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7 août 2000
 
lundi 26 février 2001

Mai 68, révolution pédonazie ?

Les enfants, boucliers humains du marché
par Mona Chollet
 

A travers les accusations de pédophilie portées contre Daniel Cohn-Bendit, certains tentent de faire le "procès de Mai 68". Toutefois, l’affaire s’inscrit dans le contexte bien plus large d’un nouvel ordre moral : l’étau se resserre ; la liberté des individus, dont l’idéologie sécuritaire triomphante fait peu de cas, est de plus en plus ressentie comme une menace pour l’ordre établi. Une critique qui porte sur bien plus que sa cible explicite, et qui avance en brandissant l’étendard de l’enfance, de sorte que ceux qui se sentiront visés par les attaques implicites, et qui tenteront de les contrer, se retrouveront à défendre malgré eux la pédophilie… Voilà un procédé que tous ceux qui tentent de promouvoir la liberté d’expression sur Internet connaissent bien. Un procédé qui revient à dire : quand on cherche la liberté, on trouve le crime. Mais de quelle liberté s’agit-il, au juste ?

L’interview de Daniel Cohn-Bendit au journal de TF1, jeudi soir, avec Jean-Claude Narcy en grand inquisiteur, fut un remarquable concentré d’abjection. Cohn-Bendit, bredouillant, tassé dans son fauteuil, le regard traqué, nageait en plein cauchemar, sommé par son intervieweur de dire s’il comprenait l’émotion des victimes d’abus sexuels, alors qu’il s’évertuait à répéter qu’il n’avait jamais commis d’actes pédophiles. Narcy poussait le zèle jusqu’à relayer la demande de Philippe de Villiers, lequel avait exigé que Cohn-Bendit abandonne son mandat de député européen – De Villiers : un homme respectable, lui, au moins, bon catholique, opposé à l’avortement et père de famille nombreuse, le genre de représentant de la France profonde, blafarde et bien-pensante dont on peut se réclamer sans honte, à TF1. D’où vient que, au-delà du sensationnalisme putassier et hypocrite inhérent à tout lynchage médiatique, on sentait chez Narcy une jouissance particulière, la jouissance de celui qui se dresse du côté du Bien, des valeurs familiales et de l’ordre moral, et qui tient enfin à sa merci son ennemi par essence, le grand symbole d’une révolution haïe ? Si on refaisait Mai 68 aujourd’hui, on commencerait par prendre le siège de TF1. La chaîne doit le sentir, qui, sur son site Web, interroge : « Daniel Cohn-Bendit a-t-il eu un passé pédophile ? », et invite les internautes à s’exprimer sur la crédibilité de sa défense…

« Des propos d’une insoutenable légèreté », dit Cohn-Bendit pour qualifier le passage de son livre mis en cause. Leur transposition, du contexte de 1975 à celui d’aujourd’hui – sur fond de viols à l’école et de curés pédophiles –, est dévastatrice. Vendredi, Libération, solidaire, exhumait ses propres archives. Dans un article publié par le quotidien en 1981, un homme racontait avec extase comment il avait fait un cunnilingus à une petite fille de cinq ans. Que la gamine ait été demandeuse n’y change rien : « Terrible, illisible et glaçant », reconnaît Sorj Chalandon, qui tente de l’expliquer en décrivant l’atmosphère de ces années-là : « A Libération comme ailleurs, l’affrontement fait rage sur tout. Une page de courrier pédophile déclenche la polémique. Mais est néanmoins publiée. Il y a panique à revêtir les oripeaux du censeur. Mais dans les locaux, des coups sont échangés. Des coups encore, lorsqu’un chroniqueur de la nuit arbore une croix de fer allemande au comité de rédaction. Celui qui frappe est conspué par de nombreux présents. L’interdiction, n’importe laquelle, est ressentie comme appartenant au vieux monde, à celui des aigris, des oppresseurs, des milices patronales, des policiers matraqueurs, des corrompus. (…) La pédophilie, qui ne dit pas son nom, est un simple élément de cette tourmente. Sauf pour ceux qui la revendiquent comme un acte d’« éducation militante », elle ne vient que rarement sur le devant de la scène. Le mot est terrible aujourd’hui. Mais elle n’est pas le problème d’alors. D’elle-même, et seulement, elle s’inscrit dans un bouillonnement chaviré, où chacun puise ce qu’il croit salvateur. C’est ainsi, c’est hier. C’est comme ça. »

Une offensive qui vise davantage que sa cible explicite

Il reste que Daniel Cohn-Bendit, selon toute vraisemblance, n’est pas et n’a jamais été un pédophile : ses anciens élèves et leurs parents ont écrit à la presse une lettre qui l’atteste. Mais peu importe : on sent bien qu’on se trouve en présence d’une offensive qui vise davantage que sa cible explicite. « Le procès de Mai 68 », titre Libération. Les bonnes feuilles du livre publié par Cohn-Bendit en 1975 ont été aimablement fournies à L’Express par Bettina Röhl, la fille d’Ulrike Meinhof, également à l’origine, en Allemagne, de la polémique sur le passé révolutionnaire et présumé violent de l’actuel ministre vert des affaires étrangères, Joschka Fischer, vieil ami de Cohn-Bendit. Ce dernier avertit : « La revanche sur 68 est en marche. C’est dans l’air du temps. Des gens attendaient ce moment depuis longtemps. » Tout à coup, tous ceux qui ont joué un rôle dans les événements de l’époque se rendent compte, effarés, de la menace qui pèse sur eux : celle de voir toutes les aspirations, tous les acquis de ces années-là, recouverts, barrés d’une étiquette où il y aurait marqué en grand : « PEDOPHILIE ».

Mais qu’est-ce qui est visé, exactement, à travers ces attaques ? Qu’est-ce qui dérange encore, dans l’héritage de Mai 68 ? A priori, on aurait tendance à penser qu’il a été entièrement assimilé par la société. Assimilé, voire dénaturé. Au point que tout le monde, parmi ceux qui sont nés après 68, n’a pas une folle envie de monter au créneau pour défendre l’honneur de ses glorieux aînés. Le Daniel Cohn-Bendit de 2001 est un libéral-libertaire bon teint, fait-on remarquer. Nombre de ses camarades se sont rangés, compromis, ils ont pris le pouvoir et reproduit les mécanismes de domination qu’ils dénonçaient. Refrain connu. C’est oublier un peu vite à quel point on aurait été mal, si la société avait négligé de faire 68 avant qu’on pointe le nez hors du ventre de notre mère. C’est oublier tous ceux qui ont eu leur vie radicalement changée par ces années-là, et qui, eux, n’ont jamais trahi leurs idéaux. Ils sont peut-être moins visibles, plus discrets que les notables de leur génération, mais ils ne sont pas moins réels qu’eux, et sans doute plus nombreux. Parfois, ils font d’ailleurs un retour fracassant sur la scène publique : c’est le cas de José Bové, véritable bombe à retardement de 68, dont il a mis en œuvre les idées pendant des années dans le Larzac sans faire parler de lui.

Bien sûr, on pourra toujours reprocher à nos parents quelques imperfections dans leur révolution. On aurait bien voulu que la société soit immunisée pour l’éternité contre les cons et les salauds, contre les retours de bâton, la trahison ou la perversion des idéaux. Mais c’était peut-être beaucoup demander. Et ça n’empêche pas que 68 a mis en circulation des idées qui se sont diffusées massivement, en produisant des effets divers, visibles ou invisibles, et qui aujourd’hui vivent leur vie, indépendamment du contexte historique qui les a vues naître. Quelque chose d’incontrôlable, d’irrécupérable, est passé à travers les mailles du filet ; un esprit d’insoumission, quelque chose que les années soixante-dix ont développé et popularisé à un degré inédit, mais qui relève d’aspirations humaines tellement profondes, et qui rechigne tant à s’incarner durablement dans quoi que ce soit, qu’on ne peut lui apposer le copyright « Mai 68 ».

Quand on cherche la liberté, on trouve le crime

Au-delà d’un simple « procès de Mai 68 », c’est d’ailleurs à un grand retour de l’ordre moral qu’on assiste aujourd’hui – un ordre qui semble avoir fait de la lutte contre la pédophilie une arme de chantage absolue. Une critique qui porte sur bien plus que sa cible explicite, et qui avance en brandissant l’étendard de l’enfance, de sorte que ceux qui se sentiront visés par les attaques implicites, et qui tenteront de les contrer, se retrouveront à défendre malgré eux la pédophilie… Ça ne vous rappelle rien ? Tous ceux qui tentent de promouvoir la liberté d’expression sur Internet, et qui se voient opposer de manière insistante et disproportionnée les dérives pédonazies sur le réseau, connaissent bien ce mécanisme. Estelle Hallyday, lors de l’affaire Altern, avait reversé les dommages et intérêts payés par Valentin Lacambre à une association de protection de l’enfance, comme pour se positionner dans le camp du Bien, alors que les internautes étaient dans celui du Mal… Pour que le parallèle soit parfait, il ne manque que les nazis. Ah, non, même pas. Libération cite le directeur du quotidien conservateur allemand Die Frankfurter Allgemeine Zeitung : « Cette génération 68 parvenue aujourd’hui au pouvoir s’est affirmée en fouillant et condamnant le passé de la génération précédente [celle de ses parents sous le régime nazi, ndlr]. Il n’est pas aberrant qu’on lui demande aujourd’hui des comptes sur son propre passé. » Autrement dit, avoir été soixante-huitard ou avoir été nazi, c’est pareil.

Une même logique sous-tend ces deux formes d’instrumentalisation de la pédophilie. Une logique qui dit : quand on cherche la liberté, on trouve le crime. Dommage que les soixante-huitards arrivés à des postes de pouvoir, si prompts à démonter le mécanisme quand c’est leur propre « grand bazar » - titre du livre de Cohn-Bendit – qui est réduit à ses dérives, ne se rendent pas compte que la même manipulation est à l’œuvre à propos du « grand bazar » d’Internet, et confortent au contraire sans complexes la thèse de l’invasion pédonazie sur le réseau. L’essor du Net peut pourtant très bien être considéré comme une nouvelle étape dans ce que Serge July identifie comme le « triomphe social » des années soixante : « le développement autonome de la société civile dans un pays qui l’ignorait ». Mais la méfiance superstitieuse envers la technologie a le don de transformer, d’un coup de baguette magique, des libertaires en réactionnaires, et de les muer en défenseurs de l’ordre établi – de l’ordre qu’ils ont établi, et dont la légitimité, avant l’offensive de la fille d’Ulrike Meinhof, ne semblait pas pouvoir être remise en question.

C’était cela, aussi, le face-à-face de Jean-Claude Narcy et de Daniel Cohn-Bendit : celui qui a toujours servi l’ordre dominant, contre celui qui l’a renversé ; le planqué conformiste contre celui qui a pris des risques. Quand on cherche la liberté on trouve le crime ; mais aussi : l’ordre établi, l’ordre dominant a toujours raison ; il est toujours le seul et le meilleur possible. Aucune aventure nouvelle ne justifie qu’on le bouscule, qu’on prenne quelque risque que ce soit. L’évitement du risque sera toujours plus important. Souvent, il ne s’agit évidemment d’un risque que pour l’ordre dominant, mais celui-ci fera en sorte que le public croie qu’il s’agit d’un risque pour la société entière. Grâce à cette logique, la fin se met à justifier les moyens, et l’hystérie sécuritaire gagne du terrain. Nécessaires et bénéfiques dans le domaine de l’alimentation, le « risque zéro » et le « principe de précaution » deviennent d’essence fasciste ou totalitaire dès qu’on les en fait sortir. Le climat de chasse aux sorcières qui s’instaure, on l’avait déjà vu surgir l’été dernier avec la publication par la presse, en Angleterre, des noms, photos et adresses de personnes suspectées de pédophilie, ce qui avait donné lieu à des manifestations haineuses devant leurs domiciles. Un type – victime d’une méprise, par ailleurs – avait été tabassé, un autre s’était suicidé.

L’imaginaire dans le collimateur

Le glissement perceptible dans les questions que posait Narcy à Cohn-Bendit l’autre soir illustrait assez bien ce climat de nouvelle Inquisition. Il commençait par demander à son invité : « Les caresses que vous évoquez ont-elles été réelles, auquel cas vous comprendrez l’émotion suscitée ? » L’intéressé niant catégoriquement, il poursuivait, ironique : « Alors ce sont simplement vos fantasmes ? » Pour lui, cela aurait visiblement été tout aussi grave. Il insistait : « Vous avez eu des remords ? Vous regrettez ce que vous avez écrit ? » Pour finir, après avoir pourtant pris acte des dénégations de son invité quant à la réalité des faits, il lui demandait s’il comptait démissionner. Sommé d’expliquer pourquoi il posait cette question, il lançait : « On ne sort sans doute jamais indemne d’une telle affaire… » (Lui-même, en tout cas, mettait beaucoup d’ardeur à ce que ce soit le cas.) Et Cohn-Bendit, bondissant, dans une tentative louable d’analyser en temps réel ce qui était en train de lui arriver : « Ah, vous voyez ! Vous venez de me dire « Don’t acte », et maintenant, vous me dites : pas de fumée sans feu ! » Pas de fumée sans feu, en effet. Ce qui s’effondrait là, sous nos yeux, c’était la barrière entre la pensée, ou le fantasme, et le passage à l’acte. On ne peut pas s’empêcher de faire le lien avec l’histoire de cet adolescent canadien récemment jeté en prison parce qu’il avait écrit un texte où un garçon de son âge, victime comme lui de brimades, faisait sauter son école. « On ne peut pas prendre le risque », a dit le procureur. Pas de doute : ça se durcit.

Quand on cherche la liberté on trouve le crime ; quelle liberté, au juste ? Le danger vient de l’imagination des gens, de cette boîte à fantasmes qu’ils ont dans la tête et dont on ne peut, à la grande rage de Jean-Claude Narcy, sonder le contenu pour être certain qu’elle ne contient rien qui pourrait menacer la paix des familles. Ainsi, ce n’est sans doute pas le grand fait d’armes de Mai 68, la révolution sexuelle, qui est visé en tant que tel dans l’affaire Cohn-Bendit : le marché n’a rien contre le sexe mécanique, consumériste, solitaire – même à deux, ou plus, éventuellement -, pauvre, honteux. Au contraire : il en fait son beurre. Ce qui le dérange, c’est quelque chose de beaucoup plus volatil, d’insaisissable, qu’il ne peut pas contrôler ; c’est l’imaginaire, qui a accompagné la libération sexuelle à ses débuts. « Dans ce domaine, comme nulle part ailleurs, aucun doute n’est plus possible sur le triomphe du trop de réalité », constate Annie Le Brun, qui se trouve être aussi une grande spécialiste de Sade. « Au XVIIIe siècle, écrit-elle, Sade fut le seul à se réclamer de ce double héritage [liberté de pensée et liberté des mœurs] de la pensée libertine mais il le paya d’une trentaine d’années de prison. Car on ne lui pardonnera jamais d’avoir mis la philosophie dans le boudoir, alors que jusqu’à aujourd’hui les mieux intentionnés n’ont d’autre souci que de maintenir le boudoir dans la philosophie. De ce pouvoir de déplacement – et personne autant que Sade n’aura su le porter à son comble – la voie érotique tire la rare faculté de nous faire parfois remonter à la source tumultueuse de la pensée, là où celle-ci ne faisant alors qu’un avec le désir éclaire de l’intérieur notre fonctionnement sensible. » De la production érotique contemporaine, de « l’application des romanciers d’aujourd’hui à remplir une sorte de quota sexuel », Annie Le Brun retire au contraire « la désagréable impression de voir le sexe remis à sa place, quand bien même cherche-t-on à le présenter comme le héros de la fête ». Déplorant la dévaluation de la passion amoureuse ou du lyrisme (« l’incapacité d’envol est devenue le meilleur gage de non-superficialité »), elle cite Marcuse, qui parle de « désublimation répressive » de la sexualité, de manière à « affaiblir la révolte des instincts contre le principe de réalité établi ».

Assimiler le non-consommateur à un déviant

Comme Leslie Kaplan dans sa tribune sur l’adolescent canadien (« Qui a peur de la fiction ? »), Le Brun dit très bien à quel point la société contemporaine menace l’intégrité imaginaire de chacun, gagnant du terrain sur l’espace dont il dispose pour se construire, pour se ménager cette distance indispensable par rapport au monde qui seule peut lui assurer une autonomie, une pensée et une sensibilité propres. Mais ce qui reste de cette intégrité, c’est apparemment encore trop pour tous ceux qui prospèrent sur le « trop de réalité ». « La fiction menace le monde, écrivait Christian Salmon dans Tombeau de la fiction. Et le monde s’efforce de la conjurer. » Elle « ébauche d’autres mondes, d’autres formes de vie, d’autres types de relation entre les hommes ». Voilà pourquoi les tenants de l’ordre dominant – politique ou industriel – la détestent. Le marché – c’est-à-dire aussi les hommes politiques, qui, hypnotisés par l’horizon de la « croissance », ne s’imaginent plus d’autre rôle que celui de serviteurs zélés du marché – a besoin de gens qui ne créent pas, qui n’imaginent rien. Il a besoin de consommateurs dociles, aussi passifs et lobotomisés que possible, qui se coulent dans les moules qu’il lui propose. Il impose donc son modèle de l’homme civilisé : seul le consommateur est respectable.

Il s’agit de brider la capacité à se retirer en soi-même, la curiosité intempestive, la soif d’autre chose que de produits calibrés. Internet n’est toléré – et même promu – que s’il peut servir à ouvrir un peu plus les êtres à tous les vents, à leur imposer la dictature du « temps réel », de la connexion permanente qui les dévaste de l’intérieur. Toute attitude autre que celle qui consiste à remplir en sifflotant son chariot virtuel, à chatter pendant des heures pour ne rien dire, est suspecte. Si vous perdez votre temps à créer des pages Web, à partager votre savoir, à échanger des informations et des impressions avec des correspondants – à vous exprimer, horreur ! -, et autres activités qui n’enrichissent personne – du moins pas en espèces sonnantes et trébuchantes -, vous devenez suspect. On vous assimile implicitement à un nuisible, à un pédonazi, à un déviant, à un ennemi de la société – alors que vous vous comportez seulement en ennemi du marché.

C’est là une réplique violente, certes, mais proportionnelle à l’inquiétude que le Net peut engendrer. Voilà un espace qui ressemble singulièrement, en fait, au Libé, au Charlie ou au Hara Kiri des tout premiers temps : bordélique, irrévérencieux, outrancier, diffusant une parole brute, désordonnée, ivre d’elle-même, n’en revenant pas encore d’être là et de pouvoir soudain exister. Le Net est l’un des derniers espaces où une telle parole puisse trouver refuge : partout ailleurs, le marché impose son aseptisation rampante, vitrifie toutes les activités humaines. Travailler, consommer : point barre. Même l’amour, même le plaisir, même la culture, même la subversion, vous les consommerez : ils correspondent chacun à un créneau commercial dont il leur est, dont il vous est interdit de sortir. Tout « pas de côté » sera sévèrement puni. Autrefois, avec l’ORTF, « la police vous parlait » tous les soirs à vingt heures. Aujourd’hui, avec TF1, dans un jargon tel qu’il garantit à lui seul la permanence de « l’incapacité d’envol », le marché vous parle tous les soirs à vingt heures.

Nous sommes tous des pédonazis juifs allemands.

 
 
Mona Chollet
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> Mai 68, révolution pédonazie ?
5 mars 2006, message de Benoît, 17ans, habitant des Côtes-d’armor
 

D’abord bravo pour cet article qui ouvre un réel débat et qui va me servir pour mon travail dans le cadre des Travaux Personnels Encadrés. Grâce à vous, Mona, j’ai ici plusieurs point de vues de contemporains sur mai 68.
Quand à moi je pense que vous avez tort quand à dire que nous sommes tous pédonazis. La nudité devant un enfant n’a pour moi rien de choquant ; mais quand à ressentir du désir pour un enfant de 10 ans et à assouvir des pulsions sexuelles avec ce dernier, je dis non ! Oui il faut parler du sexe avec ses enfants, non il ne faut pas se sentir gêné lorsuqu’on est nu devant eux. Ce n’est pas là à mes yeux de la pédophilie. Si l’on considère qu’un père qui fait cela est pédophile alors je le serais, mais avoir des relations sexuelles avec avec un enfant lorsque l’on est adulte reste un crime sévèrement punissable.
Mais ce qui m’intéresse surtout c’est ce parallèle que vous faites entre le procès de mai 68 et le procès des passages pédophiles du livre de DCB. Nous sommes bien d’accord en ce qui concerne TF1, Sarkozy et De Villiers, mais je ne crois pas qu’il soit si simple de discréditer un mouvement aussi important en France que celui de mai 68. S’il suffit pour dénigrer les soixante-huitards d’accuser un de leurs meneurs de pédophilie, alors le débat et la parole n’existent plus, nous ne sommes plus en démocratie et Chirac doit immédiatement être destitué pour les financements occultes dont il est soupçonné.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?
28 février 2005, message de philippe
 

Contrairement à ce que répond un lecteur, même si je partage l’analyse de mona sur le lynchage médiatique, les pédophiles ne sont pas de "très légers déviants", ils brisent des vies, traumatisent des enfants qui en conservent des traces indélébiles à l’age adulte, et se servent de toutes les ouvertures libertaires pour les manipuler à leur convenance. Ne l’oublions pas !
Philippe

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> Mai 68, révolution pédonazie ?
6 février 2004
 

bravo Mona fort interessant cet article .
Moi qui y oeuvre depuis quelques mois j’aimerais cependant savoir s’il est possible d’aborder d’autres themes que celui de la plume de DCB , est-ce vraiment un element a lier a mai 68 et a son proces ?
D’autres themes sont passionants quant a l’evolution de la pensée 68 mais peut etre n’est il pas propice d’en discuter ici .
je laisse mon email a qui voudra me repondre

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, jacques, 3 juillet 2005

Qui est DCB ?

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, Florent V., 23 août 2005

Par déduction DCB = Daniel Cohn Bendit, me semble-t-il.

Pourquoi parler de Cohn-Bendit dans cet article ? Il s’agit je suppose de s’appuyer sur un fait d’actualité pour mettre en lumière une attaque contre la génération 68 et ses idées, finalement très proche des attaques répétées contre l’Internet collaboratif, libertaire et surtout, surtout, décentralisé. Donc l’exemple me semble assez pertinent, même si l’article aurait peut-être gagné à mieux dégager ce parallèle, ne serait-ce qu’en le présentant explicitement comme tel.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?
6 mars 2001
 

Mai 68 n’est pas mort en 68
en 1987 est publié sous l’égide de feu le pasteur Doucé un livre qui s’intitule
"la pédophilie en question"
dont la préface est du Dr Jacques Wainberg, président de l’Institut de Sexologie
voici le dernier paragraphe de celle-ci
"Que ce livre, donc, aide à ouvrir un réel dialogue, conduise à une meilleur reflexion aboutissant à une meilleur comprehension d’un phénomène qui, ne pouvant d’évidence être éliminé, serait peut-être canalisé dans la mesure où la société contemporaine parvenait à un meilleur équilibre.
La qualité des signature, aussi bien de pédophiles eux-mêmes que d’auteurs, au regard souvent fort différents et aux vues parfois très audacieuses sinon judicieuses, empêcheront que ces réflexions ne restent au niveau de la sensation et du parti pris toujours tendancieux. Tout cela apportera une contribution positive à une évolution des mentalités vers plus de respect des personnes et des sentiments, gage d’une société vraiment démocratique et humaniste"
.....je vous laisse supposer ce que ce livre renferme de surprenantes et "innocentes" révélations en ayant la mission de "normaliser" les pédophiles enfin acceptés comme de très légers déviants.

Répondre
> Mai 68, révolution pédonazie ?, philippe, 28 février 2005

Du respect pour qui, pour quoi ? Pour les enfants victimes d’abus sexuels dont la vie est brisée ? Je me fous du bien être de ces "très légers déviants", qu’ils crèvent !

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Nous sommes les enfants de la révolution
1er mars 2001
 

Notre texte a beaucoup circulé. Merci à ceux qui l’ont fait tourné, à
ceux qui nous ont envoyé des corrections (ah, les profs...). Merci à
tous ceux qui nous ont envoyé des petits mots gentils et émouvants.

Ci-dessous le texte définitif avec les corrections.

MODE D’EMPLOI :
* Pour ceux qui ont déjà signé, pas besoin de confirmer. Si vous
vouliez en revanche retirer votre signature, merci de le faire savoir.

* Pour ceux qui voudraient signer cette dernière version, merci
d’envoyer vos signatures, si possible avant mardi 23h, à
stephane@lavignotte.org

* Le texte est effectivement celui d’enfants de soixante huitards (ou
dont les parents étaient contemporains de la génération 68), mais
pour que la génération des parents puisse signer (certains ont
proposé et ça nous a fait plaisir) on a prévu une ligne "soutien".

* Le texte est envoyé à Libé ce jour. On espère une publication pour
la fin de semaine.

Signataires (génération des enfants) :
Véronique Dubarry, Stéphane Lavignotte, Erwan Lecoeur, Christine
Villard, Thomas Giry, Julien Lecaille, Arnaud Wasson-Simon, Bruno
Villalba, Emmanuelle Escal, Pierre-Emmanuel Weck, Anne-Gaëlle Yvinec,
Philippe Bezdikian, Loic GRIVEAU, PERRIN Evelyne, André Yaël, Alexis
Fritche, Jean-Christophe Helary, Nicolas Bacchus, Bernard
BAGES,Jean-Christophe Petit, Hervé LE COQ, Danielle Valero, Patrick
PORTEJOIE, Rani Ayadi, Emmanuelle Rivier, Lyne Rossi, Charles Wolfe,
Guy et Sylvie Ruiz, Joris Clerté, Hélène Tocny, Stéphen Kerckhove,
Claudy Aubert-Dassé, Alistair Connor, Aurélien Zolli, Eric Delion,
Anne Zélensky,

Soutien (génération des parents) :
Anne COPPEL, Serge Quadruppani, Bernard blanc, Emmanuel Videcoq,
Philippe Delvallée, Albano Cordeiro, Eric WOLF

Nous sommes les enfants de la révolution*

Nous sommes les enfants de la révolution sexuelle. Nous avons
aujourd’hui des enfants, ou nous espérons en avoir, ou nous en
cotoyons et nous disons merci à la génération de nos parents.
Nous entendons les médias clouer Cohn-Bendit au pilori en l’accusant
de pédophile. Nous entendons ce qu’il dit, nous entendons ce qu’il
décrit et dans ses mots nombre d’entre nous ont l’impression
d’entendre et de revoir leurs propres parents. Sommes-nous des
enfants de pédophiles ? Nombre d’entre nous ont eu des parents qui se
sont promenés nus devant eux, sans doute nous ont-ils laissé touché
leurs seins, leurs sexes. Ils ont été heureux quand nous sommes
tombés amoureux à la maternelle, quand nous avons embrassé d’autres
enfants sur la bouche. Ils nous ont laissé jouer à "touche-pipi".

Que dit Cohn-Bendit ? A-t-il évoqué le désir qu’il aurait pu éprouver
pour des enfants ? A-t-il eu l’intention de les pénétrer ? Leur
a-t-il demandé des fellations ? Non. Ce qu’il raconte, c’est ce que
nous ont laissé vivre nos parents - ou que nous aurions aimé que nos
parents nous laissent vivre ! - et c’est ce que nous voulons vivre
avec nos enfants. Des enfants qui ont une vie sexuelle - qui l’ignore
encore aujourd’hui ? - qui éprouvent des désirs, qui ont des
questions, des séductions. Bref, non pas des enfants-objets pour les
adultes, mais bien des enfants-sujets dans toutes leurs dimensions, y
compris celles qui excitent tant les esprits.
Les années 70 ont fait des enfants - de nous - des sujets. La
révolution sexuelle - y compris dans le domaine de l’enfance - nous a
d’abord appris que notre corps nous appartenait. Que nous avions le
droit d’en faire ce que nous voulions, avec qui nous voulions. Que,
parce que devenus sujets - même, voir surtout, à l’âge de l’enfance -
nous avions le droit de dire « non » à ceux qui désiraient faire
autre chose de notre corps et de nos désirs que ce que nous, nous
voulions.

Accuser la révolution sexuelle - qui a fait de l’enfant un acteur, un
sujet de son corps - d’être à l’origine de la pédophilie est autant
un contresens que d’accuser la révolution ( y compris sexuelle) des
femmes d’être à l’origine des viols dont elles sont encore
aujourd’hui victimes. La révolution sexuelle a d’abord appris aux
enfants, aux adolescentes, aux femmes à dire « non ».
Nous remercions la génération de la révolution sexuelle d’avoir
déverrouillé la vieille famille où l’enfant et la femme étaient - et
restent encore trop souvent - des objets, y compris des violences
sexuelles de leur entourage. Parce que la famille qu’ils ont fait
éclore n’est plus celle des années 50, nous sommes heureux d’en créer
aujourd’hui ou nous pensons en créer demain.

Parce qu’ils ont considéré les enfants que nous étions comme des
sujets y compris dans nos désirs sexuels, nous pouvons être
aujourd’hui des parents qui en parlons ou en parlerons librement avec
nos enfants. Comme nos mères le disaient hier dans la lutte pour
l’avortement et la contraception, nous leur disons, nous leur dirons
que leur corps leur appartient. Nous espérons, et les plus âgés
d’entre eux le font déjà, que dans la cour de l’école ils
expliqueront à leurs petits camarades qu’on ne tombe pas enceinte
d’un baiser sur la bouche, que trouver répugnant deux hommes ou deux
femmes qui s’embrassent, c’est non seulement ringard mais aussi
condamnable que le racisme. Ils sauront ce que veulent dire
homophobie, cunilinngus et être amoureux. Nous nous promenons à poil
devant eux, il leur arrive de toucher le sexe de leur père ou de leur
mère, de tâter les seins de leur grand-mère et de demander pourquoi
ils sont plus gros que ceux de leur mère. Quand cela nous gêne, nous
le leur disons. Si un jour nous en venons à sentir que notre nudité
les gêne, nous en discuterons. Le respect des sentiments et de
l’intimité est forcément réciproque.

Voilà ce que nous a d’abord appris la génération de nos parents : que
rien n’est tabou - surtout pas une libido constituante de tout être
qu’il serait dangereux de nier - et que tout est sujet à discussion,
que tout mérite écoute.
Ecrits ou propos scandaleux, ceux de Cohn-Bendit ? Non, ceux d’une
nécessaire explosion de parole qui permettait de dire « je », de dire
« non ». C’est le contraire de la pédophilie, de la loi du silence.
Si aujourd’hui, de plus en plus, la parole se libère sur les horreurs
subies, ces curés qui abusent, ces parents qui violent, ces familles
qui étouffent, ne le doit-on pas à cette déflagration initiale ? Nous
nous inquiétons de cette société de paranoïa qui crie si vite à la
secte, au pédophile mais qui ne se donne jamais les moyens - en
paroles, en personnels, en structures, en changements de fond - qui
permettraient vraiment de lutter contre ces violences et leurs
origines. Qui se trouve des boucs émissaires pour éviter de se donner
les moyens d’agir.

Nous remercions nos parents de nous avoir donné l’envie de changer ce
monde. Nous les remercions d’avoir lancé cette révolution sexuelle et
nous pensons que si nous voulons qu’un jour les enfants et les femmes
ne soient plus violés, que chacun soit vraiment maître de son corps,
la révolution sexuelle devra recommencer, car elle a surtout eu le
tort de s’arrêter.

* Chanson de T-Rex « Children of the revolution », extrait de la BOF
du film « Billy Elliot ».

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Une certaine idée de l’humanité, A, 6 mars 2001

Compliments pour cette analyse de Mona !
Je l’ai recommandé la lecture à de nombreux amis :)

Il existe aussi une lettre-ouverte de Tatiana F. qui s’intitule "A propos de Daniel Cohn-Bendit et d’une certaine idée de l’humanité.

 
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> Mai 68, révolution pédonazie ?
1er mars 2001, message de Hélène
 

Un simple commentaire sur DCB et ses rapports avec les médias. Dans cette lamentable affaire, il apparaît clairement que si les grands médias ont été si accueillants ses dernières années, si complaisants souvent vis-à-vis de DCB, c’est uniquement parce qu’il est ce qu’ils appellent un "bon client". On voit à la violence de leur réaction qu’il n’a jamais été accepté comme faisant partie du cercle des institutionnels légitimes comme peut l’être un Sarkozy par exemple. DCB a certainement cru que pour l’ensemble des médias, il n’était plus le petit rouquin gauchiste des années 68 et suivantes. Je ne sais pas quelle va être sa réaction et quel sera son positionnement futur mais j’espère qu’il va essayer de faire évoluer son statut de bête de foire médiatique, ce qu’il était devenu à mes yeux depuis une dizaine d’années.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?
28 février 2001, message de Phynette
 

En tout cas, ’tite Mona, tu as vraiment fait mouche avec ton article. Au début j’avais envie de te féliciter pour lui seul (mais je me suis laissé emporter par mon propos), maintenant je te dis bravo pour lui et pour toutes les discussions qu’il a engendrées… Passionnant !

Merci aussi pour la référence à Annie Le Brun. Je cours la lire, ça me changera des révolutionnaires du Flore et de leurs poteaux nihilistes puritains qui nous promettent des lendemains qui font beurk.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?
28 février 2001, message de J.Auzolle
 

“ Jean-Claude Narcy en grand inquisiteur, fut un remarquable concentré d’abjection”

Pourquoi Mona Chollet regarde TF1 ? Est-elle si seule le soir ?
Pourquoi DCB va t’il sciemment se faire étriper sur la chaîne du terroir qui sent les pieds ?

Il est exact que la question de Jean-Claude Narcy était déplacée. Un journaliste n’est pas un procureur. Cependant il est tout aussi exact que ni vous ni moi ne pouvons affirmer quoi que ce soit sur la pédophilie présumée du sieur Daniel Cohn-Bendit, dire que “ Il reste que Daniel Cohn-Bendit, selon toute vraisemblance, n’est pas et n’a jamais été un pédophile” relève du même principe que la question-sentence de Jean-Claude Narcy.

Le débat concernant le “procès” de mai 68 et des soixante-huitards est autrement nécessaire. Et quoi que vous disiez, ce procès se fera, c’est le prix à payer pour entrer dans l’Histoire.
J’avais six ans en mai 68, je me souviens très bien que dans une société assez naïve quiconque avait vingt trente ans, à cette époque, était regardé comme un héros. En regardant les livres d’Histoire, je remarque que les mouvements ; hippie, le rock, les substances hallucinogènes, la libération de la femme, des minorités, la libération de la sexualité, tout cela étaient des combats largement entamés aux USA et dans les pays d’Europe du Nord. D’une manière ou d’une autre c’était le sens de l’Histoire, avec ou sans la génération 68 les choses auraient évoluées. Il y a une appropriation excessive des acquis de cette époque par cette génération, dont les propos “rapportés” de DCB témoignent, parfois, d’un manque de recul certain, et d’une absence d’épaisseur intellectuelle. Les soixante-huitards français ne sont paut être pas des héros tout simplement ? les générations qui baignent aujourd’hui dans un monde d’exclusion et de fractures sont tout à fait en droit de demander des compter à ces impétueux ainés.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, 28 février 2001

Cependant il est tout aussi exact que ni
vous ni moi ne pouvons affirmer quoi que ce soit sur la pédophilie présumée
du sieur Daniel Cohn-Bendit, dire que “ Il reste que Daniel Cohn-Bendit,
selon toute vraisemblance, n’est pas et n’a jamais été un pédophile” relève
du même principe que la question-sentence de Jean-Claude Narcy.

Non, ça relève du principe de la présomption d’innocence, qui est un des
piliers du droit dans un état démocratique. Et si l’on veut parler de
vraisemblance, statistiquement l’immense majorité de la population
n’est pas pédophile, donc DCB non plus.

Les
soixante-huitards français ne sont paut être pas des héros tout simplement ?

Et alors ? Il faurait leur faire un "procès" sous prétexte que ce ne sont "pas des héros" ?
J’ai du mal à voir l’enchaînement logique qui mène de l’un à l’autre...

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, dabug, 28 février 2001

Merci à J.Auzolle pour sa façon bien nuancée d’exprimer ma pensée... plus violente.

Je pense en effet que l’auteur de cet article est tombée dans le politiquement correct soixante-huitard quand elle était petite. Dommage. L’objectivité est décidément une valeur bien rare depuis les "nouvelles bases" posées en un certain mois de mai du côté du Boulevard St Germain.

Les nouveaux "vieux cons", non contents de tout faire pour garder leur pouvoir absolu sur les notions d’idées nouvelles, de jeunesse et de révolte, sont allés jusqu’à contaminer efficacement une bonne partie de leurs enfants. Dommage encore. Les 20-30 ans d’aujourd’hui ont pourtant autant de raisons, sinon bien plus, d’ouvrir tout grand leur gueule. Pour ma part, « La revanche sur 68 est en marche. C’est dans l’air du temps. Des gens attendaient ce moment depuis longtemps. » est une prase qui mé réjouit car je ne compte pas m’en priver !

Ce n’est pas parce qu’une révolte a eu lieu que plus aucune révolte ne doit par la suite avoir lieu. Les nouveaux "vieux cons" sont ceux qui affublaient, sans doute à juste titre mais qu’importe, nos grands-parents de ce même titre... et alors ? Doit on pour autant continuer de baisser la tête en disant : "Oui Papa, oui M. Cohn-Bendit, oui M. July etc... Oui, vous avez et vous aurez toujours raison. Il est inutile que je me révolte puisque vous l’avez déjà fait il y a plus de trois décennies" ?

Je ne crois pas. Je crois que la révolte de nos aïeux était une partie de rigolade face aux impératifs actuels de se rebiffer violemment contre leur pensée unique, leur humanisme de salon, leurs lectures inutiles, leur arrogance verbale et scripturale, leur sens de l’éducation ou encore de la tolérance, de la liberté et de la démocratie... et j’en passe, Dieu merci. Il est maintenant grand temps de les envoyer en maison de retraites (un mot dont ils n’aiment pas parler avec nous, ça, la retraite... et pour cause : nos premiers salaires sont pour eux !).

PS : Par rapport à Minirezo, je trouve que Libé est cent fois plus objectif sur la question du Procès de la génération 68 grâce aux forums présents sur son site.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, Bernard Bacos, 28 février 2001

Cher Dabug,
Tu as visblement des comptes à règler avec la génération de tes parents, c’est pourquoi tu répètes à l’envie tous les clichés superficiels qui traînent actuellement au sujet de la génération 68, les "nouveaux réacs qui font comme leurs aînés bla bla bla". Pour te répondre, je te citerais un extrait du forum de Libé qui résume tout à fait ce que je pense : "Que reprochez-vous finalement aux gens qui ont 50 ans aujourd’hui : de n’avoir pas changé le monde ? Eh bien nous comptons sur vous ! Bougez-vous le cul ! Bon courage ! Mais je doute que vous nous prépariez un monde meilleur avec les idées qui sont les vôtres. "
Tiens-nous au courant. Un vieux con ( http://come.to/paris70 )

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, Matteo, 28 février 2001

Mon cher Dabug,

au delà de vos considérations tragi-comiques - et largement incompréhensibles - sur "l’objectivité" de cet article ou de ce forum, votre contribution - au débat, à la révolte, au présent - paraît, pardon de vous le dire aussi sèchement, bien limitée.

Par son article, Mona Chollet déplace les lignes, bouscule - très habilement, à mon sens - le cadre du débat. La confusion qui règne dans ce forum en témoigne largement : chacun voit dans le papier de Mona ce qu’il veut - et vous êtes parmi les premiers à le faire, en limitant votre lecture (ma parole, mais ouvrez les yeux !) à la seule guéguerre de générations.

Ne discernez-vous pas, mon cher Dabug, que l’auteure du papier, du haut de son approche "politiquement correct de Mai 68", envoie, par exemple et entre cent autres choses, un salutaire coup de pied aux soixante-huitards (ceux qui détiennent un pouvoir symbolique ou économique), que vous abhorrez, comme à leurs inquisiteurs, que vous aimez (même quand ils s’appellent Jean-Claude Narcy), incapables, selon elle, d’admettre un usage différent de l’Internet : la possibilité, pour chacun, de s’exprimer et d’être entendu, en dehors des circuits marchands, les inquiète tant, semble-t-il, qu’ils sortent un arsenal d’insultes similaires à celles qu’on adresse aujourd’hui à Cohn-Bendit : "pédophile" et "nazi".

Lutter contre tous ces raccourcis qui engendrent un climat de "chasse à l’homme", c’est bien un combat d’aujourd’hui. Il n’est certainement pas à la hauteur de votre noble, très très noble bataille - "envoyer les 68tards en maison de retraite" -, mais c’est un combat d’aujourd’hui, c’est une révolte qui n’a pas à tourner à la guerre de générations, et qui, en revanche, engage aussi, d’une certaine manière, l’avenir de la société. "Quand on cherche la liberté, on trouve le crime", repère Mona Chollet dans le discours dominant, dans la pensée unique de notre époque - ceci, j’ajoute, que ces discours émanent des anciens "vieux cons" (comme ceux de TF1) ou bien des nouveaux "vieux cons" (comme ceux de Libé, de Charlie, etc.) Dans ce contexte-là, cette discussion générique sur les "vieux cons" noie véritablement le poisson. Alors, on parle du reste, oui ou non ?

Cordialement,

M.

 
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> Mai 68, révolution pédonazie ?, Matteo di Nuovo, 28 février 2001

Hé Dabug,

en passant sur le forum de Libé, je trouve ça :

"Vous n’avez encore rien vu de notre génération de jeunes révoltés. Nous avons hérités de valeurs en ruines. Nous allons reconstruire en emmurant, vivants s’il le faut, les "casseurs" de l’intellect qui tentent encore vainement de se défendre les uns les autres, en d’ultimes spasmes immoralistes.

Lisez les "Nouvelles sous Ecstasy "de Beigbeder et tremblez, néo-bourgeois ex-rebelles de gauche... La génération 2000 a enfin la croissance pour elle, comme vous aviez les Trente Glorieuses pour parler du malheur des peuples.

Vous avez tout détruit, nous allons construire... sans permis, attention."

Tu cites Frédéric Beigbeder, tu as complètement raison. Allons donc faire cette révolution, avec le "José Bové du Flore" et ses amis rebelz de Teknikart !!!

A mon avis, tu ferais bien de lire plutôt le livre de Mona Chollet, "Marchands et citoyens : la guerre de l’Internet", éditions de l’Atalante, 60 francs (c’est moins que 99 francs et en plus, t’as des dessins de Gébé, tu sais le vieux soixante-huitard à emmurer vivant)

Bien à toi,

M. 

 
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> Mai 68, révolution pédonazie ?
27 février 2001, message de ostinato
 

Faut-il s’étonner, faut-il dramatiser ?

Le ton plutôt dramatique du genre "la liberté en danger" (comme la "patrie en danger") me parait un peu inadapté : excessif.
A quoi s’attendre en effet. L’occasion est trop bonne pour qu’elle ne soit pas mise à profit par ceux qui sont anti mai 68.
Qui peut préjuger du mouvement anti-pédophile...les excès contre DCB ne sont-elles pas aussi des scories d’un mouvement qui veut le respect de la personne humaine.
Ce qu’on reproche à JC Narcy par exemple pourquoi le reprocher au mouvement anti-pédophile ???
J’ai participé à Mai 68 et ai voulu y rester fidèle.
A mon idée c’était un mouvement qui cherchait une société non seulement plus libre mais plus humaine et qui critiquait "la société de consommation" et le "socialisme" totalitaire de l’Est( cf la vogue de "l’autogestion").
Je considère que vraisemblablement le mouvement anti-pédophile, participe fondamentalement des idéaux de Mai 68 pour l’épanouissement de l’individu...C’est la prise de conscience de l’humanité trop souvent bafouée de l’enfant et je ne vois aucune raison pour opposer ces deux mouvements.

Que des réacs des villiéristes des fachos des réacs essaient de tirer à eux la volonté de sanctionner la pédophilie ne rend pas fachiste réac anti-libertaire cette volonté.
Il faut combattre *tous* les amalgames.

Ostinato (comme son nom l’indique)

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> Mai 68, révolution pédonazie ?
27 février 2001, message de fantadiallo
 

Le proces de Mai 68 n’est pas nouveau. Il est latent dans notre univers toujours plus securitaire, toujours plus Big Brother. C’est inquietant.

Mais defendre Mai 68 en defendant l’indefendable, l’abject (je parle des ecrits de DCB, pas de ses actes hypothetiques) me fait gerber profondement.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?
27 février 2001, message de soufron
 

mais vous etes completement fous ma parole ?

j’ai complètement l’impression que vous détournez la question de savoir si DCB a été pédophile ou si il l’a soutenu en faisant semblant d’y voir une attaque contre mai 68 ?!?

d’une part :

1. pourquoi ne pourrait on pas juger mai 68 ?

2. pourquoi ne pourrait on pas juger DCB ?

quid ?

Répondre
> Mai 68, révolution pédonazie ?, 27 février 2001

Et oui, nous sommes complétement fous !

Répondre
> Mai 68, révolution pédonazie ?, 28 février 2001


1. pourquoi ne pourrait on pas juger mai 68 ?

Amuse-toi à "juger" un évènement historique si tu veux...

2. pourquoi ne pourrait on pas juger DCB ?

S’il y a des preuves, devant un tribunal. Mais pas devant une chaine de
télévision.

Cordialement,

H.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, soufron, 1er mars 2001

ben juger un evenement historique c’est quelque chose que l’on fait tout le temps pas vrai ?!?

on peut critiquer tout de meme, mai68 c’est pas tout bon/tout noir au pays des gentils revolutionnaires ^^

mais bon, la question n’est pas la !!!

la question c’est de savoir ce qu’il en est de DCB... effectivement si il doit etre juge ce n’est certainement pas a la tv ! eh bien si ces accusation sont fondees j’espere que des victimes seront assez courageuses pour porter plainte... j’aimerais assez voir la tete de july si "dany" etait condamne ^^

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> Mai 68, révolution pédonazie ?
26 février 2001, message de Croa33
 

Mona, je ne connais pas ton age. Que connais-tu de mai 68 ? De mon coté je peux en parler, ayant vécu cette période,
même si je n’ai pas tout à fait l’age de Cohn-Bendit parce qu’il était étudiant alors que je n’étais que collégien. D’abord
pour dire que le mouvement de 1968 était extrêmement hétérogène et traversé par de multiples courants souvent
contraires. D’ailleurs ce qui fédérait ce mouvement était son ouverture d’esprit marqué par de longs et vifs débats.
Nous voulions changer le monde mais nous n’avions pas tous la même idée sur ce que devrait être le monde. Il est
exact qu’une nouvelle forme d’extrême gauche s’est révélée à cette époque mais associer "ses vérités" à toutes les idées
de 1968 est abusif même la véritable gauche ne s’était jointe au mouvement qu’avec retard. Il n’empêche que cette
gauche "libertaire", car c’est d’elle qu’il s’agit, ne représentait en fait qu’une tendance très minoritaire dans le
fourmillement d’idées représenté par 1968. Cette période n’est pas seulement le début d’une libération sexuelle, le refus
de l’autorité, etc C’était aussi celle de l’invention de l’autodiscipline car au fond ce que nous voulions c’était
l’émancipation de notre jeunesse. Nous voulions aussi l’abolition de la sélection dans l’enseignement et nous avions mis
nous-mêmes fin aux bizutages Toutes choses revenues depuis En force ces dernières années ! Car des idées de
68, force est de constater qu’il ne reste presque plus rien. Plus rien SAUF les idées libertaires ! Pourtant cette tendance
du mouvement a toujours été médiatisée à l’extrême. Dès le début des gens comme Cohn-Bendit, lequel a beaucoup
moins changé qu’on ne le dit, étaient à l’affiche en très gros, histoire d’en appeler à la réaction, laquelle n’a pas manqué,
d’ailleurs !
Bon j’exagère Il nous en reste aussi ce goût du débat porté maintenant sur Internet (et le minirézo). Les idées du
genre de celles de José Bové, qui est un type bien, existent encore aussi et José n’a absolument rien de commun avec
Daniel. Heureusement car les idées libertaires sont abominables et je ne comprends pas que tu les défendes. Passe
encore pour ce qui est de la libération des m urs tant que cela ne concerne que des adultes consentants et complices.
Je serais même tenté de dire : « Tant mieux car ça rapproche les gens et ça fait oublier les soucis ». Même que l’un des
plus beaux slogans de 68 et de l’après 68 était : « Faites l’Amour, pas la guerre ». Slogan consensuel s’il en était au
moins un ! "Faites l’Amour" est un slogan libertaire, "Pas la guerre" celui de la vrai gauche, le tout un tantinet
provocateur signe d’une époque et des utopies de notre jeunesse. Mais ce temps est passé, Daniel Cohn-Bendit a
prouvé depuis qu’il aimait la guerre, le commerce libre, que fumer du chanvre ou se piquer était aussi convenable que
le tabac et l’alcool et qu’il n’existe rien de plus sublime que de se faire déshabiller par une fillette. Il est toujours de
gauche, mais seulement de la gauche libertaire Quoiqu’elle ait verdi depuis.
Alors les médias là dedans ? Ils n’ont pas changé ! Les médias défendent toujours les mêmes intérêts et si
quelqu’un n’est pas convenable dans le camp d’en face c’est sur lui qu’ils vont mettre le paquet. Quoi de plus normal ?
Au besoin on l’introduit - Cela c’est déjà vu - ! Ce qui est anormal par contre, c’est de défendre l’indéfendable. La
gauche libertaire est infréquentable parce qu’elle n’en a rien à faire des êtres humains opprimés, tout ce qui l’intéresse
c’est de faire la promotion d’un certain hédonisme qui ne peut être que bourgeois. En réalité ces gens ne sont pas les
amis de la liberté au sens fort du terme, ils sont pour "leur" liberté, c’est différent ! Et tant qu’à faire, le libéralisme, ils
ne sont pas tout à fait contre

Tant pis pour ceux qui se sentiraient visés !
Lecture recommandée : "La tyrannie du plaisir" de Jean-Claude Guillebeau.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, 26 février 2001

ouiap c’est ce qu’on doit dire 30 ans apres pour être convenable...Et si t’etais collegien à l’époque, ben t’as peut etre pas grand chose a en dire, côté vécu...vu la vie des collégiens dans les sixties

Discours typique nineties

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Contestation craignos !
26 février 2001, message de Perdoneau
 

La television qui faillote, c’est pas vraiment une nouveauté.
Tf1 est la tribune de la libre pensée commune. Putain, c’est l’inquisition qui arrive ?? Doit-on prouver sa non-culbabilité avant que la moindre preuve n’apparaisse ?

ps : Une phrase m’a beaucoup amusé sur mygloo.org, je me permets de la reprendre :
"Pour une fois, ce ne sont pas ses 68 que certains lui reprochent, mais ces prétendus 69."

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Sous les pavés, le négationnisme !
26 février 2001, message de Arnaud G.
 

Pour compléter l’article de Mona sur la mode de l’accablement des idéaux de 68, je tiens à signaler le docu sur le négationnisme appelé "Autopsie d’un mensonge" et sorti récemment en salle.

Outre que ce docu est fort mal gaulé et brouillon, on y développe à un moment une théorie selon laquelle le négationnisme serait le fils de Mai 68 (avec images de rebelles du Quartier Latin si ma mémoire est bonne) purement et simplement. D’ailleurs, la chose est affirmée, pas sous-entendue : c’est la banalisation de tout et la libre parole qui a permis à Faurisson d’exister. Au début des 70’s, on pouvait soudain tout dire, tout penser, horreur ! horreur ! Naturellement, on ressort Gaby Cohn-Bendit et qu’il fasse son mea culpa ne change rien : à travers lui, c’est 68 qui est attaqué.

Que le révisonnisme ait existé dès 1948, et qu’il n’a pas eu besoin de Dany Le Rouge pour instiller ses mensonges ne semble pas interpeller outre mesure notre réalisateur, qui y va plein pot sur la thèse. Rendez-vous compte, on criait CRS=SS à cette époque ! Quelle insouciance ! Quelle légereté !
Alors qu’aujourd’hui, sur n’importe quel forum Net, on se traite de fasciste, de nazi, de collabo à tout-bout-de-champs, en vertue de la fameuse loi de Godwin.

D’ailleurs, c’est drôle : le film aborde naturellement le cas de l’Internet, sur lequel on trouve un site nazi dès qu’on allume son ordinateur et où l’impayable Finkelkraut retraite le Net de "poubelle du monde" et Claude Lanzmann d’endroit où "les idiots parlent aux idiots". Il n’y a pas de hasard.

Arnaud

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> Mai 68, révolution pédonazie ?
26 février 2001, message de tartar
 

Bla, Bla, Bla

Quel extraordinaire talent ont tous les intervenants pour noyer le poisson.
Vous êtes tous énarques, politiques, de gauche, et soixante huitards ?
Aucun de vos texte ne prend le sujet par le cou.
Le sujet c’est la pédophilie est-elle soluble dans le discours ?
Votre fameux esprit "libertaire" l’accordez-vous au môme de 3 ans en butte aux propositions d’un DCB ou autre.
Alors au ras des pâquerettes l’exemple :
On est en 68, vous avez 21 ans ;
Le gosse c’est votre adorable petite fille de 4 ans et vous apercevez en arrivant à la crèche un soi-disant éducateur en train "d’éduquer" votre enfant.
Que faites-vous ?
Pensez-vous vous en souvenir dans 40 ans ??
Le reste est hors sujet pour aujourd’hui.
Je sais que mon réflexe sera taxé de "primaire" mais moi je ne noie pas le truc sous des références Lacano-Languiennes, libertaro-fascho-capitalistes.
Et puis apparemment 68 n’a servi à rien parceque le marché hein , il nous a mis jusque là ,32 ans plus tard !
Je me demande bien quelle révolution va lui faire rendre gorge sans que tous les petits bourgeois ex-soixante huitards y perdent leur retraite de vieux !
J’ai peur d’être hors consensus là.

Répondre
> Mai 68, révolution pédonazie ?, 26 février 2001

Votre fameux esprit "libertaire" l’accordez-vous au
môme de 3 ans en butte aux propositions d’un DCB ou autre.

Et ton fameux esprit critique a-t-il remarqué que tout le monde, victimes
potentielles, parents, etc, a disculpé Cohn-Bendit de ces accusations ?
A-t-il remarqué que le « jugement » de Cohn-Bendit se faisait non dans
une cour de justice mais dans un journal télévisé d’une chaîne mue par
l’attrait de l’audimat, des bénéfices et la satisfaction des intérêts de
ses actionnaires ?

Et puis apparemment 68 n’a servi à rien
parceque le marché hein , il nous a mis jusque là ,32 ans plus tard ! Je me
demande bien quelle révolution va lui faire rendre gorge sans que tous les
petits bourgeois ex-soixante huitards y perdent leur retraite de vieux ! J’ai
peur d’être hors consensus là.

J’ai peur que tu sois un peu aigri et caricatural aussi.

Répondre
> Mai 68, révolution pédonazie ?, tartar, 26 février 2001

Je suis certes un peu aigri et caricatural mais moi je suis dedans ; j’ai des excuses.
Ma fille a vécu un truc qui a probablement troublé un peu sa vie.
Maintenant si on doit prendre la défense de tous les réprouvés médiatiques sans écrémage poliquement correct on va entendre les orfèvres crier .

Il va s’agir de "réviser" des attitudes consensuelles qui ne tiennent qu’aux modes .

- Après 68 on a pu mettre 10 ans à faire semblant de ne pas voir les seins nus sur les plages par exemple.

Les types se sont mis à mater à mort en faisant des trous dans leurs journaux ; pendant ce temps bobone (naturellement bobo) ne pouvait arborer les siens.
Qu’en est-il aujourd’hui ; c’est simple des seins nus sur les plages on n’en voit de noins en moins et moi je le regrette car çà au moins n’était pas attentatoire à la liberté de quiconque.

- Il y a 1 an ou 2 on s’est aperçu que les retraites des aigris seraient un peu difficiles et on a compris que LE PEN lui n’avait rien compris.
Des immigrés il en faut, mais pas pour embêter les aigris, pour payer les retraites des vieux !

Je le dis comme çà pour faire court mais je sens qu’on pourrait développer.

Pardon de ce style comment dire, peu courtois, mais je voudrais "réincarner" les discours de ce forum, car les termes ampoulés et les citations absconses de célébrités ne nous aident pas, nous autres premiers primates primaires primitifs.

Répondre
> Mai 68, révolution pédonazie ?, 26 février 2001

je trouve ça seulement très con ce que tu dis. Excuse moi.

Répondre
Lao-Tseu, grosse fatigue, 28 février 2001

Il vaut mieux parfois se taire que dire des conneries, surtout si l’on a rien à dire.

Lao-Tseu.

 
en ligne : Rien à dire
Répondre
> Mai 68, révolution pédonazie ?, Egret Jean-Baptiste, 18 juin 2001

Bravo, Tartar.Tu as mis le doigt dessus. Notre monde est plus impitoyable que jamais à présent que les ancients soixante-huitards sont au pouvoir. Regardez Joschka Fischer, l’ancien militant : il bénit le bombardement par les Américains de la Serbie et fait participer l’Allemagne à la boucherie. Le fait est que les soixante-huitards ont massivement trahi leurs idéaux. Les José Bové hélas ne sont qu’une infime minorité. Celui-là est d’ailleurs suivi par les jeunes anticapitalistes plus que par ses anciens camarades.
Mona Chollet a certainement assez d’argent pour ne pas remarquer à quel point la France est devenu un pays où la vie est atroce. Lisons ou relisons Houellebecq ! Par delà les outrances et les fantasmes, il est dans le vrai.

Nous ne comptions pas sur cet opportuniste de DCB, de toute facon. Ses pages de littérature pédophilique ne font qu’illustrer un peu plus sa corruption et celle de ses pairs, laquelle nous connaissions depuis longtemps. Nous autres gauchistes et anarchistes de la nouvelle génération n’avons pas besoin de tels chefs de file pour lutter contre la destruction globale. Nous luttons à Gothenborg, à Gênes bientôt, à Seattle naguères, en ces nouveaux champs de bataille où vous pourrez voir et ouir un José Bové (il fut récemment à Québec), mais nul DCB.

Ya Basta !

Jean-Baptiste, Droichead Átha, Irlande.

Répondre
> > Mai 68, révolution pédonazie ?, thierry, 10 octobre 2001

salut, jean-baptiste, sacré farceur, c’est thierry (idc)
t’as des nouvelles de luis ?

Répondre
> Mai 68, révolution pédonazie ?, Jean-Baptiste Egret, 2 octobre 2003

Cher Thierry,

je n’ai malheureusement pas de nouvelles de Luis. Je lui envoyai une lettre d’Allemagne, à laquelle il ne répondit point. Je viens de chercher sur la toile mais il y a trop de Luis Estevez (est-ce bien là son nom de famille), et je manque d’autres critères de recherche.
Depuis deux ans, je suis de nouveau en Allemagne ; tu peux me contacter par johnegret23@yahoo.de
Quoi qu’il en soit, merci de ton message. Je me réjouirai de recevoir de tes nouvelles !

Répondre
> Mai 68, révolution pédonazie ?, philippe, 28 février 2005

super d’accord avec toi man

Répondre


> Mai 68, révolution pédonazie ?
26 février 2001
 

Chers lecteurs du minirezo

C’est avec une certaine délectation que j’ai lu l’aricle de Mona Cholet et les diverses réactions à cet article.

Vous parlez d’un retour à l’ordre moral ? en dehors de la vacuité de ce terme (qu’est ce que l’ordre moral ? quand a t’il existé ?) qui vous fait frémir d’horreur ; je ne peux m’empêcher de me demander si nous vivons dans la même France.

Je vous relate les divers signes certains d’un retour de l’ordre moral : 1999 adoption du PACS, et première officalisation dans le droit de la reconnaissance du couple homosexuel. 2000, ralongement de la période légale de l’IVG de 10 à 12 semaines. Autorisation de la distribution de la pilule à l’école sans l’autorisation des parents. Augmentation sans précédents de la diffusion de films, reportages, documentaires sur l’homosexualité dans tous les média (y compris TF1).

Alors vous m’excuserez mais je crois réellement que le retour à l’ordre moral on n’y est pas encore, et qu’on en est même plus loin que jamais.

Quant à vos débats sur l’esprit de 68, Serge July, Daniel CB, Dominique Voynet et autres ont ils viciés l’esprit de mai 68 ? J’espère que vous plaisantez ? Libération sexuellle, libertarisme et marxisme sont inextricablement liés à l’ultralibéralisme : le but est le même destruction des règles politiques, religieuses, morales et pour finir, économiques.

Nous récoltons les fruits de 68, soyez en certain, y compris les "petits sauvageons" chers à Jean-Pierre Chevènement.

Cdt.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, 26 février 2001

je voudrais juste compléter un peu mon intervention suite à la lecture de la réponse de Tartar, et ne pas noyer le poisson en parlant de pédophilie.

Je ne sais pas si DCB est, a été ou sera pédophile.

Ce que je sais en revanche, c’est que c’est un des crimes les plus abjects qui soient, et que celle-ci soit être punie, sans hésitation, et avec toute la sévérité requise, que le coupable soit instituteur, curé, ou homme politique.

La pédophilie a malheureusement toujours existé, et elle existera toujours. En revanche, je suis intimement convaincu que l’atmosphère dans laquelle nous baignons, de banalisation du sexe, y compris chez les enfants et adolescents ne peut être qu’un terreau propice à son développement. Et cette atmosphère est l’héritière directe de la révolution sexuelle de 1968.

Alors arrêtez de vous offusquer des "attaques" contre "l’élan" de mai 1968. Que DCB soit coupable ou non, peu importe, 1968 est sans aucun doute au minimum indirectement coupable de la multiplication des crimes pédophiles actuels.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, Arnaud G, 26 février 2001

Quelqu’un demandait ce qu’était l’Ordre et s’il avait jamais existé en France.
Foin d’Histoire et de références absconses à Mr Thiers : les dernières sentences proférées par celui qui me précède résument cet esprit avec une incroyable justesse.
Quelqu’un demandait ce qu’était l’Ordre et s’il avait jamais existé en France.
Foin d’Histoire et de références absconses à Mr Thiers : les dernières sentences proférées par celui qui me précède résument cet esprit avec une incroyable justesse.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, Arnaud G., 26 février 2001

Je voulais dire l’"Ordre moral" bien sûr et non pas l’Ordre tout court.
La chose se résume à ce schéma

Libéralisation = Dépravation des moeurs que nous allons tous payer très cher et surtout nos enfants.

Relis Houellebecq, mon garçon. Il parle bien mieux que toi de la libération sexuelle, de la banalisation du sexe, et de ses prolongements postmodernes.
Et il signe ses interventions

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, 26 février 2001

Ce que je sais en revanche, c’est que c’est un des crimes les plus abjects qui
soient, et que celle-ci soit être punie, sans hésitation, et avec toute la
sévérité requise, que le coupable soit instituteur, curé, ou homme
politique.

Quelqu’un a dit le contraire ?

En revanche, je suis intimement convaincu que l’atmosphère dans
laquelle nous baignons, de banalisation du sexe, y compris chez les enfants
et adolescents ne peut être qu’un terreau propice à son développement.

C’est une conviction intime qui mériterait peut-être analyse
et argumentation ?

Que DCB soit coupable ou non, peu importe, 1968 est sans aucun doute au
minimum indirectement coupable de la multiplication des crimes
pédophiles actuels.

Autre explication possible : la libération des moeurs, le soulèvement de
la chappe de plomb conservatrice qui pesait sur la société française,
la plus grande individualisation des gens, permettent de plus facilement exprimer,
dénoncer, condamner ce qui est une pratique très très ancienne et non
pas une éruption sociale nouvelle.

Donc, tu vois, le rôle de Mai 68 sur la pédophilie
n’est pas évident comme tu le dis, ni dans son importance ni dans la direction
positive ou négative de son influence.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, anonyme ou severino, j’hésite :-), 26 février 2001

>> "Que DCB soit coupable ou non, peu importe, 1968 est sans aucun doute au minimum indirectement coupable de la multiplication des crimes pédophiles actuels."

> "Autre explication possible : la libération des moeurs, le soulèvement de la chappe de plomb conservatrice qui pesait sur la société française, la plus grande individualisation des gens, permettent de plus facilement exprimer, dénoncer, condamner ce qui est une pratique très très ancienne et non pas une éruption sociale nouvelle."

Ca paraît évident. J’ai trouvé l’article de Mona Cholet un peu léger, mais je trouve ancore plus légers les analyses à la Houellebecq défendues deux cases au dessus. Les abus sexuels existaient autant avant la révolution sexuelle de 1968, mais ils sont plus dénoncés aujourd’hui... peut-être grâce à la liberté de parole apporté par l’esprit soixante-huitard.

Par ailleurs, la révolution sexuelle des années 70 en s’inscrivant en contre de la société patriarcale n’a pas été exempte d’hypocrisie, ni également de manichéisme. Les quelques communautés de l’époque qui ont voulu mettre en pratique cette liberté sexuelle reproduisaient de fait en partie le matchisme : il était plus facile de refuser une relation pour un homme que pour une femme. Et l’homosexualité était considéré comme un problème issu de la frustration sexuelle.

Que des salauds aient argumenté l’assouvissement destructeur de leur fantasme par le discours de l’époque, comme l’ont fait auparavant d’autres salauds, de fait identiques, en grece antique, en temps de guerre, sous le nazisme, ou chez les scouts, et aujourd’hui avec le tourisme sexuel, avec à chaque fois un discours différent, ne prouvent rien de plus que : il y a des salauds qui ne s’embarassent pas avec la bonne foi, et qui sont prêt à justifier en adaptant tel ou tel idéologie.

Lutter contre ces violences m’apparait essentiel, mais aussi difficile. A mon avis, mais je peux me tromper, la meilleur solution est de lutter contre les inégalités économiques dans le monde, et d’apprendre aux enfants à ne plus sacraliser les adultes, à les envoyer chier, à leur dire non, à être libre... Et les relations sexuelles inter-génération doivent continuer à être une interdiction morale condamnée par la société, n’en déplaise aux fans de l’ancienne civilisation tahitienne, où de la grece antique esclavagiste, parce qu’elles sont de fait un abus de pouvoir.

Si l’esprit soixante-huitard a pu être détourné comme tant d’autres esprits à d’autres époques, le problème actuel, c’est plutôt la sexualité commerciale omniprésente dans les pubs, les films, les tubes musicaux, à la télévison, et sur les sites de cul : le modèle qu’ils nous proposent est triste, honteux, malsain, et surtout irrespectueux des individus, femmes mais aussi hommes.

Contre la pornographie et l’ordre moral, même combat : vive les fantasmes, vive l’érotisme torride... et respectueux de son (ses) partenaire(s) ;-) Et vive l’amour sincère qu’il soit fidèle ou partagé ! Car le sexe sans amour, c’est moins bandant !

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> > Mai 68, révolution pédonazie ?, 21 octobre 2001

Qu’est-ce donc que la liberté ?
La liberté est le pouvoir de décider seul.
Or, celui (quel que soit son âge) à qui la société ne reconnait que le pouvoir de dire "non" ne saurait ainsi prétendre à être libre, puisque la liberté consite précisément à pouvoir répondre indifféremment "oui" ou "non" !

Nous savons - au moins depuis l’antiquité grecque précisément - que la liberté d’esprit n’est pas possible sans une remise en cause radicale de tout les préjugés sociaux-culturels farouchement ancrés dans l’inconscient collectif des individus composant toute société.

Cela se produira-t-il jamais, et dans combien de millénaires encore ?

À vous lire, je m’interroge :
- "Socrate est-il décidément mort pour rien ?"
Vingt-sept siècles après la question se pose... toujours.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, Estag, 26 février 2001

La connerie fleurit, ça se répand, ça montre la face cachée de la chose...l’internaute est con, genre de villiers, ou genre humanitaire...tiens je prefere charlie hebdo

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, Tresca , 13 octobre 2003

Madame, monsieur,

Suite à la lecture de votre atricle paru sur le site uzine.net, j’aimerai vous contacter dans le but d’approfondir mes recherches sur les conséquences de mai 68.

Je suis élève en classe de terminale ES et avec un camarade nous avons décidé de cibler notre TPE(Travail Personnel Encadré)sur les événements de mai 68 et particulièrement sur le renouveau que ce mois a apporté tant dans le domaine politique,social que celui de l’éducation.

Aussi si vous avez des renseigenemnts à nous fournir ou si vous connaissez d’autres personnes susceptibles de pouvoir répondre à nos question merci de nous contacter sur la boite suivante:treskin22@aol.com

Dans l’attente d’une réponse de votre part je vous prie Madame, Monsieur d’accépter mes salutations distinguées.
Alexis Tresca

 
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> Mai 68, révolution pédonazie ?
26 février 2001
 

Meme reaction, meme demarche de Marcelle dans le journal Liberation. A lire aussi.

 
en ligne : Halte au feu
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> Mai 68, révolution pédonazie ?
26 février 2001, message de Lorraine
 
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> Mai 68, le sourire de Mona
26 février 2001, message de Dominique Hasselmann
 

Cet article est une salutaire barricade dans le déchaînement anti-68 auquel on assiste actuellement. Il faut être conforme, conformiste. Hier soir, à 19h.30, dans l’émission lamentable sur France 2 (au moment de la redevance à payer au service dit "publique") de Michel Drucker, dans laquelle le clown Gérard Miller se trimballait avec une bassine, on annonçait pour mercredi, place de la République à Paris, une manifestation contre la pédophilie à la manière de celle qui eut lieu en Belgique au moment de l’affaire Dutroux... En agitant des chiffons blancs. Va-t-on y brûler Cohn-Bendit en effigie ?
J’étais lecteur de Charlie-Hebdo... et je n’arrive pas à comprendre que Philippe Val, contempteur affirmé du Net, affiche depuis en bas de ses éditos "philosophiques", son adresse e.mail. Il ne sait pas que la Poste, ça existe ?
En tout cas, le sourire de Mona est réconfortant.
D.H.

 
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> Mai 68, clin-d’oeil a Mona, pablo, 28 février 2001

toi qui fais des piges regulierement a Charlie, et sais ecrire des choses intelligentes sur le net et les pedo-nazi,
pourquoi n’as-tu pas emis le moindre bemol aux elucubrations de Val ?

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> Mai 68, clin-d’oeil a Mona, Mona Chollet, 28 février 2001

"Pas le moindre bémol" ?!

Je suis quand même allée en discuter avec lui sur France-Inter... Et j’ai écrit un bouquin qui défend exactement le contraire de ce qui est dit dans ses éditos. Je n’ai vraiment pas fait exprès, d’ailleurs : le livre était déjà imprimé, il est sorti la semaine où Philippe Val a publié son premier édito, et je suis tombée d’aussi haut que les autres en le lisant. Je défends mes opinions, je suis très énervée quand on répand des idées que je sais être complètement fausses, mais je ne cherche pas particulièrement l’affrontement. Je me permets d’ailleurs de te faire remarquer que ma position n’était pas des plus confortables dans cette histoire...

 
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> Mai 68, clin-d’oeil a Mona, pablo, 1er mars 2001

Mes plus plates excuses : je n’ai pas ecoute France Intox ce jour-la,
ni ne suis tombe sur ton bouquin chez mon libraire.

J’aurais juste aime que ce debat contradictoire ait un echo dans les colonnes
de Charlie (et pas 10 ans apres comme pour les
"athees qui se tournent vers la Mecque" !). Mais je sais bien que tu n’y es
pour rien.

Le fait que tu dises toi-meme que "ta situation n’etait pas facile"
m’attriste aussi : vu de l’exterieur, il semble qu’il est de plus en plus dur au sein
de Charlie d’avoir des opinions divergentes de celle de Val.

Bonne suite

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> Mai 68, révolution pédonazie ?
26 février 2001, message de Vandale
 

Article remarquable, brillamment mené : chapeau, Mona !

Un bémol cependant : si mai 1968 a été une conquête de libertés supplémentaires, il est aussi un précieux allié du turbo-capitalisme actuel. Le rêve libertaire s’est parfois transformé en cauchemar libéral. Le jouir sans entrave a été récupéré comme une invitation à consommer toujours un peu plus. Mai 68 est donc ambivalnt : et les Cohn-Bendit et July en sont les meilleurs exemples.

De même, la critique de l’autorité quelle qu’elle soit, au nom d’un idéal libertaire mal compris, a abouti à contester des autorités légitimes, comme celle du professeur par exemple. Bakounine ne disait-il pas qu’en matière de souliers, il respectait l’autorité du cordonnier ? En mélangeant l’autorité qui soumet ou opprime avec l’autorité qui émancipe, mai 68 n’est pas pour rien dans le désordre de nos écoles.

En d’autres termes, mai 68 participe de ce mouvement d’émancipation de l’individu, pour le meilleur et pour le pire, de déracinement des gens, de cet impératif de la modernité, de la nouveauté et du mouvemen , toutes valeurs qui se retrouvent dans le capitalisme actuel. Le retour de l’ordre dominant n’est pas forcément celui qu’on croit : la domination eest peut-être aujourd’hui mieux assurée par l’entropie du système capitaliste, que les idées 68 encouragent.

Sur ce thème, on lira avec profit le petit livre que Jean-Claude Michéa a consacré à la pensée politiuqe d’Orwell : "Orwell, un anarchist tory", Climat

Encore bravo, Mona, on en reparle : mais il faut avant que j’aille bosser.

Vandale

 
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> Mai 68, révolution pédonazie ?, 26 février 2001

Tout-à-fait d’accord, aussi bien pour le positif que pour le bémol. Pour ce dernier, un bouquin quelque peu polémique, mais qui a le mérite de la clarté :

Michel Barillon : D’un mensonge "déconcertant" à l’autre. (Agone éditeur)

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, 26 février 2001

Puisqu’on est dans les references littéraire, mon regard sur 68 et ses conséquences sur l’évolution actuelle des modes de relations sociales a aussi été modifié par Les Particules Elementaires.

L’idée de la constitution d’un "marché sexuel" étendue à la notion de "marché relationnel" sur lequel chacun essaie de se vendre, et qui exclu les plus démunis en capital relationnel (pas au sens de Bourdieu, mais comme capacité à apporter aux autres des éléments qu’ils valorisent dans la relation) m’a marqué.

Meme si les intentions de Houellebecq ne sont peut etre pas très claires...

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, Phynette, 26 février 2001

Décidément, le pire drame, concernant ce procès de Mai 68, c’est qu’il est mené par deux camps accusateurs théoriquement antagonistes : en effet, du côté du manche capitaliste, les réacs et néo-réacs peuvent lui attribuer toutes les perversions, style Narcy ; mais dans l’autre camp - celui de ce qui se veut résistance au capitalisme - on y voit la force qui a "encouragé" ledit capitalisme et on en fait l’origine de la catastrophe néolibérale actuelle sur le plan humain, économique, moral, etc. Carrément. Si la première attitude est teigneuse mais pas étonnante, la seconde me paraît beaucoup plus grave.

D’abord, elle se livre à un désastreux téléscopage temporel. Comme si, entre les années 60-70 et les années 90, il n’y avait pas eu les années 80 et la vague néoconservatrice, ouvertement destructrice des idéaux de 68, qui s’est manifestée non seulement par le reaganisme, le thatcherisme et le mitterrandisme seconde époque, mais aussi par une montée des conceptions morales réactionnaires, alors encore peu perceptibles mais qui se sont largement épanouies au cours des années 80 sous forme d’un retour à l’ordre moral. Ce dont on voit le résultat actuellement, ce n’est pas 68, c’est la double entreprise de réaction et de récupération consciencieuse qu’on n’a pu que remarquer si on a été attentif aux événements et aux mentalités entre 1970 et 2000. Comme si la merde actuelle n’était l’effet que d’une espèce de mutation génétique naturelle des idéaux de 68, sans le concours d’autres éléments. Je suis assez surprise qu’on tienne tant, actuellement, à cette curieuse idée, qui est tout à fait a-historique.

Mai 68 bénéficiait d’un terrain providentiel : son éclatement était légitime, la soupape sautait, mais a posteriori on se dit qu’elle a sauté pour peu de chose en comparaison avec ce qui a suivi. Je crois que ce qui a rendu 68 possible, c’est que les problèmes étaient connus, mais qu’ils n’avaient pas encore atteint assez d’ampleur pour paralyser toute idée de révolte efficace. En outre, les forces réactionnaires n’étaient pas préparées au phénomène. Et depuis, Dieu sait si elles ont compris le danger et se sont organisées en conséquence. Donc je crois que 68 s’est fait d’abord quand il était temps de le faire, mais surtout quand il était facile de le faire. Les idées ont été posées en 68, répondant à des réalités connues. En sont sortis divers principes - écologie politique, tiers-mondisme, libération sexuelle, anticapitalisme, féminisme, etc., qui sont aujourd’hui tout aussi vivants et valables qu’à l’heure où ils furent définis, mais qui continuent de vivre et d’animer un certain nombre de bonnes volontés en un temps où le désastre est encore plus lourd, où les dangers sont plus aigus, où l’opposition est encore plus violente qu’en 68.

A danger plus grave, lutte plus intense, cela me semble aller de soi, mais alors pourquoi abandonner la lutte en se concentrant sur certains phénomènes annexes (les soixante-huitards qui ont si mal vieilli, oui, mais qu’est-ce qu’on en a à foutre ?) et non sur les principes de résistance qui restent les mêmes, puisque le danger reste le même ? Pour que le capitalisme se renforce, il fallait bien évidemment qu’il s’empare des concepts dont il pouvait s’emparer afin de manipuler les gens à travers eux (récupération) et ensuite qu’il combatte directement de front là où il ne pouvait pas absorber. C’est ce qui a été fait. Il est stérile de juger mai 68 et sa mouvance à ce que sont devenus ses grandes figures aujourd’hui (July, Cohn-Bendit, etc.). Qu’ils aient trahi, dans des mesures variables, leurs idéaux les concerne, mais cela ne saurait incriminer les idéaux. Soif de pouvoir et d’influence, cupidité, désir forcené de ne pas se laisser distancer (que de conneries on peut faire ou dire juste pour repousser le fauteuil à roulettes), ces principes sont malheureusement universels. C’est triste, mais il faut toujours compter avec eux, les principes ne devraient pas avoir à en faire les frais et le bébé ne devrait pas être jeté avec l’eau du bain.

J’aimerais qu’on cesse de culpabiliser stérilement une époque passée, culpabilisation qui peut faire noircir du papier mais qui n’avance personne. Faire le procès d’une époque est toujours illusoire ; c’est de l’époque actuelle qu’il faut faire le procès. J’aimerais qu’on voie bien que ce qui est à l’oeuvre à présent, c’est un travail de sape de tout ce qui peut encore constituer une opposition au capitalisme, à la marchandisation et au puritanisme moral qui est son plus puissant soutien. Qu’est-ce qu’on en a à fiche, que cette dynamique-là semble en analogie avec le "jouir sans entraves" de 68 ? Est-ce qu’une analogie entraîne forcément une corrélation historique, un rapport génétique ? Personnellement, je ne le crois pas, et je le crois d’autant moins dans ce cas précis.

Le seul responsable, c’est le capitalisme, ne vous y trompez pas. Ce ne sont pas les idéaux libertaires de 68, quelle que soit la façon dont leur application a pu évoluer, se transformer, voire se dévoyer. Entériner cette confusion, c’est comme détruire les pousses du seul jardin qui nous reste à cultiver.

J’avais déjà bondi, vers 1998, lorsque j’avais lu les déclarations et les écrits de Michel Houellebecq, qui a été un des premiers à faire le procès des idéaux libertaires de 68, en particulier en matière sexuelle (lui, son truc, c’est l’échangisme, c’est-à-dire le sexe bourgeois, organisé, qui ne déborde pas dans la société et ne met rien en cause). Sa description hargneuse des "femmes libérées de 68 responsables de toute la misère affective actuelle" m’avait paru symptomatique d’un esprit très bas, sombrement moralisateur, gravement simplificateur (c’est sans doute pour cela qu’il a eu tant de succès) qui se revêtait de juste assez de cynisme littéraire pour séduire, par je ne sais quel prodige, une espèce d’intelligentsia. Pas l’intelligentsia dont on aurait pu attendre a priori cette adhésion à un discours aussi tristement réac, aussi pitoyablement sexiste, mais bel et bien les Inrocks, le Monde, etc. Je n’avais pas compris comment ce type qui réunissait tout ce qu’il fallait combattre - sexisme, préjugés racistes, cynisme, nihilisme -, en se servant de ficelles stylistiques (télescopage, amalgames, affirmations péremptoires, argumentation sans fond) grosses comme des maisons, pouvait apparaître comme "une voix nouvelle", voire (on l’a écrit) comme "un prophète" alors qu’il ne faisait que resservir les vieilles soupes ronchons que l’on croyait (depuis 1968, justement) dépassées et enterrées. J’ai trouvé cela très grave, mais cet écrivain de qualité moyenne n’est qu’un symptome, pas un phénomène en soi. L’état d’esprit dont il se réclame sévit largement et dangereusement ces temps-ci, et sa géographie est un beau bordel : vous le retrouvez aussi bien à TF1 ou à VSD que dans les prétendues avant-gardes. Tout cela au prix d’amalgames, de confusions, et d’une injustice flagrante faite à l’histoire de ces trente dernières années et à la façon dont les forces ont été distribuées, dont les choses se sont vraiment passées.

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> Mai 68, révolution pédonazie ?, Bernard Bacos, 26 février 2001

Permettez à un ancien soixante-huitard de s’immiscer dans la discussion. Mais attention ! rangez vos clichés au vestiaire, un soixante-huitard atypique, c’est-à-dire un vrai, dans le sens où ce qui s’est passé à ce moment-là était profondément ANTI-CONFORMISTE, et il ne s’agissait pas de quitter un conservatisme (le gaullisme de l’époque) pour tomber dans un autre, le dogmatisme gauchiste. Or, il faut bien le reconnaître, c’est ce qu’a fait une grande partie de la génération 68, particulièrement en France. Beaucoup de militants gauchistes ont été de nouveaux curés, doctrinaires, bardés de certitudes idéologiques et profondément conformistes et intolérants. Le problème, c’est qu’ils ont été un peu vite identifiés avec tout ce qui s’est passé à cette époque, c’est-à-dire aussi (et surtout) l’esprit libertaire tous azimuts qui a conduit beaucoup d’entre nous à toutes sortes d’expériences dont certains ne sont jamais revenus. Mais nous étions des défricheurs et c’était le prix à payer, " notre guerre ".

C’est pourquoi, de même que le mouvement de 68 a eu plusieurs visages, le " backlash " que l’on peut constater en ce moment aussi (ce n’est pas le premier, la même chose s’est déjà passée dans les années 80 avec Reagan et Thatcher) : d’un côté on a cette offensive contre DCB ou Joschka Fischer, teintée d’ordre moral, dans le style " voilà à quoi a conduit votre permissivité " (voir aussi l’extrêmement ambigu Michel Houellebecq), de l’autre il y a certains trentenaires qui, s’ennuyant et en manque de cause à défendre, font preuve de zèle dans la " pureté révolutionnaire ", et cherchent des poux dans la tête dégarnie des soixante-huitards : ils nous accusent pêle-mêle de reproduire les schémas de nos parents, d’avoir " trahi nos idéaux ", de jouer le jeu de l " ultra libéralisme ", ou bien d’être répressifs et " politiquement corrects" et de ne pas laisser s’exprimer la nouvelle génération. Le magazine " Technikart " y a consacré un dossier et je leur ai répondu à ce sujet ( http://www.technikart.com/une/une13nov/index.html ). Il faut dire que les inepties proférées par Philippe Val sur l’Internet ne doivent pas améliorer l’image des soixante-huitards qui n’ont " rien compris " !

Je ne suis pas contre le fait que la génération dont je fais partie rende des comptes, ce sera l’occasion de faire la part des choses. On ne peut pas nier que dans les années 70, beaucoup de conneries ont été dites et faites. Une certaine complaisance de la part de certains vis à vis de la pédophilie en est un exemple. Sous prétexte que tel ou tel mode de vie " choquait le bourgeois ", il ne pouvait être que légitime. Je crois qu’on en est revenus, et DCB a été le premier à le reconnaître. Il faut donc replacer les choses dans leur contexte, c’est-à-dire une période où toutes les utopies semblaient à portée de main, et où le monde était réinventé tous les jours. Bien sûr certains excès peuvent paraître aujourd’hui complètement délirants, par exemple la glorification des drogues dures ou bien le discours de certaines féministes qui avaient littéralement " déclaré la guerre aux mecs ", tout cela se retrouvait chaque jour dans le " Libé " effervescent des années 75-80.
Ceci dit, mon opinion est qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, et je suis fier d’appartenir à une génération qui a essayé de " changer la vie ", même si le bilan paraît aujourd’hui mitigé. Je répéterais l’argument avancé ici ou là par certains : " comment serait notre monde aujourd’hui si tout cela ne s’était pas passé " ? (" meilleur !" dirait Philippe de Villiers) .
Pour terminer, je vous indique l’adresse du site que j’ai consacré au " Paris branché des années 70 " et dans lequel je reprends certains de ces thèmes : http://come.to/paris70

PS : J’avais rédigé cet article avant d’avoir vu la réponse de Phynette (que je salue au passage !). Assez d’accord avec elle sur de nombreux points. Mais nous n’avons pas tout à fait la même vision des choses : elle se situe résolument sur un plan " politique ". En effet, on replace souvent ce qui s’est passé en 68 dans la lignée des mouvements révolutionnaires du XIX ème siècle inspirés du marxisme : cette dimension ne peut pas être niée, mais elle est à mon avis incomplète : pour moi ces évènements vont bien au delà de l’action politique et du remplacement d’un système économique par un autre. La réponse à la question " si le capitalisme est le Mal absolu, par quoi faut-il le remplacer ? " n’a jamais été vraiment tranchée. Et je n’oublierai jamais qu’un grand nombre de militants " anti-capitalistes " se sont révélés aussi conservateurs, flics et répressifs que les gouvernements de l’époque. Et l’aveuglement dont ils ont fait preuve vis à vis de régimes dictatoriaux comme la Chine de Mao ou les Khmers Rouges en est la preuve.

Répondre
Un Charles pas très net..., Bidet Casserole, 26 février 2001

Chers amis intelligents,
(le niveau de vos interventions est une bonne raison de continuer à croire en l’humain)

Le cynisme Houellebecquien est-il un soutien objectif du marché et des néo-moraux-libéraux ? C’est vrai que je ne m’étais pas posé la question jusqu’à maintenant... et son cas a l’air difficile à défendre.

Il pourrait dire qu’il décrit des conséquences désastreuses pour mieux les dénoncer, mais il y a chez lui trop de complaisance à dénoncer "l’esprit 68" pour qu’on vote l’acquittement (j’ai achevé la lecture des particules élémentaires il y a peu - ça se lit vite, c’est plutôt chiant, finalement très creux et il n’y a même pas les 3 ou 4 pages "qui dépassent" comme dans Extension du domaine de la lutte).

Le seul truc qui te reste après avoir posé ce bouquin, c’est une vague amertume, l’impression d’avoir passé quelques heures dans une cave qui pue le moisi et d’avoir regardé le monde à travers un objectif déformant. Dans cet univers tout est encore plus gris et plus sale que dans le réel qui nous entoure, les sentiments sont voués à passer à la trappe, l’individu n’a d’avenir que s’il gagne en fonctionnalité... rien que des trucs dont on a pas envie, (et qui plaisent à la famille Madelin) en plus ses pages scientifico-mystiques sont un beau concentré d’inutilité littéraire.

C’est sûr, on a toujours l’air plus malin quand on fait dans le malaise, mais de la boue à l’ornière il n’y a qu’un pas.

Donc, pour en venir au fait, pas plus tard que vendredi, j’ai entendu une émission sur Europe 1, les auditeurs s’y expriment et Guillaume Durand fait semblant de se boucher le nez quand il passe des interventions ultra-glauques sur le thème "Charles Trenet était un collabo et un pédophile, cessons les éloges funèbres de complaisance et dénonçons ce monstre" (encore heureux qu’il n’ait jamais posé en photo devant un site web, notre Charles).

L’ordre moral revient dans ses nouveaux habits. Il suffit de dire "pédophile" pour signifier que le débat ne peut avoir lieu. D’ailleurs, un indicateur, dans la Belgique (ou dans la France) d’aujourd’hui serait-il encore possible de tourner "C’est arrivé près de chez vous" ? Ces années dernières j’avais encore quelques doutes, mais maintenant, c’est sûr, il y en a bien 20 minutes qui ne passeraient plus.

Partouzeurs Houllebecquiens, FMI,Talibans, même combat !

Putain, ça en fait beaucoup des ennemis de la liberté.

Bon, je vous embrasse

Répondre
> Un Charles pas très net..., Phynette, 26 février 2001

Mon cher Bidet Casserole,

Votre message me fait un plaisir fou, je suis ravie que vous émettiez ces opinions sur Houellebecq. A mon avis, s’il y a un procès à faire, c’est pas celui de 68, c’est entre autres celui de cet imposteur.

Ah, je suis contente, grâce à vous.
Je ne laverai plus jamais cet écran.

Votre Phy qui vous embrasse.

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> Un Charles pas très net..., R. Barthelemy, 27 février 2001

Je me souvenais de DCB avec sympathie pour deux choses. La première : il
avait inspiré la profession de foi "nous sommes tous des juifs
allemands"...juste inspiré, pas inventé, ce n’est pas la même chose mais ce
n’est déjà pas mal : tant de gens sont entrés dans l’Histoire pour moins que
ça... demandez-vous seulement à quoi ressemblerait, vingt-cinq ans après,
notre beau pays, si une génération ne s’y était pas majoritairement reconnue
dans cette phrase ? A une grosse Autriche surdimensionnée, avec des
frustrations surdimensionnées aussi, en proportion de ses ambitions déçues...

La deuxième : je l’avais vu chez Pivot le fameux soir, et j’avais apprécié la
verve avec laquelle il racontait ce qui aurait semblé à beaucoup de gens, au
mieux une traversée du désert, au pire une insupportable déchéance : être passé
du statut de personnalité médiatique de premier plan à celui d’éducateur dans
une crèche dans un trou perdu... qu’il arrive, en plus, à faire de la provoc’ en
en parlant m’avait semblé devoir être porté à son crédit.
Bref, le capital de sympathie que je lui conservais (tel un banquier suisse)
n’avait été qu’entamé quand je l’avais revu à la télé, bien plus tard, faisant cette
fois son petit Yves Montand... la vieillesse est un naufrage, aurait dit le
Général s’il avait pu voir ça...
Mais les petits enfants dans tout ça, me direz-vous ? Tu n’y pensais pas,
malheureux ? Ben si. Avec envie. Faut dire qu’en 1968 j’avais 14 ans, ce qui
veut dire, entre beaucoup d’autres choses, que j’ai appartenu à la dernière
génération de lycéens qui ont pu arriver à l’âge du bac sans avoir jamais
approché une fille de leur âge à moins de trois mètres... (bon, j’exagère un
peu, mais à peine). Est-il surprenant que, comme beaucoup de mes
contemporains, j’aie été intimement persuadé, pendant des années, que plus tôt
on débute dans la vie sexuelle et mieux on se porte ? Ca me semblait une
évidence qui ne se discutait même pas si on était de bonne foi. Force m’est de
constater aujourd’hui que la vie affective des gens qui ont vingt ans de moins
que moi, et qui ont toujours connu ce qui aurait semblé de mon temps (!) une
licence extravagante, est aussi catastrophique, dans un genre différent, que
celle de ceux qui en ont vingt de plus, mais ceci est une autre histoire...

A propos de Houellebecq, la haine panique que lui inspire la sexualité me fait
fortement penser à celle de Brasillach, lui aussi salué en son temps comme
"une voix nouvelle", car il s’élevait contre la permissivité des années front
popu... les mêmes causes produisent-elles les mêmes effets ?

R.B.

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radio-paris ment, alain, 27 février 2001

Je voudrais simplement témoigner, en tant que simple militant de base
des années 70/80 qui a participé aux luttes de l’époque, de mon soutien
et de ma sympathie à celles et ceux qui sont traînés dans la boue.

Contrairement à ce qui a été matraqué sur
France-inter (entre autre) par Jean-Michel Apathie en particulier mais
il est loin d’être le seul sur cette antenne, les combats de l’époque
avait pour objectif de rendre à chacun(e) la possession de son coprs.
"Notre corps nous appartient" était un slogan qui allait bien plus loin
que la simple revendication du droit à l’avortement. C’était la
revendication du droit de chacun , homme, femme, enfant à être considéré
comme un individu à part entière disposant de son corps.

C’est, paradoxalement, l’inverse des propos de Jean-Michel Aphatie (ou
de Dominique Bromberger) pour ne citer qu’eux. Il ne s’agissait pas
d’encourager les violeurs mais bien de dénoncer et d’interdire tous les
viols, des corps comme des conscience, dans la sphère publique, comme
dans la sphère privée et particulièrement la sphère familiale. Et c’est
d’ailleurs de cette revendication fondamentale de "respect" (que l’on
voit d’ailleurs repris par les populations des banlieues qui se
ressentent opprimées) qui est aussi à l’origine des évolutions qui ont
permis, entre autre, aux femmes violées d’oser porter plainte contre les
violeurs et aussi bien entendu à la société de mieux écouter et prendre
en compte les plaintes des enfants violés.

Quand aux réflexions et aux discours sur le désir, peut-être vaudrait-il
mieux continuer à l’explorer plutôt que de chercher à le refouler sous
un discours bien-pensant totalitaire. Et surtout ne pas confondre la
sphère des phantasmes et la sphère du réel.

Enfin arrêtons l’amalgame et le mélange qui permet de traiter dans un
même mouvement en les renvoyant aux même gémonies, les tueurs et
violeurs d’enfants qui doivent être évidemment punis et soignés (mais
qui, à part ceux qui militent pour le retour du pouvoir totalitaire des
adultes sur les enfants, pourrait défendre autre chose ?) et les
militants des années 70 à 80 avec leurs revendications, leurs rêves et
leurs combats pour plus de justice et de respect de l’autre (de tous les autres).

Alain

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> Un Charles pas très net..., pablo, 28 février 2001

Cela dit, une petite question : pourquoi les JCNarcy
n’ont jamais commis telle inquisition avec un Charles Trenet
par exemple ?

Je ne dis pas la que cela aurait ete souhaitable, mais
qu’il s’agit d’une preuve indirecte que ce genre
d’attaque n’est pas faite au nom d’une indignation morale
ou d’une quelconque defense de l’enfance, mais bien,
comme le montre Mona, pour "descendre" un type
et ce qu’il peut encore representer d’un certain ideal libertaire.

non ?

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> Mai 68, révolution néo-fasciste., 26 février 2001

mais dans l’autre camp - celui de ce qui se veut résistance au capitalisme - on y voit la force qui a "encouragé" ledit capitalisme et on en fait l’origine de la catastrophe néolibérale actuelle sur le plan humain, économique, moral, etc

Petite précision : pour M. Clouscard, la lecture est plus radicale et dialectique (normal !), 68 n’est pas une force extérieure à l’origine du néolibéralisme, mais un moment du capitalisme, nécessaire à la survie du capitalisme, qu conduit au néo-fascisme. (68 identifié comme idéologie freudo-marxiste : Marcuse, Deleuze, Reich). Extraits :

« Cette stratégie du capitalisme s’appuie actuellement sur le freudo-marxisme, qui a double mission idéologique : apporter le modèle de la consommation autorisée par le néo-capitalisme et préparer le passage du libéralisme radical au néo-fascisme (selon tout un camouflage idéologique) » (introduction)

« Mai 68 annonce aussi le partage du gâteau entre les trois pouvoirs constitutifs de l’actuel consensus : libéral, social-démocrate, libertaire. Au premier est dévolue la gestion économique, au second la gestion administrative, au troisième celle des moeurs devenues nécessaires au marché du désir. [...]

Le néo-fascisme sera l’ultime expression du libéralisme social libertaire, de l’ensemble qui commence en mai 68. Sa spécificité tient dans cette formule : tout est permis, mais rien n’est possible. A la permissivité de l’abondance, de la croissance, des nouveaux modèles de consommation, succède l’interdit de la crise, de la pénurie, de la paupérisation absolue. Ces deux composantes historiques fusionnent dans les têtes, dans les esprits, créant ainsi les conditions subjectives du néo-fascime. De Cohn-Bendit à Le Pen, la boucle est bouclée : voici venu le temps des frustrés revanchards. » (post-scriptum)

Michel Clouscard, Néo-fascisme et idéologie du désir, « Les pourfendeurs », Le castor Astral, 1999

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> Mai 68, révolution néo-fasciste., zar-ayan, 21 avril 2001

Tiens, t’as lu Clouscard, toi ?
Tu serais pas Alain Soral, par hasard ?
Il y a des passages terrifiants, imbitables, mais l’essentiel est là.

Conclusion : narcy-DCB, même combat. Donc faux débat.

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capitalisme et mai 68, pablo, 28 février 2001

Un petit conseil de lecture : "Le nouvel esprit du capitalisme".
Boltanski et Chiapello y analysent tres bien la recuperation,
a partir du milieu des annees 70 puis durant toutes les
annees 80-90, de la contestation libertaire de 68 par le capitalisme.

Ce pave est un bon outil pour "faire la part des choses", a mon avis,
et comprendre le formidable retournement ideologique
qui s’est opere et qui a blouse tout le monde pendant 20 ans
("vous voulez plus de liberte ? vous avez raison, on vous embauche en CDD...").

Une bonne analyse aussi des mouvements de 68 : qui ? quoi ? quelle radicalite ?
qu’est-ce qu’on a oublie a l’epoque ?

Bon, n’oubliez pas non plus les bouquins de Vaneigeim et Debord
("Commentaires sur la societe du spectacle" par exemple) qui
vieillissent beaucoup mieux que la majorite des analyses
politiques.

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> capitalisme et mai 68, Phynette, 28 février 2001

Pablo,

Tu parles de "retournement", j’ai parlé de "récupération" d’une part et de "réaction" de l’autre. Mais ta formule a le mérite de synthétiser plus efficacement ces deux phénomènes, qui émanaient en fait du même esprit. Il s’est agi en fait d’un retournement, comme d’une immmense crêpe (comparaison très à propos ces jours-ci).

Concernant JC Narcy et un imaginaire passage à tabac de Trenet, en effet, c’est bien observé. L’important n’est pas la morale, c’est la cible. Deux poids, deux mesures. Preuve s’il en fallait encore que la réaction de type "ordre moral" se fonde sur une profonde immoralité.

Bises.

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Oui mon bon Vandale, grosse fatigue, 28 février 2001

Vandale, encore une fois, tu as su exprimer ma pensée. C’est parfait, ça me fait économiser du temps. On est 100% d’accords.

PS : je te rappelle que t’es toujours invité à bouffer à la maison !

 
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