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mardi 16 janvier 2001

La lumière rouge

Reboot
par Max Pétrois
 

Fantaisie Babelouèbienne pour commencer le nouveau millénaire,
les yeux embrumés de joie et de bonheur devant tant de nouveauté innovante.

- Relire l’épisode précédent

Le silence se fait dans ma cuisine. On entend le glouglou des tuyaux et le vent qui s’essouffle.

Mon fiston m’avait laissé, avant d’être plié en quatre dans les bagages
de ma femme, ses images Povékon sur le Disk de mon ordimatos. Je lui reponds :
« OUI, OUI, depêche toi. » Je lui en tirerais quatre sur papier glacé avec mon imprimante couleur,
il n’y vera que du feu. Quoi ? Ehoh, y en a qui on fait fortune en faisant pire. Regardez Mitendo,
l’entreprise qui imprime fiérement sa devise sur ses produits Povékon ;
« Chopez les tous, ces morveux (tm) !! » ... ah ben tiens, y zont pas eu la place pour écrire
la fin.

Je l’entend crier « KEVIN, KYMBERLEY !! Ramenez vous, une urgence. Y a un vieux qui a un malaise ».
- Un vieux !! Sale gosse, il a de la chance que je soit en train de faire de l’haltérophilie avec
mon frigo sinon je lui aurais balancé une rafale de baffes. J’aurais pas du prendre le modéle
Zétazunien, celui qui te fabrique des glacocub pour ta Tékilbibine en quantité bourrage de gueule.
On court dehors. Des bruits dans l’embrasure de ma fenêtre éclatée. Des paires de jogging
m’entourent. Des Adadas 45 fillette qui ripent sur le carrelage. Forte odeur de cuir et de panard.
Vade retro Adadas. Mes jambes sont libérées de mon pesant vaisselier. Vindieu, j’ai
mal au tibia comme si je faisais une croissance. On libére mes bras du poids de mon Frigogidaire
déssiné à la main par Fillipe Stok. C’est plus des biceps que j’ai, c’est des boules de pétanque.
Je me redresse avec de l’aide et me retrouve face à Kevin et Kimberley qui me sourient.
Deux jeunes grands baraqués gaillards. Un maghrébin du Sud et un africain du Nord. Je me mord
la lèvre pour m’éviter de demander qui est Kimberley et je leur en tend cinq en me contentant
d’un laconique « Merci, les gars. ». D’une poigne virile mais correcte, ils me les secouent
chacun leur tour. « A vot’ service, msieur Pétard. »
« Pétrois, mon nom, c’est Pétrois. » précisais je en continuant à me faire broyer les phalanges.
Je tourne la tête vers le gosse. Et toi, comment tu t’appeles ? »
« Url, msieur. »
« Tiens, c’est marrant, comme ... mmh, oui, bon ... Vous voulez mangez des morceaux ? » je
demande en me frottant les mains, parce oimbibi y l’avait un ptit creux du fait.
Y ont dit ok et on fait la peau tous les quatres à mon Frigogidaire fraichement redréssé.
les deux grands, aprés avoir baché avec des sacs poubelles ma fenêtre de cuisine et revissé mon
vaisselier, sont repartis vers de nouvelles aventures. Comme quoi un serrage de main et un
casse-dalle permet de communiquer avec les djeunes-à-bonnet. Et pis tant que t’as un manche de
pioche scotché sous la table. Url, lui, est resté pour sa récompense.

Je vais dans ma chambre faire chauffer mon ordimatos. J’imprime en quadrichromie les bestioles
dégenérés sur le papier adéquat. Et je les débite sous forme de cartes à jouer à coups de cutter
à moquettes. Les cartes falsifiées à la main, je me prépare à lui balancer mon meilleur sourire.
Le spécial vendeur d’autorouls volées et j’entre dans ma Kub-cuisine.
Lumière crue. Tiroirs ouverts. Portes ouvertes. Ambiance glacée.
le morveux écarquille ses yeux humides remplis de peur et me lache
dans un souffle givré : « Vous voulez connaitre mon secret ?? ...
Je vois des gens déconnectés ... depuis ce matin. » Mes lèvres ébauchent un sourire
en grincant. Je le décoiffe d’une main. « C’est rien, petit. Ca va passer. Tiens vla tes cartes. »
« OUAAAA, Super ! Je les avais pas. Merci msieur Pétrix. » il dit en partant.
Comme quoi pour bien escroquer, faut faire rêver.

Je me sépare sans prévenir de mon pyjmoisa imprimé panthére rose et j’entre dans ma douche.
Je tourne le bouton metallique d’eau tiède.
Plaqué au carrelage blanc du mur que je suis. Par un puissant jet de liquide gris.
C’est plus une douche, c’est un cobra qui m’arrose. Je glisse dans un crissement grotesque, à
moitié sonné. La tuyauterie éructe. Je me répand sur le sol, dans une position vidéogaguesque.
La tuyauterie gargouille. Je reprend mes esprits. J’en avais tant que ça ? Je me reléve.
La tuyauterie vibre. Un jet d’eau bouillante dans les dents me réveille complétement.
Je m’empresse de rectifier la température et pratique mes ablutions matinales
en maugréant. C’est ça, oui. Le brontosaure dans le cartoon de Douzpif. Je savais bien qu’url,
ça me disais quelque chose.

La nouvelle vague, la nouvelle cuisine, les nouveaux philosophes, la néoconomie.
la nouveauté a fatalement une date de péremption, je me dis en me frottant les fesses au savon
de marseille à la senteur anisée. Sacré année qu’on a eu là. Malgré tout la fin c’est toujours la
même chose. Noël, ça a senti le sapin pour pas mal de startop.
- Y a ceux qui ont cru au vieillard en rouge.
Le Caïd, face aux autres technopérateurs, a fait une crise d’Alzheimer foudroyante.
Hein, quoi ? Les dossiers techniquologiques hyper importants pour vous raccorder à la boucle locale ?
De quoi parlez vous ? On se connait ? Mon dieu, Je crois que je deviens aveugle. Qu’on
appele un prêtre, vite, RRrraaah. Enfin, le baratin habituel pour gagner du temps-c’est-de-l’argent.
En plus, le Mastar des Télécoms, y voulait, dans la foulée, fourguer une offre qu’on peut pas refuser
aux Babelouèbiens. Damned ! Raté ! Ben quoi, on peut essayer, non ?
- Y a ceux qui aiment bien décorer partout.
Vivenzavi, il a exhibé sa grosse fusion à tous les passants sur des affiches de propagande
multicolore. - oui à l’émotion, oui à la passion, oui aux stockoption -
- Y a ceux qui aiment bien les cadeaux.
Ropaweb y s’est fait un super bonus en eurokoopek en refourgant à un rital son provider
au logo de révolutionnaire à poil.
- Y a ceux qui sont privés de cadeaux.
Monsieur Sécurité et Monsieur Intelligent, y les ont pas eu leurs Helvetiks antennes.
Mais bon, leur poteau, Monsieur Fédéral, il a mis au point un super gadget pour
ouvrir à la vapeur les boites à mails. Et pis, les autres gardiens de la Psykozmachine,
la PerfidAlbion et pis la NéoZéland y
essayent tout le temps de trouver des astuces pour pouvoir tout écouter peinards.
- Y a ceux qui prennent des bonnes résolutions.
Not’preministre du Gouv.fr, y va assurer la propagande de tous
ce qui se fait en néotechniquologies publiques dans not’coin de planète.
Bon, le fait que les Babelouèbiens soient des voteurs n’a rien à voir, c’est sur.
- Y a ceux qui aiment bien déconner.
Le Gouv.fr, justement, y l’a voulu refourguer le financement de leurs supra-écouteurs
aux technopérateurs. Hého, ça va pas non ! On a déja plein de trucs qui nous coûtent un max
d’eurokoopek et qui nous rapporte que dalle, qu’ils ont dit.
- Y a ceux qui démontrent leur amour pour les gens.
Kaiser Bazdon, il a même eu plein de trophées pour son amour immodéré des gens.
- Y a ceux qui démontrent qui n’aiment pas les gens.
Amazon lecter faut pas le gonfler avec des revendications
sinon tu te retrouve dans la soute, les fers aux pieds, à te palucher des cartofiches pour Bazdon.
- Et y a ceux qui n’aiment pas les contes de noël.
Neomarket Crugger, il a halluciné. Faut qu’il arrête les shoots à l’oxygène qui s’est dit. Il était certain
de leur avoir défoncé le crâne à coups de caterpilon à ces startop. Même que c’est dans son
arrière cuisine sombre, sous le poster du docteur Pétiot, qu’il leur a débité la carcasse
avec sa Nasdack&Deker. Equarissage pour tous, sacrée bonne année que c’était pour lui. Ben là,
vla que nao c’est l’année des morts-vivants. Enfin bon, le début d’année, c’est toujours la période
des soldes.

Habillé de frais. Rasé d’à peu près avec mes rasoirs Tic. Je me met en tête de
sortir de chez moi pour aller voir les gens du dehors. Pour vérifier l’ampleur des dégâts de la
nuit. Sur le terrain, comme y disent les politiks.
Tiens, y s’entrainent dur en ce moment les politiks. Sur les marchés, les vrais, ceux où on vend
des fruits et des légumes. Un vrai parcours commando. Une tite vieille. Tract !, une brioche de
fin d’année et des super-loto à la M.J.C. du coin. Un djeune, tract !, une salle des sports
et des cybertroquets. Merdafeuk, c’est un ouinneur, heu, tract ! aides à l’embauche et avantages
fiscaux. Ah, y l’est fort, le gamin, il a failli me biaisé. Mais il est pas encorné, comme disait
Miguellito, celui qui me biaisera. « Votez pour Oimbibi. »

Dans le fond de mon fut, je retrouve un vieux tract ronéotypé de la S.O.U.K, La Secte Ouèbienne
Unifiée contre le Kapital. « Connectépipoles, vous êtes bernés par les sites, venez nous
rejoindre ! » s’étalait en gras sur le bout de papier jauni. Ah, les mecs de la S.O.U.K. y doivent
communiquer en sémaphore ou par signe avec des panneaux de chantier en ce moment.
J’enfile mon blouz et je cueille mon flingomatik accroché au porte-blouz.
C’est le bigChief qui voulait que les specteurs soient armés. « La Néoconomie, c’est la
jungle ! » qui nous avaient dit. Pourtant je suis pas vraiment genre à buter le premier venu.
Quoique le deuxième. Remarquez, je viens de lire dans mon canard qu’on avait repéré de nouvelles
meutes de Trideubeulious. Ces saletés de bestiaux baveux. Alors je fourre mon pétard dans la
poche étudiée pour et je prend aussi ma magnétocard. Y arrêtent pas de dire à la tévé, qu’il faut
toujours sortir à découvert.

Je marche pendant un bon moment entre les gigantesques façades gris-béton. Vindieu, y a du populo
dehors dés qu’y a plus d’écran à regarder. Puis les ruelles se désertifient. Y a dl’uranium
appauvri dans le coin ou quoi ? J’entends comme une étrange litanie au bout d’un moment.
« FPO ... IPO ... EPO ... ESB ... USB »
Je m’oriente à l’oreille. Un cul-de-sac. J’arrive à un mur de brique avec une éventrure au bas.
Je me penche et m’hasarde dans le trou noir. Je fais quelques pas dans l’obscurité le flingomatik
à la pogne. Mes pieds s’enfoncent dans de la poussière grise humide. Schlop. Schlop. J’approche
d’une ouverture où filtre une lumière blafarde. Une silhouette se détache du fond dans la
pénombre. Un garde, y semblerait. Un type rustique qu’on dirait taillé dans le granit.
Au piercing proéminent, toutefois.
C’est au moment où je sens son haleine que je comprend le rôle du lascar. Lorqu’il me repére
il se dégoupille la narine gauche. Mine antiperso qu’il était. Et il m’explose littéralement
à la face ce gros dégoutant.

[Suite au prochain épisode.]

 
 
Max Pétrois
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> LA LUMIERE ROUGE
16 janvier 2001, message de Greg.fr
 

Yeeeessss, le retour de Max Pétrois ! Mon idoljonny, mon startop-blaster à oimbibi, ma ch’tite récré pour le soir pas trop tard au coin du modem qui cuit doucement sur mon mollodisk externe.

Dis, t’as vu les zartist ki zont choisi, Vivencausetoujours, pour leur dernière campagne quatsurtroi ? Rien que des vieux, et une macchab’, Dalida. Genre de référence... Pis y zont des ordimatos et du ouèbodébi, chez Vivencausedoucementj’aimalocrane : c’est de la vidéo plein tuboscope temps réel de la vraie vie, ça.

Mais faut la jouer discretos : d’ici à ce qu’ils fassent un sitcon (ou com, je sais plus) sur les Forces Babélouébiennes d’Investigation, yapa loin.

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