Pour nombre d’entre nous, c’est surtout un souvenir d’école : les recherches documentaires à la bibliothèque. À partir d’un problème précis, tenter de trouver des renseignements tout aussi précis et pertinents parmi des milliers de livres. C’était une tâche longue, difficile, souvent ingrate : des heures à manipuler les petites fiches cartonnées avant de consulter le moindre ouvrage. Pour les bibliophiles patentés, cela peut prendre des proportions qui rebutent la plupart d’entre nous (scruter les notes de bas de page, les index, les compilations bibliographiques à la cherche d’une référence qui permettra de découvrir d’autres références...).
Pour autant, personne n’irait dire qu’il y a « trop de livres » dans une bibliothèque, ou que c’est impossible, ou qu’il nous faut en passer par des « médiateurs » et des marchands qui effectueront le tri pour nous.
Une recherche sur le réseau n’a pas de raison d’être beaucoup plus simple. En revanche, elle offre des outils informatiques et une vitesse de réaction qui permettent d’accélérer grandement le processus.
Mais, de la même façon que celui qui n’a jamais visité une bibliothèque n’a aucune chance d’y trouver rapidement une réponse précise à une question précise, on ne trouvera pas grand chose sur l’internet tant qu’on n’aura pas acquis les méthodes de base d’une recherche documentaire sur le réseau.
Chacun sa méthode
Le but ici n’est pas de vous fournir « la » méthode absolue, celle qui permet à coup sûr de trouver tout et n’importe quoi.
D’abord, chacun sur le réseau finit par adopter sa propre stratégie, en fonction non seulement de ses centres d’intérêt, mais surtout de sa propre personnalité. Il y a les maniaques qui notent toutes les adresse visitées (par les signets, ou bookmarks), et les classent consciencieusement avant de passer à la page suivante ; ceux qui impriment, décortiquent et surlignent les pages qui contiennent la moindre information utile (c’est mon cas - j’ai chez moi des dossiers de plusieurs centaines de pages imprimées, annotées et surlignées, que je finis par entasser dans un coin pour ne plus y revenir...) ; ceux qui aiment la liberté des navigations, et préfèrent se souvenir de la méthode qui leur a permis de trouver une information...
Mais les débutants, eux, n’ont pas cette liberté. Le plus souvent, ils ne trouvent carrément rien, et aucun des plaisirs subtiles indiqués ci-avant ne leur être autorisé. D’où le besoin, ici, d’expliciter quelques règles de base.
Nous le verrons, les méthodes de recherche doivent s’adapter au contexte. Selon la nature de l’information recherchée, les méthodes de recherche évoluent. On ne recherche pas de la même façon une critique de film et les enjeux d’une décision de politique internationale.
Mais, là encore, pour les débutants, quelques méthodes de base permettront de commencer. Ensuite, à chacun d’apprendre à adapter ces méthodes à ses propres besoins.
Il est nécessaire que chacun s’approprie le média et, à terme, de la manière la plus personnelle possible. Les explications qui suivent ne définissent donc pas une méthode absolue et intangible ; c’est une étape qui doit permettre aux débutants de progresser sur ce difficile parcours de l’appropriation du média.
Méthode générale
La méthode générale consiste à commencer la recherche avec un minimum d’informations. Progressivement, on affinera les critères de recherche, pour aboutir petit à petit à une information plus précise et plus pertinente.
Cette progression doit être parfaitement maîtrisée. Si l’on commence avec des critères très spécifiques dans un outils généraliste, on n’obtient aucune réponse (la recherche : « article 11 déclaration des droits de l’homme » dans Yahoo ne retourne aucune réponse). Si l’on s’attaque à un outils précis avec des critères trop généraux, on est submergé par des milliers de réponses inutilisables (la recherche « radio » dans AltaVista donne plus de 10 millions d’adresses).
Notre exemple : Toto. Prenons pour exemple un sujet neutre : l’acteur italien Toto. Notre programme télé nous signale un hommage de quatre films dans le courant du mois prochain, et nous aimerions en savoir plus sur lui. C’est un exemple classique : si l’on utilise AltaVista, on obtient 220 000 réponses ; si l’on utilise Yahoo, l’information n’est pas plus utilisable. « Toto » est le nom du loto allemand (Toto-Lotto), le prénom de l’idiot de service pour les blagues françaises (c’est l’histoire de Toto...), le diminutif de nombreux prénoms dans toutes les langues (même en japonais), un groupe de rock-FM, le nom d’un nombre incroyable d’entreprises et de magasins...
Bref, c’est l’exemple type qui rend dingue le débutant : trop de réponses, trop de possibilités, qui n’ont rien à voir avec ce que l’on cherche. Et être incapable d’obtenir une réponse claire à une question à priori simple, juste pour préparer ses plateaux-télé, c’est frustrant...
On comprend donc tout le problème : si l’on ne définit pas le contexte, on ne trouvera rien. D’où la méthode progressive : on commence avec une recherche générale, ce qui nous donnera des informations sur le contexte, que l’on utilisera à leur tour pour affiner la recherche.
Passons maintenant à une revue des outils utiles à nos recherches.