Aujourd’hui, il y a beaucoup mieux que les agrégateurs de contenus : le Textepress, nouvelle « killer-application », vous envoie directement dans votre boîte aux lettres, gratuitement et sans la moindre publicité, le texte complet des articles qui vous intéressent.
Depuis le mois de mai dernier, je reçois quotidiennement dans ma boîte aux lettres des courriers électroniques d’un genre un peu particulier : des articles de presse qui me sont personnellement envoyés. Joliment mis en forme, au format texte, sans la moindre publicité.
Le mercredi matin, c’est Alain Rémond, l’indispensable chroniqueur de Télérama, qui m’écrit. Et qui m’envoie, en toute simplicité, sa dernière chronique télé. Le jeudi, je suis carrément gâté : je reçois des courriers de Delfeil de Ton, François Reynaert et Jean-Claude Guillebaud, qui me font tous les trois profiter de leur chronique en m’évitant d’acheter Le Nouvel Obs.
Les quotidiens m’écrivent, eux aussi. L’après-midi, Christian Colombani me fait discrètement parvenir sa colonne « En vue » publiée dans le Monde du jour ; quelques instants plus tard, Pierre Georges fait de même avec sa chronique. Le matin, j’ai évidemment le droit à Libé, mais avec un traitement assez particulier : il suffit de choisir ses journalistes préférés, ou encore telle ou telle rubrique, et on y est aussitôt abonné. Genre : « LEFORT MARCELLE Médias Internet ». Plus subtil : « Rebonds -DUHAMEL » vous envoie chaque jour les tribunes de Libé en vous épargnant toutefois le plus éprouvant éditorialiste de la presse française.
On l’aura compris, ces sympathiques courriers ne me sont pas réellement envoyés par leurs auteurs, mais par un robot qui usurpe grossièrement leur identité. Quel est ce robot ? Un programme informatique tournant sur ma machine, une sorte de navigateur un peu particulier qui va piocher sur les sites de presse en ligne les articles susceptibles de m’intéresser et me les envoie par courrier électronique après les avoir remis en forme : l’idéal, pour le lecteur.
Le principe s’applique sans difficulté à toutes les sources d’informations. Wired, Salon Magazine, Transfert, Le Journal du Net, la météo marine... Chaque source se résume à deux ou trois URLs et quelques expressions régulières, au moyen desquelles le robot est capable de « pêcher » et de transformer les pages désirées. L’idée m’était venue en programmant le robot qui allait pouvoir réactualiser chaque heure, automatiquement, la sélection d’articles du Portail des copains : il était relativement simple de l’adapter pour qu’il soit capable non plus seulement d’afficher les liens, mais également d’envoyer le texte complet de l’article sélectionné.
J’entends déjà marmonner que c’est un scandale, que c’est absolument illégal, et que la charte du Geste n’est pas faite pour les chiens (même si, sur Internet, personne ne sait que vous êtes un chien). Et pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, le procédé est parfaitement légal. Un peu immoral, certes (les sites ainsi visités ne perçoivent pas un seul centime, puisque les bandeaux de publicité sont court-circuités), mais parfaitement légal. Dans la mesure - le détail a son importance - où le robot Textepress est exécuté par vous-même, sur votre machine.
Les sites de presse accordent en effet, à chaque visiteur, une « licence d’utilisation personnelle » l’autorisant à consulter, et éventuellement à stocker pour son usage privé, une copie unique des textes publiés sur son site. Vous pouvez ainsi, avec votre navigateur Netscape ou Explorer, consulter un article de Libé et le sauver sur votre disque dur pour votre usage privé. C’est cette même licence d’utilisation personnelle qui autorise la collecte personnelle de contenus : votre robot Textepress n’est autre qu’un navigateur d’un type un peu particulier, exécuté par vous. Et d’un point de vue juridique, un programme lancé par vous, c’est vous : ce programme, qui vient sur tel ou tel site de presse acquérir une copie privée de tel ou tel article, entre dans le cadre de la licence d’utilisation personnelle.
La limite de ce système, c’est naturellement la notion d’utilisation personnelle. Tant que ce programme modeste et génial tournant sur une machine donnée n’envoie les chroniques qu’à son propriétaire, il est légal. Si j’abonne (c’est si simple, et si tentant !) une tierce personne à la chronique d’Alain Rémond, je tombe dans l’illégalité. Mais il suffit d’installer ledit programme sur la machine de la tierce personne pour qu’elle puisse à son tour en profiter en toute légalité. La solution imparable ? Un serveur sur lequel vous choisissez les chroniques qui vous intéressent et qui place ensuite, sur votre machine, le robot Textepress approprié.
Imparable, parce qu’on ne peut pas lui opposer les parades qui peuvent permettre à un éditeur de se protéger des agrégateurs de contenus (lire Les risques du métier). Les robots des agrégateurs de contenus sont aisément repérables : ils peuvent être bloqués si l’éditeur le souhaite. Ici, c’est la machine de Monsieur Toutlemonde qui vient juste piocher un ou deux articles. Et le robot, menteur comme un robot, peut très bien se faire passer pour un navigateur Internet Explorer (en mettant à profit l’option "-useragent" de l’utilitaire Lynx, par exemple).
Pour le moment, le programme en question ne tourne que sous Unix. (Il fait moins de 10 lignes. Que je sois transformé en Jeremi Berrebi si je mens). Pour que chacun puisse en profiter, il ne reste plus qu’à écrire sa version Windows... hélas, ce qui s’exprime simplement en quelques lignes sous Unix demande parfois des milliers de lignes de code pour tourner sous Windows.
En attendant, voici quelques exemples de Textepress à installer soi-même sous Unix. Le premier prérequis est de disposer d’un compte Unix avec l’utilitaire Lynx et de pouvoir modifier sa crontab. Le second prérequis est de connaître suffisamment Unix pour comprendre ce que je raconte... Tout d’abord, prenez le fichier filtre.awk. Il sera utilisé par plusieurs robots. Ensuite, installez le robot qui vous intéresse : celui-ci vous envoie au choix les chroniques de Christian Colombani ou de Pierre Georges, celui-là vous envoie au choix Delfeil de Ton ou François Reynaert. Dans tous les cas, pour recevoir ensuite régulièrement ces chroniques, il suffit d’appeler ces programmes au moment voulu dans votre crontab. Un jeu d’enfant !