Dans les épiques batailles contre les nains et les géants, qu’il est bon de pouvoir compter sur les vrais amis. Prêts à tout sacrifier pour venir en aide et secourir ceux qu’ils aiment, malgré l’inconfort, les difficultés, et alors que beaucoup sombreraient dans la lâcheté facile des rentes de situation. Aussi, qu’il me soit permis de rendre ici un vibrant hommage à mon ami Pierrot, ce héraut un peu fou.
Voyez ce qu’un brave ose écrire à la face du monde et de ses confrères :
« En qualifiant l’Internet, vigoureusement (parce que, pour se faire entendre quand on est petit dans le monde ultralibéral, il faut parler avec vigueur), de « Kommandantur du monde ultralibéral », « M. Val », ainsi que l’appelle en se pinçant le nez un respectable confrère du soir, s’est attiré sur www.minirezo.net la réplique vigoureuse itou de ceux qui professent que « le réseau est un espace de liberté ».
Magnifique synthèse, qu’on ne pouvait rêver plus juste : d’un côté le discours médiatique sur les pédonazis ultralibérautaires ™, de l’autre la profession de foi de la liberté d’expression. Et ce n’est pas tout. Pierrot note bien l’origine du discours médiatique : le monde est ultralibéral. Peut-on défendre directement dans un quotidien soumis au poids des annonceurs et des connivences médiatiques la liberté d’expression ? Bien sûr que non ! Que fallait-il attendre d’un autocrate en co-branding si ce n’est le cri vigoureux des intérêts des maîtres ? Heureusement, d’autres ne manquent pas de vigueur. Merci Pierrot !
« En demandant : alors, le Net, y aller, ou pas ? (Et à quel prix ?), Val a mis le doigt sur le truc qui secoue tous les médias. A cette question, quelqu’un est-il en mesure de répondre ? Non, bien sûr. Personne (voir pages éco).Et surtout pas nous (...) »
Et oui, il fallait le souligner, au lieu de répondre sur l’apparition de la publicité dans son journal, Philippe Val détourne la question et s’enferme dans les problématiques du milieu (Internet : y aller ou pas ?). A cette question, nous sommes plusieurs millions à avoir déjà répondu ! Finesse de l’allusion de Pierrot qui dénie rhétoriquement le fait d’apporter une réponse (surtout pas nous) et signale dans sa parenthèse la nature véritable du problème (économique).
« (...) même après avoir lu attentivement - non sans avoir été ébranlé par - les arguments des contradicteurs de Val, dont il nous semble pourtant, malgré l’instinctive sympathie que leur alternatif projet nous inspire, ils usent du Net de la même manière que tous les « tarés, maniaques, mégalomanes, paranoïaques, nazis, fanatiques, délateurs » qui irritent si légitimement Val. Ou, plus exactement, que tous ceux-là usent du Net aussi librement (voir pages Internet) que les respectables contradicteurs de Val. »
Et oui, le seul point commun entre les pédonazis et les contradicteurs de Val est qu’ils utilisent Internet. Bien vu ! De plus les respectables contradicteurs ont des arguments qui ébranlent, et Val...des irritations. Un peu méchant là, le Pierrot quand même avec son confrère du mercredi.
« L’expérience que nous avons de cet « outil de liberté », et la défiance naturelle à laquelle ses dysfonctionnements nous contraignent, nous font hélas ! constater que les tarés, etc., s’y découvrent majoritaires dans des proportions vertigineuses »
Art parfaitement maîtrisé de l’antiphrase et de la litote (sacré Pierrot)et souffle comique en même temps, quel talent ! On a une expérience majoritaire vertigineuse de la minorité naturelle des tarés. Mais Pierrot ne s’arrête pas là, il pousse la bouffonnerenie encore plus loin afin de décrédibiliser les propos de Val :
« A s’y promener, on vérifie vite qu’il y a sur la Toile plus de cons et de salauds que d’honnêtes gens ; »
En se promenant, on vérifie (mais vite)qu’il y a une majorité de cons. Normal, Charlie n’a pas de site web comme rappelé dans l’introduction. P. Marcelle met ici le doigt sur la relativité de l’argument de Val et sa subjectivité : la Toile est remplie de nuls puisque moi (l’excellence) je n’y suis pas. C’est bien vu !
« (...) Alors, jusqu’à éradication des malfaisants qui, sur le Web, dénaturent et modélisent la culture à leurs exclusifs profits, que Philippe Val trouve ici l’expression de mon fraternel soutien. »
Final superbe : Pierrot afin de jouer le renard dans le poulailler, feint d’accorder son soutien à son confrère (il y est en effet obligé en tant que journaliste dans son journal), mais dans le même temps indique, pour qui sait lire, quels sont les véritables dangers à éradiquer : les malfaisants qui modélisent la culture à leurs exclusifs profits, c’est à dire les médiateurs autocrates(abusant de citations), valets des multinationales de l’industrie du contenu et de leurs patrons à la télé, la radio, et dans leurs journaux. Encore une fois, merci pour ton soutien Pierrot ! On se sent moins seul. Nous nous sommes...compris.