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Contre la fatalité de Finkielkraut

Une lecture plus ou moins hérétique
par Lirresponsable
 
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L’année dernière, dans un opuscule à deux voix intitulé Internet l’inquiétante extase (Mille et une nuit, 2001), Alain Finkielkraut introduisait la notion de « fatale liberté » et se livrait à une condamnation sans appel d’Internet. Il est bon de s’y arrêter un instant afin d’étudier, en plein mois d’août alors que les cigales chantent, une figure du médiateur garant d’un certain discours politique sur la fatalité.

Les seniors de la Terre

Le début de cette conférence, organisée par la fondation du 2 mars présidée par Pierre-André Taguieff, n’est pas véritablement intéressant, mais il s’agit à l’origine d’une communication orale, ce qui nécessite donc quelques aménagements. En effet, l’auteur introduit une opposition banale entre les vieux et les jeunes, puis lui donne une extension plus classique, en quelque sorte une réactualisation assez lointaine, d’un point de vue théorique, de la reprise de la querelle des Anciens et des Modernes par Leo Strauss [1]). Puis, cette reprise se radicalise in fine dans l’opposition entre : homme des livres archaïque mais qui pense contre technophile moderniste dans le vent qui surfe, c’est-à-dire technophobe versus technolâtres.

L’extension répond à une nécessité interne de communication et à la justification de la démarche prétendument critique que s’efforce de développer l’auteur :

« Il ne tient qu’à moi, il est vrai, de faire partie de la génération Internet puisqu’elle est précisément transgénérationnelle. » (p.17)

L’opposition générationnelle (le fameux conflit de générations) entre un phénomène concernant « les jeunes » dont « les vieux » sont exclus, si de telles entités existent ailleurs que dans des discours qui les thématisent, ne peut donc être utilisée, puisque la « génération Internet » est « transgénérationnelle ». Bien. On pourra d’abord se demander qu’est-ce qu’une génération transgénérationnelle ?

Ou bien Internet est transgénérationnel, c’est-à-dire que des personnes de générations différentes utilisent Internet (ce qu’affirme l’auteur), ou bien Internet est générationnel, propre à une génération à l’exclusion d’autres (la génération Internet : celle qui utilise Internet). Dans ces conditions, pourquoi parler de « génération Internet » ?

L’argument joue en fait pour dédouaner l’auteur d’être un vieux, un « ringard » :

« J’écarte tout d’abord l’hypothèse psychologique de la paresse et celle, physiologique du vieillissement. » (p.18)

Pour quelles raisons Alain Finkielkraut n’est-il ni paresseux, ni sénile ?

« Mais il y a tant de seniors qui naviguent euphoriquement dans le cyberespace et qui, aussitôt revenus de leur premier voyage, mettent à vous convertir un zèle de tous les instants qu’il faut un effort de volonté pour ne pas vivre connecté ». (p.18)

On notera au passage le prisme religieux choisi par l’auteur (idolâtrie de la technique, zèle, conversion), qui doit faire écho à quelque culte de l’Internet, identifié a priori par le sociologue, et grands témoins à ses heures, P. Breton. Le terme « senior » provient du langage publicitaire pour éviter l’aspect péjoratif de « vieux » (et identifier un segment particulier de consommateurs).

L’argument semble valide à la condition que le senior Finkielkraut navigue dans le cyberespace. Or, précisément, ce n’est pas ce qu’affirme l’auteur, puisqu’il parle d’une multitude de seniors dont il se retranche. En résumé : je ne m’oppose pas à Internet et sa fatale liberté parce que je suis un vieux puisque des seniors naviguent. Raisonnement assez curieux. C’est probablement le sens de l’expression : Internet est transgénérationnel.

(1) des seniors naviguent
(2) des seniors ne naviguent pas
(3) des seniors s’opposent à Internet
Donc (4) ce n’est pas parce qu’il s’agit de seniors qu’ils s’opposent à Internet.

Il n’y a ici aucune inférence justifiée, mais l’exclusion d’un motif (être un senior) expliquant la position (s’opposer à Internet), par le recours à une donnée factuelle (des seniors naviguent). Et surtout l’existence dans l’ensemble des seniors de sous-ensembles n’implique pas l’inexistence de motifs psychologiques ou physiologiques (variables selon les individus).

La justification de la position de l’auteur réside ensuite dans une réduction volontaire de la nature d’Internet (ce qu’est le Réseau) au message publicitaire qui en fait la promotion :

« Les vieux et les jeunes, les collègues et les enfants, tout le monde aujourd’hui relaie l’engagement pris par France Telecom de me "faire aimer l’an 2000", c’est-à-dire le monde du multimédia. » (p. 18,19)

Une fois repéré l’effet rhétorique, associer une pratique à un message publicitaire afin de jouer sur le rejet consensuel des slogans publicitaires lénifiants, la conclusion implicite est bien sûr absurde, il ne faudrait pas aimer le multimédia, non pas à cause des qualités propres du multimédia (par exemple parce qu’il ne serait pas un objet désirable) mais parce qu’une entreprise de télécommunication communique sur ce sujet.

Cependant, le champ de la référence est bien identique : il s’agit d’opposer au discours publicitaire, un contre-discours lui aussi de nature publicitaire : confondre les usages du multimédia avec les « amoureux » du multimédia (transformer une pratique en un clan, une tribu) pour présenter ces derniers comme des enfants ou des moutons reprenant à leur compte le slogan de l’entreprise qui définit leur identité. (Or, notons au passage qu’il suffit de surfer un tout petit peu sur le web pour tomber sur nombre de publicités détournées ou slogans hostiles à France Telecom, qui n’est pas le seul opérateur et l’unique FAI).

Cette démarche de la part de l’auteur n’est sans doute pas totalement volontaire en ceci qu’elle exprime les fameuses contraintes éditoriales, parce qu’un livre à propos d’Internet profite de la communication faite à propos d’Internet pour être diffusé et vendu. Après cette réduction (Internet = les messages publicitaires à propos d’Internet), on trouve naturellement prolongeant la touche contestataire du rejet de la publicité, un développement assez consensuel sur la thématique du fichage généralisé et de Big Brother (tm) :

« Plus il y aura de prothèses, moins nous aurons de vie privée ou même de for intérieur. Chacun de nos gestes, chacune de nos pensées, chacun de nos rêves s’inscrira quelque part et sera donc un renseignement, voire un aveu. Nous aurons beau chuchoter, nous serons écoutés. Un espionnage généralisé redoublera la communication sans frontière et, en dépit de leur anarchisme flambloyant et de leur hostilité militante à toute forme de régulation, les libres enfants du numérique seront pris dans la Toile. Alors, qui sera la Grande Araignée ? Qui tirera bénéfice de cet archivage sans reste ? Moins peut-être les Etats que les entreprises, les groupes colossaux et les multinationales, pour la plupart américaines, qui possèdent les satellites, les cables et qui contrôlent le flux ? Mais cette translation n’a rien de rassurant et Big Brother peut avoir plus d’un visage. » (p.20)

Les Libres enfants du savoir numérique est une anthologie de textes publiée par les éditions de l’Eclat, dont les suivants pourtant dans le débat qui ne seront pas mentionnés par Finkielkraut :

- Utopie du plagiat, Hypertextualité et Production culturelle Electronique
par le Critical Art Ensemble
- Le manifeste GNU par Richard Stallman

Enième variation à la L.Joffrin, lui aussi grand témoin à ces heures, sur les idiots utiles du capitalisme pris dans la Toile de l’Araignée. On pourra relire sur Uzine : « La régulation était fermée de l’intérieur » et « La régulation de la régulation ».

Voici un début assez promoteur quant à la démonstration qui doit suivre, avec l’introduction de la fameuse notion de « fatale liberté ». Mais admettons, il existe des raisons théoriques distinctes des motifs psychologiques et physiologiques qui justifient la résistance à Internet. Voyons lesquelles.

Fatale Liberté

Tremblez mortels !

« L’utopie est à nos portes, le lyrisme libertaire est plus en phase avec le monde à venir que la rhétorique crépusculaire et c’est bien cela qui devrait faire peur. J’ai trouvé, en effet et à mon grand étonnement, davantage de motifs d’inquiétude dans l’aurore annoncée par les amis de l’Internet que dans les discours d’apocalypse des ennemis d’Internet. » (p.22)

Ainsi, il y a des « amis de l’Internet » et des « ennemis de l’Internet », (la preuve RSF fait un classement des pays « ennemis de l’Internet ») et il serait un peu convenu, dans ces conditions, d’avoir peur à l’écoute de l’apocalypse. Car, en vérité je vous le dis, mes frères, il faut se garder du lyrisme des libertaires et de ses amis, car Grand Péril réside dans la promesse de bien, davantage que dans la menace du mal, comme pourrait le croire un peu benoîtement le superstitieux. Une conscience éclairée perçoit la dialectique du Malin, car l’enfer est pavé de bonnes intentions. D’ailleurs, la philosophie commence avec l’étonnement (Métaphysique, A, 2, 282b10). Et « Eloigne de ton coeur l’affliction, écarte de ta chair le mal, car la jeunesse et l’aurore de la vie sont vanité. » (Qo, 11.10)

Plus sérieusement, le procédé rhétorique est amusant, outre la lourdeur de « l’utopie à nos portes » (qui menace, tel un forcené, d’entrer dans la Cité et de la dévaster, brrrr...) puisqu’il consiste à se placer en témoin neutre qui se délivre de l’immédiateté. Mouvement assez intéressant car il permet de s’attribuer une lucidité et de conférer à son affirmation l’apparence de la réflexion (mouvement second qui retourne et examine ce qui est premièrement donné). Ainsi, l’auteur n’est pas un superstitieux, un être craintif, influençable et soumis aux discours crépusculaires (l’ombre, l’ignorance, le mal), quand bien même il va en reprendre strictement tous les termes. Non, car ce dernier trouve « des motifs d’inquiétude dans l’aurore annoncée ».

Bon admettons encore, on a après tout le droit d’être inquiet, d’être marqué par le souci en tant qu’être pour la mort. Ecoutons donc le prophète qui voit le Mal dans l’annonce de la lumière du jour :

« Car ce n’est pas de la publicité mensongère que d’affirmer que l’hypermédia planétaire offre un monde toujours plus flexible et plus accessible à un individu doté du privilège de l’apesanteur, de l’ubiquité et de l’interactivité. » (p.22)

Sûrement, puisque que ce n’est pas une publicité mensongère, c’est donc vrai, CQFD. On ne voit pas très bien, à vrai dire, à quoi fait référence « l’apesanteur » en italique dans le texte. A moins d’imaginer l’internaute tel un cosmonaute ou un astronaute (ou un spationaute pour faire plaisir à M. Chrétien) libéré de la pesanteur terrestre. Rappelons que le cyberespace en tant que dispositif est physiquement soumis à la pesanteur : (les ordinateurs, serveurs, routeurs, cables ne sont pas dans la Quatrième Dimension), et que l’internaute ne risque pas de s’envoler de son siège lorsqu’il consulte ses courriels ou navigue sur ses bookmarkticiels (ou signets). Il peut boire son coca à la paille et non gober des bulles en suspension autour de lui, et d’ailleurs avoir mal au dos, des crampes dans les doigts et connaître une fatigue occulaire, que l’on peut, si on le désire, comparer à celle des cosmonautes. Il doit probablement s’agir d’une référence mystique à la décorporéisation ou de corps angélique dans une dimension non physique, à moins qu’Alain Finkielkraut ne fasse référence aux satellites de télécommunications en orbite géostationnaire (qui ne sont pour autant des internautes) ?

Toujours est-il que l’internaute, cet être de lumière annoncée (foncièrement mauvais donc) a beaucoup de privilèges, (le bougre), car il possède également un attribut divin : l’ubiquité, c’est-à-dire la possibilité d’être en même temps à plusieurs lieux différents. Comment interpréter la parole du prophète ? Imaginons un écrivain qui passe à la télévision en train de téléphoner sur son portable tout en répondant aux questions du public : on peut dire qu’il est dans les librairies (car ses livres, c’est un peu lui), dans la conversation avec son correspondant (c’est bien lui qui parle), dans tous les foyers dont la télévision est sur la chaîne où il passe (c’est bien lui à l’écran), en interaction avec le public (il répond aux questions). De là, à l’identifier à un démiurge incorporel et immanent...Mais l’auteur continue :

« Le perfectionnement des moteurs de recherches évitera les mauvaises surprises et les recontres dérangeantes : "où je veux, quand je veux, si je veux..." Telle est la devise jubilatoire des navigateurs du virtuel. Et telle sera très bientôt leur réalité.La soumission de la réalité aux représentations et aux diktats de la volonté n’est pas une liberté illusoire, mais c’est une liberté fatale en ceci qu’elle nous prive de ce qui nous échappe et nous dessaisit de l’inappropriable. Cette idée de liberté fatale m’a été suggérée, non par un philosophe, mais par un cinéaste : Fellini, mort trop tôt pour penser l’Internet, mais qui a, mieux que personne, décrit la passation des pouvoirs entre le cinéma et la télévision. » (p.23)

Ainsi la volonté de l’internaute émet des « diktats ». Le terme est connoté puisque c’est par exemple Adolf Hitler qui parlait du « diktat de Versailles » à propos du traité de paix signé à Versailles en 1919. Le diktat n’est pas un acte de volition ordinaire (je veux ouvrir la porte), il désigne une décision unilatérale qui est imposée par la force (je décide que l’Alsace et la Lorraine annexées à l’empire allemand depuis 1871 sont restituées à la France, que l’Allemagne paiera tant en dédommagements car elle est la seule responsable de la guerre, etc.).

On voit difficilement le rapport avec l’objet décrit, et la référence au cinéaste qui va suivre. Il est vrai que les termes « soumission » et « diktat » ajoutent de la gravité à l’affirmation, et brodent une fois de plus sur la thématique du nazi qui sommeille dans le ventre encore fécond de tout internaute, mais sur quoi porte-t-elle ? Sur les performances des moteurs de recherches ? N’oublions pas que l’internaute jubile, car lorsqu’il cherche « traité de Versailles » dans Google, il veut des réponses pertinentes, c’est-à-dire des informations sur le traité de Versailles.

Alain Finkielkraut nous dit qu’il y a là danger, car cet internaute à devise jubilatoire n’aura pas de « mauvaises surprises », (des pages sans rapport au sujet ?) ou de « rencontres dérangeantes » (de fausses informations ? Un traité de Versailles en gif animé qui clignote ?) ? L’autre manière d’interpréter l’affirmation est de considérer que l’internaute modèle son monde à travers ses représentations, c’est-à-dire s’habituant à la performances des moteurs de recherches, il exige, en petit dictateur, que toute la réalité se modèle sur son désir ? On retrouve ici la figure de l’enfant ou de l’autiste, incapable d’imaginer ou de communiquer avec l’exteriorité. Notons que l’on peut en dire autant du rat de bibliothèque, dans son existence sociale.

Mais l’auteur précise, il ne s’agit pas d’une liberté illusoire : je m’imagine être libre parce que j’ai totalement nié l’existence objective du Monde, forme de solipsisme, mais tout cela repose sur une illusion (ou une maladie mentale). Il est question de « fatale liberté » qui « nous prive de ce qui nous échappe et nous dessaisit de l’inappropriable ». Par définition, on ne possède pas, ou on est privé de ce qui nous échappe (si le renard n’attrape pas le lapin, il ne peut pas le manger). Et ce que l’on ne peut s’approprier, on en est effectivement déssaisi. Mais il y a plus, car le désaisissement peut être plus radical.

Ainsi je peux être déssaisi de quelque chose que je ne pourrais jamais m’approprier parce que j’ignore qu’une telle chose existe. Par exemple, si une Autorité supprime toutes les occurrences du mot ou des images de « renard » sur tous les supports, extermine tous les renards et ceux qui parlent de renard, je pourrais très bien ne pas savoir ce qu’est un renard et même être désaisi sans m’en rendre compte de l’usage possible du mot (si j’ignore ce qu’est renard, par exemple je n’en ai jamais écrasé un avec mon 4x4).

On aura reconnu la variation sur 1984, et la question propre aux moteurs de recherches, celle du référencement. Mais Alain Finkielkraut ne pose pas ici le problème politique de l’accès à l’information mais celui d’une perte de sens liée à l’enfermement narcissique ou tyrannique de l’individu. Un individu qui confond l’ensemble des choses qui existent (définition possible du concept de monde) avec le catalogue d’une boutique, ou l’ensemble de ses désirs. A ceci près, que dans Google, les pages indexées qui arrivent en premier lors d’une requête sont celles qui ont le plus de référencements (il y aurait donc une communicabilité des volontes particulières qui pensent le Monde comme leur représentation). Le modèle choisi par Finkielkraut poursuit en fait l’identification entre Internet et les discours publicitaires sur Internet, ainsi que la prosopopée Fellinienne sur le consommateur (de télévision, d’Internet).

« Du cinéma à la télévision, ce qui tombe, c’est l’aliénation, la possibilité de s’en remettre à un autre. Ivre de pouvoir, le spectateur devient du même coup l’esclave de sa volonté, le captif de son propre pouvoir discrétionnaire. » (p.26)

Très grand moment, la fatale liberté, la liberté qui m’est fatale et à laquelle je me condamne consiste à réfuser l’aliénation définie comme la possibilité de s’en remettre à un autre...Dans quelles conditions, et pour quoi faire ? Curieux dédoublement, le spectateur devient l’esclave de sa volonté...Classiquement, (chez Descartes par exemple), la liberté réside justement dans
cette faculté qu’est la « volonté ». Etre esclave suppose l’hétéronomie, c’est-à-dire un maître qui est dans un rapport de domination.

On peut également, suivant le modèle antique, concevoir une servitude à ses désirs, dans le sens où l’on désire sans mesure, par ignorance. Tel semble être le cas auquel se réfère Alain Finkielkraut, puisqu’il parle de « propre pouvoir discrétionnaire », une volonté arbitraire et illimitée, celle du tyran. Il s’agit alors, dans le cadre antique, d’éduquer le désir afin de l’orienter vers le Bien véritable, grâce à un maître, entendu cette fois non plus comme dominus qui a des esclaves, mais comme magister qui a des élèves. Cependant quel rapport entre la vertu et le cinema ou la télévision ?

Le spectateur qui « décide » que ce soir, il ne va pas regarder Amacord, mais Avec la BAC dans les quartiers chauds ou Navarro est « ivre de pouvoir » et un tyran ?

Peut-il véritablement être le maître de l’offre télévisuelle et de la programmation ? Il semble qu’il soit au contraire tributaire d’un autre ! Il échappe donc à la fatale liberté...On connaît la justification des professionnels : nous produisons et diffusons tel programme parce que telle est la volonté du public. (Affirmation qui a pour elle la force des faits produits à travers une mesure, l’audimat).

« Bouclé dans sa demande, livré à la satisfaction immédiate de ses envies et de ses impatiences, prisonnier du zero délai, l’homme à la télécommande n’est pas condamné à être libre, il est condamné lui-même par sa fatale liberté. Rien ne lui est interdit sauf, peut-être, d’être lui-même interdit ou interloqué. Et cette condamnation s’aggrave : maintenant, au pouvoir de zapper et d’interrompre s’ajoute celui de surfer, de cliquer et d’intervenir. » (p.26)

Mais de qui parle Alain Finkielkraut ? Du spectateur de télévision ou de l’internaute ? La confusion entre l’utilisation d’une télécommande (changer de chaînes) et du clique de souris (suivre un lien hypertexte) joue ici à plein. Il est vrai, comme le disait Malfada, que l’index a beaucoup servi en politique. Et c’est une aggravation, c’est-à-dire que l’internaute est la vérité du spectateur de télévision, l’accomplissement de ce mouvent fatal, car l’internaute peut « intervenir » ; terrible en effet, songeons un instant à une intervention des téléspectateur sur le contenus des programmes, une élaboration directe (et non la participation du « public » dans des émissions fabriquées, programmés, financées par les professionnels de l’audiovisuel). On verra plus loin toute l’horreur qu’inspire à Alain Finkielkraut la possibilité que des personnes en plus d’intervenir soient les auteurs directs de leur propos et de leur médiatisation.

La confusion est levée mutatis mutandis dans les réponses aux questions dans le débat qui suit l’essai :

« Sur l’affaire Yahoo, personne ne s’est interrogé sur la réalité du danger. En fait, il est difficile d’imaginer que quelqu’un va devenir néonazi parce qu’il a trouvé du zyklon B grâce à un Internet, non ?

Vous avez raison. Ce qui risque de se répandre est plutôt un état d’esprit ultralibertaire qui posera lui-même de graves problèmes politiques. Je crois qu’il y a aussi d’autres risques. J’ai cité Fellini parce qu’il me semble que sa description de l’individu à la télécommande peut s’appliquer mutatis mutandis à l’internaute. » (p.40)

De toute façon, le débat se conclut ainsi :

« D’ailleurs que fait-on sur la Toile sinon passer commande ? Et ce dont on a passé commande, il faut bien le produire et l’acheminer. » (p.48)

La question politique d’une organisation démocratique des médias, de l’accès à l’information, de l’élaboration collective d’une vision du monde, ce qui caractérise bien le Réseau, sera traitée plus loin avec l’idée propre à nos élites, suivant laquelle trop de démocratie tue la démocratie, ou (variation) qu’il faut résister au tout démocratique, entendu bien sûr dans le sens réactionnaire (il faut que le peuple se taise et respecte la transcendance des auteurs). Mais la tâche sera difficle :

« Il sera particulièrement difficile de convertir cet enfant gâté [l’internaute] à la pensée des limites et au sens de la mesure. » (p.48)

Le problème est que tenir ouvertement un tel discours sophistique et anti-démocratique catalogue aussitôt, il faut donc en passer par la diversion culturelle et interroger le statut de l’oeuvre, en jouant sur un référent donc le culte est unanimement reçu : le livre (ou la Kulture).

Le Livre, l’Auteur

Le dormeur du val doit se réveiller

A titre d’exemple, et prolongeant son souci pédagogique, Finkielkraut se sert d’un chapitre du livre du journaliste Michel Alberganti, A l’école des robots, l’informatique, l’école et vos enfants (Calmann-Lévy, 2000). Ce chapitre consacré à un projet fictif, le Projet Rimbaud (la création d’un DVD sur le poète principalement par des collégiens encadrés par trois professeurs en 2010) permet à Finkielkraut d’identifier un représentant des « amis de l’Internet » et d’en faire le porte-parole d’un certain discours qui confond communication et savoir. Assez significatif, au lieu d’étudier ce qui est (les usages réels du multimédia), l’auteur se réfère à un livre qui narre une fiction ; on est ainsi assuré d’’échapper aux diktats de collégiens...

Le procédé est commode et économique, c’est le modèle des médias : trouver une figure pour personnifier un mouvement ou une tendance et en faire le représentant autorisé qui va tenir le discours de circonstance voulu. Il est curieux que Finkielkraut n’interroge pas plus loin cette logique médiatique ; sans doute est-ce là accepter l’aliénation et éviter la fatale liberté. Mais venons-en à sa critique du multimédia qui se limite donc à un projet particulier et imaginaire dans le milieu scolaire :

« Avec tous ces merveilleux instruments, avec toutes ces techniques futuristes, nos élèves deviendront-ils de meilleurs lecteurs de Rimbaud attentifs à ce qu’il a d’unique et peut-être d’inactuel à nous dire ? Non, bien sûr, car il leur faudrait pour cela s’immobiliser, se débrancher, s’écarter de leurs habitudes et de leurs allégeances, non se mettre en réseau. » (p.30)

La question est celle de la finalité, et de la compétence relative à une pratique. Pour Alain Finkielkraut l’utilisation du multimédia est donc symptomatique d’une fin du savoir, qui a pour but la compréhension de l’oeuvre. Et même plus, le dispositif technique est une anti-pédagogie puisqu’elle substitue à la réception de l’oeuvre (à son accueil quasi religieux), une agitation paradoxalement stérile car uniquement spectaculaire (je sais communiquer sur Rimbaud mais je ne connais pas l’oeuvre).

On peut se demander, hors dispositif (un professeur qui distribue une photocopie du poème ou l’écrit au tableau, par opposition à l’implication de recherches documentaires ou d’une réalisation multimédia), quelle compréhension ont des collégiens de l’oeuvre d’Arthur Rimbaud. Le recours à l’artifice est une question secondaire qui se comprend relativement à la pédagogie : comment établir une médiation entre le collégien et l’oeuvre d’Arthur Rimbaud. Le préalable de la situation que l’on peut plausiblement conjecturer est que les collégiens ne sont pas majoritairement dans un rapport immédiat avec Rimbaud parce que construit (des familiers de l’oeuvre), et qu’ils n’ont d’ailleurs pour elle qu’un intérêt très limité voire une hostilité ( « c’est chiant »). Le biais pédagogique ou la ruse est alors d’utiliser un artifice pour orienter l’intérêt : se servir de l’attrait pour le multimédia pour médiatiser le poète quand la méthode habituelle ne fonctionne pas.

La question de la finalité est plus générale lorsqu’elle concerne l’école en tant qu’institution : veut-on des individus familiers de l’oeuvre de Rimbaud ou des individus productifs rapidement, parce que formés dès le Collège, dans l’industrie de la réalisation multimédia ?

Mais telle n’est pas la question, embarassante il est vrai parce que politique, pour Finkielkraut :

« Un poème est un poème, et c’est sur une feuille imprimée qu’on peut le découvrir, y revenir, l’apprendre, l’expliquer. Il faut aux mots du poème un domicile fixe, un lieu où on les laisse tranquilles. Ce lieu, c’est le livre. » (p.30)

On notera l’absence de liaison entre la tautologie (« un poème est un poème ») et l’affirmation suivante sur le support. Sans doute s’agit-il de présenter la chose comme évidente en transférant la force du principe d’identité (A=A) sur ce qu’il faut établir. Avant l’apparition des écrans, le support traditionnel de la découverte et de l’apprentissage est l’imprimé, certes. Mais il faut laisser les mots habiter en poète les livres. Pourquoi ?

L’impératif de tranquillité est déjà effectif dans la population (scolaire), sans qu’on ait d’ailleurs besoin de le formuler...Plus radicalement, le livre dans cette perspective est plutôt un obstacle en tant que support qui est une marchandise, qui constitue une source de revenus importants pour les éditeurs (marché captif). En effet, les livres scolaires (recueils de textes, etc.) sont loués ou revendus à la fin de l’année, et bien peu sont conservés à la fin de l’année scolaire. Il importe avant tout pour son propriétaire de restituer un exemplaire en bon état (la non consultation est alors une condition suffisante). D’un point de vue pédagogique, la photocopie est un support plus adéquat, en ceci que l’élève n’hésite pas alors à annoter le texte (explication de certains mots), à travailler réellement le texte (découpage de la structure, repérage des articulations logiques). Ce n’est bien sûr pas une panacée ou une garantie de travail effectif, car le cancre ou le glandeur met lui-aussi grand zèle à surligner avec ses fluos tout le texte, (il est en général très fier de l’exhiber comme preuve de son travail). Mais la photocopie a mauvaise presse, il s’agit de pillage, voyons, y compris dans un lieu d’étude !

L’Oeuvre versus le Texte

Mais plutôt que de parler de l’organisation du marché du livre scolaire, des réticences souvent injustifiées d’achat, ce qui est vulgaire comme nous en conviendrons, Alain Finkielkraut préfère parler de meurtre du livre par Internet :

« Nul besoin d’Internet pour lire. On a besoin d’Internet, en revanche, pour noyer le livre. On a besoin d’Internet pour mettre les mots en mouvement, pour les faire voler, pour en finir avec le scripta manent ! On a besoin d’Internet pour passer de l’auteur et des égards qu’on lui doit à la communication exubérante et au droit d’être auteur désormais reconnu à chacun. On a besoin d’Internet pour dissoudre toute sacralité, toute altérité, toute transcendance dans l’information et l’interaction. » (p.31)

L’affirmation vraie (« Nul besoin d’Internet pour lire ») ne constitue par une preuve de l’interprétation quelque peu délirante sur la noyade du livre. Qui est ce « on » qui a besoin de cet instrument de destruction qu’est Internet ?A moins que l’on ait affaire à une Volonté démoniaque ou un arraisonnement métaphysique ? Les livres se noient très bien tous seuls dans les empilement d’invendus et la saturation du marché, puisque le secteur de l’édition est le seul où l’on répond à une baisse de la demande par une multiplication de l’offre. Il serait plus significatif de parler des faux livres, dont ceux chroniqués à longueur de pages dans les news magazines (par exemple le dernier Alain Minc).

De quelle sacralité et transcendance parle Alain Finkielkraut ? Celle de l’oeuvre (et un peu de celle de l’auteur l’oeuvre par la même occasion...) par rapport au Texte :

« On a besoin d’Internet pour passer de l’oeuvre à ce qu’on appelait, avec une subversive majuscule, dans les années soixante-dix, le Texte. » (p.31)

L’intertextualité au sens aujourd’hui usuel de l’analyse littéraire, désigne dans un texte l’ensemble des allusions à d’autres textes déjà écrits, aux motifs culturels déjà développés par d’autres écrivains. On pourra consulter pour une brève présentation et un historique du terme l’article « L’intertextualité comme méthode de critique littéraire : définitions et postulats »

A partir de là, très brièvement, on peut interpréter tout texte comme un réseau de textes, réseau de relations (emprunts, citations, allusions, etc.) qui a plus d’importance que la relation consacrée entre l’auteur et son texte qui devient alors autonome. Cette orientation critique a été construite contre une certaine tradition littéraire (XIXe) qui privilégiait uniquement dans l’analyse d’un texte l’influence de l’Histoire, de la biographie de son auteur et de la place de l’auteur dans l’histoire de la littérature. On peut retenir de cette théorie qu’il n’existe pas de texte isolé et absolu. [2]

La signification peut paraître triviale aux habitués de l’hypertexte puisque ce dernier matérialise le lien et permet d’accéder à la source en plus de la signaler, dans le cas d’une citation. Or voilà qui est intolérable pour Finkielkraut, et éclaire son dégoût d’Internet.

« Orgueilleusement parricide, la théorie des années soixante-dix donne raison à Platon et à ses sombres pronostics sur le destin de l’écriture. Que son Père ne soit plus là pour porter assistance au discours écrit et le tirer d’affaire, c’est très bien dit la théorie ; que s’élèvent à son sujet des voix discordantes, c’est parfait ; la pluralité des lectures est la vérité de l’écriture, celle-ci accomplit sa vocation en roulant de droite et de gauche...Ce parricide théorique a reçu son prolongement technique avec l’informatisation du monde. L’intertexte est devenu l’Internet. » (p.33,34)

La mention de Platon illustre l’intertextualité puisqu’il est question de la critique platonicienne de l’écriture, que l’on trouve principalement dans le Phèdre [3], signalé par « en roulant de droite et de gauche... » et « Que son Père ne soit plus là pour porter assistance au discours écrit et le tirer d’affaire » reformulation de « il a toujours besoin de son père ; car il n’est capable ni de se défendre ni de se tirer d’affaire tout seul. » (275e). (Le terme « parricide » également, mais il est question du livre et non de Parménide). Restituons l’avertissement du roi.

Par Héra, le bel endroit pour y faire halte !

De sombres pronostics il n’est pas véritablement question, puisque la mise en garde est présentée dans un mythe « égyptien » que rapporte Socrate (très habile à composer des histoires comme le lui fait remarquer Phèdre...). Theuth présente de manière élogieuse son invention, l’écriture, au roi Thamous qui réplique alors :

« ô Theuth, le plus grand maître ès arts, autre est celui qui peut engendre un art, autre celui qui peut juger quel est le lot de dommage et d’utilité pour ceux qui doivent s’en servir. Et voilà que toi, qui est le père de l’écriture, tu lui attribues, par complaisance, un pouvoir qui est le contraire de celui qu’elle possède. En effet, cet art produira l’oubli dans l’âme de ceux qui l’auront appris, parce qu’ils cesseront d’exercer leur mémoire : mettant, en effet, leur confiance dans l’écrit, c’est du dehors, grâce à des empreintes étrangères, et non du dedans, grâce à eux-mêmes, qu’ils feront acte de remémoration ; ce n’est donc pas de la mémoire, mais de la remémoration, que tu as trouvé le remède. Quant à la science, c’est en la semblance que tu procures à tes disciples, non la réalité. Lors donc que, grâce à toi, ils auront entendu parler de beaucoup de choses, sans avoir reçu l’enseignement, ils sembleront avoir beaucoup de science, alors que, dans la plupart des cas, ils n’auront aucune science ; de plus ils seront insupportables dans leur commerce, parce qu’ils seront devenus des semblants de savants, au lieu d’être des savants. » (274d-275b)

L’opposition entre le discours écrit et le discours oral est donc justifiée par une distinction conceptuelle entre la conservation ou la diffusion d’une connaissance et la connaissance réelle.

Ainsi on pourrait faire le reproche au présent article d’être une imitation de connaissance : il a l’air savant parce qu’il cite un passage d’un dialogue platonicien, mais rien ne garantit que son auteur et les futurs lecteurs aient une véritable connaissance de l’objet décrit. Pour le savoir, il faudrait un dialogue, briser le silence des signes figés telles des images peintes.

Le dispositif de forum attaché le permet dans une certaine mesure, plus en tout cas que le livre. Et il est vraiment, mais alors vraiment dommage que Platon soit mort avant l’apparition d’Internet car il aurait probablement établi, par la bouche de Socrate, une distinction entre l’écrit sur papier et l’écrit en ligne qui permet une interaction publique entre l’auteur et le lecteur, une participation au jeu qu’est l’écrit (Theuth est aussi l’inventeur des dés et du tric-trac).

Résister à la démocratie

« Il est vrai, comme le notait naguère Deleuze, que nous manquons de résistance au présent. Mais par résistance, il entendait, et avec lui l’ensemble de la pensée critique, la résistance démocratique au pouvoir, au contrôle, aux diverses formes de domination. Il n’imaginait pas que nous devions résister au tout démocratique de la technique déchaînée. Moins perspicace ou moins sensible que Fellini, il n’imaginait pas le conjoncture d’une liberté fatale. » (p.36)

Voici défini, outre l’embrigadement de Deleuze et Fellini, le rôle du philosophe contemporain : s’opposer au tout démocratique d’Internet, en participant tel un logographe aux procès qui ont pour but de réguler l’expression publique, c’est-à-dire celle des autres, du peuple, cette foule de collégiens.

Résister à la démocratie, contrairement à ce qu’affirme Alain Finkielkraut, ce n’est pas s’opposer à la liberté, parce qu’elle serait fatale, même si le remède peut également être un poison. L’inconvénient majeur de la démocratie est qu’elle fournit une niche à la contrefaçon du politique que sont les sophistes ou rhéteurs professionnels qui louent leurs services. En démocratie, les décisions sont prises par des assemblées où siègent des représentants élus par le peuple, et lorsque la science leur fait défaut, un homme habile en discours mais foncièrement ignorant peut exercer son emprise sur ces derniers qui vont alors se laisser persuader ; par exemple de voter telle loi. La salubrité publique commande qu’on les chasse de la Cité, ou du moins de son âme.

En reprenant les accusations de Finkielkraut, Internet est source d’impiété (négation de la transcendance et de la sacralité des auteurs et des oeuvres), de corruption de la jeunesse (des enfants gâtés incultes qui communiquent), et introduit de nouvelles divinités dans la Cité (le culte de la technique)...

Merleau-Ponty, dans son célèbre Eloge de la philosophie (Leçon inaugurale au Collège de France 15 janvier 1953) effectuait un autre rappel qui nous fournira une belle conclusion :

« Pour retrouver la fonction entière du philosophe, il faut se rappeler que même les philosophes-auteurs que nous lisons et que nous sommes n’ont jamais cessé de reconnaître pour patron un homme qui n’écrivait pas, qui n’enseignait pas, du moins dans les chaires d’Etat, qui s’adressait à ceux qu’il rencontrait dans la rue et qui a eu des difficultés avec l’opinion et avec les pouvoirs, il faut se rappeler Socrate. »

 

[1Cf. par exemple le recueil d’essais et conférences : La renaissance du rationalisme politique classique, Gallimard, Paris, 1993.

[2Pour la version soixante-dix, cf. Barthes, « De l’oeuvre au texte », Revue d’esthétique, 1971 ; repris dans Le bruissement de la langue, essais critiques, IV, Seuil, 1984.

[3Phèdre, traduction de Luc Brisson Flammarion, Paris, 1989. Edition qui comporte d’ailleurs un article d’un membre de Tel Quel, J. Derrida « La pharmacie de Platon », (1968), Seuil, 1972.

 
 
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13 septembre 2001
6 octobre 2003
 
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> Contre la fatalité de Finkielkraut
8 décembre 2005, message de Mylene
 

Excellente démonstration érudite à l’esprit logique et subtil bien qu’alambiqué comme par une volonté sourde de "qui veut noyer son chien" - à laquelle, bien sûr je n’adhère pas car pour comprendre ce qu’il y aurait derrière ce qui est dit, il faudrait déjà simplement recevoir & penser ce qui est dit pour ce qu’il est.
Il faut toujours se méfier d’une condamnation totale, de l’unanimité (avec soi-même) dans le négatif. Personne ne peut être à ce point-là coupable.

Pour ma part, amatrice d’internet, je suis bien heureuse (bienheureuse ?) qu’un Finkielkraut n’ait (peut-être ?) pas les mêmes goûts, me le fasse savoir si brillamment en me montrant ce qui se joue pour que je m’égare sur la toile et rappelle à tous qu’il reste des "puristes", les amoureux du Texte, de la Feuille, du blanc entre les mots, les paragraphes, de l’odeur âcre de l’encre, de l’Effort, de la Recherche, en somme et pour oser, allons-y, qu’on a beau pouvoir faire aujourd’hui des enfants par petites annonces et in vitro, il n’en reste pas moins éclatant que le plus magique est le résultat de deux personnes qui s’aiment et font l’amour dans l’alcôve.
Cela n’a rien à voir. Voire.

Bien à vous ’

Répondre


> Contre la fatalité de Finkielkraut
3 décembre 2005, message de rhizome
 

ben en tout cas detesté ou aimé il fait causer les bouffons le Finkie !
bien à vous bande de branleurs

Répondre
Ah ben ça alors, Lirresponsable, 3 décembre 2005

yo ma couille !

N’hésite pas quand tu as quelque chose dire !

a+

Répondre


> Contre la fatalité de Finkielkraut
26 janvier 2004
 

Cette analyse de texte donne une bonne idée possibilités de lecture qu’il reste à tout surfur insouciant ; et plus encore de son inertie, de son incapacité à se remettre en question, ce qu’il ne fera pas même le temps de restituer le sens d’un texte, ne serait-ce que pour montrer qu’il le compprend.

Répondre
> Contre la fatalité de Finkielkraut, 3 février 2004

...et une bonne idée des possibilités d’écriture de ceux qui ne pratiquent pas souvent. Je reprends mon texte pour préciser que cette analyse, en négligeant de mettre en évidence ce que le propos de Finkielkraut avait de juste, confirme qu’Internet tend à transformer l’expérience de la lecture en l’appauvrissant.

Répondre


> Contre la fatalité de Finkielkraut
1er octobre 2003, message de yezh
 

Petite rectification en cours de lecture :
l’expression "libres enfants du numérique" employée par A.F. fait plutôt référence au livre de A.S. Neill : "Libres enfants de Summerhill",
sur une école autogérée en Angleterre dans les années 1920 (en relation avec "leur anarchisme flamboyant et de leur hostilité militante à toute forme de régulation").

...je continue ma lecture de cet article bien argumenté.

Portez-vous bien

Répondre
Interprétations & conjectures, Lirresponsable, 2 octobre 2003

salut,

Oui c’est possible, et même très probable. Cependant, Finkielkraut écrit :

« [...] en dépit de leur anarchisme flambloyant et de leur hostilité militante à toute forme de régulation, les libres enfants du numérique seront pris dans la Toile. »

On a donc "l’anarchisme", "les libres enfants", et "du numérique" qui remplacerait "de Summerhill" selon cet axe de lecture.

L’ouvrage de Neill est connu des auteurs de l’anthologie qui l’intitulent d’ailleurs Libres enfants du savoir numérique en référence explicite. Cf. Florent Latrive, « Les barbares du bazar » :

« Note 4. Le titre est évidemment un clin d’oeil au livre de A. S. Neill, Libres enfants de Summerhill, paru pour la première fois en 1974 chez Maspero, et qui décrivait une expérience d’éducation « permissive » menée en Grande Bretagne par A. S. Neil »

Mon interprétation est que Finkielkraut connaît, au moins de nom, l’anthologie en question, et pas seulement l’ouvrage de Neill, et qu’il fait donc également référence à l’anthologie publiée par les éditions l’Eclat. Pourquoi ?

Il parle, juste avant l’expression, « de leur hostilité militante à toute forme de régulation » : il n’est pas question ici de l’école autogérée mais de la régulation d’Internet, à laquelle des militants s’opposent. Il a sans doute en ligne de mire le « le lyrisme libertaire » qui apparaît ensuite dans son texte et qui reprend « les "libertaires" reviennent à la charge », de Marc Knobel ; toujours dans le contexte des procès (Finkielkraut est Grand Témoin (tm) pour l’affaire Jaccuse). Donc il y a des "enfants du numériques" actuels qui s’opposent à la régulation. De plus, Internet l’inquiétante extase comporte un texte de Paul Soriano, qui travaille sur la société de l’information (tm).

Le deuxième élément qui oriente mon choix porte sur la transformation lexicale. Résumons, on a :

- (a) Libres enfants de Summerhill
- (b) Libres enfants du savoir numérique
- (c) Libres enfants du numérique

(b) fait référence à (a), de manière revendiquée (clin d’oeil). Comparons (b) à (c), on remarque que le terme qui tombe est "savoir". Or, pour Finkielkraut, il y a une antinomie radicale entre le savoir et le numérique (c’est le sens de tout son texte et de l’exemple imaginaire qu’il utilise, pour lui c’est un oxymore). Je fais donc l’hypothèse que cet effacement lexical correspond à une censure (consciente, inconsciente, peu importe). De plus (c) peut à la fois référer à (b) et (a) (sans transitivité).

Enfin, ce choix interprétatif me permet dans mon commentaire de noter l’absence d’examen critique des thèses articulées dans l’anthologie en question, et de souligner les conséquences (théoriques et pratiques) de cette absence.

Plutôt que d’examiner des textes sur le sujet, on va chercher pour les embrigader Platon, Deleuze, Fellini, tout en participant par ailleurs à des procès d’opinion (cf. Daniel Mermet en procès).

On a là, la fonction de censeur (comportement pratique) et parallèlement l’utilisation (sur le plan des écrits) d’une sorte d’argument d’autorité : on ne discute pas les textes, pour les critiquer au sens d’examen ou en vue d’une réfutation, mais on va chercher une Autorité (ici un auteur prestigieux) pour soutenir sa position et disqualifier celle des autres, ce qui rhétoriquement justifie l’économie de l’examen. En formalisant : "X, qui est grand et reconnu, nous mettait en garde donc X dit vrai ; moi, je ne fais que reprendre la mise en garde de X, donc je dis vrai", avec en bonus "je suis donc un peu comme X, i.e. grand et reconnu".

Cet attrait pour la réputation et le rôle social de logographe ne peuvent bien entendu pas, (sauf en France), se prévaloir de Socrate, qui affirme dans le Gorgias, (471e) :

« Au tribunal, en effet, on estime qu’on réfute l’adversaire si on présente, en faveur de la cause que l’on défend, un bon nombre de témoins, très bien vus de tout le monde, tandis que la cause adverse, elle, n’a qu’un seul témoin, sinon aucun. Mais ce genre de réfutation n’a aucune valeur pour la recherche de la vérité. »

a+

Répondre
> Contre la fatalité de Finkielkraut, 23 juin 2004

Tu fais pas le poids à côté de Finkielkraut !
Assez de derrida , Deleuze , de toutes ces enflures et baudruches philosophiques , qui ne savent fair qu’une chose : se tromper et nous tromper !!!

Répondre


> Contre la fatalité de Finkielkraut
26 juin 2003, message de l’islandais
 

"mais rien ne garantit que son auteur et les futurs lecteurs aient une véritable connaissance de l’objet décrit."
En effet, je me permets de confirmer ce doute. Votre lecture du mythe de Teuth est assez absurde. Pensez-vous vraiment, et je m’appuie là sur les réponses qui vous furent faites, que ce qui suit votre article a une quelconque parenté avec un dialogue au sens platonicien ? N’y transpire aucun souci pour la vérité, ne s’y fait jour qu’un acquiescement agressif où le respect de l’autre - en l’occurence, l’auteur du livre que vous discutez - est tout à fait absent : dois-je vous rappeler que jamais Socrate n’insulte aucun de ses interlocuteurs ?
De plus, la seule différence entre internet et le courrier, c’est la vitesse. Il fut toujours possible de répondre à un auteur soit directement par lettre, soit publiquement par voie de presse. C’est le sens de la lutte de Kant pour une liberté de la presse. Je ne tiens pas à vilipender internet, pas plus que je ne considère qu’il s’agit de la merveille ultime de notre civilisation.
Platon se méfiait de la technique... Relisez les Lois ! Quant à Socrate, il n’écrivit rien, en pour cause !
A bon entendeur
l’islandais

Répondre
Gunnlaugr, Lirresponsable, 27 juin 2003

Salut, homme du Pays de Glace !

Pensez-vous vraiment, et je m’appuie là sur les réponses qui vous furent faites, que ce qui suit votre article a une quelconque parenté avec un dialogue au sens platonicien ?

Une parenté quelconque sûrement, ou l’exogamie...Plus sérieusement (quoique la participation...), non, et ceci pour plusieurs raisons : 1) il n’y a pas d’unité fournie par un auteur 2) les intervenants ne sont pas des personnages 3) Socrate n’a pas posté sous cet article, 4) Socrate passe une partie de presque chaque dialogue à définir et mettre en pratique l’investigation philosophique, etc.

De plus à s’appuyer sur ce qui dit après (hors du Texte donc ?) on risque uniquement de tomber sur une vieille cheville (il est impossible de dire ce que tu dis car le non-être n’est pas) car le reproche suivant lequel tout dialogue en ligne n’est pas socratique (réfutation de la doxa + maïeutique) est assez faible.

Ainsi, homme du Pays de Glace, d’après toi ma lecture du mythe est absurde parce qu’elle dit vraie : « mais rien ne garantit que son auteur et les futurs lecteurs aient une véritable connaissance de l’objet décrit » ? :)) (Avec dans le rôle de celui qui posséde la connaissance, l’homme de Garðarshólmr...)

Comme tu l’auras remarqué, lorsque j’écris : « Et il est vraiment, mais alors vraiment dommage que Platon soit mort avant l’apparition d’Internet car il aurait probablement [...] », il s’agit d’un jeu sur la prosopopée qui parodie la forme du texte commenté (ironie signalée par la lourdeur : répétition du "vraiment", conditionnel + "probablement").

dois-je vous rappeler que jamais Socrate n’insulte aucun de ses interlocuteurs ?

Je ne crois pas me souvenir que Socrate ait posté ici ou qu’un des intervenants prétende être la réincarnation de Socrate ; en revanche d’autres interlocuteurs dans les dialogues platoniciens sont parfois sans détour, par exemple Ménon (80a) : « D’ailleurs, tu me fais totalement l’effet, pour railler un peu, de ressembler au plus haut point, tant par ton aspect extérieur que par le reste,à une raie torpille, ce poisson de mer tout aplati », et naturellement Calliclès.

De plus, la seule différence entre internet et le courrier, c’est la vitesse.Il fut toujours possible de répondre à un auteur soit directement par lettre, soit publiquement par voie de presse

Non, Internet ne se limite pas au courrier électronique. L’interaction autorisée par le forum attaché à un article sur le web permet : la publicité (il ne s’agit pas d’un courrier privé), l’économie des contraintes éditoriales et de ses divers filtres (même si le forum est modéré, la possibilité via le web de publier est relativement immédiate), un statut de la parole publique (par la mise en page, le dialogue après un discours en gros).

Pour le cas précis qui nous occupe, l’auteur d’un article qui répond à des intervenants (parfois non platoniciens), je ne le considère pas du tout comme la merveille ultime de notre civilisation (tm) même si j’en suis le père ! :))

Platon se méfiait de la technique... Relisez les Lois !

Ici et hors déluge, de l’écriture comme technique de rémémoration car elle produit des faux savants (problème identique au Législateur/ceux qui font appliquer les lois), pas de la technique (bouvier, berger, tisserand, navigateur, médecin abondent d’ailleurs). De plus, l’art d’écrire permet d’éviter la persécution comme disait l’autre.

Mais ton conseil est sage comme les Dits du Très-Haut :

« De ses armes, sur la plaine,
Point ne faut
D’un pas s’éloigner,
Car on ne sait jamais
Quand sur le grand chemin,
On aura besoin de sa lance.
 »

Bien à toi.

PS

Nous parlerons donc du texte de Finkielkraut une autre fois.

Répondre
> Gunnlaugr, 1er mai 2004

Agur Gunnlaugr,
Si vous avez la patience de relire les détails qui accompagnent le scepticisme dont fait état ma question à propos d’une parenté, ou si vous préférez d’une ressemblance (cela pour vous évitez trop de pirouettes à la mode anthropologique qui risqueraient à la longue de vous donnez un lumbago), vous apercevrez que ce ce que je retiens comme caractéristiques d’une dialogue platonicien, c’est, tels mis en scène, un certain souci de la vérité, un respect constant pour tous les interlocuteurs et pour toutes les thèses, une grande patience. Choses que je n’ai retrouvé chez aucun des "internautes" qui font suivre l’article de leur haineuse suffisance : "enfin, on démolit ce type dont je n’ai en fait jamais pris le temps de lire un seul livre en entier, mais qui m’agace puisqu’il n’acquiesce pas benoîtement à tout ce qui se fait en matière d’innovation et de nouveauté". La condition d’un dialogue authentique (abandonnons la référence platonicienne), c’est la patience et la politesse : patience grâce à laquelle l’autre peut développer sa position et politesse qui doit faire répondre sans caricaturer les positions de l’auteur.
Lorsqu’il est fait mention de la politesse de Socrate, c’était pour rappeler cette politesse sans laquelle aucun dialogue n’a lieu. Et il me semble qu’aucun dialogue n’a lieu. Les lecteurs de votre article vous félicitent pour votre article (c’est leur droit), et, souvent, en viennent à insulter, à ridiculiser Finkielkraut. Cela n’a rien à voir avec un dialogue. Je ne parviens à le rapprocher que d’un lynchage assez complaisant, surtout lorsque les lyncheurs se "lâchent" (et ici, cela signifie "oublient toute politesse", cela a presqu’un sens physiologique), cela anonymement et sans arguementation. Internet en ce sens ne me semble pas une école du courage et de la responsabilité (d’où peut-être votre courageux pseudonyme pour signer l’article ?)
Derrière son écran, et sans crainte de voir l’insulté répondre, l’invective est facile !
Vous avez une belle propension à louvoyer entre mes objections sans jamais les prendre de front. Lorsque je parle du rapport de Platon à la technique, vous voyez très bien de quoi je veux parler : de tout ce qui rend l’homme paresseux et oublieux. Le comfort est souvent le père de la paresse. Platon ici trouverait un allié moderne en Rousseau. Mais assez de ces avalanches de références. Se cacher derrière revient souvent à abdiquer sa propre pensée (s’en nourrir est une autre affaire).

En réponse à votre citation de Hávamál, que malheureusement vous citez dans l’horrible traduction de Régis Boyer, voici un passage qui devrait vous instruire :

Ósnotur maður

þykist allt vita

ef hann á sér í vá veru

Hittki hann veit

hvað hann skal við kveða

ef hans freista firar.

Je vous salue :
Agur Gunnlaugr.

L’islandais (Íslendingurinn)

ps je ne me permets pas de tutoyer ceux que je ne connais pas, ni n’acceptent d’être par eux tutoyer. Question de respect, de politesse ou d’éducation, je ne sais.

Répondre
Le réveil de Mjöllnir , Lirresponsable, 2 mai 2004

Salut,

Je te remercie pour la strophe 26 de l’Hávamál que tu me lances en réponse à la numéro 38, un peu en retard donc (à propos en quoi la traduction de notre ami Régis est-elle « horrible » ?) ; mais peut-être faut-il d’abord régler la question du protocole ou de l’étiquette quant au tutoiement avant de répliquer tel un insensé.

Le tutoiement, tel qu’on le retrouve dans les dialogues platoniciens par exemple ou chez nos amis les bœndr, comme tu le sais, ne marque pas du tout une absence de respect ou ne signifie pas la vulgarité (le manque d’éducation de la vilaine foule). Certes, il heurte une sensibilité formée à la bienséance (surtout bourgeoise, c’est-à-dire d’une noblesse dégradée, qui avec le vouvoiement trouve la distance nécessaire pour tenir en respect la plèbe qui la répugne ; car souvent elle partage ses valeurs...) ou une sensibilité soucieuse de la hiérarchie qu’elle confond souvent avec l’autorité. Mais le tutoiement permet une proximité conviviale légendaire et implique une égalité (presque citoyenne !) favorable au dialogue, quand ce qui importe est justement la vérité, et non l’étiquette.

Bien entendu, il peut devenir à son tour convention dominante pour masquer les hiérarchies réelles (dans les dictatures populaires par exemple), mais puisque nous avons le loisir de moduler, et que ton souci est la vérité, ô excellent homme, pourquoi opter pour une forme plus guindée ? Arrêtons de finasser, et revenons au coeur du débat tel un véritable hersir !

Tu demandes ma patience et m’invites à relire en détail ton « scepticisme », comme si le trait précédent ne t’avait pas atteint et que donc je n’avais pas déjà répondu...Procédé sympathique car enfantin (même pas mal !) mais piètre tactique (je vous réponds que votre réponse n’est pas une réponse...relisez moi, ce que je dis est subtil, si si !).

Cette tactique peut sans doute émerveiller les oiseaux dans leurs branches, de la berge où tu t’agites par moult moulinets de bras avec une épée de bois, raillant - telle une jument en rut - mon nom (Maurice Lislandais est ton vrai nom sans doute ? ;)) et le pseudo courage des intervenants eux seuls honteusement dissimulés derrière leur écran !

Soyons sérieux deux minutes. Le front de ta charge (bis repetita) consiste à vouloir réfuter ce que j’ai écrit dans l’article avec les interventions du forum. Ainsi (1) : "L’écrit en ligne permet le dialogue" serait faux parce (2) : "Certains intervenants sur le forum de cet article manient l’invective". Et (3) "l’invective n’est pas le dialogue", donc (1) est bien faux et donc (1’) "Finkielkraut a raison".CQFD.

Je ne développe pas à nouveau le démontage de ta chasse aux mots (Platon n’a malheureusement pas écrit l’ensemble et les intervenants ne sont pas Socrate, las !) puisque tu portes à présent l’objection vers la notion de dialogue (non platonicien). Laissons de côté un instant Internet afin d’examiner la portée de l’argument et la validité de ton raisonnement (soyons des sceptiques !).

C’est un faux modus tollens (si p alors q, or non q, donc non p) car la première proposition complexe n’est pas (1’’’) : "Si l’écrit est en ligne, alors le dialogue est véritable" (sans parler des valeurs de vérité : si V alors F = F). La proposition (1) :"L’écrit en ligne permet le dialogue" peut être vraie, et elle peut être fausse (lorsque les conditions pour l’actualisation de la possibilité ne sont pas remplies, et il y a aussi les trolls). J’espère que tu admets qu’elle peut être vraie, sinon, par le chien, nous voilà tous deux dans l’impossibilité de dialoguer !

En revanche c’est assez dans la ligne de Finkielkraut ; changeons la variable et gardons la structure pour rendre plus évident le coup du contre exemple factuel appliqué de travers :

(1) Si des personnes discutent en public, alors les débats sont véritables. Or (2) certaines personnes en insultent d’autres dans les débats. Donc (3) la discussion publique est une mauvaise forme, car impropre aux débats véritables. Mieux vaut un Auteur qui conserve le monopole de la parole ! Etc. Il ne s’agit pas de nier que le débat puisse tourner au meeting, à la propagande (ce que précisément les journaux évitent d’appeler de la démagogie), mais la contrefaçon opérée par les faux savants est tout aussi préjudiciable.

On peut certes y ajouter la question de la technique, histoire de vitupérer Internet (ce qui permet de maquiller plus efficacement l’implication politique), et de s’amuser tel un fils de prophète en lançant des imprécations sur la paresse des hommes, etc. Bon d’accord, c’est une provocation amusante face à certaines personnes, mais s’il s’agit finalement de dodeliner la tête en répétant en boucle "Allah Akbar" ou "Loué soit l’Eternel"...

Enfin, je crois que tu te méprends sur le sens de l’invective employé par certains intervenants. Tu y vois l’impossibilité d’argumenter, la bassesse morale, la pente naturelle vers le moindre effort, bref la veulerie des sycophantes, (oubliant un instant que d’une part c’est tout de même Finkielkraut qui ira témoigner contre au tribunal, et d’autre part qu’il reprend les chefs d’accusation du procès de Socrate dans son Inquiétante extase). Néanmoins, comme toi, je ne trouve pas que de telles choses soient admirables.

Voilà comment j’interprète de telles formulations (avec un petit peu de charité, allez !) : face à des bonimenteurs de fêtes foraines, ou en des termes plus choisis des traficants des connaissances propres à l’âme, dans le tumulte du forum (et il est vrai, moins souvent que dans des séminaires où le vouvoiement est de rigueur), il arrive que fusent quelques "Dégage charlot !", "Mais virez-moi ce bouffon !", "On en veut pas de ta camelote pourrie !" et autres "Yes totor !", "T’as raison ma couille !". Faut-il sous le prétexte de la rudesse du propos ne pas l’examiner ? Un ami de la vérité le fera (de préférence en tenant compte de la strophe 38).

Terminons donc pour illustrer la chose, par les paroles du « Perturbateur de Sindri » (lorsque ce dernier fabriquait le manche du marteau du beau-père d’Ullr ; quelle famille ! Et sans doute une petite prise pour la suite du dialogue...) :

« Sais-tu ceci, Eldir ? Si nous devons combattre tous deux avec des paroles blessantes,
je serai riche en réponses,
si tu en dis trop.
 »

à la prochaine fonte des glaces,

Lirresponsable

Répondre
> Le réveil de Mjöllnir , 4 mai 2004

Agur
Permettez-moi de vous rappeler l’une des conditions les plus élémentaires de tout dialogue : se mettre d’accord ses modalités. Or, votre mépris devant mon refus du tutoiement qui n’a à voir ni avec d’hypothétiques valeurs bourgeoises, n’étant pas bourgeois, ni avec une quelconque hauteur. Je ne tutoie que (et n’accepte d’être tutoyé uniquement par) mes amis intimes. Je me suis refusé à vous tutoyer, je vous trouve donc votre sens du respect bien singulier qui vous conduit à vous permettre ceci et cela.
Un véritablé hersir ne tutoie pas en français. En islandais, c’est une autre affaire puisque la ressource linguistique du vouvoiement a dès longtemps fait disparue.
Par contre, contrairement à une idée couramment répandue, les anglophones ne cessent de se tutoyer, le "tu" (Thou) ayant disparu !

Vous avez donc, je le contaste, un sens très étrange du dialogue. Si on veut pouvoir confronter les idées, ne faut-il pas au moins éviter de se moquer de son interlocuteur. Vos parenthèses me semblent tout à fait hors de propos, mettant en scène les effets de scène à l’attention du public. Ma référence, tout à fait ironique, je le concède, à la strophe 26, ne fut pas traduite à dessein. Je savais que vous en saisiriez le sens, mais, au moins, la pique, ne s’étalait à la vue de tous.

Comment dialoguer sans la plus élémentaire des politesses ?
Cette question dépasse (et dépassait déjà dans ma précédente réponse) le seul cadre d’internet qui ne fait jamais qu’accentuer certains penchants inhérents à la nature humaine.

Un mot juste, pour finir, sur Finkielkraut. Certes, son texte sur internet n’est pas son meilleur, se laisse aller à quelques raccourcis, s’attarde sur des exemples... Mais quelle en est la thèse ? Votre article ne le fait pas apparaître. Ce texte n’est qu’une réponse au lyrisme des thuriféraires de l’internet qui, à les lire, devrait soigner tous les maux : nous devrions tous amis, tous frères...
Face à ce lyrisme (qui est, je me permets de vous le rappeler, le sens de l’histoire, c’est à dire du progrès technique), Finkielkraut se permet d’émettre des doutes quant à la crédibilité de la thèse qui fait de l’internet la panacée.
Qu’internet ait des mérites nombreux, qu’il offre de mutiples ressources... certes, comme toute technique. L’imprimerie avait des mérites et des ressources, a-t-elle rendue l’humanité bonne et vertueuse (lire ces adjectifs dans leur sens latin ou grec) ? Relisez le Discours sur les sciences et les arts. Finkielkraut ne dit pas autre chose. Il le dit peut-être moins bien. Mais n’est pas Jean-Jacques qui veut.

Enfin, changeons de référence et écoutons la voix d’un homme de chez mon père :
"A bon coratge bon poder, Qui’s ben suffrens."
(Guilhem de Peitieus)

Agur

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Ah les glaces ont fondu !, Lirresponsable, 4 mai 2004

Allons Trobadour, dans le Sirventes, on ne se plaint ni de la présence du public (il y a le courrier pour cela) ni du trobar de l’adversaire ! Certes, le trobar leu est chose admirable, (même si je préfère l’Ecole du Nord), mais reprocher le manque de courtoisie se résout en fait à ne pas accepter que les conditions que l’on tente d’imposer ne soient pas acceptées (rouerie du Sud !). Et Tyr en sait quelque chose.

Il y a ensuite la vraie question : la norme du dialogue ou règles de la discussion (ce qui est distinct de la politesse). On stipule à quelles conditions le dialogue est véritable, (i.e. dialectique), afin d’éviter l’éristique (horizon toujours présent et fin probable). Dans cette perspective, qui est celle de la recherche du vrai, les modalités de ton sont accessoires (et leurs variations plutôt signe de vie). Que l’on opte pour le tutoiement ou le vouvoiement n’a pas d’importance décisive (aussi chacun peut garder ses habitudes sans dommage pour la discussion).

C’est pourquoi j’affirmais :

1) que le contentement sur le protocole ou respect de l’étiquette, critière formel, est essentiellement affaire de convention (de nos jours bourgeoise). Ainsi selon ce critère, une bonne discussion est une discussion polie, indépendammment ce qui est dit (importent la correction grammaticale, un ton agréable, le respect des conventions, dont la doxa et les faux savants).

2) que l’invective, la rudesse du ton, l’aspect maladroit de la formulation sont des questions secondaires, qui ne doivent pas empêcher d’examiner le propos (principe de charité et question des intervenants).

C’est le sens du personnage que fait intervenir Socrate (qui demande si une belle marmite est une belle chose) pour questionner Hippias. Ce dernier s’écrie alors : « Ah ! Socrate, quel homme est-ce là , Quel malappris, d’oser nommer des choses si basses sur un sujet si relevé ? » (288b). Or une marmite peut être belle.

La question de la « politesse élémentaire », dans sa formulation même, dénote davantage une conception où la politesse est la condition nécessaire. Elle semble dire vrai, en ceci que la fin d’une discussion offre souvent un lot d’insultes (où chacun s’emporte et se sépare fâché), et que donc la règle intangible, à la base de la discussion (à la fois à son origine et à son déroulement) est la politesse (pas d’insultes, pas d’invectives, de la mesure dans les propos et les comportements).

C’est pourquoi par mesure de précaution devant la « nature humaine », on peut également interdire les armes dans les réunions publiques ; et les rixes au thing. Bannir la violence de l’ecclesia (droit d’asile dans les églises). Etc.

Cependant, il faut justement s’entendre sur le sens de « élémentaire ». Principe ou ingrédient (ce qui rentre dans la composition de) ? On voit tout de suite que la question de la formulation : "comment comprends-tu le sens d’élément ?" ou "comment comprenez-vous le sens d’élément ?" est ici de faible importance relativement à la question qui touche à l’essence même du dialogue : l’accord sur les termes qui permet la discussion et donc la définition commune du dialogue véritable (ce sur quoi pourra porter l’accord second, dans une démarche de connaissance).

Je crois que la politesse n’est pas Principe, mais ingrédient et non nécessaire. Le Principe, c’est le souci du vrai (« Il est comme cela, Hippias, tout simple, vulgaire, sans autre souci que celui de la vérité », 288b). Par souci de la vérité, on ne choisira pas à l’avance l’érisitique, (même si, comme le soulignait le Très-Haut, mieux vaut avoir quelques lances en réserve, au cas où), alors que celui pour qui le respect de la convention importe, renoncera à l’exigence nécessaire ("restons bons amis, on ne va pas se fâcher, ni s’insulter comme des charretiers" ; certes mais il s’agit d’un renoncement au vrai et donc au juste) et d’ailleurs il se focalisera souvent sur des questions de ton (afin de l’emporter ou de mettre un terme à la discussion ; Schopenhauer en a d’ailleurs dressé une liste moderne).

Terminons par la « thèse » de Finkielkraut (qui finalement apparaît !). Nous sommes d’accord, il n’est pas J-J. Rousseau. Mais nous non plus, donc le reproche est de faible portée.

Il ne critique même pas ceux qui pourraient passer pour des idéologues du progrès ; je souligne dans l’article qu’il ne discute pas les thèses du CAE, ou d’autres auteurs réunis dans l’anthologie de l’Eclat, mais le message publicitaire de France Telecom...Il se place dans une logique médiatique et nous ressort un numéro éculé et assez mauvais (mais bon, c’est une tradition française) : l’intellectuel (tm) qui lui pense (eh pardi, il n’est pas intellectuel pour rien !) et révèle les choses cachées (les marchands pour vendre utilisent des notions populaires et promettent le bonheur, le progrès...). C’est son droit, et certes plus vendeur que "j’entrave que dalle mais il faut que je vous en cause". Le plus intéressant est le recours à la notion du culture (le livre, l’Auteur).

J’ai essayé dans l’article (qui prend place dans une rubrique) de faire apparaître les implications politiques qu’un tel recours est chargé de maquiller, et qui à mon avis détermine la faiblesse de ses articulations et de sa méthodologie. Une critique radicale de la notion de progrès moral doit conduire à se demander après avoir questionné la technique (et ses illusions), en quoi le médiateur y participe ou non. Quelles sont ses vertus ? Quelle fonction ont ses discours, quelle place prend-il (lui et ses analyses) dans le processus qu’il prétend décrire ?

On constate qu’après la jonglerie facile sur l’illusion d’un progrès moral qui suivrait automatiquement le progrès technique, on a le droit à une défense pro domo (conservatisme politique et conservation de sa place). Et là en effet, on est vraiment très loin de Rousseau (y compris pour la politesse dont on parlait plus haut : « il règne dans nos moeurs une vile et trompeuse uniformité, et tous les esprits semblent avoir été jetés dans un même moule : sans cesse la politesse exige, la bienséance ordonne ; sans cesse on suit les usages, jamais son propre génie », Discours sur les sciences et les arts, première partie).

Il ne s’agit pas de renverser simplement l’accusation (transformer la question "Internet permet-il un progrès moral de l’humanité ?" en du pur ad hominem : "Le livre de Finkielkraut permet-il un progrès moral de l’humanité ?") mais d’examiner les présupposés sur le rôle du médiateur tel qu’il se pense ou plutôt s’imagine. (ce qu’ont bien vu certains intervenants du forum).

On constate que ce dernier revendique pour lui des qualités indispendables à la moralité telle qu’il la conçoit (dénoncer les vilaines illusions ; il y a quelques années c’était la barbarie qui était à la mode...), qu’il se place en héros de la Culture (versus précisément la civilisation) et participe donc activement au souci de régulation de l’expression publique.

Et nous alors ?

« Pour nous, hommes vulgaires, à qui le ciel n’a point départi de si grands talents, et qu’il ne destine pas à tant de gloire, restons dans notre obscurité. » (seconde partie).

amicalement,

Lirresponsable

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Fatale liberté
24 janvier 2003, message de Vincent Becker
 

J’ai déjà lu pas mal de choses de Finkielkraut dont j’apprécie dans l’ensemble la réflexion, mais l’ouvrage dont il est question ici m’avait quelque peu laissé sur ma faim. C’est en surfant à la recherche de tout à fait autre chose, en zappant, en exerçant ma "fatale liberté", que je suis tombé sur votre très instructif article. L’internaute dont parle Finkielkraut n’aurait sans doute pas tout lu ; il aurait zappé à nouveau, serait allé lire du bien de l’auteur sur "vivefinkielkraut.com", exerçant par là la tyrannie de sa volonté. Eh bien non, j’ai tout lu, et beaucoup apprécié. La fatale liberté ne vient certainement pas du médium mais de l’usage qu’on en fait, autrement dit de l’éducation qu’on a reçu. La vraie responsabilité à l’égard d’Internet ne consiste pas à le condamner mais à former ceux qui s’en servent, à titiller leur ouverture d’esprit. Dans ces conditions la liberté n’a rien de fatal, bien au contraire.

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> Fatale liberté, Lirresponsable, 24 janvier 2003

La fatale liberté ne vient certainement pas du médium mais de l’usage qu’on en fait, autrement dit de l’éducation qu’on a reçu.

Oui c’est le problème classique des sophistes : l’enseignement de la vertu :)

La véritable autonomie suppose la consultation de "vivefinkielkraut.com" et "alain-raconte-des-conneries.org" pour formation ; et Internet est alors un outil très utile. On comprend dans ces conditions que FinkielKraut Corp. revendique le monopole du savoir (ses/les livres, lui) en disqualifiant le médium nouveau et ses intervenants (des victimes de la fatale liberté), qu’il ne connaît pas. Parce qu’au dela du problème culturel, il y a un enjeu politique (« un état d’esprit ultralibertaire », et un petit coup de 68 en passant) et économique : comme si les éditeurs ne vendaient pas de papier et les télévisions des programmes, non le seul centre commercial est Internet (« D’ailleurs que fait-on sur la Toile sinon passer commande ? »)... Sans doute aussi parce que la contradiction n’est pas véritablement et directement présente dans son essai (il y a qu’un reliquat de dialogue à la fin, et aucune discussion théorique sur des textes qui traitent de l’hypertexte, du copyleft, etc.), ni d’ailleurs et plus radicalement dans les médias où il apparaît.

 
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> Fatale liberté, Tiresias, 24 janvier 2003

Eh les réductionnistes, ne vous embêtez surtout pas, hein... Si l’usage dépend de l’éducation reçue, et que celle ci est en l’espèce l’enseignement de la vertu, on ne voit pas très bien d’où viendrait le développement du sujet, because tout ça ne serait qu’inéluctable effet d’inculcation, et indéfinie répétition des mêmes schèmes, par des sujets finis précocément. Pire que la psychanalyse votre truc. Bon j’ai triché un peu en emboîtant vos deux points de vue, mais c’est fascinant, la génèse d’un determinisme. Z’avez pas un pti coup d’aliénation en sus, et c’est complet, bon à emballer ?

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Ressouvenir & apprentissage, le coup de la torpille, Lirresponsable, 25 janvier 2003

Si l’usage dépend de l’éducation reçue, et que celle ci est en l’espèce l’enseignement de la vertu, on ne voit pas très bien d’où viendrait le développement du sujet,

L’usage ne dépend pas uniquement de l’éducation reçue, il n’y a pas de réductionnisme dans nos propos ; que celle-ci s’intitule vertueuse est une limitation habituelle, puisque le pédagogue ne va pas revendiquer ouvertement l’enseignement du vice (rôle de la norme sociale) ou une mauvaise éducation (sinon il perd ses clients). Il y a effectivement des normes et des pratiques qui sont reçues, à travers l’outil, et de domaines préexistants à l’outil (citer ses sources par exemple ; cf. le lien sur l’hypertexte). De même l’outil conditionne un certain type d’usages par sa forme et sa finalité. Il nécessite d’ailleurs une formation, ou un apprentissage.

Ainsi le discours de Finkielkraut est conditionné par l’opposition livre/Internet, sans doute parce qu’il s’agit de sa formation (ce avec quoi et en vue de quoi il a été éduqué, selon une axiologie qu’il a adoptée). Pour lui, l’outil Internet ne participe pas de l’éducation. Avec toujours l’argument caricatural (imaginaire dans son essai) du remplacement pur et simple de l’enseignement par l’agitation multimédia.

Au contraire, cet objet technique qu’est Internet est culturel et participe du développement du sujet (la formation est continue :)). Cette séparation technique/culture a d’ailleurs un lointain écho de forêt noire (Wissenschaft denkt nicht), i.e. que la conception instrumentale de la technique (en faire un ensemble d’outils relevant d’usages) ne pense pas l’essence de la technique. D’où le délire sur la noyade du livre développé par Finkielkraut, sans doute une crue du Rhin pro-voquée par un barrage électrique...

because tout ça ne serait qu’inéluctable effet d’inculcation, et indéfinie répétition des mêmes schèmes, par des sujets finis précocément.

Oui c’est le discours des sophistes, mais cette fois comme Calliclès, l’éducation = dressage et domestication des jeunes fauves que les faibles, (qui font les lois), endorment et neutralisent avec leur doctrine de l’égalitarisme. Du formatage.

Ce qui est amusant, Finkielkraut en vient lui aussi à critiquer l’usage du Net en fonction d’une prétendue hiérarchie naturelle (de l’ordre de la Nature) : le Net est mauvais car il joue sur l’illusion que chacun est auteur. A la fois sur un plan littéraire (auteur de livres) et politique (auteur de son organisation). Et il s’agit dans ses conditions d’établir des lois (nomos) qui illustrent la nature (phusis)...

Z’avez pas un pti coup d’aliénation en sus

Si, si on a ça en stock ! :)) le modèle médiatique comme anti-éducation formatrice (tm).

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> Contre la fatalité de Finkielkraut
11 novembre 2002, message de Titi
 

Bravo.
Ce que je desespere de trouver le temps et la volonte de faire de puis si longtemps est enfin arrive : une deconstruction detaille et intelligente d’un texte de Finkielkraut. Il y aurait un immense travail a faire, rien qu’a decortiquer toutes les conneries sociologiquement ridicules qu’il peut dire chaque samedi matin a 9h05 sur France Culture !
Un jour, quand mes capacites intellectuelles seront assez developpes, je m’essaierai a ce travail, sur un echantillon bien sur car accorde plus de temps a Alain F. serait une perte de temps.

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> Contre la fatalité de Finkielkraut, Damien, 4 novembre 2003

Je n’ai pas de sympathie particulière pour Alain Finkielkraut (même si certaines de ses analyses sur l’abominable moralisme de la modernité sont parfois pertinentes). Je suis pourtant assez attristé par le caractère insultant du commentaire auquel je veux répondre ("Bravo ... temps"). C’est bien gentil de dénoncer haut et fort les "conneries sociologiques ridicules" de Finkielkraut, mais il faudrait peut-être argumenter, réfuter, et donner des exemples !!! Par ailleurs, l’auteur de cette dizaine de lignes aurait pu faire l’effort de relire son texte : la première phrase ne veut rien dire, et l’orthographe est déplorable.
Avec mes amitiés malgré tout.
Damien

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> Contre la fatalité de Finkielkraut, 1er mai 2004

Un grand merci pour cette mise au point. Vous avez entièrement raison de souligner l’indigence linguistique de l’intervention (qui tend à donner raison à Finkielkraut plutôt qu’à l’auteur de l’article dans la mesure où internet permet et encourage un certain relâchement de la langue et de la pensée). Je me permets de rectifier la remarque de Titi : l’émission est à 9h07 ! Mais il faut l’écouter pour le savoir, ce qu’il ne doit pas faire souvent. Dommage, cela l’aiderait peut-être à développer ses capacités intellectuelles comme il le souhaite ardemment.
Bien à vous
L’Islandais

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> Contre la fatalité de Finkielkraut
26 octobre 2002, message de un élève
 

Que cette caricature de philosophe enseigne dans les grandes écoles montre le degré de décrépitude de l’Ecole.

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> Contre la fatalité de Finkielkraut, 1er mai 2004

Avez-vous assisté à ses cours ? Avez-vous lu ses livres ? Avez-vous une seule fois écouté en entier son émission de radiodiffusion ?
Si vous répondez non à toutes ces questions, vous parlez sans rien savoir, au lieu de vous taire et d’aller vous instruire en assitant à ses cours, en lisant ses livres et en écoutant ses émissions. Ces choses faites, votre charge populo-poujadiste aura un peu plus de poids.
A vous
l’islandais

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> Contre la fatalité de Finkielkraut, Jeune Spartiate, 12 septembre 2004

Je crois que l’auteur de ce post est un de ses élèves à l’Ecole Polytechnique. Tant pis pour lui... :-)

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Contre la bêtise, 28 octobre 2004

je n’ai jamais suivi aucun de ses cours et je suis agrégé de philosophie donc assez apte, me semble-t-il à juger du contenu philosophique (pas parfait) des livres de Monsieur Finkielkraut ! Les procès d’intention ne sont sans doute pas le sommet de la pensée libre et de la réflexion. Nous serions plutôt du côté du chien de Pavlov !
A bon entendeur
L’islandais

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> Contre la fatalité de Finkielkraut
19 octobre 2002, message de Luc Rany
 

Internet, source de connaissance, de divertissement, symobole de l’ouverture d’esprit de l’être humain. Quel bonheur, Internet est là pour résoudre tous nos problèmes.

Et dire qu’un intoxiqué de bouquins ose se rebeller contre la magie du web. Quel "nul". Internet, c’est "cool".

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> Contre la fatalité de Finkielkraut, Pascale Louédec, 19 octobre 2002

Opposer "livre" et "web" est un peu simpliste non ?

Les supports ne s’opposent pas. Ils se complètent. Et le support ne préjuge pas de la qualité du contenu.
Comme en peinture, ce n’est pas le pinceau qui fait l’artiste, de même l’outil de diffusion ne garantit pas l’intérêt ou la nullité de ce qui peut y être diffusé.

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> Contre la fatalité de Finkielkraut
29 août 2002, message de Souplounite
 

Excellent article.

Enfin on épingle ce vieux satyre intellectuel de Finkielkraut et ses effets de manche pour caméra de télévision.

Tu y réponds point par point, c’est bien.

Mais le vieux sophiste est expérimenté et toujours sa parole noie la vérité, mélange les causes et leurs conséquences, et embrouille le peuple pour garder sa gamelle.

Tant pis, car il fallait que ce fusse dit, et tu l’as dit. Donc, bravo.

Et s’il n’y avait que lui pour déblatérer sur des sujets dont il ne connait ni la queue d’Eve ni la Pomme d’Adam. Ou l’inverse.

De plus, l’article est joliment érudit. Finkielkraut se bat contre le monde d’aujourd’hui sans réaliser qu’il est un des produits, jetables et normés, d’une élite arriviste.

Bonne chute, Finkielkraut.

Souplounite

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> Contre la fatalité de Finkielkraut, cyril@hi.is, 26 juin 2003

... que ce fût dit !!!!!
le respect de la langue est inséparable de celui de la pensée. Je doute, depuis mon isle, qu’un seul des courageux éructants ici présents n’ait ce respect de la langue que, précisément (toutes ces interventions en sont une illustration in situ) "internet" contribue par son exigence de vitesse à menacer. Point d’idéologie ici, seulement ces messages où souffre la langue !

 
en ligne : l'islandais
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> Contre la fatalité de Finkielkraut, 15 avril 2004

J’écoute tous les samedi Réplique sur France Culture, émission fort intéressante animée par Alain Finkielkraut. J’ai lu un certain nombre de ces ouvrages, tels La Défaite de la pensée, L’Ingratitude ou encore L’Imparfait du présent. Excepté une allégence trop évidente faite aux Etats Unis, je suis très souvent en accord avec ce qu’il dit. Aussi vous conseillerais-je de vous pencher plus attentivement sur les dires de cet intellectuel, lequel ne mérite pas la carricature très biaisée et assez peu convaincante à laquelle vous vous livrez.

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> Contre la fatalité de Finkielkraut
9 août 2002, message de elmer
 

Bien que n’étant pas dupe du procès d’intention que tente M. Finkielkraut à l’égard d’internet, il me semble qu’il faudrait nuancer la critique d’un pauvre con pour se pencher sur les ruptures qu’entrainent l’utilisation généralisée du média web. Dans une société qui par ailleurs, vante (et vend) l’utilisation de ce média particulier dans une optique qui lui est propre, il faut se dégager de l’hypocrisie qui règne et qui peut nous conduire à construire une éthique de l’internaute, comme on tente encore, malgré tout de construire celle du téléspectateur.

Il me semble qu’internet brouille les cartes, et déconcerte l’intellectuel ou le "cultureux" de base dans le nouveau rapport qu’entretient l’individu avec la source d’information consacrée par l’ère technologique. Notre société démocratique se délite, non parce qu’elle crée l’illusion de la toute-puissance de l’internaute, mais parce qu’elle n’arrive que difficilement à s’adapter à un progrès technologique dont s’est très vite emparé la sphère marchande.

De là, on découvre que "l’avènement" de la Toile développe de nouvelles pratiques riches d’un potentiel pour de réelles avancées démocratiques auxquelles le système politique actuel à du mal à s’adapter. La démocratie contemporaine s’accomode très bien des "spectateurs-internautes" comme des téléspectateurs, surtout lorsqu’ils sont persuadés du potentiel économique qui lui a été attaché (style "autoroute de l’information" et blablas du même genre).

Internet donne les moyens nécessaires à ceux qui ont comme optique un dépassement ou un approfondissement de la démocratie dans ce qu’il permet dans l’échange, la transmission et le dialogue. Or, ce sentiment de "fatale liberté" n’est pas lié à intenet, mais à l’illusion de l’offre illimitée telle que le monde économique et libéral le conçoit pour l’ensemble de la société.

Il importe peu qu’un pauvre type déboussolé veille défendre son bif-steak face à un concurrent sérieux sur son propre marché (l’édition comme sa "diginité" d’intellectuel). Soyons ensemble lucides sur l’essentiel : le web est utile en tant que nouvelle possibilité offerte d’agir de manière efficace contre le système, et c’est là-dessus que se construit la résistance à la "régulation" en marche dont vous participez, à mon grand plaisir. Nous ne pourrons faire l’économie d’un travail sur le rapport à l’information que nous permet cet outil, pour renouveler la démocratie et lutter contre la totalisation voulue par la sphère néo-libérale mondiale...

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> Contre la fatalité de Finkielkraut, l’islandais, 26 juin 2003

on "intente un procès d’intention", on ne le "tente pas" !!! De plus, n’est-il pas étrange de parler "d’intentions d’internet" !!!! Pensez-vous vraiment qu’un réseau, qu’un medium (un medium, des media) ait des intentions ??? Avant d’insulter les gens, il est bon de respecter au moins la langue dont on use pour exprimer sa pensée.

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Internet et connaissance
9 août 2002, message de Mathieu
 

Contre le pseudo-projet Rimbaud, j’aimerais bien en présenter un bien réel, le projet HyperNietzsche, qui donnera à terme accès aux manuscrits, aux versions dactylographiées puis publiées des oeuvres de philosophe, ainsi qu’à un certain nombre de travaux.
Dans les textes, les liens hypertexte permettront de suivre l’évolution d’une thématique tout au long de son élaboration.
Ce travail ouvre de nouvelle perspectives à l’étude des textes, littéraires et philosophiques.
Enfin, voyer vous-mêmes.

 
en ligne : HyperNietzsche
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> Internet et connaissance, Pascale Louédec, 9 août 2002

Le projet Rimbaud n’est pas un pseudo projet sauf dans l’esprit de Af qui te dirait la même chose pour HyperNietzsche ou le magnifique projet Charette pour ce qui concerne le moyen âge.

Af est dans la religion du papier de manière intégriste, alors qu eles supports peuvent se compléter ( ce qu’il ne dit pas, faisant acte de mauvaise foi dans son exemple sur le projet Rimbaud). Les supports ne sont pas concurrents, ils sont complémentaires, comme la voix et l’écrit. Pour quelle raison faudrait-il qu’on ne lise, étudie ou réfléchisse pas qu’à partir d’un support papier. Le lieu du poème, pour répondre en boutade à Finkelkraut, n’est pas le papier, c’est la mémoire et c’est la voix.Vous voyez comme en la matière,une telle assertion peut paraître relative.

 
en ligne : Projet Charrette
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> Internet et connaissance, yezh, 1er octobre 2003

Merci pour vos liens, en particulier le Projet Nietzsche que je ne connaissais pas et qui me paraît prometteur.
Dans le même genre, sur Gide : www.gidiana.net

Bon je crois que tout a été dit sur l’"obscurantisme" de A.F. ....

 
en ligne : Gidiana
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