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Les chroniques de Pierre Madrid
24 janvier 2001
11 janvier 2001
 
mardi 18 décembre 2001

Le photojournalisme agonise

par Pierre Madrid
 
 

Les agences photographiques Sygma, Gamma et Sipa ont incarné pendant des dizaines d’années le photo-journalisme dans le monde entier. Les trois étoiles françaises de la photo ont été rachetées ces dernières années par des conglomérats de l’information. Qui s’apprêtent à licencier les photographes qui ont fait leur renommée et à s’approprier leurs archives. C’est la fin d’un monde, d’une vision du monde. L’annonce de lendemains qui ne chantent pas. Une défaite de l’intelligence et de la culture. Chronique d’un désastre annoncé.

Bourse du Travail, place de la République, 18 heures, mercredi
12 décembre 2001, salle Jean-Jaurès, au sous-sol. C’est un très beau plateau, réuni par l’ANJRPC (Association nationale des reporters photographes créateurs), avec des associations et des syndicats de photographes et journalistes.

Unité de temps, unité de lieu, unité d’action. C’est dans cette même Bourse du Travail de la place de la République que se déchirent rituellement depuis des années les bandes rivales hautes en couleur du Syndicat du Livre. En butte aux offensives mortifères du patronat de la presse.

Aujourd’hui il fait froid à Paris, c’est déjà la nuit. Mais il y a des vedettes, des signatures de la photo, des baroudeurs, des vraies grandes gueules et des petits discrets, qui ont signé parmi les plus belles images de notre histoire contemporaine, ou du moins de ses actualités, de son information imprimée.

Apesteguy, Nogues, Simon, Haley, Orban, ils ne rigolent pas ou si peu. Ce sont « les pointures » de l’actu, les « seigneurs de l’information » qui sont réunis mi-inquiets, mi-goguenards. L’heure est grave.

Une réunion pour rêver à une mobilisation

Chez Corbis-Sygma qui appartient à Bill Gates, un plan social est en préparation. 42 photographes devraient être « externalisés ». 93 membres du personnel vont être licenciés, sur un effectif global de 191 personnes. Dont 3 postes de « motards de presse », sur les 3 que comptait l’agence.

Chez Gamma, qui appartient désormais à Hachette Filipacchi Médias, l’une des agences-soeurs concurrentes : 7 des 30 photographes salariés vont eux aussi passer à la trappe. Au total, 23 ou 24 licenciements pour un effectif de 130 personnes. Personne ne sait trop.

Chez Sipa, désormais propriété du groupe Fabre, mogul toulousain de la pharmacie, « c’est le calme avant la tempête », comme le dira Thomas Haley. Le directeur financier lui aurait répondu sur l’avenir de l’agence par un : « Je vais me renseigner auprès de Gamma et Sygma », qui ne laisse évidemment rien présager de bon.

Les trois étoiles, les trois plus grosses agences de photo du monde, et leurs photographes, vont découvrir ce qui partout ailleurs existe déjà depuis bien longtemps : l’externalisation, la précarisation du personnel.

Ils étaient « hors du monde », suivant ses soubresauts à la trace au gré des événements. Ils étaient entre parenthèses, toujours entre deux « coups », entre deux départs, entre deux reportages, comme des « urgentistes » entre deux opérations. Ils étaient au courant de tout et concernés par rien. Distants de tout et n’y mettant qu’un oeil. La réalité vient de les rattraper. Alors ils sont aujourd’hui là, quelques uns du moins. Environ une soixantaine. Une poignée. Derniers des Mohicans d’un monde en mutation.

Ces photographes, ils sont beaux, ils sont forts. Ils portent la mèche longue ou la veste en tweed. Ils ont franchi les cols escarpés des montagnes d’Afghanistan. Traversé des déserts et suivi l’armée américaine au Koweit. « Couvert » le Rwanda et les sorties du Conseil des ministres. Parcouru les coulisses du monde. La mort, la vie, mais toujours en passagers. Ils ont tout fait ou presque et puis voilà. La mondialisation les empoigne.

Sygma, Gamma, Sipa : rêver encore un peu avant d’ouvrir les yeux

Après le rachat de leurs agences par des groupes industriels, les derniers « privilégiés » des agences de presse photo de la planète se préparent à passer à la caisse et à disparaitre. Ils sont aujourd’hui cuits à point. Ils toucheront le « magot » sur leurs archives laissées à leurs agences, et seront bientôt précaires comme les autres, comme tous les autres soutiers de l’information.

Chez Corbis-Sygma, les photos numérisées partent désormais pour Seattle. Et à Seattle, l’actualité sociale, l’actualité française, l’actualité européenne, on s’en tape. On veut des « clichés » beaux, propres, lissés, faciles à lire et à comprendre pour des « consommateurs » vivants dans le monde entier.

« La volonté c’est de faire du "mass-market", de l’illustration, pas de l’actualité », dira un moment Thierry Orban de Sygma. On savait que « le social » ne faisait plus vivre, on savait les reporters au long court condamnés à la survie par passion, et quelques bourses octroyées tant au talent qu’à la notoriété. On savait l’inadéquation entre l’investissement en temps, personnel et humain, et la réalité des rémunérations des publications dans la presse.

Il faudra désormais faire du « Corporate », des rapports d’activités, de la pub, de la communication institutionnelle pour, tels les photographes de l’agence Magnum, continuer à gagner sa vie et à s’offrir des petits frissons intermittents en regardant le monde s’agiter, s’entredéchirer : une solution « raisonnable ».

A l’heure où tout le monde érige la liberté de la presse au rang de valeur cardinale, les moyens de cette liberté sont aux mains des marchands planétaires. Aujourd’hui les derniers « ténors » de l’actualité sont donc tenus de faire de l’illustration pour donner envie de consommer. Ou de « communiquer » avec un « oeil » de journaliste, comme dans un beau publi-reportage qui cacherait son nom. Un programme très, très excitant...

Paris capitale de la photo

Exsangue est la profession. Il y a quelques mois le grassouillet rat de vernissage du journal « Le Monde » titrait sur le retour du photojournalisme, « l’embellie ». Il est visiblement un peu bouché, ou bien ne déjeûne pas avec qui il faudrait. De son côté, le légendaire découvreur de talent qu’est le directeur de l’agence Vu racontait dans une interview, en évoquant le travail d’un de ses excellent poulains, comment le dit photographe avait, pour accomplir son oeuvre, accepté de ne pas s’octroyer de salaire pendant plusieurs années.

Alors voilà, tout est dit. Le photo-journalisme va bien, le photo-journalisme est apprécié, plébiscité, sollicité, publié, ovationné, salué, mais pas les photographes. Qui en plus d’être pléthore sont de plus en plus mal payés. Hormis les déjà « valeurs sûres », ou les nouveaux talents qui, bientôt dans l’oubli, iront rejoindre les anciens. Car plus les médias aiment aujourd’hui, plus ils décrieront demain.

Paris est donc devenu « la capitale de la photographie ». Les « beautiful people » éclairés s’arrachent à prix d’or les tirages d’auteurs... même pas morts. La photo est tendance, sur les cimaises des galeries chic. A l’heure où François Pinault s’offre l’ile Seguin pour faire la nique à Beaubourg, la nouvelle bourgeoisie qui surfe allègrement depuis dix ans sur les « produits dérivés » s’offre, désinvolte mais affamée, les dépouilles d’un mythe. Promises à un très fructueux retour sur investissement puisque le fleuve va se tarir.

La Ville-lumière se prépare aussi à devenir le tombeau de photographes misérables, dans un univers de plus en plus dématérialisé et précarisé.

Le Kosovo, laboratoire de l’image numérique

Pendant la guerre au Kosovo, première guerre numérique pour la photo, les agences télégraphiques ont « raflé » la majorité des publications. Le matin les « agenciers » de l’AFP, Reuter et AP faisaient de « l’actu » et transmettaient leurs images. L’après midi, ils se promenaient et faisaient du « magazine », c’est à dire du reportage. A qualité égale, pourquoi désormais envoyer des photographes français ou européens sur place ? Assez vite, ce sont les « locaux » qui ont « couvert » un conflit qui s’éternisait. Qui ont assuré la continuité quand les autres étaient partis.

Pour quelques dizaines de dollars la photo, les « stringers » ont cédé leurs photos les plus « trash » aux agences. En Tchétchénie, idem. Bien sur, histoire de perpétuer le mythe, festivals et journaux auront salué chapeau bas les rares Mohicans qui ont traîné leurs pataugas dans la boue d’une sale guerre de plus.

Que faire quand on est Kosovar, ou Tchètchène, et photographe ? Qu’il faut continuer à vivre au milieu d’un pays exsangue, sinon trouver le moyen de survivre en soldant ses clichés pour quelques dizaines de précieux dollars ? Bien sur on peut aussi se faire trouer la peau. Mais aucune compagnie n’assure les risques pris par les « stringers ». Côté compte d’exploitation c’est tout bénéfice.

On appelle ça « la raflette », et ce sont les agences qui ont démocratisé cette pratique. Avec des photographes amateurs ou professionnels dans le monde entier, pourquoi financer des reportages longs et coûteux ? Pour une image, pour un regard ? Les regards sont depuis longtemps ailleurs que dans les 3 agences mythiques, ces étoiles qui virent au trou noir. L’image s’y est peu à peu « normalisée », presque standardisée, pour devenir une image « forte », publiable dans le monde entier.

Comme l’estimait le photographe algérien Hocine, récompensé pour sa « pieta » algérienne, les récompenses et les choix des photographies sont autant de choix culturels, quand ils ne sont pas politiques.

Or la domination culturelle qui s’étend aujourd’hui sur le monde, notamment à travers les médias, est totalement « W.A.S.P », occidentale, judéo-chrétienne et normalisée. C’est un monde de « clichés », pas de la réalité, dont ont désormais besoin la majorité des médias.

Les agences de production qu’étaient les agences de presse photographiques ne seront bientôt plus que des structures de diffusion s’assurant un réseau de correspondants locaux, prêts à s’activer sur demande de photo du monde occidental. Si la réalité y perd, l’image occidentale de la réalité a déjà triomphé.

Les trois stars défuntes entre mythe et réalité

« Si vous demandez quelque chose, on va couler » se sont durant des années entendu dire les photographes des agences Sygma, Gamma et Sipa par leurs « papas-patrons ». Tant à propos de congés payés que de simple rémunération de leur travail en salaires. La concurrence entre les trois plus grosses agences du monde aura été permanente. Les passages de l’une à l’autre pour un photographe perçus comme une « trahison ». Alors que regroupés au sein d’associations « les patrons » trouvaient eux à s’entendre à merveille.

Habitués à une gestion « humaine » à la mesure de chacun, c’est à dire un paternalisme difficilement imaginable, les photographes d’agence se sont accoutumés à se taire. Les mouvements sociaux de la profession se comptent en trente ans sur les doigts d’une main.

« Le plus beau métier du monde » a sa face cachée. Ce qu’en dialectique socialiste on appellerait aujourd’hui « mobilité, polyvalence, esprit d’entreprise, sentiment de responsabilité ». En clair une concurrence acharnée entre photographes, y compris dans les mêmes structures, et une précarité grandissante. Chez les trois stars, les mieux lotis des photographes sont donc payés en salaire sur les revenus de leurs ventes en France, et en droit d’auteur sur leurs ventes à l’étranger.

Une situation totalement illégale. Acceptée par tous faute de mieux, et faute de solidarité. Encore les choses seraient-elles simples si tout le monde avait le même statut. Dans les 3 agences mythiques, les photographes ont toutes sortes de statuts : indépendants (URSSAF), auteurs (Agessa), journalistes (salaires)... Et il y a presque autant de contrats que de photographes. Des contrats qui ne sont parfois que verbaux.

Un moindre mal comparé aux autres agences (REA, Editing, Vu, Rapho, etc...) où tout le monde est « auteur », relevant d’un régime de sécurité sociale absolument inadapté, et d’un régime de retraite prévu pour les artistes qui, comme chacun sait, sont « artistes à vie », donc voués au succès ou à la misère absolus.

Tout le monde précaire. Un choix de vie ?

Pas vraiment.

Il y a donc ceux qui veulent conserver le pourcentage classique que perçoit un photographe sur ses publications - 50% pour lui, 50% pour l’agence - et acceptent tout.

Et ceux qui ont exigé et obtenu d’être salariés, mais qui ne touchent plus que 23 à 27 % de leurs publications. A 1800 Francs la photo dans un « news magazine », ou moins de 500 Francs dans un quotidien, je vous promets qu’il faut en faire des publications, pour nourrir sa famille, avoir la sécu, tout en s’assurant une retraite...

Ironie du particularisme français en matière d’information, la totale illégalité des conditions sociales dans lesquelles sont « employés » les photo-journalistes n’auront jamais privé les agences qui les emploient de la manne des fonds publics. Que ce soient les subventions pour la modernisation des agences de presse, ou celles pour la numérisation des archives. Des budgets, des aides, de plusieurs centaines de millions de francs, attribués dans la plus totale opacité.

Déjà, dans les années 95-96 il était apparu que la quasi-totalité des agences photographiques françaises violaient ouvertement le droit du travail. Que pensez-vous qu’il arriva ? On institua un « moratoire » afin de leur permettre de se mettre en règle avec la législation. Pendant la durée dudit moratoire, l’URSSAFF ne lâcherait pas ses chiens. Une année passa, puis deux, puis trois. Sans que rien ne change. Des redressements au petit hasard, du lobbying, des parlotes. Avant que les grands fauves ne mettent la main sur nos prestigieuses agences, et ne s’avisent de les dépecer dare-dare.

La France aime la photo, mais pas les photographes. Le gouvernement socialiste aime l’esprit d’entreprise, mais celui des entrepreneurs du monde des médias. Pas celui des photo-reporters célébrés, reconnus, dont les images font le tour du monde. Des photographes qui partent du jour au lendemain avec des « garanties » orales d’un journal pour quelques milliers de francs, et quelquefois sans sécurité sociale.

L’arbitraire élevé en règle absolue des médias atteint dans les agences de presse photo des niveaux exceptionnels. Le leitmotiv du « papa-patron » demeure depuis maintenant plus de trente ans : « Tu es jeune, tu en veux, t’as de la chance, on accepte de « diffuser » tes images. Si tu es gentil on te met sur « des coups » et on t’aide à trouver des garanties pour financer tes reportages, et peut-être même des commandes. Vas-y coco ! ». Ainsi fonctionne aujourd’hui encore le métier, avec la bénédiction de l’Inspection du travail et d’une gauche plurielle qu’on jugera un jour peut-être comme criminelle devant l’histoire.

Dans les agences, quand on ne t’aime plus on te remplace. Un autre photographe aura « sa chance ». L’agence ne paiera que la moitié des frais techniques dans le meilleur des cas, et un pourcentage sur les ventes.

Quand on ne t’aime plus on ne t’appelle plus. On oublie de sélectionner tes photos, de les montrer, et quelquefois même de te payer. Le rêve est fini. Tu n’as plus qu’à tenter ta chance ailleurs. Seulement voilà, ailleurs c’est pareil. Ou pire.

Alors à cette réunion historique à la Bourse du Travail, les jeunes n’étaient pas là. Sur la soixantaine de photographes présents, la majorité avait entre 35 et 60 ans. Parce que les jeunes, eux, sont déjà ailleurs. Loin de cette réalité de photographes qui vont se retrouver licenciés. Eux, les jeunes, ils sont déjà bien installés dans la précarité, la compétitivité, le non-droit. Ils n’ont connu que ça.

Publier gratuitement pour exister. Accepter de financer soi-même ses frais, ses films, etc... Publier pour exister, c’est ça la réalité. Accepter de ne pas être payé quand un reportage commandé n’est finalement pas publié. Ecrire des synopsis et ne jamais recevoir de réponses. Accepter des « forfaits » dérisoires pour voir exister « une histoire », espérer, espérer etc... Toutes choses que vous aurez lues dans les chroniques précédentes.

La fin des derniers dinosaures dans un monde en « mutation »

Les « vieux » des trois agences mythiques vont donc se retrouver précaires. Logés à la même enseigne que les jeunots qu’ils regardent de haut. C’est dommage, mais chacun d’eux est assez individualiste et malin pour trouver le moyen dans son coin de « sauver sa peau », en acceptant de laisser ses photos continuer à être distribuées par ces agences devenues multinationales de l’ industrie de l’information. Qui en est de moins en moins une. La suite sera d’être payé en droits d’auteurs ou au forfait.

L’essentiel n’est pas là. Dans quelques mois ceux qui resteront devront très probablement signer un contrat de cession de droits. Aujourd’hui les agences ne sont que des coquilles vides, « meublées » par des photographes qui restent propriétaires de leurs négatifs, de leurs diapos et de leurs fichiers numériques.

Ceci grâce à une législation de la propriété intellectuelle, héritage de Beaumarchais et de tant d’autres, devenue exorbitante pour les conglomérats industriels de l’information qui sont en train de se constituer.

L’objectif des éditeurs et des magnats de l’information c’est bien évidemment de pouvoir posséder « tout ». Et donc de s’affranchir peu à peu du droit d’auteur, qui les oblige à rémunérer le photographe pour chaque nouvelle utilisation d’un cliché. Et d’accepter de le laisser reprendre un jour son oeuvre, voire d’en interdire la diffusion.

Si de tels contrats dérogatoires au droit commun finissaient par se mettre en place pour les photojournalistes, il parait évident qu’il s’étendraient rapidement aux rédacteurs de presse. Un nouveau statut de « fournisseur de contenus artistiques » se prépare, suivi de près par celui de « fournisseur de contenus informatifs ».

Madame Catherine Tasca vient d’informer les représentants des photographes que s’ils ne trouvent pas d’urgence un compromis avec les propriétaires d’agences de presse photographiques, elle édictera par décret des dispositions de nature à assurer de nouvelles modalités de régulation du secteur...

Un rêve d’industriels de l’art, de la création ou de l’information. « Posséder » les droits, tous les droits, rien que les droits, et pouvoir multiplier les « produits dérivés ».

Alors « les derniers des Mohicans » vont partir en négociant leurs acquis, comme ils auront réussi à négocier une « Exclu » avec une star du show-bizz ou un animateur TV. Un passage clandestin dans un pays en guerre. Le « scoop » d’avoir le droit de photographier quelque chose d’interdit, même et surtout une connerie.

Ils vont partir et laisser derrière eux un paysage dévasté. Déjà, au milieu de l’inquiétude ambiante, un avocat glissait en aparté que quelques-uns de ces Mohicans lui avaient confié leurs intérêts pour négocier des cessions de droits avec leurs agences.

Le distingué Michel Guerrin du « Monde » va pouvoir continuer à pondre des tartines enthousiastes sur « l’embellie du photojournalisme ». Une chose parait aujourd’hui évidente : si la photo se porte bien, c’est plus pour ceux qui en parlent que ceux qui la pratiquent.

Dans la photo c’est comme dans le bâtiment. « Quand le bâtiment va tout va », à la notable exception de ceux qui sont sur les chantiers, surtout s’ils sont sans-papiers.

Dans la photo c’est pareil. « L’embellie du photojournalisme » c’est le gimmick de l’heure pour galeristes des beaux-quartiers, nouveaux riches de la mondialisation, et leurs porte-cotons autorisés.

En bas, tout en bas, on crève.

Dans les photographes réunis ce soir là, j’ai retrouvé des visages connus. Des « confrères » que j’ai croisés en commençant à faire des photos lors de manifestations. C’était en 1986 dans les rues de Paris. C’est à coups d’épaules que j’ai été reçu quand je gênais. Les photographes des trois grosses agences c’est l’équivalant des équipes TV lors d’un événement. Des airs de seigneurs et des pratiques de charognards, pour la plupart. Je ne les regretterai pas.

 
 
Pierre Madrid
 

Lire aussi :

- « Droits d’auteur des journalistes : la grande arnaque »
- « Menaces sur le photojournalisme : un nouvel ordre numérique »

Pour en savoir plus sur l’ingiénerie juridique que déploient les nouveaux Maîtres du Monde pour faire main basse sur la production culturelle :

« Sixième rencontre annuelle des droits d’auteur :
comment céder, rémunérer et protéger les Droits d’auteurs en respectant les contraintes juridiques ? »

Paris, les 12 et 13 mars 2002,

Renseignements et inscription : http://www.euroforum.fr.

Il n’en demeure pas moins, nobobstant, que de valeureux combattants ne se satisfont pas d’une défaite en rase campagne. Comme en témoigne le communiqué ci-après :

Appel à mobilisation

Les journalistes reporters photographes des agences de presse, et l’ensemble de leurs salariés, réunis à Paris le 12 décembre 2001, ainsi que les organisations professionnelles et syndicales, dénoncent la remise en cause de leur statut de journalistes au travers des restructurations en cours aujourd’hui, dénoncent les conditions sociales de l’application de leur contrat de travail (notamment les rémunérations salariales versées sous forme de droits d’auteur), attirent l’attention de tous les journalistes sur les dangers que font peser les manoeuvres en cours pour l’ensemble de la profession, appellent tous les journalistes et photojournalistes à organiser la riposte la plus large dans l’unité, interpellent le gouvernement sur la disparition programmée des plus prestigieuses agences de presse photographiques françaises, à la faveur de grands regroupements industriels et financiers, exigent des ministres de tutelle le gel des plans sociaux annoncés, dans l’attente des conclusions d’une table ronde rassemblant tous les partenaires sociaux, dont ils prendront l’initiative dans les meilleurs délais.

C’est pourquoi nos organisations appellent à interpeller Madame Catherine Tasca le mercredi 19 décembre 2001,

Rassemblement à l’Elysée à 10H30, à l’occasion de la sortie du Conseil des Ministres puis au Ministère de la Culture et de la Communication (vers midi).

Alertez votre entourage professionnel !

l’équipe freelens France

Pour plus d’infos sur le mouvement : http://freelens.france.free.fr.

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Photographe

 
SPIP
Web indépendant


> Le photojournalisme agonise
27 juillet 2002
 

A new frontier for photojournalism is the world Wide Web visit
www.worldfoto.org for an example.

Una nueva frontera para reportaje grafico es el World wide Web.
para ejemplo visite www.worldfoto.org

 
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> Le photojournalisme agonise
25 juin 2002, message de une photographe
 

Des vérités, mais tu n’abordes pas le cas du photographe vivant ds le sud !
Car là au niveau de sa considération face aux "confrères" Parisien : je me marre ...car pour eux c’est sûr la carte de presse c’est pas la même c’est sur !
Qd en plus tu es une fille d’une trentaine d’année ,ta crédibilité continue à en prendre un coup (car un photographe ds l’esprit des gens, pour être bon faut qu’il soit vieux ....ne confondraient-ils pas avec le vin ?)
Mais bon, "ne pas écraser" me semble aussi être la façon de survivre, trop de molessse de compromis mêne souvent à se faire écraser par ces gentils patrons qui ns veulent du bien !
Avancer,continuer me semble le seul compromis envisageable.
Ici il y a aussi des gens sympa, des photographes prêts à partager...
une Marseillaise

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> Le photojournalisme agonise
17 mai 2002, message de Annabelle
 

Actuellement en deuxième année à l’EFAP (Ecole des métiers de la communication), je vais réaliser un mémoire sur la photo de presse, le photojournalisme. Ainsi, je vous serai très reconnaissante de m’envoyer des informations sur ce sujet qui me passionne ou de me guider vers divers livres ou documents se référant au photojournalisme.
En vous remerciant par avance, je vous prie de croire en l’expression de toute ma considération.
Annabelle

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Corbis : "un regard serein"...
8 janvier 2002
 

Leslie Hugues (Corbis) : "Nous sommes au second rang mondial des distributeurs d’images". Malgré l’annonce du licenciement des photographes de son agence française, Corbis entend continuer la production par partenariats. Lelsie Hughes, Présidente marketing et produit, envisage le futur de Corbis avec un regard serein.

http://www.01net.com/rdn?oid=173401&thm=UNDEFINED

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Un portail Hafimage ?
21 décembre 2001
 

Bonjour,

Très confidentielle et toute récente mise en ligne du (probable) futur portail-ombrelle, et place de marché, de la structure Hafimage, filiale de HFM (Lagardère Groupe), qui regroupe l’ensemble des agences de presse photographiques acquises depuis plus de deux ans par le premier groupe français de presse magazine.

A l’heure où l’ensemble du secteur connaît les remous que l’on sait, et après deux années durant lequelles Hafimage semble avoir connu quelques soucis (doux euphémisme), cette mise en ligne augure à n’en pas douter de nouveaux rebondissements pour l’ensemble des agences et des photographes aujourd’hui sous tutelle de Hafimage.

A suivre donc :

http://www.photos-images.net

Bien à vous.

ML

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qui sommes nous ?, P.Madrid, 21 décembre 2001

A la rubrique qui sommes nous ?

Photos-Images est un site à destination des amateurs de photos. Les plus prestigieuses agences françaises – Gamma, Rapho, MPA/Stills, Katz/IPG, Keystone et Hoa-Qui, réunies sous l’égide du groupe Hachette-Filipacchi – vous propose d’acheter des photographies issues de leurs fonds jusqu’ici inaccessibles aux particuliers.
Découvrez dans cette galerie virtuelle :
- Des regards insolites et nostalgiques, tous en noir et blanc, sur le sport, le transport et les villes de Paris et New York.
- Des photos de paysages, de faune et de flore tout en couleur.
- Une collection de couvertures du magazine L’Illustration (de 1843 à 1955, le célèbre précurseur de Match).
L’œil expert des professionnels de la photo et une qualité de tirage impeccable, c’est l’offre faite par Photos-Images aux amoureux de la photos.

Le "Mass market" à la française est en marche. Je serai curieux de voir les contrats des photographes
qui vont avoir leurs photos distribuées par ce genre d’usines, ça risque d’être coquet.

Et puis Jospin ou Chevénement dans son salon, ça doit être trés coquet.

P.M

Répondre
> qui sommes nous ?, Pierre Ristic, SI agence GAMMA, 30 janvier 2002

Bonjour.

Il faut tout de même avouer PM que l’amalgame entre Fabre, Corbis et Hachette est un peu trop facile.
Certes vos remarques pertinentes font état d’une situation inquiétante au sein des grandes agences, mais comment reprocher à ces nouveaux actionnaires d’essayer de trouver de nouveaux modèles économiques ?
Le salut n’est il pas de trouver une certaine forme d’économie d’échelle ou de synergie (je vous vois déjà sourire à la lecture de ces termes marketing :) ?

Pour revenir sur le fond de ce "thread" et sur celui de ma pensée, Hachette n’est ni une "software company", ni un groupe pharmaceutique mais bel et bien un groupe de médias dont l’intérêt est justement de préserver son contenu éditorial.

Répondre
Qui serons nous ?, P.Madrid, 31 janvier 2002

> Bonjour.
>
> Il faut tout de même avouer PM que l’amalgame entre Fabre, Corbis et
> Hachette est un peu trop facile. Certes vos remarques pertinentes font état
> d’une situation inquiétante au sein des grandes agences, mais comment
> reprocher à ces nouveaux actionnaires d’essayer de trouver de nouveaux
> modèles économiques ? Le salut n’est il pas de trouver une certaine forme
> d’économie d’échelle ou de synergie (je vous vois déjà sourire à la lecture
> de ces termes marketing :) ?

Ce que je constate c’est que des groupes quelqu’ils soient sont en train de s’offrir une partie des archives photographiques mondiales.
Avant d’être un produit commercial, le photo-journalisme et la photographie d’actualité sont une part de l’information mise a disposition des habitants de ce pays, de cette planéte. Sa libre production et circulation un outil de connaissance, d’appréhension, quelquefois de compréhension du monde et donc d’évolution des mentalités, de propagation de "valeurs", d’idéal etc.
Que des groupes financiers avec des logiques commerciales s’accaparent à terme un outil d’information me parait avoir des conséquences sur la vision du monde que les lecteurs auront dans 5 ans, dans 10 ans. Car je ne crois pas les industriels capables d’exigence et de rigueur intellectuelle en terme d’information (notamment). Ils vont à terme réduire les coûts, donner des consignes pour que ne soit produit et distribué que ce qui a une valeur marchande nette et précise. Autrement dit tout ce qui ne correspond pas à un marché potentiel clairement rentable et identifié va disparaitre. Ce qui est "facile", rapide va se développer, ce qui est complexe mais nécessaire, difficile d’accés mais essentiel va disparaitre.
De plus la logique patronale de "compétition internationale", de satisfaction des actionnaires pousse inéluctablement vers un recours toujours plus grand à des "stagiaires", des "précaires", des "contributeurs" etc... toutes choses qui existe dans les médias depuis trés longtemps et va continuer a se développer.
Si l’inspection du travail et l’Ursaff faisaient leur travail, les trois quart des agences de photo auraient eus des redressements et des pénalités. Les aides de l’etat aux agences de presse ont profités a tout le monde sauf aux employés de ces agences. Encore une fois l’etat a financé des entreprises ou plutot des patrons et les actionnaires de ces entreprises avec les deniers publics.
Quand à la synergie ou aux économies d’échelles si elles visent à être mieux armés face à la concurrence elles intégrent trés, trés rarement la finalité en terme de qualité informative, de rigueur intellectuelle.
>
> Pour revenir sur le fond de ce "thread" et sur celui de ma pensée, Hachette
> n’est ni une "software company", ni un groupe pharmaceutique mais bel et
> bien un groupe de médias dont l’intérêt est justement de préserver son
> contenu éditorial.

Hachette n’est pas ce qu’on pourrait appeler un groupe de "référence". Il fabrique des produits de qualité trés diverses dont une large part ne s’adresse pas vraiment au coté le plus "brillant" de nos cerveaux et l’argent gagné à produire des journaux au contenus souvent racoleurs, faciles n’est pas vraiment réinvestis dans la rigueur, l’intelligence, la pensée, la création, c’est dommage mais c’est ainsi et d’ailleurs ça rapporte plus, donc permets d’étendre encore ces participations etc...

L’information, les agences de presse, les agences photos ne sont ni des yaourths, ni des crémes a bronzer.

Le contenu éditorial du groupe Hachette est discutable sur bien des points et ces pratiques salariales également. Comme tous les groupes industriels sa logique est désormais "d’externaliser" et de réduire sa masse salariale pour contenter ses actionnaires.

Je ne crois pas à l’entreprise citoyenne, ni a l’entreprise responsable et encore moins au sens des responsabilités des entrepreneurs concernant le devoir d’information des lecteurs citoyens.

PM

Ceci dit merci d’avoir écris. Le jour ou tu auras un peu de temps libre suite a un "remaniement" ou au lancement d’une nouvelle phase de restructuration, tu auras peut être plein de choses à nous raconter même sous un pseudo. Et du "qui sommes nous", tu passeras peut être à "qui je suis" ou "qui j’étais".

Répondre
> Qui serons nous ?, Pierre Ristic, 3 février 2002

>
> Ce que je constate c’est que des groupes quelqu’ils soient sont en train de
> s’offrir une partie des archives photographiques mondiales. Avant d’être un
> produit commercial, le photo-journalisme et la photographie d’actualité sont
> une part de l’information mise a disposition des habitants de ce pays, de
> cette planéte. Sa libre production et circulation un outil de connaissance,
> d’appréhension, quelquefois de compréhension du monde et donc d’évolution des
> mentalités, de propagation de "valeurs", d’idéal etc.

Entièrement d’accord mais il me semble que vous écartez d’office toute notion commerciale du photojournalisme... On tombe alors dans un autre excès, celui de la subvention et des agences d’informations soutenues par des états et donc par des politiques. N’est ce pas utopique ?

> Car je ne crois pas les industriels
> capables d’exigence et de rigueur intellectuelle en terme d’information
> (notamment). Ils vont à terme réduire les coûts, donner des consignes pour que
> ne soit produit et distribué que ce qui a une valeur marchande nette et
> précise. Autrement dit tout ce qui ne correspond pas à un marché potentiel
> clairement rentable et identifié va disparaitre.

N’est ce déjà pas le cas ?
Toute agence photo digne de ce nom essaye de compenser cette disproportion entre les coûts pour certains reportages et la valeur marchande d’autres productions plus faciles en diversifiant sa production. Pour résumer, Magnum fait du prestigieux pour se "valoriser", et des corporates dans les entreprises pour "rapporter". De la même manière, les agences en "A" font du news ou du magazine pour la valorisation, et du people pour équilibrer les comptes... C’est sur ce savant mélange que repose une agence photo viable.

> Si l’inspection du travail et
> l’Ursaff faisaient leur travail, les trois quart des agences de photo auraient
> eus des redressements et des pénalités.

C’est VRAI ! Personnellement ce qui m’a motivé de rentrer à GAMMA était ce côté "râleur" et le respect de la dimension sociale (cf les grèves,...). Tout n’y est certes pas parfait car l’agence a un énorme passif mais du moins nous avons un actionnaire qui joue pleinement le jeu, voir même parfois plus. Trop ?

> Les aides de l’etat aux agences de
> presse ont profités a tout le monde sauf aux employés de ces agences.

C’est vrai... Ceux qui se sont le plus rempli les poches sont ceux justement qui ont revendu aux grands groupes financiers !
Cependant il y a une autre problématique que les agences rencontrent depuis plusieurs années et qui englouti une bonne partie des subventions : le virage du numérique.

En effet, les clients de magazines français restent encore trop attachés à l’argentique et réclament la vitesse du numérique. Les agences se voient donc obligées de jouer sur les deux tableaux, et ça, ça coûte cher. Ne pas le faire coûte encore plus (cas de SYGMA est flagrant).

> Encore
> une fois l’etat a financé des entreprises ou plutot des patrons et les
> actionnaires de ces entreprises avec les deniers publics.

C’est exactement ça.

> Quand à la synergie
> ou aux économies d’échelles si elles visent à être mieux armés face à la
> concurrence elles intégrent trés, trés rarement la finalité en terme de
> qualité informative, de rigueur intellectuelle.

Ce ne sont pas les économies d’échelles qui empiètent sur la rigueur, mais la vitesse.

>
> Hachette n’est pas ce qu’on pourrait appeler un groupe de "référence". Il
> fabrique des produits de qualité trés diverses dont une large part ne
> s’adresse pas vraiment au coté le plus "brillant" de nos cerveaux et l’argent
> gagné à produire des journaux au contenus souvent racoleurs, faciles n’est pas
> vraiment réinvestis dans la rigueur,

Hachette n’a pas plus de titres racoleurs que les agences des reportages people. Cela fait longtemps que les agences (encore une fois en "A") ce sont adaptées.

> Ceci dit merci d’avoir écris. Le jour ou tu auras un peu de temps libre suite
> a un "remaniement" ou au lancement d’une nouvelle phase de restructuration, tu
> auras peut être plein de choses à nous raconter même sous un pseudo. Et du
> "qui sommes nous", tu passeras peut être à "qui je suis" ou "qui j’étais".

Je vous ai qualifié d’utopique... Je le suis peut-être tout autant. Cependant je continue à y croire et j’espère pouvoir tout de même écrire tout en ayant peu de temps non pas à cause d’une restructuration, mais d’un travail aussi réel que prenant. :) AMHA le photojournalisme à la française a surtout souffert d’un laisser aller, d’un manque d’anticipation ainsi que de la mauvaise gestion des changements technologiques. Mais aussi, vous l’avez dit, d’une mauvaise redistribution de biens et de la "gestion de croissance". Or ces grands groupes qui nous gèrent savent justement gérer ce genre de problématique.

Il y a certainement un compromis à trouver entre gestion rigoureuse et esprit photo journalistique.

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Artisanat ou industrie ?, Pierre Madrid, 4 février 2002

> Entièrement d’accord mais il me semble que vous écartez d’office toute
> notion commerciale du photojournalisme... On tombe alors dans un autre
> excès, celui de la subvention et des agences d’informations soutenues par
> des états et donc par des politiques. N’est ce pas utopique ?

La doctrine actuelle de l’économie est une logique de joueur et de compétiteur, de saltimbanques flambeurs. Les photographes sont des cons d’avoir vendus ce qui leur appartenait : les agences.
Ma logique personnelle est celle de l’équilibre : c’est une logique d’épicier, on pourrait appeler ça "le développement à visage humain" (je plaisante dans la formulation mais c’est a ça que je pense. Quand ce qu’on produit est artisanal, on adapte sa distribution, la croissante de sa PME de façon artisanale en évitant d’avoir la grosse tête et de se prendre pour un "géant", en étant suffisamment modeste pour être a l’écoute des innovations techniques et en essayant de ne pas rater le métro. Note de frais et routine, mégalomanie et forfanterie conduit au dépot de bilan ou au rachat, voir au partenariat. Dans un secteur en voie d’appauvrissement, on n joue pas aux riches.
>
> N’est ce déjà pas le cas ? Toute agence photo digne de ce nom essaye de
> compenser cette disproportion entre les coûts pour certains reportages et
> la valeur marchande d’autres productions plus faciles en diversifiant sa
> production. Pour résumer, Magnum fait du prestigieux pour se "valoriser",
> et des corporates dans les entreprises pour "rapporter". De la même
> manière, les agences en "A" font du news ou du magazine pour la
> valorisation, et du people pour équilibrer les comptes... C’est sur ce
> savant mélange que repose une agence photo viable.

Les coûts des reportages c’est aux supports de les payer sinon on marche sur la tête, ou bien il faut être suffisamment fin journaliste pour "spéculer", ce qui n’est que rarissime.Quand à la diversification elle est aussi un risque de "dilution", Gamma, sipa, sygma au niveau des publications je ne vois pas la différence. Pour le reste tu as raison, people etc..., corporate etc... pour les journalistes rédacteurs ça s’appelle faire des "ménages". Le journalisme me parait être un métier de "pauvres" ou de menteurs c’est navrant, j’ai choisis mon camp, les agences ont surtout donnés l’habitude aux journaux de ne pas produire grand chose, de tout voir sans payer et de faire un tri dicté par le mimétisme avec la TV
>

>> Les aides de l’etat aux agences de > presse ont profités a tout le monde
> sauf aux employés de ces agences.
>
> C’est vrai... Ceux qui se sont le plus rempli les poches sont ceux
> justement qui ont revendu aux grands groupes financiers ! Cependant il y a
> une autre problématique que les agences rencontrent depuis plusieurs années
> et qui englouti une bonne partie des subventions : le virage du numérique.
>
Si les identités des 3 grosses avaient été plus marquées ce n’est pas la technique qui les auraient départagées, quand une entreprise devient une administration tout y devient compliqué, le gigantisme c’est le début de la fin, le virage numérique aurait dû avoir lieu plus tôt, son financement impliquer plus le "client"

>> Quand à la synergie > ou aux économies d’échelles si elles visent à être
> mieux armés face à la > concurrence elles intégrent trés, trés rarement la
> finalité en terme de > qualité informative, de rigueur intellectuelle.
>
> Ce ne sont pas les économies d’échelles qui empiètent sur la rigueur, mais
> la vitesse.

OK, c’est aussi un des plantage des agences : être a la remorque des équipes TV, toujours plus vite etc...

> Je vous ai qualifié d’utopique... Je le suis peut-être tout autant.
> Cependant je continue à y croire et j’espère pouvoir tout de même écrire
> tout en ayant peu de temps non pas à cause d’une restructuration, mais d’un
> travail aussi réel que prenant. AMHA le photojournalisme à la française
> a surtout souffert d’un laisser aller, d’un manque d’anticipation ainsi que
> de la mauvaise gestion des changements technologiques. Mais aussi, vous
> l’avez dit, d’une mauvaise redistribution de biens et de la "gestion de
> croissance". Or ces grands groupes qui nous gèrent savent justement gérer
> ce genre de problématique.

Oui mais pas forcément avec un grand soucis pour l’information (dont les agences n’est qu’un maillon puisque c’est la presse et la TV qui ménent la danse)
>
> Il y a certainement un compromis à trouver entre gestion rigoureuse et
> esprit photo journalistique.

Certainement mais pour être cohérent, c’est aussi aux journaux de réaliser ce qui va se passer si ils sont incapables de préserver les photojournalistes des grandes manoeuvres spéculatrices des industriels carnassiers. Mais a regarder qui sont leurs actionnaires, ça semble mal parti. La presse redevient un joujou, une danseuse pour industriels, retour à la case départ il y a un siécle et quelques.

P.M

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> Artisanat ou industrie ?, Cyrille l’emmerdeur de Bastille, 19 février 2002

J’ai pas tout lu ça m’a fatigué mais je pense que vous n’avez pas fini de vous battre contre les moulins à vent cher M. Madrid.
Comment ouvrir les esprits ? De mon côté, je cherche encore et je me bats pour ça mais c’est difficile de passer pour quelqu’un d’humble quand on dit aux autres : "venez vers moi, ce que j’ai à vous offrir, je sais que c’est bon (j’utilise le mot BON au lieu du mot BIEN afin d’éviter toute querelle philosophico/sémantico/réductrice en restant volontairement sur l’émotionnel et le sensitif). Je suis comme vous (souvenez vous du mot de V. Hugo et de sa solitude de créateur) mais j’ai ouvert des portes et ces portes si elles revêtent des termes impérieux comme idéal, valeur, etc., s’ouvrent sur des monde riche et profonds.
Enfin ... je suis avec vous, Cher Monsieur. Du côté de l’Idéal et de la Poésie toujours parce que donner du sens (et des sens au sens charnel de sens) au Monde est à mon sens indispensable à notre espèce de mammifères condamnés et conscients de l’être.
L’argent et l’immédiate satisafaction des désirs ne peuvent remplacer le trou béant laissé par la fin du Divin qu’à la condition de plonger leur racine au plus profond de chaque être.

C’est un peu le bordel mais en substance ce que je pense ...

A part ça, à votre santé.

C. Hugon
Rédacteur en Chef des Chroniques Ethyliques & Indépendantes

 
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Vaincre l’inertie et la fatigue, Pierre Madrid, 1er mars 2002

Je me sens assez moulin a vent mais peu importe. Je réve d’un pays (la notion est un peu discutable) ou le savoir, la connaissance et la compréhension seraient valorisés dans un soucis collectif et non dans une logique de rentabilité économique
ou clanique. Malheureusement c’est pure utopie. L’inertie concernant les questions collctives est la régle et la méfiance voir la paranoia devenus la norme. Les photographes sont des nains philosophiquesdévorés par leur ego et leur absence de reflexion et d’analyse, quand a leur reflexion politique sur le monde et la place qu’ils y occuppent c’est encore pire.

Je ne vois pourtant pas de raison de les detester, juste envie de les agacer pour qu’ils réagissent et sortes de leurs "huttes" ou ils vivent repliés, il n’y a pas pourtant de raison de se mettre a boire ou a desesperer.

A suivre
La vie reserve bien des surprise

P.M

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> Vaincre l’inertie et la f, Cyrille tout court, 1er mars 2002

Mais si cher pierre tout ceci donne envie de boire et boire encore. Car dans l’ivresse profonde et populaire, on trouve une forme de sagesse oubliée de nos contemporains. Aussi paradoxal que ça puisse paraitre, c’est dans les pires bouges infames, et à des heures indues que j’ai appris l’extrême civilité d’un bon "Ta gueule !" asséné par un vieux poivrot fatigué. Ca remet les idées en place et permet de lire au delà des mots. Car toute relation interpersonnelle met aux prises non deux ou plusieurs personnes mais leurs inconscients, immenses océans agités de préjugés, d’émotions de blocage, d’alégresse, de quotidien, de deuil, de rêves brisés ou vivants, etc.
L’alcool a cette vertue conviviale et ... bien sûr ses corollaires négatifs. Mais le risque est à prendre. Si vous avez besoin de soutien dan squoique ce soit, je suis à votre service.
Vous pourrez visiter nos écrits (on est 2) sur www.multimania.com/asccl si le site est réparé.
Bien à vous !
Cyrille

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> Le photojournalisme agonise
20 décembre 2001, message de extralys
 

Pierre,

Je suis "jeune journaliste" par vocation. Mes deux dernières semaines ont été perdues à faire de la saisie de document administratif en intérim au service-compta d’une banque. D’autres "confrères-concurrents" se retrouveront sûrement dans ce genre d’activité mornes, conséquence de leur refus de piger la dernière connerie "tendance" et juteuse en cours. Je ne squatte pas ton forum pour me plaindre, juste pour te dire que ton article m’a fait plaisir et m’a remis les idées en place. Les niais parlent haut et fort, les requins battent des nageoires et jouent des coudes à la vigueur de leur voracité. Les autres s’efforcent de rester dignes, et par là même recoivent de très belles récompense.
Au plaisir de te relire
gael

PS : Les "vrais gens" de la compta sont inquiets : leur banque devrait être rachetée au printemps prochain, les moins indispensables d’entre eux devraient être invités à aller surveiller de plus près les linéaires de l’ANPE. Je ne sais pas trop quoi en penser, sans doute la plupart accepteront tête courbée la mondialisation ineductable, mais je crois voir, dans ce service, des caractères qui seront moins facile à berner. Ceux-là aussi me font chaud au coeur.

 
en ligne : noctiluque
Répondre


Magnum
19 décembre 2001, message de Grosse Fatigue
 

Que penses-tu de la forme "coopérative" de Magnum (et de Métis je crois ?) ? Est-ce que ça permet de répondre en partie à l’apétit des gros cons ?

Répondre
Magnum etc..., Pierre Madrid, 19 décembre 2001

Evidemment la forme coopérative me parait la solution idéale seulement on échappe difficilement au monde dans lequel on vit.
Magnum et le mode de fonctionnement coopératif fonctionne par cooptation, avec le risque de produire le meilleur
comme le pire. Une académie de vieilles barbes ou bien un "gang" de jeunes requins, les gros cons ne sont pas
d’autres que nous, quand à Magnum les pratiques salariales et la valse des stagiaires n’a rien a envier
aux autres agences. Magnum aurait pus initier quelquechose. Entre académisme et "dérives" tendances, l’agence sauve sa peau
mais plus en faisant tant de "photojournalisme " que ça, c’est un ilôt un peu égoiste ou coexiste le meilleur et le pire et surtout beaucoup de mondanité et de « corporate », des multitudes de produits dérivés tendances, peut être un jour des cendriers et des tee shirt.
Il y a fort à parier que certains de Métis y entreront un jour et ce ne sera pas forcément à l’avantage du photo-journalisme et d’une vision humaniste. Quand on bosse pour Mac do, Rhone Poulenc, la délégation générale à l’armement et le Ministére de la justice, c’est difficile de garder un regard sur le monde qui en perçoive les mutations et soit au plus près des « gens ».
Et puis dans « le monde de la photo », il y a une inflation de photographes avec plein de fripouilles qui enseignent dans des écoles comment "être photojournaliste", des écoles privées, chéres, que les papa-maman paient. Mais nulle part on n’apprends la déontologie ni comment faire pour survivre sans devenir un « pro de la communication ». Les photographes ne sont qu’un petit bout de l’histoire. La presse entre dans l’ére "industrielle", les employés y sont débordés, saturés, sur-sollicités, il n’y a pas de création de postes mais des restrictions budgétaires alors les pratiques humaines se dégradent, un rédac chef devient un gérant de vitrine sollicité en permanence, il mets en rayon ou pas, c’est le degré zéro de la réflexion journalistique, un fonctionnement en chaine, en boucle qui produit beaucoup de médiocrité.
Dans les écoles de journalisme on réve de travailler pour la TV, quand on est photographe on réve d’être « grand-reporter » seulement les places sont rares et elles tiennent à tout un grenouillage qu’il faut pouvoir humainement assumer, et puis ce ne sont pas des places, ce sont des passages, des strapontins qui débouchent aussi sur des « trous noirs ».
Alors oui il faudrait des coopératives seulement voilà les photographes sont des super individualistes, des faux artistes et des faux journalistes avec des égos assez surdimmensionnés et encore moins d’analyse et de réflexion qu’on pourrait en attendre. Ils ne se regroupent que quand ils sont personnellement menacés ou en difficultés, ils révent comme la plupart des français d’être « tranquilles » et de pouvoir mener à bien leurs projets, le reste ils s’en tapent pour la plupart, ils font semblant de croire qu’ils sont trop marginaux pour pouvoir imaginer qu’ils peuvent faire des choses en commun, ils passent leur vie a trembler pour leur image, leur survie, leur réputation, leurs projets. C’est d’un thérapie collective dont a besoin la profession. Mes textes en sont un exemple, aucun photographe n’y a répondus, aucun ne les a commenté alors que beaucoup les ont lus.
Beaucoup de médiocrité en fait, loin du mythe :
des gangs, des groupes, des tendances mais pas ou presque de générosité, de tentatives de solidarité, pas de vision à lmoyen ou a long terme. C’est rageant, désespérant cette recherche permanente de notoriété, de sauver sa peau a tout prix.

Bon voilà mais moi ce que j’en dis, c’est un grain de sable qui j’espére va en gratouiller quelques uns qui auront envie d’apparaitre enfin debout, de conquérir quelquechose de perdus qu’on ^pourrait appeler de la dignité.
C’est tout bête mais c’est à ça que je pense, de la dignité.
P.M

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> Magnum etc..., Cyrille l’emmerdeur de Bastille, 19 février 2002

Votre aigreur est-elle le fruit d’une longue bagarre n’ayant jamais porté ses fruits ? J’aimerais vous présenter mon projet afin de vous apporter un peu de fraîcheur et vous montrer à quel point je ressens à mon petit niveau les mêmes frustrations face à l’égocentro/individualisme de nos frères...

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La manifestation du 19 décembre 2001.
19 décembre 2001
 

Manifestation de photographes à l’issue du conseil des ministres.

Mercredi 19 décembre 2001, 12h42

http://fr.news.yahoo.com/011219/85/2d0tm.html

PARIS (Reuters) - Une centaine de photographes de presse ont manifesté à la sortie du conseil des ministres pour réclamer le gel des plans sociaux dans les agences Gamma et Corbis-Sygma et exiger le respect de la convention collective des journalistes.

Une délégation de photographes devait être reçue à la mi-journée par la ministre de la Culture et de la Communication, Catherine Tasca, rue de Valois.

"On voit rarement les photographes dans la rue parce que les photographes sont plus habitués à photographier les manifestations qu’a manifester eux-mêmes. Si aujourd’hui nous sommes là, c’est parce que nous nous sentons agressés. Notre communauté réagit en légitime défense", a expliqué Patrick Bard, président de l’Association nationale des journalistes, reporters photographes et cinéastes.

"Nous voulons le respect de la convention collective, nous voulons que cessent les rémunérations illégales en droits d’auteur dans les agences de presse et nous souhaitons que soit appliquée l’intégralité de la convention collective", a-t-il souligné.

Les photographes - salariés d’agences, de quotidiens ou de magazines - se sont rassemblés devant l’hôtel de Marigny, où se déroulait exceptionnellement le conseil des ministres pour permettre au personnel de l’Elysée de préparer l’Arbre de Noël prévu dans l’après-midi.

Les manifestants avaient formé deux rangées, jusque sur l’avenue Marigny, et déposé leur matériel photographique à terre en signe de protestation. Certains brandissaient leur carte de presse, d’autres l’avaient laissée à terre.

Les photographes ont scandé "Profession menacée", "Sauvez le photojournalisme" à la sortie des ministres, qui ont regagné pour certains leur voiture avenue Marigny, encadrés par le service de sécurité.

Huée à sa sortie, Catherine Tasca est allée à la rencontre de photographes.

Jacques Chirac et Lionel Jospin ont regagné l’Elysée à pied, là encore sous la protection des services de sécurité, en compagnie d’Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères, Catherine Tasca et Dominique de Villepin, secrétaire général de l’Elysée. Le chef de l’Etat et le Premier ministre ne se sont pas exprimés.

La direction de Corbis Sygma a annoncé en novembre le licenciement de 93 des 191 salariés parmi lesquels les 42 photographes. La société prévoit d’externaliser le travail des photographes au travers d’une "relation de partenariat commercial" dont la seule alternative est le licenciement pur et simple.

"Ils veulent que l’on retravaille en producteur indépendant, en payant nos charges, c’est contraire au statut de journaliste", déplore l’un des 42 photographes présent à Marigny.

L’agence Gamma, propriété d’Hachette Filipacchi Medias a annoncé pour sa part la suppression de 17 postes, dont sept photographes."

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