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> La musique en ligne ? Un service public !
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> La musique en ligne ? Un service public !,
Ariel,
7 juin 2002
La musique ? Elle est partout dans cet article. Dans l’idée de créer sans le FIL à la patte des majors du disques, dans un accès le plus large possible de tous à la culture... Allez, tiens, j’en profite pour faire de l’autopromo : je viens de sortir (le 5 juin), un livre qui en est plein, de musique : Techno Rebelle, Un Siècle de musiques électroniques, X-Trême / Denoël. Merci Amitiés Ariel NB : je me demande si cette autopromo va susciter ou nom l’ire de certains sur Uzine... Mais bon, puisque d’aucuns font de la censure, je fais de la pub pour une prose libre et sans attaches... qui se trouve être la mienne. |
> La musique en ligne ? Un service public !
20 novembre 2000,
message de Fil
1) Le papier ne mentionne pas que l’auteur est (a été ?) un employé d’une filiale (et pas n’importe laquelle) de Vivendi - lequel vient de fusionner avec Universal. Hum. 2) L’article nous explique la musique en line comme un « service public », au moment précis où Vivendi-Universal déclenche sa campagne de pub dans tous les journaux et propose son service (privé) de musique en ligne. Service public assuré par le privé : voilà ce qu’ils veulent, les rois de la finance. Gerald Levin, PDG de Time-Warner au moment de la fusion avec AOL, dessinait son rêve : « Les médias globaux seront le business dominant du XXIe siècle. » Ils « seront plus importants que le gouvernement. Plus importants que les institutions éducatives et les associations ». Et : « Nous allons voir ces corporations se redéfinir comme des instruments de service public (...) et cela peut être une manière plus efficace de régler les problèmes de la société que par le gouvernement. » Libé, samizdat et le minirezo : ça noyaute ferme !
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Oh la jolie censure !,
Ariel,
7 juin 2002
Tiens, quelle surprise ! Par les hasards de la navigation, je remets l’oeil sur cet article que j’ai écrit il fut un temps, et que vois-je ? La longue réponse que j’avais fait à l’intervention stupidissime de cet admirable Fil a disparu avec l’arrivée de la nouvelle formule de Uzine ! Beau geste. J’admire. Alors, je répète : je n’ai jamais été salarié de Vivendi. Jamais. Le projet Powow était un projet parmi d’autres, histoire de croûter tout en se regardant dans la glace le matin sans l’impression de se trahir. Le mot "noyauter" est donc le délire d’un petit (tout petit) père du peuple. La liberté de parole était inscrite dans le projet alimentaire Powow.net, qui n’a jamais cédé à toute tentative de main mise de son financier Vivendi (jamais aucune relecture à des fins de censure n’a été accepté de la part de notre équipe). Je ne me suis jamais privé de dire tout le mal que je pensais de Jean-Marie Messier, à une époque où il était encore une star sur son piédestal. Notre liberté nous a coûté un arrêt brutal de financement. Le site en juillet 2001. Bises Ariel |
> La musique en ligne ? Un service public !
14 novembre 2000,
message de romain
Au lieu de cracher aussi délibérément sur la SACEM, il serait plus judicieux, et intelligent d’essayer de trouver des interlocuteurs intelligents (dans le sens, qui aient un minimum d’accord avec vos idées) chez eux, et de tâcher de discuter de la chose. Que faites-vous des droits que les chaines de radio et de télé, voir les entreprises de festivités doivent payer lors de l’utilisation ou la production d’oeuvres musicales ? La SACEM est là pour ca, et si elle ne fait pas l’unanimité, il faut savoir que nombre d’auteurs tiennent a un juste retour de leurs droits. Récupérer ses droits par internet ? Comment ? La musique gratuite, c’est très bien. Mais les auteurs, que recoivent-ils ? Des dons de la part de leurs auditeurs ? Il ne faut pas se leurrer. J’y ai cru un temps, mais personne n’ira se fatiguer à aller donner de l’argent à un artiste, alors qu’il a si facilement accès à sa musique. Il ne faut pas oublier que si le but de la musique, c’est de faire la fête, et de s’éclater, même pour l’auteur et les interprètes, il faut aussi que ces auteurs et interprètes aient de quoi vivre. Dire qu’ils ont assez de revenus avec les droits qu’ils reçoivent déjà témoigne de l’inconsistance du discours ; les droits actuellement perçus proviennent des ventes de supports physiques, de diffusion radio et télé, et de diffusion publiques. Et si aucun droit n’est perçu sur Internet, quid de la légitimité de ces droits ? Et pourquoi alors les chaines de télé, de radio payeraient elles encore leurs forfaits aux organismes percepteurs de droits ? Si les auteurs ne peuvent pas percevoir de droits, ne serait ce que minimes, sur internet, ils ont intérêt à se trouver un autre job pour vivre (si ça n’est pas déjà ce que font certains). Du point de vue du consommateur, de l’auditeur, du fan, c’est vrai que c’est génial la musique gratuite. Du point de vue de l’auteur aussi ; dans une certaine mesure. Entendez bien le sens de mon message ; je suis partisan de la musique libre (qui n’est pas, à mon sens, LA solution. C’est une possibilité, c’est tout) ; je fais partie de Copyleft Attitude. Je ne dis pas cela pour me "mettre en valeur", mais pour faire comprendre que la situation n’est pas : "les grosses majors de l’industrie capitaliste de la musique d’un côté" et "les gentils auteurs qui veulent diffuser librement leur musique de l’autre côté". La situation n’est pas aussi simple que ça, et elle mérite une profonde réflexion ; pas une diatribe "anti-profit". Si des sociétés comme la SACEM ont été créées, c’est pour protéger les auteurs de l’exploitation qu’en faisaient les sociétés d’édition et leur assurer une juste rétribution. Avant que les auditeurs pensent à eux, il faudrait qu’ils pensent aux créateurs de ces musiques, qui ne vivent pas seulement de l’air du temps et du sourire des gens.
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> Non, la SACEM ne veut pas écouter,
Ariel Kyrou,
15 novembre 2000
Romain, Mon propos n’avait rien à voir avec une " diatribe anti-profit ". Il était de dire avec quelque provocation : ne tentons pas de mêler une logique de profit, qui peut être au demeurant légitime (et qui est celle de Napster, de Vivendi Universal ou même d’un label indépendant que je chéris comme Ninja Tune), avec une logique de diffusion du patrimoine musical, d’échange de musique gratuite voire d’éducation à la musique… Sachant que je propose que cette logique s’incarne en une seule et même entité virtuelle que je qualifie de " service public " afin de faire image et donner des clés compréhensibles à tous. Qui sait ? La SACEM pourrait se muter en cette entité ? Sur le principe, ce serait envisageable, car l’institution défend a priori des intérêts publics. Après tout, les droits d’auteur ont été imaginés il y a quelques siècles pour protéger le patrimoine culturel de l’humanité plus encore que pour permettre aux auteurs de vivre de leur art (je vous mets en lien un texte d’Anne Latournerie sur ce pan d’histoire). Mais ne rêvons pas. La SACEM a d’abord un rôle de flic sinon de procureur. Dernier exemple en date : l’affaire de Stéphane C., ce jeune homme de 26 ans condamné à 4 mois de prison avec sursis et 20.000 francs d’amende pour un site proposant des liens vers des sites proposant eux-mêmes des titres en mp3 de Madonna, de Pascal Obispo, de Lou Bega, etc. À l’origine de la condamnation de ce jeune homme qui gagne moins de 6000 balles par mois, on trouve qui ? La SCPP, émanation de la SACEM (cf l’article du site de Transfert en lien ci-dessous lui aussi). Quand vous leur parlez éthique ou justice, les gens de la SACEM répondent droit et règlements. De plus, contrairement à ce que l’on croit, la SACEM a un rôle de redistribution très mineur, en tout cas bien moindre que celui de notre impôt sur le revenu. Ainsi y a-t-il une taxe sur les cassettes enregistrable qui va en partie à la SACEM. Où va l’argent ? En majorité à ceux qui vendent déjà le plus de disques. Les Sardou et les Madonna. Comme par hasard, à la nuance près d’exceptions remarquables comme U2, ce sont les plus virulents contre Napster. La SACEM redistribue donc au prorata des diffusions et des ventes, et ne cherche qu’à la marge (et encore) à aider la création au sens large, les jeunes auteurs, à faire connaître le patrimoine musical… Le fric va au fric. Basta. De fait, aujourd’hui, très peu d’artistes vivent de leur art. Je parle d’artistes, pas de produits marketing comme les All Saints ou les boys bands. Et lorsqu’ils en vivent, ces artistes, cela passe essentiellement par d’autres voies que la SACEM dont les sous ne vont qu’à une minorité d’élus. Non, ces artistes vivent de concerts pour beaucoup, du travail de DJ pour les gens de hip hop et surtout de techno, de musiques de films (cinéma, pub, etc) pour pas mal de jazzmen (Jan Garbarek par exemple) ou d’artistes de musiques nouvelles (François Elie Roulin et bien d’autres), etc. Certains musiciens reconnus comme Richard Pinhas vouent d’ailleurs au gémonies la SACEM (tiens, un autre lien ci-dessous)… Alors, oui, je suis pour que les artistes puissent trouver rémunération. Mais pour les artistes que j’aime, cela passe d’abord par un accès de tous à ces musiques moins évidentes, par une diffusion, une éducation même. Pour que les gens écoutent. Et les internautes veulent écouter de tout. Ma proposition de " service public " iconoclaste ne nie pas la question de la rémunération, mais place en préalable la musique et l’accès à la culture. Je propose même une taxe sur le CD vierge qui serait, cette fois, vraiment redistribuée de façon équitable à tous les créateurs et qui pourrait aider au financement de ce service. On pourrait également imaginer que ce service ne propose aucune nouveauté avant 3 mois de mise en vente, sans parler des différences de qualité entre enregistrements… Sur le fond, nous ne sommes pas en désaccord. Je suis juste très pessimiste sur la capacité d’écoute de la SACEM et de ses chiens de garde. Et je pense que si les artistes pouvaient faire le boulot de la SACEM en se passant d’elle (ce que la technologie va permettre), ce serait mieux. Sans parler des majors : il suffit d’écouter Pascal Nègre crier qu’il poursuivra jusqu’à l’enfer Napster pour avoir " son pognon ", même après l’accord avec Bertelsmann pour être pessimiste… Non, je persiste et signe : seule une logique mêlant le " copyleft ", la philosophie du " logiciel libre " et celle de la bibliothèque de prêt gratuit peut répondre à l’enjeu de la musique en ligne, sans pour autant interdire par ailleurs des logiques de ventes. Mais le chantier reste à lancer, je vous l’accorde. PS : Pour Anne Latournerie (histoire du droit d’auteur) : Pour accéder aux propos de Pinhas : http://www.powow.net/fr/dossiers/accords/index.htm |