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13 octobre 2000
 
mardi 2 mai 2000
L’avènement de l’économie parasite

L’année du blaireau

par Mona Chollet
 

L’ineptie des concepts développés par les start-up vous fait rire ? Vous avez tort. Il y a plein de gens que ça ne fait pas rire, et que ça ne fera pas rire de si tôt. La nouvelle économie, c’est sérieux. C’est de là que viendra le salut de la société occidentale tout entière, et donc aussi le vôtre. Quitte à élever au rang de valeurs cardinales la bêtise, l’ignorance, l’imposture et le mépris. Ravalez votre mauvais esprit, et ralliez-vous plutôt à l’euphorie générale. Car le grand avantage de l’euphorie, c’est qu’elle permet d’éviter de réfléchir et de se poser quelques questions essentielles. Tant qu’on est euphorique, on n’embête pas les gouvernants avec des questions de fond : questions de projet de société, de civilisation... Oubliez le sens, la culture, l’éducation, la solidarité. Il est temps de redécouvrir sans inhibition cette vérité première que les années 80 ont tant chérie : le pognon, il n’y a que ça de vrai. Chacun pour soi, et les stock-options pour tous !

Ici, on transporte des ballots de tissus ; là, on livre des ordinateurs. Vous les avez vus, ces plans, dans le reportage d’Envoyé spécial sur les start-up, qui faisaient se côtoyer à grands coups de cadrages lourdingues, dans les rues industrieuses du Sentier, à Paris, ancienne et nouvelle économies ? Le commentateur n’oubliait qu’un détail : c’est que l’ancienne économie avait, au départ du moins, le souci de produire effectivement quelque chose, voire – même si elle s’est ensuite affranchie de cette contrainte pour nous enfouir sous des pelletées de gadgets – de produire quelque chose d’utile. Alors que la nouvelle économie, elle, est fondamentalement une économie parasite. Elle fait de l’argent avec la production des autres : Multimania n’existe que par les pages personnelles qu’il héberge, Net2One n’existe que par les articles de presse qu’il mouline pour les resservir sur l’e-mail de ses abonnés. Elle fait de l’argent en redirigeant les internautes vers des sites commerciaux, comme Newsfam.com et tous les portails, « féminins » ou autres. Ah, mais, me direz-vous, c’est que nous sommes entrés dans l’économie de l’immatériel ! Mais depuis quand immatérialité se confond-elle avec inanité ? avec imposture ?…

Le krach de l’intelligence a déjà eu lieu

Tout a déjà été dit, ou presque, sur le contraste grotesque entre l’innovation technologique et l’inconsistance, la ringardise fondamentale des concepts des start-up. L’urgence de leur croissance leur interdit de perdre leur temps à développer le moindre contenu décent et digne d’intérêt. Leur modèle économique – vendre des utilisateurs à des annonceurs, et non vendre un contenu à des lecteurs – ne valide que les visions du public les plus indignes, les plus méprisantes. « Tous les noms de domaine contenant le mot "femme" étaient déjà pris, la plupart par des sites pornos », s’affligeait Chine Lanzmann, co-fondatrice de Newsfam.com, à Arrêts sur image, en racontant comment elle et sa collègue avaient choisi le nom de leur entreprise. Arrghhh… Pas de chance ! Il ne s’est pas trouvé un site porno assez rapide pour occuper le nom de Newsfam, et nous épargner cet étalage indécent de bêtise crasse ! Parce que moi, entre un site porno et Newsfam.com, je choisis le site porno, sans hésiter ! En tant que femme, j’estime qu’il m’insulte beaucoup moins – ne serait-ce que parce qu’il le fait d’une manière moins sournoise. Et puis, un site porno, au moins, ça présente un minimum d’intérêt.

Tout a déjà été dit, tout cela saute aux yeux ; et pourtant, le matraquage médiatique se poursuit, et tout laisse à penser qu’on n’est pas prêt d’en voir la fin. Prenez l’Envoyé spécial consacré aux start-up. Défilé insoutenable de blancs-becs incultes, sans scrupules et assoiffés de fric, donnant libre cours à leur rapacité ultra-libérale. « Pour eux, l’an 2000, c’est l’an 1 du web », assène le commentaire. « C’était une bonne manière d’entrer dans le nouveau millénaire », dit une cadre de Disney passée à Clust.com. Visite au « First Tuesday », où les investisseurs distribuent leurs millions aux jeunes loups qui leur exposent la stratégie d’arnaque de leur prochain la plus crapuleuse. (Rappelons qu’il y a eu des capital-risqueurs pour prendre au sérieux le poisson d’avril de Libération, qui présentait un site fictif, Kasskooye.com, sur lequel des internautes se regroupaient pour « se vendre » à des fournisseurs d’accès.) Panoramique effrayant : tronches de blaireau à 360 degrés à la ronde. Ça a l’air si crispant que je me félicite de n’y avoir jamais mis les pieds. Aucune curiosité ne me semble valoir la peine de se plonger dans une ambiance aussi puante. « Désormais, ce ne sont plus les gros qui mangent les petits, mais les rapides qui mangent les lents », se rengorge un entrepreneur (un adage qu’il n’a pas inventé, popularisé lors de la fusion AOL-Time Warner). Variantes : les brutes lobotomisées qui mangent les crétins ingénus, les têtes à claques qui mangent les têtes de nœud…

Les serpillières du capital

Il y a aussi ce morceau, désormais d’anthologie, où l’on suit Jérémie Berrebi, 21 ans, P.-D.G. de Net2One, en visite chez les sénateurs de droite, confits d’admiration devant ce jeune barbare qui crache sur l’Etat, qui crache sur l’éducation... Choc des générations ? Tu parles ! Dans sa tête, le fringant visiteur est aussi vieux et aussi réac que ses hôtes. Succès fou. On se presse autour de lui, un sénateur sort sa carte, parle de son fils qui termine ses études dans la finance aux Etats-Unis, « je peux lui dire de se mettre en rapport avec vous ? »…Tiens, se demande-t-on tout à coup, perplexe. A quoi c’est censé servir, en définitive, un homme politique de droite, à part de serpillière du capital ?… Ah, oui : à s’opposer au Pacs, des trucs comme ça… Et un homme politique de gauche, au fait ? A faire voter le Pacs, d’accord… Et à part ça ? Joker… J’avais déjà entendu parler du recul et de la démission du politique ; du fait que, désormais, c’était l’économie qui menait le bal – ce genre de choses. Mais jamais je n’avais eu une conscience aussi claire de ce que cela signifiait vraiment, que devant ce passage d’Envoyé spécial au Sénat. Il y a eu une phase de somnolence, de laisser-aller, pendant laquelle tout le monde digérait ses illusions passées ; puis la société civile s’est réveillée. Elle s’est organisée, contre l’AMI, contre les négociations de l’OMC, lorsqu’il est apparu que ses élus ne bougeraient pas le petit doigt pour la défendre face à la rapacité sans limite et à la puissance tentaculaire des sociétés commerciales. La baston s’est livrée par-dessus la tête des politiques. Peut-être que chacun se réveille lorsqu’on touche à ce qui lui tient à cœur, et qu’il comprend qu’il ne peut compter que sur lui-même pour le défendre. Moi, ce qui me réveille, ce qui me redonne des envies de politique – mais alors, des envies terribles -, c’est de constater que des élus sont prêts à abandonner les clés de la société de demain entre les mains de Jérémie Berrebi et de ses clones. C’est très concret, tout à coup, comme menace.

Quand le sujet se termine enfin, on est effondré devant sa télé, atterré, décomposé. Sur l’écran réapparaît alors le visage du présentateur, vieux masque médiatique immuable, embaumé vivant dans sa respectabilité journalistique. Le sourire bienveillant, il se tourne vers son reporter, qui l’a rejoint sur le plateau : « Vous nous avez montré des jeunes gens formidables… »

Qu’il doit être profond et bien ancré, le complexe du fameux « retard français », pour que tout le monde préfère risquer de se tromper avec tout le monde, plutôt que d’avoir raison tout seul, mais en passant pour un ringard ! Qu’est-ce qui peut les rendre si aveugles ? Qu’est-ce qui peut leur boucher l’entendement, leur gripper à ce point les neurones, pour qu’ils ne se rendent pas compte de ce qui crève les yeux, à savoir que tout cela repose sur du vent, que c’est inepte, détestable ; que si ces prédateurs ultra-libéraux prennent effectivement le pouvoir, s’ils imposent ce pur cauchemar d’économie parasite comme le nouveau modèle de référence, la société va droit à la catastrophe ? On a la réponse le lundi suivant, le matin, en écoutant France-Inter. Un auditeur a appelé pour débiner les emplois-jeunes. Brigitte Jeanperrin l’admoneste consciencieusement, lui rappelle en substance que travailler, suer au labeur, même si on se sent un peu la mouche du coche, ça vaut toujours mieux que de prendre son pied à fainéanter : « Au moins, ça donne une expérience » - chacun sachant bien qu’il n’y a effectivement pas d’« expérience » possible en dehors du monde de l’entreprise, qui se confond plus ou moins avec le monde sensible. Puis Stéphane Paoli demande son avis à Michel Garibal, qui répond sans rire : « Moi, je crois beaucoup à la nouvelle économie… » Ah, voilà, ça y est, c’est ça : ils y « croient ». Tout le monde y « croit ». Tout le monde compte dessus. C’est vrai, il y a même eu un sommet européen à Lisbonne sur le sujet : « L’Europe clique sur plein-emploi - Les Quinze misent sur la Net économie pour résorber le chômage en Europe », titrait Libération (23 mars 2000). C’est donc pour ça que les journalistes ne s’esclaffent pas franchement, ne se tapent pas sur les cuisses, quand les entreprenautes leur exposent leur « business model » !

Un emplâtre sur une jambe de bois

Depuis longtemps, la société terrorise ses jeunes et leur pourrit la vie en agitant sans cesse sous leur nez le spectre du chômage, les oblige à construire leur vie non pas en fonction de leurs envies ou de leur épanouissement personnel, mais en suivant les filières qui – si tout va bien… – leur donneront le plus de chances de trouver un emploi. C’est-à-dire que la société, leurs parents, en les obligeant à ne vivre qu’en fonction de la situation économique, les rendent encore plus vulnérables à ses fluctuations, à ses aléas. En les aliénant, en les dressant, ils pensent les rendre plus forts, et ils ne font que les fragiliser. Aujourd’hui, les moutons de Panurge ne se bousculent plus au bord du précipice en bêlant avec affolement : « Chômage ! Chômage !… » Ils relèvent un peu la tête, pleins d’espoir, et se bousculent dans une autre direction en bêlant : « Nouvelle économie ! Nouvelle économie !… » L’avenir est au « troupie » - contraction de « troufion » et de « yuppie », inventée dans un éclair de pur génie par Ariel Wizman, un soir sur France-Inter.

Voilà pourquoi tout le monde s’interdit très fort de réfléchir, se bande les yeux, se bouche les oreilles. Parce que l’occasion est trop belle. « Attention à l’euphorie unique ! » clamait le sociologue Gérard Derèze, dans l’indifférence générale, après la victoire de la France en Coupe du monde (Libération, 29 juillet 1998). A l’époque, dans les colonnes des journaux, les sommités intellectuelles du pays, craignant plus que tout d’être en reste et rivalisant de lyrisme, y allaient toutes de leur bafouille extatique, délirante et superlative. Les quotidiens, qui titraient sur le football plusieurs jours de suite, étaient demandeurs : il s’agissait de donner du sens à un événement qui n’en avait strictement aucun. Un avenir radieux s’ouvrait devant une Nation qui avait retrouvé sa grandeur ! Et quiconque émettait la moindre objection ou faisait preuve d’un soupçon de perplexité passait pour un pisse-froid rabat-joie. Presque deux ans plus tard, que restait-il du fameux effet « black-blanc-beur », pour que le PSG soit obligé de projeter, avant les matchs, des spots réalisés en collaboration avec SOS Racisme et expliquant à ses supporters que, certes, le Nègre a pour principale caractéristique de courir vite, mais c’est pour mieux mettre des buts ; et que, certes, l’Arabe est intrinsèquement feignant, mais c’est pour mieux s’allonger sous la balle (que Mère Nature est donc ingénieuse !…) ?

Mais, peu importe : on s’en fout, puisque, entre-temps, on a trouvé un autre sujet d’« euphorie unique » : la nouvelle économie. Jacques Chirac et Lionel Jospin, dont la victoire en Coupe du monde avait fait spectaculairement remonter la cote, tentent de récupérer à leur profit cette image de réussite et de modernité : Chirac visite une pépinière de start-up sous l’œil des caméras de télévision, et Jospin, lors de son passage au journal de TF1, souligne l’essor pris, sous son règne, par la Net-économie. Un avenir radieux s’ouvre devant une Nation qui a retrouvé sa grandeur ! Et quand la France gagne l’Euro 2000, ça ne rate pas : Le Nouvel Observateur titre sur « la gagne à la française », liant l’exploit des Bleus à la naissance de Vivendi-Universal et au dynamisme dont font preuve les Français dans la nouvelle économie. On risque pourtant de s’apercevoir assez vite que celle-ci est au Nirvana du plein-emploi ce que l’« effet Coupe du monde » était à une société réellement égalitaire : un emplâtre sur une jambe de bois. Comme si la réussite d’un Zidane et d’un Messier profitait à d’autres qu’eux-mêmes… Mais l’euphorie a cet avantage incomparable qu’elle permet de faire l’économie de la réflexion, l’économie de toute remise en question, l’économie de la politique.

Les années 90 ne nous ont rien appris

Au plus fort de la crise, on se disait que, quand même, dans les années 80, on avait exagéré ; on avait consommé comme des porcs, on s’était laissé avoir par des conneries énormes, vulgaires comme la gourmette de Bernard Tapie… Du coup, on se flagellait, on se convertissait au bouddhisme, on mangeait bio. Mais il suffit qu’une timide opportunité de faire dix fois pire pointe son nez, pour que tout le monde se rue dessus sans réfléchir. On se vautre sans inhibition dans la fascination pour le fric, en faisant abstraction de tout le reste ; on se shoote aux chiffres, et on regarde valser les millions, la langue pendante, prêt à vendre son âme pour une poignée de stock-options. Les années 90 ne nous ont rien appris.

Il faut lire absolument le livre de Dominique Méda qui s’intitule Qu’est-ce que la richesse ?. Ce qu’il contient, c’est le débat de société qu’on est en train de manquer, en ce moment même, et dont l’escamotage permet le phénomène des start-up. « La croissance est devenue le veau d’or moderne, la formule magique qui permet de faire l’économie de la discussion et du raisonnement, écrit l’auteur. Il nous faut comprendre au terme de quel processus tous les discours politiques sur la bonne société et sur la manière d’améliorer continûment nos relations sociales et notre vie en société ont pu s’en remettre à cette formule magique. Comprendre aussi comment s’est opérée la substitution du moyen (disposer d’un bon niveau de ressources matérielles) aux fins (aménager une bonne société). » Elle montre comment l’économie, à ses débuts, pour se sauver elle-même et pouvoir prétendre au statut de science exacte, a décidé d’emblée, arbitrairement, d’ignorer les richesses immatérielles, trop compliquées à mesurer. Et comment nous continuons à vivre sur des indicateurs de richesse totalement erronés, marqués par le contexte historique qui prévalait au moment de leur création – la pénurie de l’après-guerre, par exemple. Avec des conséquences calamiteuses. « La menace qui pèse sur nous est-elle vraiment la pénurie des biens de base ? La richesse continue-t-elle à être exclusivement issue de biens matériels, ne vient-elle pas également du niveau de savoir et de culture ? (…) Dès lors, si nos besoins sont certes matériels, mais aussi sociaux, culturels, relationnels, si nos maux viennent d’une mauvaise répartition des biens, si nos besoins sont de mettre en valeur autrement nos patrimoines et nos talents, faut-il conserver le même indicateur grossier qui s’imposait au sortir de la guerre ? » De tous côtés perce la tentation de lâcher complètement les rênes, de renoncer à tout projet collectif, de renoncer à la civilisation – chacun pour soi et les stock-options pour tous. La tentation du laisser-faire, « qui est la tentation de la plus grande paresse, n’en déplaise aux libéraux ».

Dominique Méda appelle à reconnaître la valeur d’activités autres que le travail, indispensables à un développement vraiment complet et harmonieux de l’être humain (ce qu’elle appelle joliment le « multiancrage »), à en finir avec la centralité du travail dans nos vies. Elle évoque l’exemple des cadres, dont on a dit et répété qu’il était risible d’exiger d’eux qu’ils passent aux trente-cinq heures, puisqu’ils ne comptaient pas leurs heures, que leur travail, c’était leur vie... « Il y va de la crédibilité et du succès de la loi Aubry que les cadres soient d’une certaine manière les premiers concernés par la réduction du temps de travail », écrit-elle pourtant avec un aplomb délectable. C’est une question de « richesse sociale », une question de civilisation. Il faut brider cette fuite en avant insensée qui fait que nous ne nous sommes plus capables d’imaginer nous réaliser autrement qu’en nous abrutissant dans n’importe quel travail imbécile - le plus souvent producteur de camelote nuisible -, en négligeant nos proches et notre développement personnel, en détruisant notre équilibre et notre environnement. Si Dominique Méda avait écrit son livre cette année, elle aurait sans doute pris pour exemple les employés de start-up, et non les cadres... « On fait ça quelques années, le temps de devenir riches », expliquent-ils tous en substance. Toutefois, même s’ils deviennent effectivement riches un jour, on peut douter de leur capacité à pouvoir encore fonctionner autrement, à rattraper les années perdues sur le plan personnel.

Qu’est-ce que la richesse ? est un livre essentiel, même s’il n’en parle pas, pour comprendre les aberrations de la nouvelle économie. Car enfin, sous le vernis de l’innovation visionnaire, de quoi la prolifération des start-up est-elle le symptôme, sinon d’un modèle de société qui part en vrille, incapable qu’il est de concevoir la richesse et le progrès autrement que comme un accroissement frénétique et exponentiel des échanges marchands – c’est-à-dire incapable de se renouveler ?

 
 
Mona Chollet
 

Dominique Méda, Qu’est-ce que la richesse ?, Champs-Flammarion, 2000 [Aubier, 1999], 423 pages.

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> L’année du blaireau
15 juin 2004, message de LudoX
 

Joli.

Cela fait plaisir de trouver un texte qui exprime ce que ressentent tout de même quelques personnes en France et dans le monde Occidental oppréssé et éduqué sous le principe de la consommation.

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