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Pratique de l’autopublication
6 octobre 2003
29 juillet 2000
 
jeudi 14 décembre 2000
Bien plus qu’une petite idée sympathique

Le Web indépendant joue dans la cour des grands

par ARNO*

Le site le plus subversif de cette fin d’année est sans doute Statisticator, créé par Kitetoa et Zipiz. Après Vakooler, il achève d’apporter la preuve de la fumisterie de la nouvelle économie en publiant des statistiques de visites de sites marchands. Par contrecoup, c’est l’importance et la vitalité du Web indépendant qui sont démontrées.

En effet, à la vue des statistiques des sites marchands, il apparaît que le Web citoyen n’est pas qu’une idée sympathique : c’est une réalité massive du réseau.

Lorsque l’on évoque le Web indé, on est toujours confronté au même problème : nos interlocuteurs n’ont aucune idée de ce dont il s’agit et, surtout, n’imaginent même pas que cela puisse avoir une quelconque ampleur. On entend alors tout et n’importe quoi :
- c’est une idée généreuse et sympathique (un « visage humain » de l’internet), mais ça n’existe pas ;
- d’accord ça existe, mais cela ne concerne que quelques dizaines de sites de particuliers « surinformés » ou d’associations (on entend alors parler d’une hypothétique « élite » qui s’exprimerait sur le Net) ;
- d’accord il y a beaucoup de sites, mais tout cela doit être très médiocre et n’intéresse personne (et surtout pas le grand public)...

Bref le Web indépendant serait un épiphénomène sympathique mais parfaitement négligeable. Au mieux, un média réservé à une nouvelle élite ultra minoritaire (et libéral-libertaire, qui plus est !). Quand on congresse et qu’on colloque à qui mieux mieux autour de la liberté d’expression (et des moyens de la « réguler »), il est significatif que les citoyens qui utilisent le réseau pour s’exprimer soient systématiquement exclus des débats monopolisés par des gens « sérieux » (flics, industriels, politiques).

Paradoxalement, même parmi ceux qui soutiennent le Web citoyen, on parle souvent de « quelques espaces de liberté », c’est-à-dire d’une situation très minoritaire, d’espaces rares perdus dans un océan de sites marchands.

Dans les esprits, il semble évident qu’il existe un Web indé minuscule (mais sympathique, hein) qui attire quelques rares visites (une « élite » qui s’exprimerait pour une « élite » qui serait capable de dépasser la page d’accueil des portails), et un rouleau compresseur marchand. On reproduit le schéma des médias classiques : quelques rares espaces de liberté (mignons et tout...) perdus au milieu de l’info-spectacle de masse.

Or telle n’est pas la situation sur le Net : nous ne sommes pas minoritaires, ni par la qualité, ni par la quantité, ni par l’audience. Nous jouons réellement dans la même cour que les marchands. Lorsque ce l’on sait ce que représente (quantitativement) le Web indépendant, on ne peut plus renvoyer au dazibao.

Une liberté nouvelle : l’accès public

Le terme d’accès public n’est pas né avec le Web : c’est une expression plus ancienne, liée aux mouvements de médias libres, qui désigne l’accès des citoyens à l’expression publique. Si la notion est ancienne, l’internet est le premier support qui lui donne une réalité à grande échelle.

Pour la première fois, le citoyen accède à l’expression publique librement, avec potentiellement la même audience que n’importe quelle institution, sans devoir passer par aucune structure humaine contraignante et avec un minimum de moyens.

L’interlocuteur incrédule rétorque que, non c’est pas vrai, le citoyen peut déjà accéder à l’expression publique par d’autres moyens, et cite quelques contre-exemples.

On peut d’abord s’étonner qu’autant de bonnes âmes veuillent choisir à notre place les moyens de notre expression. Après tout, si nous préférons nous exprimer sur un support imparfait, peu répandu, voire élitiste (admettons...), telle est notre volonté.

Surtout aucun de ces contre-exemples qu’on nous cite comme autres moyens d’expression publique n’est comparable à l’internet. On m’a parlé d’affiches, de dazibao, de monter sur une caisse pour haranguer la foule... tous moyens assez sympathiques, mais à la fois peu efficaces (audience potentielle : une dizaine de passants) et sévèrement réglementés (voire interdits : interdiction d’affichage depuis 1881 hors des espaces prévus, trouble à l’ordre public...). Le contre-exemple des fanzines est déjà meilleur, mais cela impose une structure économique et humaine pour gérer l’impression et la diffusion : rigoureusement rien à voir avec la facilité du Web. La seule chose comparable, ce sont les médias qui permettent une diffusion très large sans surcoût de temps et d’argent (radio, télévision) : médias inaccessibles le plus souvent au citoyen isolé et, même pour les médias libres, qui requièrent une organisation, une régularité, un investissement important. Non, réellement, je ne connais aucun média qui permette l’accès des citoyens à l’expression publique avec une telle souplesse et une telle facilité.

L’internet permet au simple citoyen une prise de parole publique et immédiate. Comme la suite le montrera, l’importance et l’audience du phénomène interdisent la comparaison avec les quelques autres moyens d’expression qui nous étaient accessibles (ce qui ne signifie pas que nous devions par ailleurs sacrifier le combat à l’accès public via les autres médias, au contraire – la diversité des formes d’expression contribue à la richesse de l’expression).

Une création de masse

Arrivé à ce point de l’exposé, l’interlocuteur veut bien reconnaître que c’est sympathique, que l’idée est généreuse. Mais grosso modo, ça doit concerner quelques associations d’extrême gauche et quelques libertaires forcenés (ou carrément une nouvelle élite sectaire).

Le chiffre qui donne le vertige est fourni par l’Association des fournisseurs d’accès (AFA) : à l’heure actuelle, on dénombre 1,5 millions de sites personnels hébergés en France. Chiffre parfaitement approximatif bien entendu : il occulte les sites français hébergés à l’étranger (Geocities par exemple), ou sur des machines n’appartenant pas à l’AFA, ni les sites de particuliers qui paient leur hébergement ; et au contraire, il inclut des comptes qui ne constituent pas à proprement parler des sites Web (essais, bidouilles en HTML, stockage de fichiers...). N’empêche, on parle bien d’un phénomène de masse : plusieurs centaines de milliers de nos concitoyens ont déjà monté leur site Web.

À comparer au nombre d’internautes en France (4,6 millions, contre 3 millions fin 1999). Il faudrait comparer, surtout, avec le nombre beaucoup plus limité d’accès « réguliers » (dans le jargon de l’AFA : « assidus »). Fin 1999, l’AFA dénombrait environ 1,9 million d’internautes « assidus ». Bref, 1,5 million de sites pour (à vue de nez) 3 millions d’internautes assidus aujourd’hui ; la proportion est impressionnante.

On est donc confronté à un phénomène énorme, un comportement que l’on ne peut occulter. Le citoyen, sur l’internet, n’est pas un consommateur passif : il utilise massivement ce média pour accéder à l’expression publique. Jamais l’expression publique des citoyens n’a été aussi massive.

De plus, le Web n’est que la partie émergée du phénomène de l’échange d’information entre citoyens. Il en faut pas occulter les mails (près de la moitié du trafic de l’internet) et les listes de discussion, les nombreux forums, etc. Là aussi l’échange est massif, du futile à l’essentiel, qui n’existe que par la volonté des citoyens à comprendre et échanger de l’information. De la même façon que plus un internaute est expérimenté, plus il risque de créer son propre site, l’acquisition de cette expérience s’accompagne de la découverte de la richesse des réseaux d’information hors du Web (mail, listes de discussion...).

Une consultation également massive

L’interlocuteur croit à ce stade avoir trouvé la réponse imparable : oui, m’enfin ça n’est pas tellement intéressant ni visité. En gros : tout le monde peut bien mettre la photo de son chat en ligne, m’enfin de là à parler d’expression publique...

Ici il y a deux facettes : la qualité et l’audience.

Sur la qualité, on ne peut qu’avancer des jugements forcément subjectifs. Face à un interlocuteur qui a décidé par avance que tout cela n’avait aucun intérêt, c’est peine perdue. Je ne m’attarde pas, puisque je ne peux prêcher qu’à des convaincus. Allez, faites comme Wolton : « ouvrez votre internet » et voyez cette incroyable richesse sur tous les sujets...

On ne peut que parler de l’audience, car nous y avons quelques chiffres. Notez que l’audience et la qualité, sur le Net, sont nettement plus liés que pour d’autres médias, puisque la visite d’un site est le fait de la volonté de l’utilisateur, et non d’une consommation passive. Quant à savoir si les gens vont voir des bons sites ou se complaisent dans la médiocrité, je laisse le débat à d’autres (personnellement, je suis plutôt du genre indécrottable optimiste).

- Vue d’ensemble

En terme de fréquentation d’ensemble, un « classement » est éloquent : les listes des sites les plus visités dans le monde.

En France, les 10 sites les plus visités sont les moteurs de recherche (Yahoo, Voilà, Altavista), les fournisseurs d’accès (Wanadoo, Club-Internet, AOL), une seule entreprise (Microsoft) et, plus intéressant, Multimania (troisième place) et Geocities (dixième place), c’est-à-dire des sites qui ne contiennent que des sites personnels.

À l’échelle mondiale, même phénomène : les sites les plus visités sont les moteurs de recherche (Yahoo, Lycos, Go, Excite), quelques entreprises profitant de la fourniture de service, accès ou logiciel (Microsoft, MSN, AOL, Netscape - sites qui profitent d’un marché « captif », les utilisateurs ne sachant ou ne pouvant pas changer la page par défaut de leur butineur) et, encore, les services hébergeant des sites personnels (Geocities en tête).

Les sites les plus visités dans le monde, avec les moteurs de recherche et une poignée d’entreprises : les sites d’hébergement de pages personnelles !

- Quelques chiffres spécifiques

Le Web indé génère, dans son ensemble, énormément de trafic, puisque les services qui hébergent les pages personnelles sont classés parmi les premiers serveurs dans le monde. Mais ramené à chacun des 1,5 million de sites, qu’est-ce que ça donne ?

Sur ce point, je ne peux témoigner que de ma propre expérience et de discussions avec de nombreux webmestres. Quelques ordres de grandeur sont tout de même intéressants.

Dès qu’un site contient la moindre information susceptible d’intéresser quelqu’un d’autre que son auteur, il comptabilise quelques dizaines de visites quotidiennes. Autrement dit, dès que l’on sort de la page CV (« ma photo, mon chat ») et de la page de test (« ceci est un essai en HTML »), on intéresse au moins quelques centaines de visiteurs par mois. Rien de sorcier, dès que l’on destine sa page à un quelconque public, on cesse déjà de « crier dans le désert » (entre 10 et 50 visites par jour, mine de rien, ça fait 300 à 1500 visites par mois : essayez de faire la même chose en montant sur une caisse dans la rue).

Un webzine tendance socio-politico-culturel (le genre chiant avec des articles trop longs, rien que du texte comme on en fait avec les copains - et on n’est pas les seuls), c’est déjà quelques centaines de visiteurs par jour. Le Scarabée, Périphéries, l’Ornitho, c’est entre 200 et 600 visites par jour (6000 à 20000 par mois) – je ne cite que ceux-là, parce que je connais les chiffres. Quelques exceptions, telles Le Menteur, réalisant même entre 1000 et 2000 visites par jour. Et encore, rappelons qu’il s’agit de la face visible d’un phénomène qui se prolonge par mail : Le Menteur diffuse ses chroniques à plus de 6000 abonnés à sa liste de diffusion.

Un site plus fourni aux mises à jour plus régulières, mais sur des sujets relativement austères, façon uZine, Kitetoa, Vakooler, comptez entre 1000 et 2000 visites par jour (30000 à 60000 par mois).

Les sites consacrés à l’informatique (Linux, trucs et astuces Windows, etc.) atteignent souvent plusieurs milliers par jour.

Des sites plus ponctuels tels Kaskooye, Défaite de l’Internet..., dépassent la dizaine de milliers par jour pendant quelques semaines.

Sur des thèmes précis tels que le cinéma (et plus généralement tout sujet considéré comme plus « grand public »), les chiffres deviennent rapidement beaucoup plus importants de manière permanente. Un site comme Cinescape dépassait les 5000 visites par jour. Audience similaire pour le Portail des Copains.

Bref, faire un site Web indépendant n’a pas grand chose à voir avec le fait de « crier dans le désert ». Le moindre site structuré intéresse quelques dizaines de visiteurs par jour, un webzine compte en centaines, un site alimenté très régulièrement dépasse le millier, et certains sujets amènent plusieurs milliers de visiteurs quotidiens. Tout cela pour un coût dérisoire sur la seule base de l’échange désintéressé d’informations.

- Les sites marchands

Dans l’absolu, un tel nombre de visites est déjà impressionnant (rien à voir avec le fait de hurler sur le trottoir, et souvent plus que les radio libres qui existent encore). Cependant, on rétorquera que tout cela est assez pitoyable comparé aux chiffres faramineux des sites professionnels des marchands et autres start-up.

C’est là que je reviens à l’excellent Statisticator cité en introduction : ben non, la réalité des chiffres des sites marchands n’a rien de faramineux. Sorti des Yahoo et autres moteurs de recherche (et une poignée de portails), les entreprises et les start-up ne font guère mieux que les sites indépendants. On pourra également consulter le site de Médiamétrie (personnellement, je fais beaucoup plus confiance à Statisticator, m’enfin bref...).

Le site d’un magasin peine généralement à dépasser quelques dizaines de visites par jour. Le site bien fichu d’une PME fait quelques centaines (comparable aux webzines).

Le site d’une personnalité reconnue, comme Richard Virenque (« là où Virenque fait pipi, l’herbe ne repousse pas ») atteint (péniblement) entre 100 et 150 visites par jour. Mais peut-être le « grand public » sur l’internet n’est-il pas le même « grand public » qu’en dehors : il n’a aucune passion pour la petite reine. Tentons les foutchebaule : les Girondins de Bordeaux de M6 passionnent tout de même 800 visiteurs par jour. Pour un incontournable comme Napoléon, le site de la fondation du même nom revendique 1,2 millions de pages vues en un an ; divisez par 365, ça vous fait 3300 pages vues par jour ; sachant qu’un visiteur voit plusieurs pages à chaque visite, ce chiffre est donc à diviser par... un nombre compris habituellement compris entre 3 (si le site est chiant) et 10 (si le site passionne ses lecteurs) - à vue de nez, entre 300 et 1000 visites quotidiennes, pour notre mega-star au bicorne.

Le site d’une grande entreprise connue, c’est quelques milliers par jour. Le Crédit Lyonnais fait un poil plus de 2000 sessions par jour. Le voyagiste Club Med (pourtant l’un des thèmes incontournables de l’internet marchand) fait dans les 6000 sessions par jour. Evian approche les 1200 sessions journalières. En clair, les marques très connues réalisent des chiffres peu fréquents dans le Web indé, mais on reste dans des proportions tout à fait raisonnables ; si l’on compare la notoriété de ces entreprises à celles des sites indépendants, le rapport du nombre d’entrées n’a rien de déshonorant (enfin, si, mais pas pour nous...).

Quant aux start-up, celles qui nous abreuvent de publicités depuis près de deux ans, celles dont la presse nous vante le dynamisme (et tout et tout), les chiffres sont encore plus épatants. Musicbox.fr, malgré l’excellente bonne idée de son méga-concept (vendre des CD et des DVD en ligne – franchement, ça c’est du commerce en ligne qu’on ne peut pas se planter coco) et ses campagnes de communication, flirte avec les 1000 visites par jour. Interneto (ne cherchez pas, à une époque ça a été une chouette start-up qu’on en cause dans le journal) fait rigoler avec ses 900 visites quotidiennes. Vedette des vedettes, Kelkoo, une start-up qui nous a matraqué de publicités jusqu’à plus soif atteint les 19000 visites par jour.

Au rayon média, un site énorme (et cher) tel que O1net.net tourne à environ 13000 visites par jour. Pour 140 millions de francs d’investissement, ça fait cher le lecteur. 18h.com, « le quotidien de l’Expansion », explose le compteur à 2050 visites par jour. Marianne massacre péniblement ses 1100 visites par jour. Europe 2, pas mal : 6000 visiteurs chaque jour.

Il faut tout de même reconnaître que quelques très rares sites sortent leur épingle du jeu, et atteignent des chiffres inaccessibles au Web indépendant. Il s’agit de très rares stars de la nouvelle économie, de moteurs de recherche, ou de très grands médias traditionnels. Des monstres sacrés tels que le Monde et Libération jouent, effectivement, dans une autre catégorie (avec des archives phénoménales) : 70000 visites pour Le Monde, 62000 pour Libé. N’empêche : un « petit » hébergeur de sites de particuliers comme Le Village fait ses honorables 47000 visites quotidiennes, un autre hébergeur indépendant comme Respublica tourne à 205000 visites (à comparer aux 145000 visiteurs passionnés par le site de TF1 - budget d’environ 100 millions de francs pour l’année 2000).

En résumé, les entrées que réalisent les sites marchands sont généralement équivalents à n’importe quel petit site Web amateur. Les start-up nagent dans les mêmes eaux que des sites tels que Vakooler ou uZine. Les marques renommées tapent dans les quelques milliers ce qui, proportionnellement, n’a rien de monstrueux. Tout cela est tellement faramineux qu’en novembre 2000, on lit sur le site Médiamétrie que « Le Groupe Wanadoo a décidé de ne plus faire figurer les résultats de ses sites Voila et Wanadoo dans Cybermétrie ».

Si l’on veut jouer les modestes, on admettra simplement que, collectivement, l’ensemble des sites amateurs concurrencent les barons de l’information en ligne (Respublica, « petit » hébergeur, dépasse le site de TF1). Les optimistes (dont je suis) insisteront sur le fait que, souvent, même individuellement, les sites indépendants font aussi bien que les sites marchands. uZine, Vakooler, Kitetoa, Le Menteur (tous des exemples parmi tant d’autres du Web indépendant), chacun, font mieux que Marianne, les Girondins de Bordeaux, Napoleon, Evian, Musicbox, Interneto ou, ce qui est tout de même très gratifiant, dix fois plus que Richard Virenque ! Et n’importe quel webzine personnel fait facilement aussi bien que le site de n’importe quelle PME.

Conclusion

On pourrait se contenter du discours gentil sur le Web indépendant « sympathique », l’épiphénomène qui donne un visage humain au réseau, mais qui resterait quelque peu négligeable.

Mais pourquoi en rester là, puisqu’au contraire on peut affirmer que cette liberté nouvelle est massivement utilisée par les internautes, et que leurs sites sont visités dans des proportions tout à fait équivalentes aux sites des entreprises. À de rares exceptions près, les Web marchands ne font pas mieux (ou pas beaucoup mieux lorsqu’il s’agit d’entreprises renommées) que les sites des amateurs.

Le Web indépendant n’est pas qu’une idée sympathique, c’est une réalité incontournable, qui fait quasiment jeu égal avec le secteur marchand. Tout cela sans transferts d’argent, d’où son occultation systématique, mais il faut s’habituder, lorsqu’on parle du Web amateur, à parler big bizness : nous ne sommes pas une petite bande d’idéalistes isolés (une élite sectaire), nous participons d’un phénomène de masse, et nous faisons jeu égal avec les entreprises. Vous, nous, tous ensembles, nous constituons réellement une concurrence crédible pour le Web marchand, pas seulement un p’tit truc sympa.

Malgré les milliards déversés dans le Web marchand, les killer-app et les services innovants-coco, nous ne sommes pas submergés ni isolés ; au contraire nous restons dans des proportions équivalentes à celles des sites construits à coups de millions.

 
 
ARNO*
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Vainqueur 1982 du concours « Chateau de sable » du Club Mickey des Pingouins à Sainte-Cécile.

6 octobre 2003
28 septembre 2003
 
SPIP
Web indépendant


> Le Web indépendant joue dans la cour des grands
8 février 2004, message de yaen
 

en tout cas merci pour les liens zipiz et le lien vers pires qui y a sur zipiz.
"jmfpddr" (je me fais pipi dessus de rire) remplacera desormais le désuet "lol"

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> Le combat, pas la maternelle !
29 décembre 2000, message de luckyboy
 

Arno,défendre le web indépendant est louable et touchant.
Tu est sûrement plus actif que moi pour le faire vivre, c’est pourquoi j’éprouve énormement de respect pour ton intervention.
Cependant, je pense que l’indépendance d’un reseau ,et qui plus est sa vigueur, ne se doivent absolument pas d’être justifiés comme tu cherche à le faire.
Le web indépendant existe et existera toujours parce qu’il allie la force d’une technique (l’échange instantané) à la force de pensée des acteurs que nous sommes pour le faire vivre.
Je ne trouve aucun début d’infime justification chiffrée du réso à apporter pour prouver quelque vigueur que ce soit.
Le monde libre existera toujours, et le monde libre existera toujours même s’il n’existe plus qu’une seule personne sur terre pour y croire (cf : le prisonnier).
Je dirai même à la limite que le monde libre nourrie son existence dans l’aversion qu’il porte au monde enchainé. Dans notre cas, le web indépendant nourrie l’essentiel de sa verve dans le combat qu’il mêne contre le Web "publicito-financio-politico-merdique", et il a bien raison de faire ça, entre autre.
Je dirai même à la limte que peu importe si les sites marchand ou start-upés marchent bien ou mal. On sait bien que tout ce qu’ils cherchent à faire de toute façon est de se positionner sur ce nouveau "media" porteur. Le jour où il ne gagneront plus de thunes, ils s’en iront d’eux-même à coup sûr. Et ce contrairement au réso qui y a pris place, alors à quoi bon étudier leurs chiffres de près.
OK , le web marchand ne marche pas, et alors. Tant qu’il nous restera des www.radiohead.com (bijou de site), des napster.com (avant qu’il vende définitivement son âme) où des http://quellesconnespointcomme.perso.ch à alimenter, on aimera encore et toujours le web.
Causes à défendre, combines à gogo, échange d’idées ou de MP3, discussions endiablées, franchement y a le choix. Les publicitaires et leurs conneries, franchement, je les vois même plus tellement je les ignore. Igorer,je crois qu’il n’y a que ça à faire, et c’est vraiment pas si dur que ça.
Arno, je pense par contre qu’il ne faut pas rejeter en bloc le web marchand sous pretexte qu’il ne fait que vendre sans aucune âme. Si je peut acheter le dernier NICK CAVE depuis chez moi afin d’éviter d’être musicalement matraqué dans le virgin GIGASTORE du coin, alors là, je me sens plutôt subversif . Et si je peux télécharger sur le net la mise à jour officielle du dernier logiciel de MICROSOFT que j’ai craké, alors franchement, là aussi , je me sens plutôt acteur.
Et puis, si j’en ai vraiment marre, un petit coup de polution dans les pseudo-forums de merde d’aufeminin.com où de LCI (la conne info), ou directement sur leurs mails, et je me sens mieux.
Je ne doute pas des ressources du web indépendant. Il existera toujours. A lui de gagner ces galons grace à la pertinence de son action et de son propos, et non pas en se gloussant des vulgaires stats de sites absoluments incolores et pitoyables.
Luckyboy@ifrance.com

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> Le Web indépendant jouera dans la cour des grands quand on en parlera à la télé
18 décembre 2000, message de Maurice Maurice, 3ème du nom
 

J’ai vraiment l’impression que l ’on se trompe un peu. Il ne suffit pas de faire une page perso (genre Grosse Fatigue) ou même un collectif (genre Contre-Courants), pour faire partie du web indépendant.
Le web indépendant est très, très minoritaire, éclaté, et peu légitime.
Si les médias "légitimes" en parlaient plus souvent, alors là, oui, on pourrait parler d’une légitimité plus accrue.

Pour l’instant. Bôf.

 
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> Le Web indépendant jouera dans la cour des grands quand on en parlera à la télé, Janot la Frite, 26 décembre 2000

Alors ça, ça alors c’est nouveau !
 
Si je comprends bien l’argument de Maurice Maurice, 3ème du nom, une personne ou un groupe n’existe en tant qu’indépendant que s’il bénéficie d’une reconnaissance officielle ?
 
Ô Rage ! Moi qui croyais stupidement que le mot indépendant s’appliquait à une personne ou à un groupe qui ne dépendait d’aucune personne ni groupe.
 
Il y a quelqu’un qui devrait retourner à l’école, et je ne pense pas que c’est moi. Ceci dit en toute indépendance, bien sûr.

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> Le Web indépendant joue dans la cour des grands
15 décembre 2000, message de Guillaume
 

Loin de moi l’idée de vouloir nier l’importance du web indépendant, je veux juste commenter un peu l’utilsation de statistiques pour le démontrer. L’importance d’un site est-elle uniquement dans le nombre de visite qu’il reçoit ? Si je passe cinq minutes à lire un article sur uzine, en suivant un ou deux liens, en postant un message dans le forum, ça nous donne un total de... 1 visite. Je veux savoir s’il fera un temps pourri ce week-end, je vais sur une page avec des prévisions météo et à peine la carte s’est-elle affichée que je ferme la fenêtre du navigateur, sans accorder la moindre importance au reste de la page. Ca compte quand même comme 1 visite. Maintenant, si le site météo ferme je ne m’en appercevrai peut-être jamais ; si uzine ferme ça m’embêtera un peu plus quand même (si,si, ce n’est pas de la basse flaterie).

Je me demande également si l’on peut comparer une visite sur un site marchand et une visite sur un site non-marchand. Par exemple je vais plusieurs fois par semaine sur rezo.net pour voir s’il y a de nouveaux articles susceptibles de me plaire. Est-ce que je vais tous les jours sur fnac.com voir quels sont les DVD qui sont sortis depuis la veille ? Ben non. On va sur les sites marchands quand on veut acheter (ça a l’air d’un pléonasme mais il faut quand même le rappeler) : je vais plus souvent chez le libraire que chez Darty (même si des fois j’ai l’impression de faire partie d’une espèce en voie de disparition).

Tout ça pour dire que mesurer l’importance d’un site à son nombre de visites, ça revient à peu près pour moi à dire qu’un label indépendant est important parcequ’il place des artistes dans le TOP50 ou qu’un film est important en ne se basant que sur le nombre d’entrées au cinéma. Titanic, Madona et tf1.fr, très peu pour moi...

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> Le Web indépendant joue dans la cour des grands, Antoine, 15 décembre 2000

Je suis à peu près de cet avis et c’est pour ça que je trouve exagéré de
déclarer que Statisticator, en l’état, est "subversif". Il le serait s’il tenait un discours
critique vis-à-vis de l’utilisation à tout va des statistiques, du manque de
pertinence des mesures d’audience, etc. Mais simplement présenter les "vraies statistiques",
c’est un peu court. C’est un peu comme si le Nouvel Economiste parlait de
la "vraie valeur des chouchous de la bourse" (je suis sûr qu’ils l’ont fait).
Ca n’a rien de subversif.

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> Le Web indépendant joue dans la cour des grands
14 décembre 2000, message de jluc
 

ben voila je me lance ...
Mais ARNO oublie une toute petite chose dans son article.
Pour pouvoir lire ou écrire sur ces sites informatifs a forte valeur culturelle ajoutée, il faut un ordimatos (mac ou pc c’est vous qui voyez) et une connexion alinternet.
Bref c’est pas si accessible le web (combien les stats sur les français connectés 15%, 20% ?).

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> Le Web indépendant joue dans la cour des grands
14 décembre 2000, message de Greg.fr
 

Ton papier m’a fait penser à une remarque que l’on me fait souvent quand je parle d’Internet à certaines personnes. Pas plus tard qu’anvant-hier soir, j’évoquais de la possibilité d’utiliser des fichiers "hosts" pour se débarasser de la pub (une technique très bien décrite par Statisticator, et finalement simple à utiliser, même pour le nioubiz que je suis). La première réaction de mes (charmantes) interlocutrices a été assez symptomatique "oui, mais toi, tu t’y connais, nous on ne sait pas faire ça". Or, je l’avoue honnêtement, avant de lire ce post sur Statisticator, je me contentais de ne pas afficher les images, avec les problèmes que l’on sait (les boutons ne s’affichent pas, il faut connaître le site pour savoir où cliquer, etc.).

"Oui, mais toi tu t’y connais" est une déplorable excuse. Mais on me la ressert souvent, quand je mentionne les travaux d’uZine, de Zipiz, de Kitetoa, de Vakooler et consors : "oui, mais toit tu sais où chercher les infos". Zut alors ! ne serions-nous qu’une poignés à savoir employer une moteur de recherche ? Combien de fois faudra-t-il écrire comment modifier la page d’accueil sur un navigateur pour que l’internaute moyen le fasse (trop compliqué, pas le temps, et puis finalement, la page d’accueil de Wanadoo, elle n’est pas si mal, et autres excuses bidon).

Je suis toujours sidéré par ces personnes qui me servent comme excuse leur ignorance. Et nous, comment avons-nous fait ?

Un autre point sur le contenu même de l’article. Sans vouloir tomber dans le situationnisme aigu, il est évident que quand TF1 (par exemple) annonce la sortie de son portail, les journalistes s’attendent inévitablement à ce que l’on sorte des budgets faramineux. TF1 ne peut pas se permettre de dire : "nous avons mis 500.000 F sur la table pour voir". Ca ne ferait pas sérieux. Enfermé dans leur logique spectaculaire, en bons médiatiques, ils se sentent obligés d’annoncer, tout fiers : on a budgété 10MF". Et moi de leur demander, presque candide : "quoi, autant d’argent pour ça ? Ca vous fait pas trop mal, quand vous posez vos fesse sur une chaise, depuis ?".

De même, quand on a mis 10 Mf sur la table, il est vital d’annoncer d’emblée des chiffres de fréquentation conséquents. Il y a toujours un journaliste pour sortir sa calculette et se demander : "bon, voyons, 10MF, divisé par le nombre de visiteurs, cela nous donne...". Et de commencer à poser des questions qui fâchent.

Ces chiffres de fréquentation, vous le noterez, sont en constante croissance. Même au mois d’août. Il serait sans doute intéressant de faire la somme des fréquentations de tous les sites, et de diviser par le nombre d’internautes dans le monde. D’ici à ce que l’on s’aperçoive que pour arriver à ces taux de fréquentation, les internautes doivent rester devant leur écran 35 heures par jour, il n’y a pas loin.

Comme j’aime à le répéter, je doute qu’un jour le BHV ou Conforama aient jamais communiqué sur le nombre de visiteurs qui ont passé leurs pas de porte chaque jour. Cette information n’a aucun intérêt pour des sites marchands. Par contre, pour les sites "indés", elle prend tout son sens.

A ce propos, quand aura-t-on les stats d’uZine ?

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> Le Web indépendant joue dans la cour des grands
14 décembre 2000
 

Bonjour, depuis peu je connais "le portail des copains" non pas par une recherche sur le web, mais grâce à une rencontre bien réelle avec un utilisateur dans le train paris-montpellier. On débat des journaux papiers que nous avons chacun en notre possession puis du web.

La question de l’utilité du web, et du degré de liberté que ce média permet nous a déjà beaucoup fait débattre dans des groupes militants. Ayant lu plusieurs articles de Serge Alimi "monde diplo", je pensais avant mon premier surf, que comme ça arrive souvent la réalité décrite par les uns et les autres était une extrapolation légère de la réalité.

Malheureusement mes premiers pas, premières vagues, m’ont extrèmement déçu et j’ai failli jeter le modem aux orties. je ne l’ai pas fait à l’époque pour pouvoir accéder dans le temps aux sites des grosses assos ou orga (attac, conf paysane,...) comme à la presse.

Mais pour le reste je pestais contre toutes les balises publicitaires, qui ralentissent la connexion, polluent mon écran et m’envoyaient d’un clic maladroit vers des sites non demandés.

Autant dire que la liberté sur le web et les grands discours me faisaient monter au créneau. Surtout l’an dernier lorsque liberty surf a repris la thématique révolutionnaire, suivi par d’autres dont les noms m’échappent. La révolution virtuelle j’en ai rien à foutre, et beaucoup confondent l’outil net avec la lutte réelle bien des révolutionnaires au petit clavier ne se rendent pas compte que leur révolution ne gène personne même pas les publicitaires et leurs commanditaires.

Ce qui me fait venir à ma question, concernant la viabilité d’un web indépendant, ou de résistance. Si les sites malgré ls contrôles et les procés peuvent continuer à exister. Quand est-il du problème des provideurs qui contôlent l’accés. malheureus utilisateur d’aol depuis 3 mois, je me dis que dans le cyber monde techno futurocon, il est encore plus difficile de faire respecter ses droits (tout conseil pour faire ch..aol sont bien venus) que dans le monde physique. Lorsque j’utilise napster et que l’on m’explique les restructurations et les abonnements qui arrivent etc...Je me réfère à la première révolution industrielle où les employeurs récupéraient les innovations des ouvriers et les dépossédaient des plus value. la créativité confisquée par l’argent. je trouve que nous sommes dans une situation similaire où après une pèriode un peu chaotique nécessaire -la créativité éclos dans la liberté- le monde du fric se restructure, bouffe ceux de chez eux qui sont plus petits et achètent ou musèlent les indépendants.

Je ne sais pas coment va se poser dans le cyber monde la lutte autour de l’outil de prodcution et l’état des réflexions. Au vu des investissements peut-on penser un fournisseur d’accès indépendant ? Peut-on craindre qu’à l’image de ce qui se passe avec napster les sites qui atirent le plus des internautes -ils permettent de détourner le passage en caisse- deviendront payant ? Que les autoroutes du web seront comme celles qui traversent l’hexagone "bienvenue au péage" ? si la moindre production s’échange contre monnaie nous trouverons rapidement pleins de jouisseurs cyber d’aujourd’hui prets à nous vendre leur moinre animation.

Voici en vrac les doutes et les questions qui m’animent. J’imagine que d’autres avant moi y ont réfléchi merci de me faire connaître les articles précédents. Question subsidiaire quels sont les meilleurs sites qui permettent de faire passer les infos de la lutte du monde réel. Je veux dire que pour mobiliser par le net mais hors du net aussi mon patron n’est pas connecté, où écris-je ?

un salut résistant.

 
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