Quand l’un des organes centraux de l’appareil de propagande voué à la glorification du Très Saint-Marché, entendre la mise en coupe réglée de la veuve de Carpentras et tous autres benêts bon à tondre, titre en Une, comme le fait La Tribune du 29 mars : « La crise des Telecoms pèse sur l’emploi et la croissance », il y a quelque chose de pourri au royaume enchanté de la convergence, de l’UMTS, de la dérégulation, et de l’avenir radieux que quelques grands hommes nous concoctent. Attendez vous donc à savoir que la tension monte à El Pao. Car il appert que notre très glorieux opérateur national, ci-après La Grosse, vole ardemment au devant de très prévisibles et néanmoins épouvantables désastres.
Au même titre qu’aux Etats-unis les ouragans mettent en faillite certains assureurs, au même titre l’UMTS fait vaciller et fera chuter certains opérateurs de télécommunications européens. Outre des vitesses d’endettement hallucinantes - F.T. quadruple le sien en un an, à plus de 60 milliards d’euros -, onze opérateurs ont vu leurs notations rétrogradées [1]. La situation rappelle furieusement celle de l’assurance nord-américaine de la fin des années 80. Après une distribution massive d’options, les compagnies s’étaient rendues très vulnérables aux mouvements de taux d’intérêt. [2]
Avec des résultats désastreux : explosion des faillites, jusqu’à 58 pour la seule année 1990 ! Disparition de noms célèbres comme First Executive, Mutual Benefit ou Monarch. Près de deux
cent cas d’insolvabilité recensés sur la période 1976-1991, et une contamination qui n’a pas épargné l’Europe, puisqu’on a vu en France la quasi-faillite de la GMF, ou l’effondrement du « rating » (de AAA à BBB), des quatre plus grands assureurs scandinaves.
Sans doute comparaison n’est-elle pas raison. Cependant, l’analogie semble fonctionner. En effet, à partir de l’instant où un assureur décidait d’attirer des clients en leur offrant le maximum de flexibilité, via une distribution gratuite d’options de toutes sortes (« surrender options », « policy loans options » etc. [3]), les autres assureurs se sentaient obligés de suivre. Ce qu’ils firent dans une euphorie telle qu’il devenait incongru de poser la seule question qui valait : que deviendrez-vous quand les options seront exercées ? La question ne fut pas posée, les options furent exercées et les compagnies sombrèrent.
Panique à UMTS Park.
Dès lors, la transition avec les télécoms est simple : l’UMTS n’est-elle pas une (tout aussi désastreuse), réplication de la figure de l’assurance nord-américaine de la fin des années quatre vingt ? En attendant, l’atmosphère est à la panique. Depuis le Forrester Research Center jusqu’au commissaire européen à la société de l’information, Erkki Liikanen, tous redoutent une décimation dans les rangs des opérateurs, et les dégâts collatéraux considérables qui s’ensuivraient. Ou comment les tontons macoutes de la dérégulation se prennent les boomerangs qu’ils ont eux-mêmes lancés en pleine tronche...
Dans la plupart des cas, déréguler revient à supprimer des forces de rappel, au point que le « Kaiser » Strauss-Kahn usait de la métaphore des glaçons sur un carrelage pour illustrer la mutation de l’environnement des entreprises [4]. A l’évidence infoutue de faire autre chose que de détruire les anciennes régulations - dont on peut penser tout le mal qu’on voudra mais qui existaient bel et bien -, la Kommission en a rajouté. Elle a bruité jusqu’au seuil de douleur, le paysage qu’elle avait "créé".
Muette sur le schéma d’attribution des licences (gratuité finlandaise, enchères chez les grands britons et les allemands et prix affiché chez les bérêts-baguettes), ignare sur la faisabilité technique du machin, mais ferme jusqu’à l’autoritarisme sur le calendrier, elle exhibera une vacuité touchante sur les contenus, au motif inavoué qu’on n’a jamais vu les aristos sortir les poubelles, et que décidément le petit personnel n’est plus ce qu’il était.
Simultanément les ânes patentés en prospective divinatoire - analystes, haruspices et gourous emplumés -, réfutent aujourd’hui ce qu’ils affirmaient hier avec cet aplomb infaillible auquel on reconnaît les mercenaires. En face - mais est-ce vraiment en face, ou n’est-on pas là dans une posture quasi incestueuse ? -, le comportement des opérateurs relève plus du mouvement de foule que de la stratégie. Et on attend le jour où René Girard publiera sa défense et illustration du désir mimétique appliquée aux télécoms...
La pensée lente et précise de Girard nous ménageant quelques délais, nous vous offrons, en attendant la mort, de passer agréablement le temps en nous posant toutes sortes de questions sur des sujets dont nous nous contrefoutons royalement, de façon à ce qui s’écrira n’aura qu’à se réjouir d’être inutile, ou se moquer d’être insensé car, comme l’écrit l’immense Raoul (Vaneigem) : "Nous ne voulons pas être les meilleurs, nous voulons que le meilleur de la vie nous soit acquis."
Or donc, France Télécom est-il encore un objet lisible ou un hybride viral ? S’agissant de la Grosse, le coq à l’âne et les incidentes potagères sont vivement recommandées, tant ce qui s’y passe est pour les cathos hétéros, grave, et pour les mécréants rigolards, grave et même tellement vachement grave qu’ils renouent avec l’ancestrale tradition de l’élevage clandestin des pigeons voyageurs qui iront porter à leurs dulcinées ces petits mots d’amour définitifs et glougloutants : « Chérie, je t’aime mais n’oublie pas le pain. »
Orange, impair et soldes.
Et comme nous sommes dans les miches, parlons-en. D’abord - et c’est un point fondamental -, l’hystérie libérale a permis de vendre une partie d’un bien public - FT -, à ceux qui le possédaient déjà [5]. Les mêmes ont ensuite donné les fréquences GSM - autre bien public, le chapître UMTS le montre à l’envi -, à des opérateurs qui par là changeaient d’ère, tout en trayant la brave laitière du filaire. En guise de stratégie industrielle, rien ou si peu, hormis le tropisme de la taille et le syndrôme de l’homme riche : « Too big to fail ! ».
Cependant, et bien que le téléphone mobile soit devenu en quelques années un marché de masse, l’exploitation stricto sensu contribue moins au résultat opérationnel que les plus values de cessions. En d’autres termes, c’est moins la croissance du nombre d’abonnés, et du « panier moyen » par abonné - soit en général le montant de l’abonnement qu’il acquitte chaque mois -, qui expliquent le résultat que les cessions d’actifs. Cessions dont, naturellement, on affirme qu’elles ne sont pas stratégiques, dans la pure tradition du discours d’autorité.
Tout semble se passer comme si l’on voulait délier une molécule compacte et l’atomiser - avec toute la cascade de conséquences sur le statut des personnels venus de l’ex Postes & Télécommunications, et la nature juridique des nouvelles entités ainsi créées, comme par exemple Equant-Global One, dont FT serait actionnaire à 54,3 %, avant d’y injecter 1 milliard de dollars. Sans oublier les incidentes sur l’avenir du « service public » des télécommunications, en clair le droit pour tout un chacun de pouvoir communiquer avec autrui, sans se faire épouvantablement racketter par les différentes mafias qui ont déclaré une guerre totale aux « zopérateurs nationaux », fossiles dont la Très Sainte Eglise de la Dérégulation a décrété l’arrêt de mort.
La bulle des telecoms, après celle de l’Internet, pourrait ainsi rester dans les annales de l’histoire économique, après la spéculation sur les bulbes de tulipes hollandaises ou celle sur les chemins de fer américains, comme la caricature grimaçante des chaînes de Ponzi. Ce même schéma de ventes pyramidales dont les Albanais firent les frais il y a quelques années, attirés comme des mouches par les taux mirifiques qui leur étaient promis et auxquels ils ont cru !
Cette bulle a néanmoins autorisé des fusions-acquisitions via l’usage systématique de fausse-monnaie. De ce point de vue l’épisode AOL-Time Warner a montré combien le marchand de pizzas apprenait vite, et combien en face la morgue nobiliaire des gardiens des trésors éditoriaux, iconographiques et musicaux, pesait peu.
Transposé en Europe, le schéma produit déjà ses effets délétères. Le krach du Nazedaq, et l’effet domino qui s’en suit, provoquent une volatilité sidérante - le carburant des spéculateurs -, dont l’un des effets est de solliciter plein pot les mécanismes de socialisation des pertes que sont ces trouvailles, quasi-mafieuses, de l’amortissement des écarts d’acquisition (1 milliard d’euros pour FT en 2000, dont 480 millions pour Orange), et des provisions pour dépréciations d’actifs (3,4 milliards d’euros dont 1,7 pour Orange. 0,9 pour NTL et 0,72 pour Global One). [6].
L’armée des ondes.
Notons au passage que Mister Good, entre deux acrobaties boursières de haut vol, a aussi pris le maquis. Haut les coeurs ! Ne voilà-t-il pas que notre homme annonce itou vouloir bazarder le patrimoine immobilier de FT. Et ce pour la modique somme de 3 milliards d’euros. Kèzako ? Kolossale finesse ! Ledit patrimoine immobilier ce sont, notamment, les centraux téléphoniques. Le systême nerveux central de la Grosse. Lesdits centraux, en l’espèce les immeubles qui les abritent, vont être vendus en « lease-back » à des amis promoteurs, qui les reloueront illico à la Grosse. Ni vu, ni connu, je t’embrouille. Du coup, la Grosse va continuer à se foutre joyeusement de la tronche de la foule de carnassiers concurrents, qui révaient déjà de venir installer leurs commutateurs dans les centraux de notre Bon(ne) Grosse...
Ceci afin de doper la Koncurrence, après que la grand messe de la dérégulation ait été entonnée en choeur, par l’ART, Bruxelles, Matignon, et autres zouaves approximatifs. Peuvent aller se rhabiller les guignols ! De quoi ? Vous voulez poser des bretelles chez moi ? Ah, bon, faudrait prendre langue avec le proprio, mon brave, essayez de faire le 22 à Asnières, peut-être ben qu’ils vous répondront... Les zozos qui fantasment sur les « Zhauts-débits-gage de l’enfin décollage de l’Internet bérêt-baguette-avec aménagement du territoire solidaire-video plein pot et plus si affinités » peuvent réserver leur place aux 54 000 colloques qui vont se succéder sur la question, avant que la Grosse leur refile l’adresse du Century 21 (TM) qui va récupérer les clés de nos fameux centraux, qui leur interdisent pour l’heure (et ça va durer !), l’accès tant attendu à la mirifique « boucle locale »... Pouvez toujours vous brosser les aminches. FT meurt, mais ne se rendra pas. Remballez vos quincailleries et allez vous faire bronzer, le temps que ça vous reprenne. Bien joué, Mister Good. Trop fort le mec ! Faut les entendre brailler à l’égorgement, et en appeler à la vigoureuse intervention de l’Etat, les apaches de la boucle locale, hérauts de la Konkurrence qui va faire baisser les prix, au plus grand profit du Kon-sommateur [7].
Revenons à nos moutons, actions et obligations. Le programme de cessions annoncé par l’immense Mister Good est donc tout à fait éclairant. Que dire, il irradie...
En janvier 2001, le boss annonce une réduction de son endettement de 30 milliards d’euros à fin 2002. Deux mois plus tard (22 mars 2001), il relaxe le montant en ouvrant la fourchette entre 20 et 30 milliards, puis il relaxe la date entre 2002 et 2003.
Toujours en janvier 2001, Michel Bon confie aux Echos un plan de cession d’actifs non stratégiques (bien évidemment !), de 20 milliards d’euros, lesquels seront ramenés deux mois plus tard dans une fourchette, à son tour relaxée, de 15 à 20 milliards, dont 10,5 pour la seule année 2001. En avant pour les soldes : KPN Orange (0,5 milliards), Sema (1 milliard), Noos (1 milliard), Sprint FON (2 milliards), ST Microelectronics (4 à 5 milliards). Restera à s’alléger de Sprint PCS (2 milliards), du reste de l’immobilier (1 à 2 milliards), et de diverses participations (1 à 3,5 milliards).
Les opérations réalisées au moment de la grande bringue de l’an dernier ont naturellement migré dans les bilans. Ainsi en va-t-il des titres FT que Mister Good rachète à Vodafone. Là encore, les coups de pieds à suivre dans le futur ont de quoi sidérer les meilleurs rugbymen. Mister Good a beau jeu d’annoncer leur remise sur le marché dans deux à trois ans en risquant un cours compris entre 70 à 100 euros, et les 7 à 10 milliards que l’opération pourrait rapporter. On ne louera jamais trop l’infinie putasserie du conditionnel, ni la crédulité touchante des petits porteurs dans leur rôle de police d’assurance gratuite des gros porteurs.
Cependant, c’est la concommitance du quadruplement de l’endettement et des cessions d’actifs qui ne cesse d’intriguer. Qu’un industriel se défasse de participations non stratégiques, rien que de banal. Sauf qu’ici, il serait amusant de connaître la génération des actifs, i.e. leur date d’acquisition/entrée dans le bilan... En effet, le quadruplement de la dette dessine une figure extrêmement intéressante. Les obligataires seront servis au taux du papier qu’ils ont souscrit. En revanche - et quelle revanche ! -, les actionnaires sont d’une part, les seuls à bénéficier de l’effet de levier issu des obligataires et, d’autre part, les seuls à disposer d’un droit sur le résultat. [8]
Tout cela est bel et bien bon, Mister Good. M’enfin, on ne peut valablement soutenir "je me désendette", qu’à la condition de racheter son papier. Or les cessions d’actifs, pour ce que nous en savons au fil des funambulesques « road-shows » qui se succèdent, n’ont pas été dédiées au rachat de titres de dettes. Mais aux actionnaires.
Et puis, et surtout, que signifie cette plongée dans la dette, pour bramer illico : "mais je vais me désendetter fissa !" Je creuse un trou. J’ai un trou (emprunt obligataire), et le tas de terre (le produit de l’emprunt). Simultanément je vends les bijoux de famille. Au final, j’ai un trou, le tas de terre, et le cash des bijoux. A ce train là, va pas falloir attendre longtemps les cailloux. Dans la tronche. Et nos hiboux de se retrouver à genoux. Tous ensemble, tous ensemble : « Dans les choux ! ». (De Bruxelles, à la plus grande joie de nos emplumés de la Kommission du même nom.)
Le bal des vends !-pire.
Or cette année, nos amis actionnaires seront à la fête puisque les seules sociétés du (très) C(R)AC 40, (TM), vont leur verser plus de 100 milliards de francs de dividendes. Du jamais vu. Jospin Akhbar ! Schématiquement, actionnaires et obligataires n’accordent pas le même prix au futur. Ce qui revient à dire que leurs taux d’actualisation sont différents, plus élevé chez l’actionnaire que chez l’obligataire. Et ceux qui se sont débattus avec le théorème de Modigliani Miller savent qu’il est en général faux. La valeur dépend bel et bien de la structure d’endettement d’une société.
Donc l’actionnaire qui est « liquide » est assez indifférent à la construction du résultat - ici des cessions massives d’actifs. En 2000 déjà FT s’est débarassé de ses participations dans Deutsche Telekom, Telmex et Crown Castle, qui ont rapporté 7,2 milliards net (3,9 milliards de plus-values après impôts). Ce sont ces cessions qui ont permis de sauver le bénéfice net, qui a même augmenté de 32%, à 3,6 milliards d’euros. Contre 3,7 prévus par les analystes. Seul compte donc pour l’actionnaire le résultat, sur lequel il est le seul à disposer d’une sorte de droit de tirage [9]. L’emprunt « jumbo » de FT (mars 2001), d’environ 16,4 milliards de dollars (libellé en euros, en livres et en dollars), semble bien corroborer cette logique purement financière. D’autant que l’opérateur français annonce un plan de titrisation de 5 % du chiffre d’affaires, plan qui lui permettra d’émettre une autre génération d’obligations. [10]
Au final, le désendettement annoncé ressemble furieusement à un leurre. Il s’agirait en l’espèce de réaliser des actifs au profit exclusif des actionnaires, dans la grande tradition de la prédation. Et quiconque a vu les lions boire au marigot a également vu les antilopes faire le poireau une paille derrière l’oreille.
C’est ce que font les fonctionnaires et les salariés de FT. Car la Grosse est un hybride. Issue des Postes & Télécommunications, FT fut un EPIC [11], avant de devenir une SA deux temps, carburant au mélange : 3/4 fonctionnaires, 1/4 salariés de droit privé. Mélange fumant...
France S.A.
Une SA dont l’Etat serait - mais l’est-il encore ? - l’actionnaire majoritaire.
L’inoxydable Georges Sarre, député MDC du XIème arrondissement de Paris, a interpellé il y a trois mois l’autorité de tutelle de FT. Sa question a été publiée au Journal Officiel le 8 janvier 2001. Notre bon Georges, fort attaché comme chacun sait à la défense - totalement forcenée -, du service public, interrogeait ladite autorité de tutelle aux fins de connaître, notamment, l’actuelle composition du capital de FT. Dont l’Etat est réputé détenir 54% du capital. Il semble, à ce jour, qu’il n’y ait plus d’abonné au numéro qu’a composé notre bon Georges. Comme l’excellent quotidien de référence béret-baguette (le seul, le vrai, Le Monde), a publié en Une il y a peu un très intrigant article, signé de l’une de ses journalistes, Mme Anne-Marie Rocco, article audacieusement titré « Faut-il privatiser France Telecom ? », on est en droit de s’interroger...
Une SA, la même, qui propose à des fonctionnaires de devenir actionnaires de la Grosse, à un cours préférentiel, et garanti par le Crédit Lyonnais [12].
Une SA qui offre, toujours à des fonctionnaires, participation et intéressement, genre douanier colombien des hauts-plateaux.
Une SA qui vers 1995 sort de l’Ircantec - la caisse de retraite complémentaire recevant les agents non titulaires des administrations, services et établissements de l’Etat, des départements et des communes -, signifiant par là que les contractuels de droit public relèveraient désormais des caisses Arrco et Agirc des salariés de droit privé.
Une SA qui a su, comme l’a fait le Medef, instrumentaliser jusqu’à la caricature des instances syndicales dévouées à l’arithmétique élémentaire du compte de résultats qu’autrefois, moins pudique, on appelait compte « d’exploitation ».
Rien que l’euphémisation suffirait à justifier qu’on restaurât en place de Grève le pal, la roue et autres babioles propres à l’éradication des faux-culs, dont les langues chargées de sciure nous ont tant gâché le silence que nous sommes fondés d’exiger de pouvoir enfin danser et nous enivrer aux « flonflons du pal » (Jean Yanne - TM).
Une SA dont la gestion du personnel a conduit le Conseil d’Etat à rendre des arrêts dont le standing juridique ferait rigoler des étudiants de première année. [13]
Une SA qui, avec d’autres, joue une partie de poker avec des jetons de un et dix milliards d’euros, dans la pénombre d’un environnement concurrentiel atteint de fibrillations, et dans l’obscurité d’un steeple-chase technique, où une innovation brutale peut invalider les stratégies fussent-elles signées Boston Consulting Group ou McKinsey - ce qui pourrait expliquer que dans le métier tous volent à vue, pas aux instruments.
Hawaï gesture.
Enfin, la présence de l’Etat. Outre que nous n’avons pas enregistré de réponse officielle à la question - très officiellement posée dans le grand Livre de la République, le ci-devant J.O, ainsi que nous le révélions plus haut -, de savoir si l’Etat détient toujours la majorité de FT, il est assez probable que sa présence serve au placement de la dette. Il serait à cet égard hautement instructif de connaître la part des émissions ayant reçu la garantie de l’Etat. [14]
Pour l’heure, le titre FT est côté 56 euros environ à Paris. Son PER est > 29. Sur le Monep, qui traite les options sur le titre, le volume total, « puts » et « calls » confondus, dépasse les 5,5 millions de contrats. Les titres de dettes - obligations du compartiment CB/ secteur public et semi-public -, sont cotés à Paris dans 7 lignes obligataires, dont 5 comprises entre 4,8 et 5,7 %, et deux lignes à 9 et 9,3 %. [15]
Avant la publication des résultats 2000, et Mister Good voulant conserver son « rating » A, JP Morgan avait calculé que A impliquait 30 milliards d’euros de cessions, alors que 18 milliards de cessions conduisent FT à BBB.
Durant cette même année, le quadruplement de la dette de FT a fait tripler les frais financiers pour les conduire à 2,15 milliards d’euros, soit 14 milliards de francs. A rapprocher du bénéfice net (anabolisé aux cessions), de 23,6 milliards de francs. [16]
Et qu’est-ce qui se passe-t-il quand vous ne comprenez rien à quelque chose ? Vous trouvez immanquablement quelqu’un qui en connaît encore moins que vous pour tout vous expliquer.
Pile, c’est le commissaire qui s’y colle. Au menu : redéfinition d’un marché pertinent, d’une position dominante et de la concurrence rien de moins ! Ca sent le schisme, la Contre-Réforme. Va y avoir de la viande sur les murs [17].
Car en vérité, je vous le dis : la Grosse est moins barrée par un équipage qui carbure au rhum planteur que par des flibustiers à l’abordage qui, dans leur infinie sagesse, iront s’inonder au planteur sous les Tropiques, mais après la prise du vaisseau.
(Epitre aux déjantés, Saint Django Edwards, Chap. VI, versets 12 à 17).
A taaaaaaaaable !
Notes :