez-y des barrages, des péages et des douaniers, et vous verrez les nageurs et bateliers emprunter les rivières, gratuites et libres de tout flicage. Ce qui n’empêchera les plus fortunés de prendre de temps à autre le fleuve bien policé par les majors, histoire de se payer une balade confortable et de donner le change avant de reprendre des cours d’eau plus franchement hérétiques…

Demain le haut débit : que les majors frémissent !

Nos 38 millions de « Napstériens », pour la plupart, n’avaient pas d’accès au Net en haut débit. Et il leur fallait des heures pour télécharger titres ou surtout albums en mp3, et les nuits leur étaient très fructueuses. Demain, surfant en toute fluidité grâce aux ondes et aux tuyaux du haut débit, ils téléchargeront sans coup férir en mode TGV. Pensez-vous qu’ils choisiront le site payant marqué du sceau des majors ou le site de musique gratuite dans l’esprit de feu Napster ?

Freenet et Gnutella : des communautés, pas des entreprises !

Car Napster a d’ores et déjà des petits frères qui peaufinent des technologies plus « rebelles » encore, même si pas toujours simples d’accès : Gnutella et Freenet. Là où Napster supposait le passage par un centre serveur avant que les internautes ne se livrent à leurs échanges de disque dur à disque dur, Gnutella et Freenet sont des logiciels décentralisés, opérés par des zozos repartis sur l’ensemble du réseau et bien souvent anonymes… Enfin, là où Napster revendiquait un statut d’entreprise, Gnutella et Freenet ne se veulent que des communautés. Et ce petit détail change tout…

Impossibles à localiser car sans le moindre centre, Freenet et Gnutella ne recherchent pas le profit, mais agissent pour le libre accès de tous à la culture. S’ils refusent de payer à la SACEM et ses équivalents dans le monde des droits d’auteur, c’est au nom d’une éthique, refusant toutes censures et rêvant peut-être d’une société de créateurs pirates. Et demain, sachez-le, à la musique sous mode mp3 s’ajouteront des films en format de compression DivX.

Quelle sera la réponse des institutions et des monstres du loisir ? La répression policière et cyber-policière ? Certes, mais comment remonter aux coupables ? Dans l’impossibilité de traquer les maîtres de Freenet et Gnutella, vont-ils traquer chez eux les « consommateurs » allergiques au copyright ? Big brother es-tu là ?

Ce n’est pas le Net mais la musique de merde qui tue la musique

Déjà, dans le passé, les maisons de disque ont crié haro sur la cassette enregistrable ! Elle allait tuer la musique, qu’ils disaient. Selon Bono, leader du combo U2 interrogé début octobre 2000 par Libération, le Net n’assassinera pas plus la musique que la cassette audio ne l’a desservie. Ce qui tue la musique, c’est la « musique de merde ». Jamais, d’ailleurs, les ventes de Cd aux Etats-Unis ne se sont aussi bien portées qu’au moment où Napster cassait la baraque. Comment, en ce cas, se prononcer contre l’idée que des jeunes sans le sou se servent du Net pour découvrir des milliers de musiques qu’ils n’auraient pu découvrir autrement ? Bono vote pour. Et nous aussi. Mais l’artiste d’ajouter : le seul problème, ce serait que « Mr Napster » se serve de son logiciel et de ses échanges entre 38 millions d’amis pour faire grimper son cours au Nasdaq. Et là, Bono frappe juste : l’accès gratuit de tous à la culture est une mission de service public, sûrement pas un modèle économique…

Les internautes et les artistes indépendants contre les majors ?

En octobre 2000 toujours, un jeune homme de 26 ans a écopé de 20.000 francs d’amende et de 4 mois de prison avec sursis pour avoir proposé depuis son propre site web des liens vers des sites de téléchargement gratuit de musique en format mp3. Une honte, démontrant s’il en était besoin la tendance naturelle du juriste à protéger le puissant crapaud contre le têtard citoyen, l’entreprise dépensant des millions en placards de pub contre le site indépendant profitant du « bouche à mail » et des liens hypertextes pour attirer à lui les internautes.

Enfin, si l’on prend le point de vue de l’auteur ou du label indépendant, vaut-il mieux condamner l’étudiant désargenté à la diète musicale et cinéphile ou lui permettre de se construire une culture dans l’espoir qu’il ait demain les ronds pour apporter son obole aux artistes ? Et puis selon quel principe absurde les intermédiaires tels les mastodontes de la SACEM et les triceratops du loisir seraient-ils incontournables pour récolter les droits ? Le Net permet de se passer d’eux. Oublions-les.

Plaidoyer pour un service public iconoclaste

Au lieu de réprimer, pourquoi ne pas applaudir aux multiples échanges de musique sur le Net ? Pourquoi ne pas les encourager mais selon une logique de service public ? Un service public au sens noble du terme… Pas le service public de France Telecom ou des couloirs de l’ANPE mais celui des bibliothèques municipales où chacun peut emprunter des CD sans bourse délier. Un service public sans rond-de-cuir, une organisation virtuelle de l’ère de Linux et de la Licence Art Libre de « copyleft Attitude ». Outre sa simple fonction d’accès à la culture sous mp3, il guiderait l’internaute vers des artistes rares et plus difficiles, proposerait des samples et des références historiques, ferait découvrir de bons vieux ancêtres, ouvrirait l’horizon de tous...

Premières pistes pour une construction libre et salutaire

Le financement de ce service public inédit ? Et le paiement des artistes ? Saviez-vous qu’à chaque cassette audio achetée, vous payez une taxe qui va dans la poche des intermédiaires du disque. Pourquoi ne pas étendre ce principe au CD enregistrable mais au bénéfice de notre nouveau service public ? Enfin, chaque usager de ce service universel de téléchargement gratuit pourrait décider, en cas d’extase musicale et d’une santé financière lui permettant cet acte généreux, de donner des deniers à tel ou tel artiste après avoir puisé gratuitement dans l’océan de musiques... Comme un pourboire d’un nouveau style, électronique et libre.

De façon générale, l’emprunt se ferait en mp3, et serait donc plutôt de l’ordre du cadeau, mais qu’importe ? Qu’il s’agisse de l’internaute mettant ses musiques sur CD ou des Napster du futur, le problème des droits ne se poserait qu’en cas de plus-value du lycéen ou de l’entreprise. Lorsque l’un vendrait à ses potes des CD copiés à 80 balles au lieu des 10 balles de support, ou quand l’autre en profiterait pour négocier de la pub et faire grimper ses actions. Sinon, foin de copyright ! Et houra pour le bazar de toutes les musiques, les plus costard cravate comme les plus delirium très mince ! Sur un site de service public, mondial of course.

 
 
Ariel Kyrou
 
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> La musique en ligne ? Un service public !
4 mai 2002
 

...elle est où la musique ?
Merci de votre aide.

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> La musique en ligne ? Un service public !, Ariel, 7 juin 2002

La musique ? Elle est partout dans cet article. Dans l’idée de créer sans le FIL à la patte des majors du disques, dans un accès le plus large possible de tous à la culture...

Allez, tiens, j’en profite pour faire de l’autopromo : je viens de sortir (le 5 juin), un livre qui en est plein, de musique : Techno Rebelle, Un Siècle de musiques électroniques, X-Trême / Denoël.

Merci

Amitiés

Ariel

NB : je me demande si cette autopromo va susciter ou nom l’ire de certains sur Uzine... Mais bon, puisque d’aucuns font de la censure, je fais de la pub pour une prose libre et sans attaches... qui se trouve être la mienne.

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> La musique en ligne ? Un service public !
20 novembre 2000, message de Fil
 

1) Le papier ne mentionne pas que l’auteur est (a été ?) un employé d’une filiale (et pas n’importe laquelle) de Vivendi - lequel vient de fusionner avec Universal. Hum.

2) L’article nous explique la musique en line comme un « service public », au moment précis où Vivendi-Universal déclenche sa campagne de pub dans tous les journaux et propose son service (privé) de musique en ligne.

Service public assuré par le privé : voilà ce qu’ils veulent, les rois de la finance. Gerald Levin, PDG de Time-Warner au moment de la fusion avec AOL, dessinait son rêve : « Les médias globaux seront le business dominant du XXIe siècle. » Ils « seront plus importants que le gouvernement. Plus importants que les institutions éducatives et les associations ». Et : « Nous allons voir ces corporations se redéfinir comme des instruments de service public (...) et cela peut être une manière plus efficace de régler les problèmes de la société que par le gouvernement. »

Libé, samizdat et le minirezo : ça noyaute ferme !

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Oh la jolie censure !, Ariel, 7 juin 2002

Tiens, quelle surprise !

Par les hasards de la navigation, je remets l’oeil sur cet article que j’ai écrit il fut un temps, et que vois-je ? La longue réponse que j’avais fait à l’intervention stupidissime de cet admirable Fil a disparu avec l’arrivée de la nouvelle formule de Uzine ! Beau geste. J’admire.

Alors, je répète :

- je n’ai jamais été salarié de Vivendi. Jamais. Le projet Powow était un projet parmi d’autres, histoire de croûter tout en se regardant dans la glace le matin sans l’impression de se trahir. Le mot "noyauter" est donc le délire d’un petit (tout petit) père du peuple.

- La liberté de parole était inscrite dans le projet alimentaire Powow.net, qui n’a jamais cédé à toute tentative de main mise de son financier Vivendi (jamais aucune relecture à des fins de censure n’a été accepté de la part de notre équipe).

- Je ne me suis jamais privé de dire tout le mal que je pensais de Jean-Marie Messier, à une époque où il était encore une star sur son piédestal.

- Notre liberté nous a coûté un arrêt brutal de financement. Le site en juillet 2001.

Bises

Ariel

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> La musique en ligne ? Un service public !
14 novembre 2000, message de romain
 

Au lieu de cracher aussi délibérément sur la SACEM, il serait plus judicieux, et intelligent d’essayer de trouver des interlocuteurs intelligents (dans le sens, qui aient un minimum d’accord avec vos idées) chez eux, et de tâcher de discuter de la chose.

Que faites-vous des droits que les chaines de radio et de télé, voir les entreprises de festivités doivent payer lors de l’utilisation ou la production d’oeuvres musicales ? La SACEM est là pour ca, et si elle ne fait pas l’unanimité, il faut savoir que nombre d’auteurs tiennent a un juste retour de leurs droits.
C’est peut-être un mastodonte, pas très efficace, c’est cependant le SEUL moyen qu’ont des auteurs de récupérer des droits sur leurs oeuvres.

Récupérer ses droits par internet ? Comment ?
En faisant payer au téléchargement, au forfait, ou par un système de don ?
La première solution n’est pas celle que vous voulez, ni celle qui "marchera" de toutes facons. La seconde ne sera malheureusement jamais qu’une demi-solution.

La musique gratuite, c’est très bien. Mais les auteurs, que recoivent-ils ? Des dons de la part de leurs auditeurs ? Il ne faut pas se leurrer. J’y ai cru un temps, mais personne n’ira se fatiguer à aller donner de l’argent à un artiste, alors qu’il a si facilement accès à sa musique.

Il ne faut pas oublier que si le but de la musique, c’est de faire la fête, et de s’éclater, même pour l’auteur et les interprètes, il faut aussi que ces auteurs et interprètes aient de quoi vivre.

Dire qu’ils ont assez de revenus avec les droits qu’ils reçoivent déjà témoigne de l’inconsistance du discours ; les droits actuellement perçus proviennent des ventes de supports physiques, de diffusion radio et télé, et de diffusion publiques.
Le net va devenir le média numéro 1 d’ici quelques années. C’est à dire : plus de support physique, ou plutot, plus de support physique taxable pour rémunérer les auteurs (à très faible proportion) comme cela est suggéré.
Ce qui sera taxable, alors, c’est directement soit l’accès à un site, soit carrément l’accès au réseau.

Et si aucun droit n’est perçu sur Internet, quid de la légitimité de ces droits ? Et pourquoi alors les chaines de télé, de radio payeraient elles encore leurs forfaits aux organismes percepteurs de droits ?
Et dans ce cas, quid des inventeurs de ces musiques ?

Si les auteurs ne peuvent pas percevoir de droits, ne serait ce que minimes, sur internet, ils ont intérêt à se trouver un autre job pour vivre (si ça n’est pas déjà ce que font certains).

Du point de vue du consommateur, de l’auditeur, du fan, c’est vrai que c’est génial la musique gratuite. Du point de vue de l’auteur aussi ; dans une certaine mesure.
Mais ce dernier doit bien recevoir quelquechose en échange de ce qu’il a produit, si cela est exploité, et/ou apprécié.
Si ce n’est pas du vol, ne pas rétribuer un artiste pour son travail, d’une facon ou d’une autre, c’est de la pure ingratitude.

Entendez bien le sens de mon message ; je suis partisan de la musique libre (qui n’est pas, à mon sens, LA solution. C’est une possibilité, c’est tout) ; je fais partie de Copyleft Attitude. Je ne dis pas cela pour me "mettre en valeur", mais pour faire comprendre que la situation n’est pas : "les grosses majors de l’industrie capitaliste de la musique d’un côté" et "les gentils auteurs qui veulent diffuser librement leur musique de l’autre côté".

La situation n’est pas aussi simple que ça, et elle mérite une profonde réflexion ; pas une diatribe "anti-profit".

Si des sociétés comme la SACEM ont été créées, c’est pour protéger les auteurs de l’exploitation qu’en faisaient les sociétés d’édition et leur assurer une juste rétribution.

Avant que les auditeurs pensent à eux, il faudrait qu’ils pensent aux créateurs de ces musiques, qui ne vivent pas seulement de l’air du temps et du sourire des gens.

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> Non, la SACEM ne veut pas écouter, Ariel Kyrou, 15 novembre 2000

Romain,

Mon propos n’avait rien à voir avec une " diatribe anti-profit ". Il était de dire avec quelque provocation : ne tentons pas de mêler une logique de profit, qui peut être au demeurant légitime (et qui est celle de Napster, de Vivendi Universal ou même d’un label indépendant que je chéris comme Ninja Tune), avec une logique de diffusion du patrimoine musical, d’échange de musique gratuite voire d’éducation à la musique… Sachant que je propose que cette logique s’incarne en une seule et même entité virtuelle que je qualifie de " service public " afin de faire image et donner des clés compréhensibles à tous.

Qui sait ? La SACEM pourrait se muter en cette entité ? Sur le principe, ce serait envisageable, car l’institution défend a priori des intérêts publics. Après tout, les droits d’auteur ont été imaginés il y a quelques siècles pour protéger le patrimoine culturel de l’humanité plus encore que pour permettre aux auteurs de vivre de leur art (je vous mets en lien un texte d’Anne Latournerie sur ce pan d’histoire). Mais ne rêvons pas.

La SACEM a d’abord un rôle de flic sinon de procureur. Dernier exemple en date : l’affaire de Stéphane C., ce jeune homme de 26 ans condamné à 4 mois de prison avec sursis et 20.000 francs d’amende pour un site proposant des liens vers des sites proposant eux-mêmes des titres en mp3 de Madonna, de Pascal Obispo, de Lou Bega, etc. À l’origine de la condamnation de ce jeune homme qui gagne moins de 6000 balles par mois, on trouve qui ? La SCPP, émanation de la SACEM (cf l’article du site de Transfert en lien ci-dessous lui aussi). Quand vous leur parlez éthique ou justice, les gens de la SACEM répondent droit et règlements.

De plus, contrairement à ce que l’on croit, la SACEM a un rôle de redistribution très mineur, en tout cas bien moindre que celui de notre impôt sur le revenu. Ainsi y a-t-il une taxe sur les cassettes enregistrable qui va en partie à la SACEM. Où va l’argent ? En majorité à ceux qui vendent déjà le plus de disques. Les Sardou et les Madonna. Comme par hasard, à la nuance près d’exceptions remarquables comme U2, ce sont les plus virulents contre Napster. La SACEM redistribue donc au prorata des diffusions et des ventes, et ne cherche qu’à la marge (et encore) à aider la création au sens large, les jeunes auteurs, à faire connaître le patrimoine musical… Le fric va au fric. Basta.

De fait, aujourd’hui, très peu d’artistes vivent de leur art. Je parle d’artistes, pas de produits marketing comme les All Saints ou les boys bands. Et lorsqu’ils en vivent, ces artistes, cela passe essentiellement par d’autres voies que la SACEM dont les sous ne vont qu’à une minorité d’élus. Non, ces artistes vivent de concerts pour beaucoup, du travail de DJ pour les gens de hip hop et surtout de techno, de musiques de films (cinéma, pub, etc) pour pas mal de jazzmen (Jan Garbarek par exemple) ou d’artistes de musiques nouvelles (François Elie Roulin et bien d’autres), etc. Certains musiciens reconnus comme Richard Pinhas vouent d’ailleurs au gémonies la SACEM (tiens, un autre lien ci-dessous)…

Alors, oui, je suis pour que les artistes puissent trouver rémunération. Mais pour les artistes que j’aime, cela passe d’abord par un accès de tous à ces musiques moins évidentes, par une diffusion, une éducation même. Pour que les gens écoutent. Et les internautes veulent écouter de tout.

Ma proposition de " service public " iconoclaste ne nie pas la question de la rémunération, mais place en préalable la musique et l’accès à la culture. Je propose même une taxe sur le CD vierge qui serait, cette fois, vraiment redistribuée de façon équitable à tous les créateurs et qui pourrait aider au financement de ce service.

On pourrait également imaginer que ce service ne propose aucune nouveauté avant 3 mois de mise en vente, sans parler des différences de qualité entre enregistrements…

Sur le fond, nous ne sommes pas en désaccord. Je suis juste très pessimiste sur la capacité d’écoute de la SACEM et de ses chiens de garde. Et je pense que si les artistes pouvaient faire le boulot de la SACEM en se passant d’elle (ce que la technologie va permettre), ce serait mieux. Sans parler des majors : il suffit d’écouter Pascal Nègre crier qu’il poursuivra jusqu’à l’enfer Napster pour avoir " son pognon ", même après l’accord avec Bertelsmann pour être pessimiste…

Non, je persiste et signe : seule une logique mêlant le " copyleft ", la philosophie du " logiciel libre " et celle de la bibliothèque de prêt gratuit peut répondre à l’enjeu de la musique en ligne, sans pour autant interdire par ailleurs des logiques de ventes. Mais le chantier reste à lancer, je vous l’accorde.

PS :

Pour Anne Latournerie (histoire du droit d’auteur) :
http://www.powow.net/fr/culture/article.cfm?id=563&nivo=3&srub=1

Pour accéder aux propos de Pinhas : http://www.powow.net/fr/dossiers/accords/index.htm

 
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