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lundi 2 avril 2001

La culture est-elle en péril ?

50 ans de débats sur les moyens de diffusion
par Yves Patte

« Notre époque voit un accroissement prodigieux des moyens d’information, qui a modifié et modifie, dans une mesure incalculable, les conditions faites à la culture. Quelles seront les conséquences de cette sorte de bouleversement apporté par les diverses techniques dont dispose l’homme contemporain ? » [...] « La crise de civilisation est complexe. Pour en donner, même sommairement, une image d’ensemble, il faudrait aborder les problèmes politiques, sociaux, économiques dont la complexité tient essentiellement à l’application de certaines techniques nouvelles qui ont ébranlé l’équilibre de nos sociétés. J’entends, dans le présent entretien, m’en tenir aux désordres survenus dans les travaux de l’intelligence, dans le régime de la culture, dans les conditions de travail créateur, dans les disciplines pédagogiques et, aussi, dans les professions libérales, [...] »

« [...] Sans m’égarer plus loin, je répèterai seulement cette évidence : qu’il s’agisse de détruire ou de construire, de se déplacer comme de communiquer à travers l’espace, notre action tend de plus en plus à réduire l’expression de cet espace dans le temps, à comprimer l’espace-temps, [...] Ce souci de vaincre l’espace-temps, maître séculaire de l’humanité, en domestiquant à cette fin des sources d’énergie nouvelles, en perfectionnant la machine jusqu’à la doter d’une mémoire et de facultés calculatrices supérieurs peut-être à celles du cerveau humain, n’est-il pas le moteur qui caractérise le mieux notre époque ? »

Crise de société, nouvelles technologies, nouvel équilibre, modifications des rapports sociaux, diffusion de masse, dangers pour la culture, la connaissance, etc... autant d’enjeux et de débats contemporains. Tous les jours ces problématiques sont soulevées, que l’on parle de l’information sur internet, de la reproduction des œuvres avec Napster, des rôles du service publique en télévision, de l’influence des images violentes dans les médias, des l’impérialisme médiatique américain, du rôle de l’image, de l’indépendance des médias, de leur privatisation, etc... Et pourtant... Et pourtant les phrases citées ci-dessus remontent à 1955, lors des Rencontres Internationales de Genève ayant pour thème à l’époque : « La culture est-elle en péril ? Débat sur ses moyens de diffusion : presse, cinéma, radio, télévision »...

Cette mise en perspective historique, démarche sociologique par excellence, permet donc de remettre en questions bon nombre de questions que l’on se pose à l’heure actuelle. Comme on peut le voir – et comme nous allons encore le voir – ce sont toujours les mêmes questions que l’on se pose, que ce soit pour la télévision, le cinéma, la radio, ou que ce soit pour ce nouveau média qu’est l’internet.

« L’instantanéité d’abord. Elle fait de la radio-télévision [...] une sorte de système nerveux, national, international, qui sera bientôt planétaire, l’image étant, comme la musique d’ailleurs, un langage ignorant les frontières des langages. Elle me paraît traduire cette urgence qui réduit le sort de notre terre à celui d’une pelote rapetissée par une tricoteuse impatiente. Mais cette instantanéité n’exprime-t-elle pas aussi, plus discrètement, la formation d’une conscience nouvelle dont notre organisme social est, jusqu’à présent dépourvu ? Que grâce à la radio-télévision, Genève ne soit plus séparée de Melbourne, cela ne signifie-t-il pas qu’à chaque instant chaque habitant de Melbourne peut immédiatement, s’il le désire, participer à la vie de Genève ? Et l’accumulation de telles possibilités sur le mince registre d’une vie humaine n’est-elle pas de nature à engendrer une plus vivante, plus nombreuse, par là plus tolérante appréciation d’autrui ? N’est-ce pas aussi se cultiver que de participer presque
directement, - et non plus à travers un témoignage tardif – à tel événement ou à tel spectacle représentatif de l’esprit d’un peuple ? L’instantanéité, d’ailleurs, est peu favorable au mensonge. Si la véracité de la radio dépend encore, dans une certaine mesure, d’une sincérité qui exclut toute intention de propagande ou de lucre, à la télévision, en transmission directe, il devient véritablement assez difficile de tricher, fût-ce involontairement, comme peut le faire un témoin imaginatif. Or la recherche des vérités actuelles n’entre-t-elle pas aussi dans le programme d’une culture qui veut s’élargir ? Que la curiosité du présent puisse être instantanément satisfaite, c’est là, me semble-t-il, plus un encouragement à l’élargissement de la connaissance qu’une invitation au repli sur soi, difficilement compatible avec la conception d’une culture en mouvement. »

Ces quelques mots de Wladimir Porché, le 8 septembre 1955, lors des Rencontres Internationales de Genève sont empreintes d’un certain optimisme par rapport à la télévision, optimisme aujourd’hui ré-investi dans internet, après que la télévision nous ait maintes fois prouvé que le direct et l’instantanéité n’étaient pas preuves d’information sûre (Timisoara, Guerre du Golfe, etc.). De plus, comment ne pas voir dans son optimisme concernant le réseau radiophonique mondial, mettant en relation instantanée les quatre coins de la planète, les prémisses des espoirs portés aujourd’hui par Internet ? Des individus éparpillés qui discutent, échangent des idées, dans le respect mutuel et l’ouverture d’esprit... Regardez les publicités pour les firmes liées aux nouvelles technologies, c’est cela qu’ils vous vendent...

Le débat sur le service public était déjà présent également : « [...] Mais le service public appartient par définition au public, c’est à-dire, en principe à tout le monde, à ce Tout-le-Monde informe qu’il s’agit de situer de séduire, pour avoir quelque chance d’améliorer ensuite son sort intellectuel ». Et déjà la concurrence avec les chaînes privées soulevait cette question : « [...] cette concurrence place une radio-télévision désintéressée dans l’obligation, pour se faire écouter, d’abord, et pour conserver ensuite son audience, de faire des concessions, de ralentir d’autant son acheminement vers la lumière ».

Les médias changent, de nouveaux médias apparaissent et pourtant le débat social qu’ils créent est toujours le même. D’où l’intérêt de remettre ces débats dans une perspective sociologique et historique. Peut-être cela permettra-t-il de ne pas commettre les mêmes erreurs, en tous cas cela permet – me semble-t-il – de relativiser fortement ce que l’on peut dire aujourd’hui. De relativiser autant les propos alarmistes, que ceux trop optimistes... Il ne serait pas non plus inutile de rechercher dans la pertinence et l’analyse de certains discours de cette époque, non pas des prophéties sur l’époque actuelle, mais plutôt les prémisses de mouvements et d’évolutions que nos sociétés connaissent aujourd’hui de façon plus évidente. Ce qu’il est maintenant convenu d’appeler l’Affaire Napster n’a pas inauguré les craintes en matière de propriété et de diffusion des œuvres artistiques... « Les techniciens du magnétophone ont accoutumé, en vue de pallier les indécisions des orateurs, de pratiquer des coupures dans le ruban. [...] Petit à petit, les techniciens de la radio, observant une consigne ou agissant de leur propre chef, taillent, retaillent, recollent le ruban de telle manière que l’auteur de l’émission peut se trouver dire ce qui n’est aucunement sa pensée, ce qui est même le contraire de sa pensée. » « Son œuvre (à l’écrivain qui écrit spécialement pour la radio) sera diffusée une fois, puis deux sur la chaîne nationale [...]. Il sera peut-être repris par quelques chaînes provinciales. Pour sortir des pays francophones, cette œuvre devra supporter l’épreuve chanceuse de la traduction. Dans quel état se présentera-t-elle aux peuples des antipodes ? Telles sont les questions anxieuses que se posent les écrivains sollicités par la création d’œuvres spécifiquement radiophoniques ».

Concernant les images, toujours lors de ces mêmes Rencontres Internationales de Genève de 1955, André Chamson nous dit : « Il y a donc un impérialisme possible de l’image, et ce n’est pas sans une certaine crainte que je vois ainsi notre civilisation du langage, c’est-à-dire de la libre confrontation, de la liberté, de l’opposition et de la contradiction, glisser vers une civilisation dans laquelle l’image semble prendre toujours plus d’importance, parce que, je le répète, l’image m’apparaît menaçante par le fait qu’elle n’est pas porteuse de sa propre contradiction. On peut donc se demander dans quelle mesure une culture dans laquelle l’image serait maîtresse et régnante, ne déterminerait pas à terme, et lentement, une modification de la structure mentale qui peut être la nôtre. »

Il ne servirait à rien de continuer à citer ces Rencontres Internationales, on pourrait encore le faire des pages entières tellement elles sont riches en questions autour des médias de masse. Ce que l’on peut remarquer par contre, c’est que beaucoup de ces questions, alors attachées à la télévision, à la radio et au cinéma, sont restées sans réponse, écartées face au pouvoir des médias. Aujourd’hui, ces mêmes questions se posent à nouveau, pour d’autres médias, justement parce qu’elles n’ont pas été assez discutées à l’époque. Peut-être que si nous avions répondu à ces questions à l’époque, certains dérapages actuels n’auraient pas eu lieu. Qui sait ? Espérons que le débat actuel permettra d’y répondre, et terminons par cette phrase de Georges Duhamel : « Ainsi la machine s’élevant vers l’homme, et l’homme descendant vers la machine, un nouvel ordre se trouvera finalement institué dont nos pires cauchemars peuvent nous donner quelques fugitives images. »

 
 
Yves Patte
 

Toutes les citations proviennent de « La culture est-elle en péril ? Débats sur ses moyens de diffusion : presse, cinéma, radio, télévision », Texte des conférences et des entretiens organisés par les Rencontres Internationales de Genève, 1955.

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> La culture est-elle en péril ?
15 juillet 2004, message de Alex
 

Bonjour,

Un article très intéressant, vraiment, qui montre clairement que le débat n’est pas neuf. Une des citations du texte me frappe. Je voudrais juste y mettre l’emphase car je partage l’idée. Oui, les hommes se rapprochent et l’étranger nous devient plus familier. Les consciences et les cerveaux se rapprochent. Je crois que c’est le signe caractéristique de la prochaine évolution de l’humanité. Notre moitié spirituelle (que l’on pourrait opposer à l’instinctive) est de plus en plus sollicité et en pleine expression. Bref, mon sentiment est très positif par rapport à cette compression des consciences vers une conscience collective plus dense. Nous y gagnerons la conscience de l’espèce, ce qui peut-être nous permettra de diminuer les conflits internes.

Certes, cela ne change en rien la responsabilité individuelle à savoir que l’on peut tant faire le bien que le mal avec un nouvel outil. Globalement, je sens un bénéfice dans le fait que l’humain sache ce qui est en train de se passer à des milliers de kilomètres et notamment, il peut mesurer la souffrance que des humains infligent à d’autres êtres humains. Soit, mesurer la bêtise de notre espèce (un lien peut être tiré vers les problèmes environnementaux aussi).

Voilà. Je conseille de lire Teilhard de Chardin "La place de l’homme dans la nature", un vieux livre écrit après la IIGM.

Bonne journée à tous !

Alex.

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> La culture est-elle en péril ?
15 octobre 2002, message de Marko Tasic
 

C’est un débat fort intéressant,que j’aurais l’occasion de disserté plus tard...mais j’aimerais savoir votre opinion,dans quelle mesure peut-on affirmer l’existence d’une culture européenne ?
je vous remercie d’avance de votre point de vue sur cette question d’actualité...
Veuillez me répondre à mon E-mail,merci d’avance !

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Ça va pas la tête les gars ?
4 avril 2001, message de Grosse Fatigue
 

Qu’on veuille bien me pardonner la chose, mais je ne disais en rien que le texte ici était plein de conneries. Je disais juste qu’un peu de recul sur la culture en général, ça fait un bien fou. Je me suis mal aixxxxprimaaiiiiiiii !

L’apport d’Elias est ainsi important : il souligne que ce concept de culture est plus vaste qu’il n’y paraît, et relativise les paranoïas liées à une "disparition" de la culture... Même si parfois celles-ci sont largement justifiées, et que l’on remplace un peu facilement les trompettistes par des scratcheurs de vinyles à la con.... Une certaine culture est effectivement écrasée sous la tendance du "tout culture", et rien n’empêche de le dire, surtout pas quand on est de gauche.

Pour les commentaires sur mon aigreur, aucune inquiétude. Je ne me sens pas particulièrement aigri. Je trouve juste qu’Uzine, à force de se prôner en champion de la transparence, ne l’est pas tant que ça, et qu’un certain chroniqueur a la chance de transformer assez facilement le "c" du terme en "g", ne vous en déplaise... Il peut donc être publié facilement sur ce site merveilleux, tant mieux pour lui....

Quant à ceux qui n’aiment pas mon style, là encore, c’est sans importance. La preuve en est que chacun, ici-même, fait du style ou en a un, et qu’aucun n’a pu échapper à ce tic qui lui donne une personnalité écrite. De là à dire qu’un style, forme superficielle de la personnalité, masque finalement la vacuité d’une pensée nulle, rigolons en trinquant devant tant d’outrecuidance... Car dans mon cas, c’est faux, vu que, plus profond, connais pas...

With love,

 
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Une référence
3 avril 2001, message de Grosse Fatigue
 

A propos de culture, il faut absolument lire Norbert Elias, "La civilisation des moeurs".

On y apprend des choses, on se pose des questions...

On dit moins de conneries après..

 
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> Une référence, 3 avril 2001

Gf, c’est pas pacque t’es faché avec Uzine après avoir proposé des articles a coté du sujet qu’il faut injurier les nouveaux rédacteurs.
Que tu écrives dans sur tes sites ton avis sur celui ci ok. Mais si ça te plait pas t’as qu’a pas y venir. Ou alors, joue le jeu, écrit des articles argumentés, et critique de manière constructive.
On aime bien c’que tu fais, on aime beaucoup ce que tu fais chez toi. Mais tu sais quoi : je me demande si t’es pas en train de chopper la grosse tete ?

 
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> Une référence, 3 avril 2001

Disons que, dans le texte que tu cites, il n’y a que du vide, comme dans toute
la prose de GF. Ce qui compte chez lui c’est le style, la belle parole, qu’elle
soit poétique ou vaguement (très vaguement, c’est pas son fort) pamphlétaire.
Jamais vu une idée intéressante dans un texte de GF...

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Gros Fat ? these/antithese (pas de synthese, il se fait tard), calvz, 4 avril 2001

L’interessant, chez GF, il faut aller le chercher, se l’imaginer, savoir le percevoir ou peut-etre l’inventer parfois la ou lui-meme ne l’a pas mis...et c’est ca qui est bien. Ca change des textes fermes, avec un debut et une fin, et pas de portes vers soi-meme...

Ah oui, pas de numeros pour ne pas se perdre, pas de clairs arguments marteles guidant vers la Lumiere...Angoisse. Pas habituel. Joli style, donc pas de fond ; vide total pour certains.

Moi je dis : les pauvres.

calvz

PS : evidemment, quand les premieres critiques coincident avec de regrettables refus de publication, d’aucuns s’estiment en droit de subodorer...une legere aigreur. Ca peut arriver. La solution ? Un comprime de Rennie(TM) avant chaque repas, et apprendre a rester cool et decontracte en toutes circonstances (ma philosophie de vie).

Répondre
> Gros Fat ? these/antithese (pas de synthese, il se fait tard), 4 avril 2001

N’exagérons pas, vous deux... entre les diatribes anti-techno, la nostalgie de la photo
"à la papa" et la critique tous azimuts des start-upeux/marketingeux/et autres "eux",
il y a tout un discours de GF, avec des idées, et beaucoup plus clos/reclus que tu ne le
penses, Calvz... On pourrait considérer que c’est une espèce de gauchisme élitiste
et fiérot à l’ancienne mâtiné de neurasthénie fin de siècle, le tout ripoliné façon
"très grosses chevilles".

allez a+

Hubert.

PS : pour les critiques, oui, tu as raison... c’est marrant comme, moins bien
écrites que les petits textes de son site, elles permettent du coup de saisir
beaucoup mieux le personnage - sous des atours moins angéliques, of course.

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> Une référence, Vandale, 4 avril 2001

On peut dire qu’il en prend pour son grade, le GF. Et c’est justifié. Proposer une référence de
lecture solide, rappeler ainsi subrepticement que pour penser rien ne remplacera la lecture
d’un bon classique, c’est faire la leçon au bas peuple de l’internet, c’est refuser de s’incliner
devant la démocratie d’opinion, c’est vouloir péter plus haut que son cul. C’est mépriser ceux qui
croient que "savoir que", c’est la même chose que "savoir". C’est insulter la génération Casimir.
C’est brûler cet internet qui est un peu notre cordon ombilical : mieux, notre terre promise,
depuis qu’on nous répète qu’on est des cyber-résistants.

C’est sûr, il a la grosse tête, le GF.

Passe encore qu’il nous fasse la leçon en nous invitant à débrancher nos écrans pour lire.
Mais, en plus, il nous abreuve de textes un peu vides, un peu plats, de véritables déserts
intellectuels au lieu de nous asséner un prêt-à-penser en dix leçons, un manuel pour bobo
pressé ou pour webmaster start-upisé. On s’en fout des tomates qui poussent dans son jardin,
de ses attendrissements de jeune père ou de ses aigreurs d’enseignant. On s’en bat l’oeil de
ses prétentions littéraires ; de toutes façons, après Stephen King, que peut-on écrire d’autre ?

Non, ce qu’on aimerait, c’est que GF nous résume Bourdieu en 3 textes et nous dise que le web
citoyen va faire de nous des cyber-résistants. Bref, du rapide et de quoi conforter nos préjugés.

Je propose donc demain une journée sans GF. Après la fête de l’internet, la journée sans achat, les
cyber-pétitions depuis son fauteuil, le boycott une journée du site de GF. Voilà un acte citoyen.
Il va enfin arrêter d’occuper l’espace et ceux qui ont quelque chose à dire, les courageux anonymes
des forums d’Uzine vont enfin avoir le champ libre pour nous apprendre à penser. A bien penser.

Vivement demain : l’avenir s’annonce radieux !

Vandale

 
Répondre
> Une référence, 4 avril 2001

Vous dites :

"Et c’est justifié.
Proposer une référence de lecture solide, rappeler ainsi subrepticement
que pour penser rien ne remplacera la lecture d’un bon classique, c’est
faire la leçon au bas peuple de l’internet, c’est refuser de s’incliner
devant la démocratie d’opinion, c’est vouloir péter plus haut que son
cul. "

Est-ce que c’est comme ça que vos "classiques" vous ont appris à penser ?
Ou est-ce que vous ne faites que dans l’indignation facile qui aime
s’écouter parler - avec des accents d’ironie supérieure pour bien
montrer de quel bois intellectuel vous vous chauffez ?

"On s’en bat l’oeil de ses prétentions littéraires ; de toutes
façons, après Stephen King, que peut-on écrire d’autre ?"

Ma parole, vous faites mieux que Philippe Val et tous les éditorialistes
réunis !

Bien à vous

Hubert.

Répondre
> Une référence, Vandale, 5 avril 2001

A critique facile, indignation facile... J’ai en fait été réellement surpris qu’on tombe ainsi
sur le râble de quelqu’un qui n’a fait que proposer une bonne référence à lire. Au lieu
éventuellement de discuter cette référence, on a fait comme si le fait de proposer une
lecture ( et donc de montrer qu’on a, c’est vrai, un peu lu) se réduisait à donner une
leçon aux autres.

Pour le reste, vous avez raison : les livres ne servent pas à penser. Ce ne sont que
des juxtapositions de mots. On se demande à quoi ils servent d’ailleurs, les livres...
Comme vous, j’ai appris à penser tout seul, en faisant table rase du passé : c’est pas
toujours facile car il faut rédémontrer soi-même que la terre tourne autour du soleil,
que la société ouverte a ses ennemis et qu’il nous faut gérer la banalité du mal. Long
travail, avec des résultats pas garantis, il suffit de me lire...

Quant à la comparaison avec Val, vous n’êtes pas le premier : Françoise Giroud m’en
parlait encore hier. Il va falloir que je me soigne...

Sans rancune

Vandale, sur le chemin de la repentance

 
Répondre
> Une référence, 5 avril 2001

Mon cher Vandale,

Vous dites :

"
Pour le reste, vous avez raison : les livres ne servent pas à penser.
Ce ne sont que des juxtapositions de mots. On se demande à quoi ils
servent d’ailleurs, les livres... Comme vous, j’ai appris à penser tout
seul, en faisant table rase du passé : c’est pas toujours facile car il
faut rédémontrer soi-même que la terre tourne autour du soleil,
que la société ouverte a ses ennemis et qu’il nous faut gérer la
banalité du mal. Long travail, avec des résultats pas garantis, il
suffit de me lire..."

Quand apprendrez-vous / accepterez-vous la nuance ? Je vous reproche votre sortie
définitive sur "les classiques, meilleur moyen d’apprendre à
penser", vous me répondez cette fadaise ironique... Vous êtes
désespérant.

Hubert.

Répondre
consterné..., pierric, 3 mai 2002

juste un petit message du petit étudiant que je suis pour donner mon avis, qui ne vaut sûrement pas grand chose par rapport à toutes vos phrases complexes remplies de mots compliqués dont vous avez l’air très fier...
tout d’abord, je n’ai pas réussi à lire jusqu’au bout les nombreuses réponses au message de Grosse Fatigue, car je commence sincèrement à saturer. Tant d’intolérance font peur à voir, surtout sur un site que j’ai toujours considéré comme un lieu de partage d’opinions, sans rejet des "incompris"... apparemment je me suis trompé et j’en suis très déçu, vous semblez -à votre manière- aussi intolérant qu’un gros fascho bien connu, et je trouve que vous devriez regarder un peu autre chose que ce en quoi vous croyez... je ne vois pas quel est le problème : Mr Grosse Fatigue écrit des choses qui lui plaisent et qu’il veut faire partager (tout comme vous voulez faire partager ce que vous pensez de lui apparemment), et je ne vois pas en quoi vous vous permettez de lui dire que c’est de la merde, et que vous savez mieux que tout le monde ce qui est de la prose et n’en est pas, ce qui est "beau" ou pas, ce qui a du sens ou pas...
voilà, je pense bien que mon avis n’a pas beaucoup de valeur au beau milieu de tous ces intellectuels qui sont conscients de leur supériorité, mais je tenait à dire ce que je pensais, tant ce que j’ai lu pue la haine et l’intolérance, sur un site (je me répète je le sais...) qui devrait être une vitrine du web TOLERANT.

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c’est quoi la culture ?
2 avril 2001, message de L’idiot du village global
 

Hi,
Tes sources sont proprement hallucinantes, surtout le premier passage que tu cites : on croirait entendre un discours sur le reseau....

Toutefois, une question qui me turlupine a chaque fois qu’on me parle de "menaces sur la culture", qu’est ce que c’est que cette satanee culture ?
Encore, si je lisais Culture, je me dirais qu’on parle de la culture officielle et ma comprehension en serait simplifiee. Si on me parlais de culture americaine, europeenne, magrebhine ou encore martienne...je comprendrais de quoi on parle...
Mais non ! Le concept de culture que tu utilises dans cette article, je capte pas !

Si quelqu’un par ici pouvait eclairer ma lanterne, je me coucherai moins con ce soir et je serais bien content.

Répondre
> c’est quoi la culture ? , Yves Patte, 3 avril 2001

La question que tu poses renvoie directement à ce que j’ai voulu montrer : tant à l’époque de ces Rencontres Internationales de Genève, qu’aujourd’hui, le terme de culture est relativement flou dans les débats. Quand on parle d’ouverture à la culture ou de culture pour tous (aujourd’hui concernant le réseau), est-ce qu’on parle des autres cultures (au sens ethnologique) ou alors de la culture « savante » ou d’ « élite » au sens d’une éducation du peuple via les médias ?
Par ailleurs, la culture évolue, mais les débats autour de sa diffusion sont toujours les mêmes, ce qui est assez intéressant. Je me suis limité à quelques exemples, mais j’aurai pu retranscrire tout l’ouvrage. En 1955, ils parlaient des comics comme d’une déchéance et d’une perversité, ils expliquaient le danger que le cinéma remplace le théâtre, etc… En fait, ce qu’on voit, c’est un conflit très ancien entre culture populaire et culture d’élite, et ça, c’est toujours le cas aujourd’hui…

Yves Patte

 
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> c’est quoi la culture ? , severino, 3 avril 2001

Merci pour cet article... Comme quoi avant les gourous du net, il y avait ceux de la radio :-)

Chaque nouveauté technologique entraine son lot de débats, de craintes, d’optimiste, de catastrophisme. Nos corps allaient-t-ils supporter la vitesse du train ? Le télégraphe permettra à tout le monde de communiquer avec tout le monde, ça va tout changer ! Voilà qui permet de relativiser certains des discours actuelles sur la société de l’information, en tout premier lieu ceux de la pub, des sociologues, et des "futurologues"...

Il est probable que comme toujours la nouveauté soit absorbée sans que les nouvelles générations ne réalisent ce que cela a pu changer (comme nous avec la télévision). Cela ne veut dire que ça ne va rien changer non plus. Et les discours sur le télégraphe, la radio-amateur, ou ceux que tu retranscris dans ton article comporte une part de pertinence.

Il me semble parfois que les des moyens techniques de transmettre l’information ne fait que se développer lentement depuis des millénaires. La marche à pied et les rencontres, le langage, l’art, la religion, l’écriture, l’argile, le parchemin, la navigation, les routes, la roue, l’imprimerie, la poste, le train, le télégraphe, la voiture, le téléphone, l’avion, la radio, la télévision, par cable, par sattelite, le téléphone portable, l’informatique, le net.

L’imprimerie qui permettait de faire autant de fois que voulu un même bouquin annonçait cependant une rupture technologique : les livres désormais beaucoup moins coûteux ont permis la diffusion massive de la Bible en Europe... facteur important parait-il dans l’émergence du protestantisme. Mais surtout un seul "original" peut-être la source de plein d’autre.

L’autre grande rupture c’est l’invention du télégraphe et de la radio : désormais on fait passer les informations dans les airs et dans des fils. Cette désincarnation de l’information est à l’origine de l’accélération de la "communication", et internet en est l’aboutissement (ahma, mais moi, je ne suis pas un visionnaire :-). Ainsi ce que certains disaient du télégraphe au XIXème siècle parait beaucoup plus pertinent si l’on comprend que le télégraphe était pour eux synonyme de ce qu’il allait devenir bien plus tard : internet.

Bref, peut-être, peut-être que, tout comme des tas d’inventions ont eu des conséquences importantes sur la société (à moins que ce ne soit l’inverse, mais ne chipotons pas), -exemple au hasard, les antibiotiques, la pilule contraceptive, et la télévision- ... Internet et les autres réseaux informatiques ont et auront des conséquences également significatives.

Et, peut-être, peut-être que, au fil des découvertes technologiques, au fil de l’évolution des pratiques des utilisateurs, internet représente à la fois une mutation quantitative et qualitative du système... et que l’on aurait tort de sous-estimer au prétexte que "ce coup-ci on ne nous la fait plus, ils disaient déjà ça il y a un siècle avec le télégraphe !" Evidemment, vu que l’on s’adapte(ra) au fur et au mesur, ça paraît(ra) moins fun qu’un feuilleton de star-trek :-) La preuve, vous êtes déjà tous blasé par le téléphone portable, alors que c’est trop mortel comme gadget :-)

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