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> Jeu de Go et Internet
20 octobre 2003,
message de Guillaume
J’aime bien l’idée d’user de parabole, de métaphore pour appréhender un phénomène complexe. Parler ici de modèle (au sens que l’on retient en économie par exemple) me paraît exagéré : où sont les hypothèses du modèle, son cadre d’application, ses résultats ? Si l’on s’en tient ici plus modestement à une métaphore ou une analogie, je pense qu’il est alors indispensable de poser clairement les analogies qui justifient son recours. Ce qui est fait. Considérons donc quelques uns de ces éléments caractéristiques du go : * Le jeu de go se joue à deux : * Les joueurs se partagent l’espace du go-ban : * Les joueurs utilisent des pierres noires et blanches qu’ils posent sur des intersections : * Ces pierres, connectées entre elles forment des groupes : Pour finir une réflexion personnelle sur le recours au go comme "modèle" ou analogie. Je pense que tout joueur de go l’a envisagé au moins une fois, cela semble tellement évident. Les analogies qui viennent à l’esprit sont nombreuses : stratégie militaire, d’entreprise, géopolitique, etc ... Car se posent alors des questions insolubles :
C’est pourquoi je suis particulièrement perplexe face à l’appellation de "modèle". Jusqu’à avoir vu une telle partie, je réfute ce concept, car je pense que l’on ne peut pas modéliser une situation concrète sur le go-ban. Toutefois, je suis intimement persuadé que la connaissance du go permet d’appréhender certaines situations (et pourquoi pas l’affrontement pouvoir / contre pouvoir sur internet) grâce à un certain nombre de concepts, d’heuristiques implicites et explicites développées par les joueurs.
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Tenuki,
Lirresponsable,
21 octobre 2003
Salut, Tu as entièrement raison sur l’opposition entre modèle (explicatif) et analogie (équivalence de rapports), c’est pourquoi dans l’article, le go-ban est l’analogon, plus que le modèle au sens habituel précis (modélisation) ; il est question ici de modèle et d’image avec des relations de ressemblances.
C’est la finalité de l’article, le ce en vue de quoi il est écrit. La somme d’actions entreprises par des acteurs disparates est l’équivalent des différents groupes (de pions), qui occupent des portions de territoire. La différence réside bien sûr dans le fait, qu’au Go, les pions des groupes se soutenant sont de la même couleur, et qu’il n’y a que deux joueurs.
Les pions ne sont pas les joueurs ! ;)
L’analogie se développe sur plusieurs niveaux, par exemple :
Du point de vue matériel, si groupe = réseaux d’ordinateurs, alors on a une portion du territoire (intranet) puis l’ensemble des réseaux (go-ban inachevé), l’angle du contenu, si groupe = réseaux d’informations (syndication, liens, webring, annuaire), alors on a un groupe de pions qui forme un tout relativement autonome (unité de sens et d’action), enfin la dimension personnelle (groupe d’individus, de joueurs). La notion d’encerclement d’un groupe, consiste à reduire les libertés des pions qui forment un groupe (une chaîne ennemie). Et de manière prospective : éroder, éviter des jonctions entre groupes et chasser les zones d’influences à partir d’un territoire occupé par un groupe (un mur). Analogiquement, réduire la liberté c’est par exemple la page d’accueil du navigateur configurée par défaut par le FAI, qui envoie vers son propre réseau de partenaires (cloture informative). En restant avec les FAI, c’est le banissement de certains newsgroups, le filtrage de plages d’IP par des sites. A un autre niveau, c’est un choix particulier de logiciels (propriétaires) qui limite le format de traitement de l’information, par exemple lecteur (plugin gratuit) /éditeur (payant) flash, la protection anticopie (limite à la diffusion).
Le Réseau est composé de réseaux, qui n’ont pas véritablement de coins. Cependant, il y a des points qui ont une valeur particulière : les noeuds, les backbones, les routeurs, les services de DNS, et donc of course L’ICANN qui a comme mission de « coordonner les différents éléments techniques de l’Internet de manière à préserver la connectivité universelle au Réseau des Réseaux ». Pour la liste des membres de la gouvernance, sur le même site, les organismes. Pour le référencement des sites, l’accès à l’information, les moteurs de recherches sont plus ou moins importants (des points de passage). Les sites à forte fréquentation peuvent être eux-aussi vus comme points importants (hoshi)
Oui, à moins de considérer que les situations concrètes ne sont que des illustrations, des images du modèle abstrait. Elles gagnent des déterminations qui les identifient et les spécialisent (telle situtation particulière dans tel lieu dans telles circonstances) et perdent donc en généralité, de telle sorte qu’elles deviennent par nature inapplicables au modèle. C’est pourquoi ici le "modèle" ne peut pas coller directement à la situation, être une description superposable directement. Il est plutôt le moyen de comprendre la situation, l’arrière fond avec une isomorphie de structure à penser. Ce que relève Concept_Tribal dans son message. La question est alors de savoir si le "modèle" est abstrait au sens de construit, tiré d’une généralisation des situations particulières seules existantes, ou bien s’il est au contraire le plus réel, la variété des applications n’étant alors saisissable qu’analogiquement puisque chaque situation est déterminée et donc particulière. Le modèle comme modélisation, type composé d’éléments variables, ce serait par exemple un Visage = (yeux, front, sourcils, nez, lèvres, oreilles, etc.). Le découpage d’éléments est utile afin d’établir un moule composé de variables, en vue d’identifier quelqu’un, tracer un portait robot qui correspond au visage réel. Mais ici, on est bien d’accord, c’est un non-sens. On retrouve ce problème avec les livres de stratégie : penser la Guerre en tant qu’art, analyser des batailles et livrer bataille. Il n’y a pas de plan a priori pour gagner à coup sûr telle bataille, mais une lecture stratégique de la situation qui anticipe l’événement en train de se produire et finalise le potentiel à son profit ; plus l’oeil est exercé, plus il perçoit en amont. (Sur la critique du pli théorie-pratique et du rôle du modèle en Occident, comparés à la tradition chinoise, cf. François Julien, Traité de l’efficacité, Grasset, 1996, ; biblio/essais, livre de poche 4292).) a+ |
> Jeu de Go et Internet >Hien-shou
26 février 2002,
message de Concept_Tribal
On peut maintenant se poser deux questions d’ordres général : d’abord, ce modèle est-il ou non un outil qui aide à comprendre la dynamique de la montée du contre pouvoir ; et ensuite, peut-on ou non étendre l’application de l’analogie wei-ch’i à la stratégie internationale et insurrectionnelle et de leur disciples sur le damier mondial ? L’application wei-ch’i (jeu de Go) comme modèle analogique à l’organisation des contres pouvoirs, cette application est valable pour comprendre d’important traits généraux et pour déterminer les objectifs, que pour prédire la mise en œuvre tactique de ces objectifs !, l’emploi du wei-ch’i comme mode d’approche analytique a néanmoins une valeur heuristique de se pouvoirs… L’application du point de vue wei-ch’i à la stratégie des pouvoirs / contres pouvoirs passés et présente doit et ne peut qu’être partielle : tant dans sa structure que dans sa stratégie, tout jeu comporte moins de variables qu’une guerre. D’ailleurs, une « partie » simulant la complexité d’une guerre serait inutile pour mieux comprendre cette guerre. Sa complexité annulerait sa fonction de guide et de clé du phénomène social qu’est un conflit violent. Pourtant malgré les limitations de l’approche wei-ch’i, l’application des aperçus fournie par la stratégie de ce jeu à la théorie et à la pratique du contre pouvoir offre une méthodologie qui, même si elle n’est que préliminaire, permet de prendre du recul et de prévoir à l’avance la dynamique de la stratégie du contre pouvoir. Quelqu’un a raconté l’histoire de quatre souris qui habitaient une grange. Chacune était habituée à regarder à travers un trou différent du mur en bois de la grange, les animaux domestiques abrités dans cette grange. Une de ces souris ne voyait que le flanc de la vache ; une autre son devant ; la troisième son derrière ; et la quatrième son dos. Ces différentes perspectives provoquaient d’interminables discussions des quatre souris, chacune proclamait que son propre point de vue était le seul à offrir une description correcte de ce dont une vache pouvait avoir l’air. |
> Le go inspiration pour quelques maitres de l’écriture
10 janvier 2001,
message de Laurent
Pour ceux qui s’intéressent au go et aux lettres, une charmante curiosité : le "Petit traité invitant à la découverte de l’art subtil du go" par Jacques Roubaud, Georges Perec et Pierre Lusson chez Bourgois (1986). Il n’y a probablement pas de meilleure initiation au go que ce court traité littéraire, drole et passionant ! Laurent |
> Jeu de Go et Internet
8 janvier 2001,
message de Bidet Casserole
J’aime bien cette idée-là 1/ Bien qu’il soit toujours plus agréable de critiquer, je crois qu’il y a pas mal d’intéressantes analogies dans ce parallèle, le go étant une représentation du réel assez élaborée, il parait logique que des situations réelles puissent y trouver des échos. Qu’on puisse y trouver matière à modéliser le fonctionnement de l’internet semble fonctionner : absence de centre, absence de hiérarchie, si ça ne passe pas à droite, je vais à gauche (le re-routage est central dans la démarche du joueur de go, savoir réviser totalement sa stratégie face à l’évolution constante de l’environnement). Il y a peut-être une analogie qui mérite une adaptation des règles, pour survivre sur internet, 2 yeux ne suffisent pas, il en faut 3 :
2/ L’univers de l’entreprise étudie beaucoup les analogies avec le jeu de Go et pas mal de boîtes organisent des stages pour aider leurs cadres à analyser la compétition économique en termes de Go. 3/ Il y a un truc que je ne m’explique pas, c’est pourquoi l’entreprise la plus puissante de ce début de l’ère internet, Micromou, continue de jouer aux échecs. Les problèmes que rencontre cette maison sont d’ailleurs liés à cette vision stratégique : aux échecs, la finalité est de tuer l’adversaire, au go, il suffit de faire mieux que lui. 4/ On en parle autour d’un go-ban ? (un vrai, pas IGS… et si ça se trouve on se connaît déjà) |