L’équipe a renouvelé ses effectifs en embauchant des jeunes. Mais
sont-ce de vrais djeunes, et que peuvent-ils faire vraiment ? La
cheftaine du service photo est incontournable. Comme elle est d’une
grande prétention depuis qu’elle est chef et depuis qu’elle écrit des
papiers sur la photo dans son journal de retraités pas encore morts, et
que c’est devenu une pointure en créant un magazine photo pas encore
mort lui non plus : c’est le calvaire.
Pour publier il faut soit être très patient, soit très célèbre, ou
tendance. Ah oui, là encore, ça lit pas les journaux, ça les feuillette,
au mieux. Bref, pour que la cheftaine décide de publier un reportage il
faut, soit qu’elle soit très amoureuse, soit qu’elle trouve que c’est
génial, soit que l’un des brillants reporters du journal prévoie de
dégager du temps et de l’énergie pour pencher son esprit très occupé sur
un « sujet ». Autant dire que c’est très rare et souvent pas très
brillant.
Ah oui, c’est la seule rédaction, à part peut-être au Figaro mais j’y
fous pas les pieds, où on croise des journalistes avec des cravates, et
des jeunes femmes avec écharpe « Burberrys », comme les lascars de
banlieue. Mais peut être que c’était un gars de la pub qui vient faire
du charme à des journalistes après, qui sait : un voyage payé par une
entreprise, ou un bon déjeuner dans un resto parisien. Allez savoir.
Les codes de déontologie n’existent quasiment pas dans les journaux. Et
même s’ils existaient, ils ne seraient pas appliqués. Les journalistes ne
sont pas très bien payés. Ils frustrent de ne pas être reconnus comme
des penseurs. Avec le temps la plupart s’en tapent et raflent tout ce
qu’ils peuvent. Imaginons en un se faire choper en train d’abuser des
cadeaux. Les autres seront trop contents de pouvoir le sadiser jusqu’à
la retraite. Un journal c’est comme une famille : des cousines qui
baisent avec des cousins dans les débarras, à l’heure du café quand tout
le monde somnole. Des tontons qui protègent et rendent des services à
leurs neveux. Des mamies qui ont leur petit dernier préféré, leur
chouchou. Et les inévitables papys, qui sauteraient bien les petites.
Qui n’osent pas et se font mener en bateau.
Alors avec les égos qui se baladent dans les journaux, cette impression
permanente d’avoir à faire l’histoire. De devoir trier ce qui mérite
d’être su et ce qui ne le mérite pas. Le bon et le mauvais. De cotoyer
les puissants. J’ai presque envie de dire que c’est pire qu’ailleurs.
Allez je le dis, c’est franchement pire qu’ailleurs. Même moi j’en
arrive à draguer les stagiaires, qui comme moi ne font que passer.