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Terre en vue !
13 mai 2002
13 décembre 2001
 
samedi 20 octobre 2001

Sangatte : un non lieu, pour des non-gens

par Olivier Aubert
 

« Et vous n’avez pas peur d’attraper des maladies ? » me demande un
C.R.S. m’escortant jusqu’à l’entrée du centre. Inauguré en septembre
1999 le « centre d’hébergement et d’accueil d’urgence humanitaire » de
Sangatte (800 habitants), situé à quelques kilomètres de Calais, a
accueilli 78 000 étrangers depuis son ouverture. Avant c’est dans la
rue qu’ils dormaient en attendant chaque nuit de gagner l’Angleterre.
Fin août, ces indésirables étaient environ 1700 (un record). Le 16 octobre
dernier ils étaient 1085. Mais comment être sûr de ces chiffres puisqu’à
part la Croix-Rouge qui « gère » ce centre et quelques agités, tout le monde
fait semblant qu’ils n’existent pas...

Déjà il y a la mer, parcourue de rayons de soleil, traversée sans cesse
de ferries blancs. Et puis il y a le sable blond, doux. Des dunes,
un rang de maisons, une route, un autre rang de maisons et puis
des champs à perte de vue. Sangatte c’est ça, une ville-rue un peu
éteinte pendant l’automne. Un axe qui traverse tout et que tout le
monde traverse sans cesse. Des policiers, des douaniers, des C.R.S. Et
puis encore d’autres policiers en civil, anglais, français. Et puis enfin
des migrants. C’est ainsi qu’il faut les appeler puisque « sans-papiers »
ils ne font que passer et que bien sûr personne ne se bouscule pour leur
dire, qu’ici aussi, ils ont droit de demander l’asile, de bénéficier de la
« protection » de la convention de Genève.

Sur chaque poteau de la ville, le parti de l’affreux grand blond borgne,
ou ce qu’il en reste, a bien fait les choses. Il y a des autocollants. Certains
habitants les ont arrachés, beaucoup d’autres pas. Avant d’arriver au
centre de cette bourgade, il y a un VVF occupé par les C.R.S., mais ce
n’est pas tout. Il y en a aussi à Saint-Omer et à l’hôtel Capthorn à Coquelles.
Qu’est-ce qu’ils y font ? Rien, absolument rien, ils sont là et c’est tout.

A Sangatte, les maisons s’appellent « L’Albatros », « La Terrasse », « Les Goélands »,
« La Maison Blanche ». C’est calme et c’est charmant, il fait beau, ça sent bon.

Pas bien rasés, pas bien habillés, ils marchent deux par deux dans la rue
principale. Eux ce sont les étrangers. Libres comme l’air, ils s’appellent
Ali, Hassan, Rafik... La majorité d’entre eux en ce moment vient
d’Afghanistan. Ils sont là, mais ils n’existent pas, ils sont des fantômes,
des errants qu’on ne contrôle pas, qu’on évite de regarder, ils sont presque
invisibles.

Il n’y a pas d’attroupement, pas de bruit, juste un passage permanent :
aller, venir, marcher, passer. C’est à se demander s’ils ne marchent pas
par peur. Par peur de s’arrêter, de tomber et de rester là. Alors toute la
journée, ils marchent.

Il est deux heures moins le quart. Entre le village et le « centre » de la
Croix-Rouge, un gigantesque hangar de tôle de 25 000 mètres carrés, j’en
croiserai plus de cent à marcher le visage fermé, pas encore arrivés,
semblant aller nulle part.

Au coin d’une ruelle, deux petits vieux regardent ce ballet. C’est une
triste maison celle de ces vieux. Pas une fleur, pas une plante, pas une
couleur, seulement une télé qui clignote et puis des hommes derrière les
fenêtres qui regardent d’autres hommes passer. Ils ont eux aussi le visage
fermé, ils sont comme assommés. Eux ils ne vont nulle part, ils ne se sont
pas arrêtés, ils ne sont pas passés, ils ne font rien à part manger, dormir
et regarder. Ce sont de tristes vieux, c’est une triste maison d’où l’on
regarde des hommes amenés par les craquements du monde : passer,
toujours passer et ne jamais s’arrêter. A ne rien y comprendre.

A l’entrée de cette chose gigantesque qu’est le centre, entourée
de grillages et surplombée du drapeau de la Croix-Rouge, une
camionnette de C.R.S. contrôle les gens qui veulent entrer. Mais
comme ici tout est inversé, on ne demande les papiers qu’aux « riches »
(ceux qui ont une voiture), et aux « blancs » (ceux qui ont l’air d’être
français et sont bien habillés). Les étrangers eux, ils passent, ils
n’existent pas.

Bon d’accord je me moque, mais c’est la stricte vérité. Je serais curieux
de savoir combien il y a de dépressions par compagnie de C.R.S. et par
semaine. Parce qu’ici il faut faire le contraire de ce que les successifs
ministres « Pasqua, Debré, Chevènement, Vaillant » ont toujours demandé.
Ici on fait tout le contraire. Ne contrôler que les riches, que les blancs,
et pas un étranger.

Dehors, sur les grillages qui ceinturent le centre, il y a du linge qui
sèche, des petits groupes qui discutent. « Il faudrait 1000 pantalons et 1000 pulls »
dit l’un des responsables de cette urgence humanitaire qui n’en finit pas.
La Croix-Rouge est débordée. Elle n’a plus de vêtements d’hommes à
donner. Pas un pull, pas une chemise. Alors... chacun garde son linge,
le surveille, le couve, le protège. Avant l’entrée du hangar il y a des
cabines téléphoniques qui sont
prises d’assaut, une famille dans chaque. Quatre cabines, quatre
familles, quinze personnes et puis un attroupement, une file, un
groupe qui attend.

Passé le porche c’est le tumulte, les odeurs. Du grésil pour désinfecter,
de l’eau de javel. Et puis des bruits, un brouhaha permanent de voix,
de pas qui glissent sur le sol de béton. Un sentiment d’urgence mêlé à
de l’attente permanente. Des dizaines, des centaines de voix qui parlent
en même temps sous le hangar encombré de baraques de chantiers
et de tentes.

C’est propre, tout est sans cesse nettoyé, désinfecté parce que chaque
jour des personnes arrivent et d’autres partent. L’hygiène est un équilibre
précaire sans cesse à préserver.

Alors, je m’assois et j’attends. Un jeune Afghan vient me trouver pour
discuter. Il est ici depuis quatre jours, il vient d’Italie. Chaque jour ou
plutôt chaque nuit il tente sa chance vers Eurotunnel. Il sourit. La
France, il s’en fout. Il est convaincu que le droit d’asile n’y existe plus.
Alors c’est en Angleterre qu’il veut aller. Il y sera « quand la chance se
présentera
 ». Chaque soir il recommence, et revient au matin accompagné
par la police. « Taxi-police » on appelle ça ici. Il a régulièrement sa famille
au téléphone, un frère à Kaboul. Il sait combien on y bombarde sur des
objectifs militaires, mais aussi que des civils y meurent. Il voudrait en
savoir plus, je ne sais rien.

Il s’en va. Je reste assis à écouter la vibration de ce que le Directeur-adjoint
aimerait qu’on n’appelle pas un camp, parce qu’il y fait tout ce qu’il peut,
y passe beaucoup de temps pour que ce soit vivable. N’empêche qu’ici on
ne peut pas ne pas penser à la guerre, à une opération d’urgence ponctuelle,
à une situation de conflit, à des déplacements de population pendant une
guerre.

Mais oui, c’est bien d’une guerre dont il s’agit. Avec des rescapés, des
naufragés abasourdis. Le désordre là-bas, pas si loin. Des pays vassaux
qui filtrent. Et puis un empire qui fait tout pour se protéger au mépris
du droit international. Enfin, ceux qui réussissent à y parvenir, à y
entrer, et bien on fait tout pour qu’ils ne fassent que passer, qu’ils ne
disent rien, qu’on ne les voit pas. C’est une guerre discrète et pourtant
meurtrière. Une guerre contre les étrangers, contre les pauvres, les
gens du Sud qui voudraient venir au Nord. Une guerre qui tait son
nom et cache les victimes. Une guerre de communication teintée
de mauvaise conscience, et d’une touche « d’humanitaire ».

image 402 x 270

Aujourd’hui, au centre il y 1085 personnes sous ce hangar
gigantesque. Ils mangent, ils dorment, ils sont soignés, habillés quand
c’est possible et puis ils partent. Afghanistan, Irak, Iran, Kurdistan,
ex-pays de l’Est et un tout petit peu d’Afrique, voilà d’où viennent
ces « passagers ».

Comme la vie continue malgré tout, malgré rien, six enfants sont
nés dans les hôpitaux de la région depuis l’ouverture du centre. Six
enfants déclarés, identifiés, recensés, qui ne sont pas restés. Qui, le
soir venu, sont partis avec leur parents se cacher dans un train, un
camion, un ferry. Des petits Français inexistants qui ne sont pas restés,
parce qu’ici c’est nulle part, ce n’est rien, même plus un espoir.

Chaque soir plus de 300 de ces invisibles se mettent en route. Sur leur
passage ils laissent une odeur de grésil, l’odeur du camp. Chaque matin
250 d’entre eux reviennent. C’est la moyenne à laquelle il faut ajouter
ceux qui se cachent dans les bosquets autour de la ligne de chemin de fer,
dans les sous-bois, ne veulent pas être vus.

A la Croix-Rouge on gère l’urgence au quotidien et on se méfie des médias.
Trop d’approximations, trop de conneries, trop d’à peu près. Des demandes
de reportages il y en a 6 par jour : 2 TV, 2 photographes et 2 journalistes
de presse écrite. Et puis il y a des mauvais souvenirs. Des photographes
qui se croient chez eux et photographient tout et tous sans respect, ni
précautions. Des journalistes qui se faufilent et entrent dans le peu
d’intimité qu’arrivent à préserver les gens d’ici.

Beaucoup de mauvais souvenirs. Canal+ qui mélange « migrants » et
« réfugiés ». Qui mélange les chiffres, faisant passer de 700 à 1700 les
« étrangers » présents. Un photographe qui vient pour un journal sérieux
et finit par publier son reportage dans un torchon, Entrevue. Du
spectacle, de l’émotion, des approximations, de l’événementiel. Rien
ou si peu qui pose des questions, explique.

Alors le temps passe et rien ne change. Un consensus pourtant se dégage
auprès des gens qui viennent souvent, ou travaillent ici. « Cette situation
ne profite qu’aux passeurs.
 » « C’est une hypocrisie ». Le prix du passage
tournerait entre 2000 et 4000 francs. Pour y arriver chacun a payé
de l’ordre de 50 000 francs. De quoi commencer une nouvelle vie.

A 16h45, les familles se mettent en route vers l’Angleterre. Il pleut,
c’est l’automne. Un petit enfant marche avec un lapin dans les bras.
Un père porte son fils. Sa femme marche à côté de lui avec trois grandes
filles qui ne sourient pas. Avec pas mal de chance demain ils seront en
Angleterre.

« Quand je vois une famille partir comme ça, j’ai envie de prendre ma
voiture et de les faire traverser
 », dira un des membres de la Croix-Rouge
malgré son devoir de réserve. A Sangatte, il y a beaucoup de devoir de
réserve. Beaucoup de silence, beaucoup de non-dits, de regards. Beaucoup
de paroles qui ne sont qu’étourdissantes, parce que jamais, jamais il n’est
possible d’oublier tous ces morts pour rien : électrocutés, écrasés, asphyxiés...

Alors il faut oublier, oublier encore. Marcher, parler, et oublier ce sentiment
de honte qu’on ressent à être témoin de ça...

Au bout du terrain, deux C.R.S. tentent de discuter avec des africains qui
font sécher leur linge sur des grillages. C’est un échange de sourires un
peu surréaliste. Les uns comme les autres attendent de partir, de passer,
d’en finir avec cette errance. Ils sont soudanais, parlent quelques bribes
d’anglais. Ceux d’en face s’ennuient, obéissent, ils sont là.

C’est l’heure du repas. Une file se constitue derrière des barrières, une
colonne organisée de 500 à 700 personnes qui se forme en file indienne.
Un léger brouhaha serein, un brouhaha d’attente.

Plus tard, un homme se plaint du froid, un autre des couvertures.
Et en même temps ils sourient, heureux d’exister, heureux qu’on les
écoute. Ils sourient qu’on les écoute, sans parler de l’essentiel, sans se
plaindre du principal. De la vie.

Une bagarre éclate. De loin on voit un attroupement, on perçoit des cris
et comme un flot qui y converge. Très vite Omar et Serge, les
médiateurs-interprètes, sont dans la mêlée, essayant de raisonner.
Il y a quatre ou cinq personnes qui se battent, et autour un attroupement
d’une centaine d’autres, au milieu desquels des types émergent et se ruent,
frappent en criant, se précipitent les uns sur les autres. Il y a des coups
de poing, des coups de pieds. Il faut plonger au milieu des combattants
pour réussir à les séparer, les retenir, les tenir par les bras. « Please, please,
please
 ». Il y aura un blessé léger. Il est petit, trapu, musclé, énervé
et souriant. Il a une entaille sur le front. C’était une dispute de petits
passeurs. Des histoires comme ça, il y en a tout le temps.

De la porte du hangar, derrière des grilles, on aperçoit les ferries qui
se succèdent. La côte anglaise est éclairée par le soleil, ça fait comme une
ligne blanche au milieu du bleu, une ligne blanche si proche. Moins de
cinquante kilomètres.

Entre février et août dernier quatre migrants mouraient. Quelques
semaines plus tard, c’est à l’hôpital que trois autres se retrouvaient
après avoir tenté de sauter sur le toit d’un train. En septembre un jeune
Irakien de vingt ans était fauché par une voiture. Quelques semaines
plus tard un jeune Kurde était écrasé par le camion dans lequel il était
monté. Son cousin âgé de 15 ans est aujourd’hui encore au centre sous
le choc. Des morts absurdes, des morts sans responsables, des vies
comme ça, perdues, oubliées, emportées par le vent de la mer.

Des morts sans responsables, à part peut-être un ministre de l’Intérieur
qui a en charge ce dossier, et se prépare pour les élections.

Voilà Sangatte, c’est la nausée, le sentiment de vies brisées, des regards,
des mains qu’on a envie de serrer. Des hommes qui avant de se mettre
en route regardent sur la mer des bateaux passer. Ce n’est pas un flux,
pas une masse, pas une cohorte. Quelques dizaines de personnes qui
chaque jour arrivent ici. Quelques gouttes, quelques échos de ce qui se
passe dans le monde. Quelques familles, quelques enfants, quelques femmes,
quelques hommes. Des gouttes d’eau face à la médiocrité de nos gouvernants.

Sangatte c’est l’endroit en France où les policiers voient le plus grand
nombre de « sans-papiers » circuler. Et les « sans-papiers » le plus grand
nombre de policiers.

Et puis il y a le sentiment d’insécurité de la population. Un viol, du racket,
à chaque fois perpétrés par des policiers. Un hasard, une fatalité. Non, ce
que produit un camp. De l’arbitraire et de la peur, un sentiment diffus
de mort, de fin de vie de l’humanité toute entière.

Des morts, des blessés, des hommes qui marchent dans la nuit, des morts,
des blessés, du désespoir à ne plus savoir qu’en faire, des corps, des mots
hachés, des sourires, des poignées de main, des petits matins, du brouillard,
du soleil, une ligne blanche où laisser ses yeux se perdre, se réfugier avant
de se mettre en route, des ferries qui passent au loin.

Quelques pas de plus dans le non-droit.

 
 
Olivier Aubert
 

Plusieurs collectifs et associations appellent à une mobilisation à Sangatte,
sur place, le week-end des 19, 20 et 21 octobre 2001.

Pour en savoir plus :
- Hacktivist News Service.
- le GISTI.

Mais aussi : Sangatte camp exposes brutal French and British asylum policy

(photo récupérée sur le site du GISTI, NDLR)

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journaliste

19 mai 2001
29 juillet 2001
 
SPIP
Web indépendant


L’histoire sans fin
24 octobre 2005, message de Joseph
 

L’article d’Olivier Aubert me surprend et m’attriste car les propos qu’il emploie et les faits qu’il relate sont les memes que ceux observés directement par le journaliste italien de l’espresso, Fabrizio Gatti, au mois d’octobre 2005 (cliquer sur http://www.espressonline.it/eol/free/jsp/detail.jsp?m1s=null&m2s=a&idCategory=4791&idContent=1129502).

Octobre 2001 et octobre 2005 : l’histoire se répète inlassablement et devant l’indifférence de tous.

Olivier Aubert, à l’instar de Fabrizio Gatti, ne parle pas uniquement du malheur des migrants cherchant un mieux-vivre et une chance de se trouver un autre avenir ailleurs. Son récit dénonce notre dérive intellectuelle, notre incapacité imaginative à trouver des solutions viables et crédibles et, enfin, notre contradictoire quete de sécurité.

Répondre


> Sangatte : un non lieu, pour des non-gens
22 octobre 2003, message de Yolanda
 

Je suis anglaise et je recherche l’immigration en France pour mes etudes de francais. J’etais vraiment choquee par cet article et je pense qu’il demontre la necessite pour la France de maitraiser l’immigration plus effectivement. Les gens a Sangatte ne pevent pas etre decrits comme "les gens" parce qu’ils ont perdu leurs identites et les aspects de la vie que vous fait humain.

Répondre


> Sangatte : un non lieu, pour des non-gens
13 mars 2003
 

tous les passeurs, mafias, du monde entier vous remercient de votre action. Sans votre soutien, ils gagneraient un tout petit peu d’argent en moins. Il serait grand temps que vous fassiez le nécessaire pour avoir un esprit un peu plus large et d’être un peu plus au courant de ce qui se passe dans le reste du monde sur ce sujet délicat. Arretez tout de suite de lire Libération ! Cela vous fera le plus grand bien à vos neurones.

Répondre


> Interview de Smaïn Laacher
22 décembre 2002, message de André
 

Je suis heureux de lire Olivier Aubert.
Je partage son point de vue et je le remercie de me permettre de mieux comprendre ce qui se passe et ce qui faut changer ici.

Pour faire avancer encore la réflexion, j’ai fait une modeste interview de Smaïn Laacher et je l’ai publiée sur deux sites :
Le site des Verts de Roubaix
et Le site de Terre d’Escaleid_article=208]
Je vous invite à la lire et à faire part de vos réactions.

 
Répondre
> Interview de Smaïn Laacher, O.aubert, 22 décembre 2002

Bonjour

J’ai lu cet interview de Smain Laarcher.

Plusieurs choses me génent :

- il ne fait jamais référence aux gens qui lui ont permis de réaliser cette étude devenus livre, notamment aux médiateurs-traducteurs qui pour certains étaient les seuls véritables interlocuteurs des réfugiés de Sangatte.

- Il ne considére pas que Sangatte est un camp puisqu’on est nottamment libre d’en sortir, certes mais pour aller où ?, comment ?, y faire quoi ?, quand toutes les portes demeurent verrouillés.

- Il est présenté comme l’unique auteur de l’étude sur "l’après régularisation" alors que François Brun également chercheur en est le co-auteur

- j’ajouterai que la position d’apparaitre dans les médias et donc d’accepter les conditions des débats qui y sont imposés est trés discutable. Il y a longtemps que je ne crois plus que les gens qui utilisent les médias soit disant pour y dire quelquechose sont dupes du fait que moins de 50 % de leur discours sera peceptible par les auditeurs.
Quand on accepte d’être sur un plateau de télévision aujourd’hui c’est pour y jouer un rôle qui a été pré-déterminé par des animateurs, y accepter d’être coupé, de ne pas avoir les conditions pour y parler librement et pouvoir expliquer réellement sa pensée.

Je suis partisan d’un boycott pur et simple de la médiatisation, évidemment ce n’est ni du gout des editeurs, ni de celui de ces universités. Je crois qu’a vouloir débattre avec les batteleurs professionnels que certains politiques sont devenus on risque : au pire le discrédit, au mieux de participer à un brouhaha qui sera remplacé par un autre après une page de publicité.

Ce qui me géne le plus c’est en tout cas l’impossibilité de dire "ce n’est pas moi qui ait fait ce boulot seul, c’est moi avec untel et untel sans qui je ne suis rien... etc"

Alors voilà mon avis, l’interview que tu as réalisé est trés interessante à plus d’un titre.

Je prépare un second épisode à ce texte que j’avais publié sur Uzine le 20 octobre 2001, il ne sera malheureusement pas mis en ligne sur Uzine qui a décidé de se "recentrer" sur le cyber-espace, internet etc...
Ma derniere proposition d’article a été l’objet de sarcasmes, de critiques, et d’un familiarité méprisante qui justifie que je n’ai plus rien a y faire.

Quand le centre d’un webmagasine sur internet devient internet, ça donne une idée de ce vers quoi on va...

A suivre sous d’autres latitudes

O.A

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> Sangatte : un non lieu, pour des non-gens
20 juin 2002, message de JOSSE Francis Yves Alfred
 

invasion à LILLE (59)


Original Message -----
From : "jossef" <jossef@wanadoo.fr>
To : <webvdn@lavoixdunord.fr>
Sent : Thursday, June 20, 2002 8:32 AM
Subject : Invasion

Avez-vous vu ce qui se passe actuellement sur l’Esplanade, à l’extrémité, côté Grimonprez ? Depuis quelques jours, trente à quarante véhicules hétéroclites stationnent en bordure du canal. Une population bigarrée aux accents d’Europe centrale (tziganes ?) semble avoir élu domicile. Il ne s’agit pas, cette fois, de caravanes confortables de "gens du voyage" auxquels nous sommes par obligation habitués mais de fourgonnettes de tous types, de tous âges ! Quelques véhicules ne repartiront pas par leurs
propres moyens, à bout de souffle, sur cales, sans roues. Cela ressemble à la tribu qui a envahi Fives en mars, puis le terrain délaissé d’autoroute à RONCHIN.

Répondre


> Sangatte : un non lieu, pour des non-gens
23 octobre 2001, message de Frans
 

C’est un très bel article, d’une belle plume et très humain. Il met en lumiere le drame de ces refugies... tout en omettant de remarquer que ces réfugiés sont les plus chanceux, que les autres, restés au pays ne mangeront pas a leur faim ou mourront de froid cet hiver. Que ceux qui se trouvent dans des camps au Pakistan ne rentreront pas de si tôt chez eux, et que la seule école pour leurs enfants est tenue par les taliban.

L’article cependant ne propose pas d’alternative. Ces refugiés sont dans l’ensemble soignés, nourris, proteges, encadres.. alors même qu’ils sont arrivés en France clandestinement. L’état de droit a accepté cette zone : c’est "un pas de plus dans le non droit". Mais il n’est pas si mauvais, au fond, et les CRS semblent bien peu actifs.

Et si aujourd’hui la France n’est plus une terre d’asile comme elle le fut autrefois, ce n’est pas que nous sommes devenus plus égoïstes. En quarante ans, la population du globe a doublé. Cette progression vient surtout d’un tiers monde qui a suivi des chemins divergents, entre la Corée reconstruite et riche aujourd’hui, ou l’Inde qui ne s’en tire pas trop mal, et le Congo-Zaïre, le Soudan, le Pakistan, la Colombie, l’Algérie, le Nigéria, qui vu la guerre et l’obscurantisme les dominer. Malgré des ressources naturelles et humaines importantes, ces pays sont devenus plus pauvres. Ils regroupent des centaines de millions d’hommes. Nous ne pouvons pas les accueillir : nous n’en avons plus les moyens physiques. 5%, 10%, 15% de pêrsonnes d’origine étrangère, nous arrivons à les gérer, à essayer de les intégrer. 50% non.

Nous n’avons pas d’autre choix que de repousser ceux qui veulent venir, et de soigner et d’intégrer ceux qui y parviennent.

Répondre
Sangatte, O.Aubert, 23 octobre 2001

Et bien non mon cher Frans,

Ce n’est pas un trés bel article, c’est un petit carnet de
voyage pas un article journalistique, aseptisé, une modeste contribution bénévole
pour raconter ce qu’on voit, ce qu’on ressent, ce qu’est ce bordel.

Je ne me livrerai pas au périlleux exercice de mesurer ce qu’est être plus chanceux ou pas.
Pour moi les seuls vrais malheureux de la terre, ce sont les occidentaux,
qui ne savent plus ce qu’est la vie. C’est fastoche de dire ça et un peu agaçant, mais c’est ce que j’observe.

Ensuite un article ou un carnet de voyage n’a pas a proposer d’alternative
les maitres a penser, on a suffisamment vus ce qu’ils pouvaient apporter.

`Que chacun se debrouille avec sa vie, sa culpabilité, son sens des responsabilités.
Comme petit "chroniqueur" je n’ai pas de conseils a donner.

Je me demande de quel "Etat de droit" tu parles,
tolérer, faire semblant de ne pas voir, c’est le contraire
de l’Etat de droit ou chacun existe est un "sujet de droit"

80 % des réfugies de la planéte le sont dans les pays du sud,
la grande majorité ne souhaite pas foutre les pieds en "Occident"

Quand a ton passage "réaliste socialiste" sur ce
que "nous" avons les moyens de faire ou de ne pas faire, tu raconteras ça a d’autres
car "nous" sommes l’un des pays les plus riches de la
planéte et ce n’est pas un hasard, regarde justement les
pays que tu cite et l’implication des pays occidentaux ou des
multinationales tu y verras peut être les raisons des guerres.

Regarde bien, tu crois vraiment que concernant l’Etat, les gouvernements
il y a encore un "nous", regarde l’absention, l’inertie totale des gens qui vivent dans ce pays
il n’y a plus de "nous". IL y a des gouvernants, des partis sans beaucoup de militants et puis des gens qui sont dans le réel, sur le terrain, avec des gens, a vivre des choses.

Tu parle de "gérer" des personnes d’origine étrangére et pas de vivre ou de construire quelquechose ensemble

Toi tu vas repousser et moi je vais pousser dans l’autre
sens et ce n’est pas "eux" qu’il faut soigner,
intégrer mais la grande majorité des "citoyens" qui vivent dans ce
pays et dans les autres autour, les soigner de la non vie qu’ils ont
de la non-humanité, et peut être aussi leur dire tout simplement
que même dans une société sans projet, il est possible de vivre d’être
heureux, d’avancer et que ce n’est ni en votant, ni en consommant
que c’est possible mais en construisant des liens, en essayant de recréer
quelquechose de l’humanité perdus en Occident.

Voilà Frans, nous sommes vivants alors nous allons : écrire
photographier, manifester, marcher, chanter et faire l’amour,
nous embrasser, nous battre, manger ensemble, rigoler

O.Aubert

Répondre
> Sangatte, Frans, 23 octobre 2001

Merci de ta reponse.

Ce n’est pas un Etat de droit qui ferme les yeux - je ne faisais que reprendre tes propres mots. Mais tu ne réponds pas au thème de mon message, qui est qu’on ne peut pas accueillir tous ceux qui le veulent. Nous sommes un pays riche, mais petit, et sa richesse tient à sa cohésion sociale - même si elle te paraît superficielle. Cette indifférence aux autres me déçoit aussi, mais je la préfère à d’autres réactions plus "musclées" que nous avons vues chez nos voisins yougoslaves.

Et, contrairement a toi je ne crois pas que ce soit notre faute collective, ni une sorte de culpabilite des riches, si ces pays sont dans une misere affreuse. Pour avoir vécu en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, je sais la chance que nous avons avec nos gouvernants, et la chance que nous avons de voter, et d’exprimer des opinions et d’en débattre.

Enfin on peut ne pas être d’accord avec toi et rire, se battre, écrire, ... vivre quoi.

Répondre
Sangatte etc..., o.aubert, 23 octobre 2001

C’est de la mythologie policiére que de croire que les
gens veulent nous envahir, alors forcément, ça fait des
effectifs, avoir forcément ça fait des statistiques, donc de nouveaux effectifs, donc de nouvlles statistiques, avec plein de petits chefs qui veulent devenir grands et puissants etc..
Une ronde morbide sans fin. Tous les "étrangers" que je connais
ne révent qu’a repartir ou a pouvoir circuler : 6 mois ici, ou bien
3 mois et puis 6 mois là-bas ou bien 9 mais depuis 1974
avec "l’arrêt officiel de l’immigration", ils sont prisonniers
soit ici, soit là-bas.
Mais quand je dis "étrangers", ils ne le sont que par "appellation" car je me sens souvent plus de proximité, plus de sentiment de partager quelquechose d’une humanité que de mes voisins de palier enfermés dans leur respectabilité, leurs convenances, leurs mensonges et leur sous-vie sociale.
Le mythe policier concernant l’adhésion des
pays européens pauvres c’était que les portugais notamment
allaient débarquer en nombre. Avec le développement de ces
pays c’est tout le contraire qui s’est produit.

Ensuite quand on fomente, finance des guerres un peu partout dans le monde et bien il n’est pas étonnant que ça "produise" des déplacés
avec une toute petite partie qui se réfugie vers les ex-pays coloniaux.

Les Angolais, Mozambicains sont au Portugal, les Nigerians
et Pendjabis en Angleterre, les guinéens en Espagne etc...
C’est pas difficile a vérifier...

Quand tu parles de cohésion sociale en France je ne vois
pas où tu vas la chercher :
- taux d’abstension record aux élections
- sur-consommation d’alcool et d’anti-dépresseurs
- niveau de convivialité dans la cité au stricte minimum etc...

Nous sommes dans une société riche et inégalitaire qui ne
sait plus "soigner" les mots qu’elle génére, une société
sans aucun projet, sans aucune perspective que de se transformer
en forteresse, la seule cohésion dans ce pays c’est
l’indifférence, la TV et le shopping qui sont les seules moments
ou l’on peut en effet sentir une triste cohésion dans la course
à l’oubli, l’étourdissement.
Si je ne crois pas à la responsabilité collective, je crois
par contre a la responsabilité individuelle mais pas aux "militants tristes" dont parle M.Benassayag dans ces livres, je vis aujourd’hui et je sais pertinemment que ceux qui ont des choses a me promettre sont soit des pauvres types qui sont perdus, soit des menteurs.
Quand aux notions de "faute", de "culpabilité"
je ne m’y retrouve pas, ça fait référence a une identité culturelle qui après avoir trop triché a presque quasiment disparu

Quand à la chance de voter, ce n’est pas un cadeau qui nous a été octroyé par nos princes gouvernants mais un droit qu’on a gagnés,
Quand a exprimer des opinions et en débattre avec l’etat actuel de la société, les gens qui souhaitent encore s’exprimer et débattre, ça doit être a peine 3% de la population. Les écoles sont des machines a "éduquer" pas des écoles de liberté ni d’autonomie alors débattons, débattons mais avant de me répondre lit, sort dans la rue, va a la rencontre des gens et peut être même va faire un tour entre Sangatte et eurotunnel tu verras trés précisément là ou finit une civilisation si j’ose appeler ça comme ça.

Aux éditoriaux de journaux, au reportages TV il vaut souvent mieux avoir l’honnéteté d’aller voir, sentir, écouter, renifler

A se faire une idée de loin, sur tout, sur la vie, le premier risque qu’on court c’est tout simplement de passer à coté

Alors bonne route, adieu

O.Aubert

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> Sangatte etc..., Fourbissime, 31 octobre 2002

c’est pas grand chose, ca ne sert probablement à rien d’écrire ca, mais je voulais juste te dire que je partage ton point de vue.

Répondre


Compte-rendu d’une action inédite
22 octobre 2001, message de Marie F
 

JOURNEES D’ACTION DE SOUTIEN AUX REFUGIES DE SANGATTE

voici un compte rendu..j’espère qu’ily en aura d’autres pour plus
d’objectivité...

chronologie des événements :

- du 15 au 20 octobre : expo de dessins d’enfants réfugiés, de photos et
d’info dans le hall de la mairie
- le 17, un groupe de réfugiés (ados et de parents) ont été amenés par
"Opale bus" visiter l’expo

- le 19, 18h30 forum. Divers prises de parole, pas vraiment de débat, environ
250 personnes
- différences de points de vue entre humanitaires-politiques et "activistes"
- animateur : Daniel Leau (journaliste au mensuel "Opâle Attitude")
J’ai pris quelques notes...Un enregistrement a été réalisé ainsi qu’une
prise en sténo...donc, l’intégral sera bientôt disponible pour les
intéressés...

A la suite des prises de parole de Véronique Desenclos (La Belle étoile),
H.Flautre (député eur.Verte), B.Caron (alternatif), l’animateur a plusieurs
fois insisté sur le fait qu’il manque des engagements concrets des élus pour
que les pouvoirs publics prennent conscience de l’impasse de la situation.
Il a souligné que ceux qui veulent fermer le centre (sans rien proposer en
alternative), ont le soutien d’élus qui proposent et votent des motions lors
de conseils municipaux et sont bien plus actifs que nous.
Les déclarations et les voeux pieux de ceux qui se disent du côté des droits
humains sont insuffisants.

Mm Gest,conseillère régionale verte, s’est défendue en disant qu’elle était
intervenue pour empêcher la fermeture du centre. Elle a déploré le manque de
soutien de l’exécutif. Elle a parlé de l’amalgame entre passeurs et
réfugiés. S’il y a des passeurs, c’est parce qu’ils ont leur utilité étant
donné que les réfugiés ne peuvent passer légalement. D’après elle, il n’y a
pas tant de trafics. Elle a souligné que l’ouverture du centre il y a deux
ans a été une victoire , mais une victoire amère puisque le problème n’est
toujours pas prêt d’être réglé. Elle dit qu’il faut exiger la présence
d’associations d’aide aux étrangers et des services administratifs sur place
(Pour l’instant, les demandes de régularisation en France doivent être
faites à Arras à 100km de Calais...)

Un alternatif s’est plaint du fait que les socialistes régionaux se sont
focalisés sur la fermeture du centre, qu’eux, ne pèsent pas lourd face aux
autres et que la motion pour la fermeture a été présentée en "catimini" en
fin de réunion...

Olivier Aubert est alors intervenu pour affirmer que Sangatte était le seul
centre de ce type en Europe, que le problème n’était pas seulement au niveau
local, et qu’il fallait mettre en place un réseau transversal de lutte, en
dehors des amendements et des motions d’élus. Le HCR doit être saisi, des
procédures contre le gouvernement français doivent être engagées pour non
application de la convention de Genêve, violation des institutions
internationales. Un travail pédagogique doit être entrepris avec la
population pour expliquer, réduire les peurs, les médias doivent plus
s’impliquer.

Etienne Procheville s’est déclaré étonné de la tournure "provinciale" du
débat et a déclaré qu’il fallait s’allier entre réseaux pour s’attaquer à
tous les centres de réténtion (il a évoqué Palaisaux) et au problème de
Sangatte qui est sous les yeux de toute l’Europe.

[Après l’intervention d’Etienne (et son attaque du caractère provinciale qui
n’a surement pas été bien ressenti par bon nombre de personnes du collectif
calaisien), Helène Flautre, en bonne politicienne, a salué les victoires des
groupes locaux et monopolisé la parole quelques temps...je n’ai pas pris de
nottes, excusez-moi ]

François Giquel de la coordination littorale CNT a rappelé que la loi de 51
n’était faite que pour les réfugiés politiques et excluait tous les autres
types de migrants qui n’entrent pas dans les cadres juridiques , les
migrants pour raisons économiques ou familiale telle Semira Adamou qui a
fuit son pays par refus de violences patriarcales.
Il a également rappelé que dans l’U E, de nouvelles loies augmentent la
répression, que les élus sont pour ces répressions contre les réfugiés, les
sans papiers et les militants. A été évoqué également la sélection au niveau
des pays de départ pour les candidats à l’émigration.

Une représentante du Gisti a dit qu’il fallait utiliser Sangatte pour
montrer les incohérences du système, remplacer les pouvoirs publics et se
substituer à leurs insuffisances, accompagner les demandeurs d’asile,
organiser des permanences interassociatives, pousser la croix rouge à
trouver se place, produire des documents en plusieurs langues.

Andry, de la Cimade, a énoncé trois alternatives pour "régler" le problème
du centre de Sangatte : expulser tout le monde, les envoyer tous en
Angleterre, ou leur donner l’occasion de s’installer en France. Il a dénoncé
le fait que la situation des migrants varie en fonction de leur nationalité :
un afghan sera hébergé à Sangatte tandis qu’un roumain se retrouvera au
centre de rétention de Coquelle...(d’où les fausses déclarations de nombres
de migrants)

Un individuel a appelé à la vigilance pour le statut commun des réfugiés
prévu pour l’Europe en 2004, à mettre la pression sur les pouvoirs
politiques qui sont censés suivre l’opinion publique, à expliquer à la
population que les pays ont les moyens de redéfinir leurs priorités
budgétaires et aider les migrants au lieu de développer l’armement..

Un représentants de la FSU a déclaré que Sangatte est l’apendice d’un
problème d’iimigration mondial. C’est le bout de la course, l’impasse. Il a
parlé de la retenu en amont des réfugiés, denoncé la volonté de réinstauré
une politique de quotas, comme la Belgique qui veut trier les migrants en
fonction de leur utilité sociale. Il a souligné le danger et le silence
coupable de tous les politiques

Un membre du CSP de Lille a appelé à la mobilisation pour une vie digne,
avec ou sans le centre de Sangatte. Il a affirmé que le problème est local,
régional, national, européeen et mondial. Il faut mobiliser sur tous les
fronts.

- 21h30 concert avec la Cie Tire Laine et repas proposé par la Cimade de
Lille.

samedi 20 : toute la matinée, point info , rencontre et stands à la Maison
pour tous

- vers midi des membres du CAE de Paris, CNT Littorale et Droit Devant, ont
"pris" un rond point à la Cité de l’Europe (immense et immonde centre
commercial de Coquelle à 20m duquel se trouve le centre de rétention, face
au site du terminal d’eurotunnel , point de convergence de consommateurs
français et anglais) pour tracter le texte que le CAE avait diffusé à la
gare du Nord la semaine dernière.

- 14h30 rassemblement, autour de 400 personnes
banderoles et pancartes divers, percu du CSP de Lille qui avait mobilisé en
nombre, CSP d’Amiens ,des Bruxellois du CAE, d’autres de Paris, la CNT de
Lille, la FA, la LCR...et les membres du collectif local :AC ! , CNT, LDH,
Attac, Emmaus, Mission étudiante, pastorale des migrants, Alternatifs,
verts, ACAT, CCFD, Artisans du Monde, La Belle étoile, Opale écologie,
Cimade, Gisti, FSU, Action Catholique ouvrière,

tractage du CSP, du CAE et de la CNT (avec des versions anglaises pour les
touristes britanniques toujours en nombre à Calais le samedi)

des slogans tout le long du parcourt "solidarité avec les réfugiés"
"étudiants, salariés, chomeurs, réfugiés, solidarité" "ouvrons les
frontières, partageons les richesse"..."nous sommes tous des enfants
d’immigrés"
Collage d’autocollants le long du parcourt, qui avait déjà été jalonné
d’affichage sauvage( "fermez lez yeus où vous risquez d’apercevoir ces
réfugiés que personne ne veut voir" "quel avenir pour les réfugiés")
le parcours négocié avec les Rg par le représentant de la LDH a été rallongé
sous la pression d’une grande partie du collectif
un sit in était préu (par les verts) mais vu la chaussée détrempée, l’idée a
été abandonnée.

arrivé à la sous préfecture, une délégation de six représentants du
collectif a été reçue par le sous préfet.Il ont demandé la mise en place
d’une permanence avec un juriste et de la documentztion en plusieurs langues
pour informer les réfugiés sur leurs droits et notamment la demande d’asile
en France. Ils ont demandé que la sous préfectrure calaisienne puisse
recevoir les demandes à la place de la prefecture d’Arras. En question aussi
la scolarité des enfants et la création d’un statut européen des réfugiés.
Un réfugié afghan (qui a rencontré le cortège par hasard) a pris la parole
pour remercier les manifestants.
[voir plus loin les raisons de la grande absence des réfugiés dans ce
cortège...]
annonce au mégaphone de la suite officielle (célébration multireligieuse) et
officieuse (concert à 20hsous le hangar du centre de Sangatte et marche de
solidarité à 21h30 à partir du centre de Sangatte)

retour vers la MPT en cortège et musique jusqu’à la MPT malgré l’appel à la
dispersion du president local de la LDH
des cracheurs de feu et des jongleurs venus de Dunkerque animent le
trottoir face à la MPT en attendant le spectacle.

- 17h théâtre et lecture de texte sur le thême de l’immigration

- 18h tractage à l’intérieur du centre commercial de la cité de l’Europe pour
dénoncer l’existence du centre de rétention avec la CNT ,le CAE bruxelles,
et un membre d’Attac ; A noter que l’existence et la fonction de ce centre
est encore inconnu de la quasi totalité de la population locale.

- 18h30 nous apprenons que le concert du soir pour les réfugiés est
annulé...Le directeur de la croix rouge aura décidé de ne pas tenir ses
engagements ...son discourt variant selon les interlocuteurs (problèmes de
sécurité annoncé aux musiciens, non reception des messages de confirmation
annoncée aux organisateurs, improvisation de l’action annoncée aux
humanitaires du collectif) laisse penser à un sabotage , des pressions de la
part de ceux qui ne voulaient en rien implquer les réfugiés dans ces deux
journées d’action.

Nous aprendrons par ailleurs que la croix rouge n’aura pas non plus tenu ses
engagements de diffusion d’information malgré les affiches traduits en farsi
et en anglais fournies le mercredi précédent..
Une partie du collectif craignait une participation active des réfugiés au
rassemblement (ils ont parlé des risques que ces derniers pourraient
encourir s’ils s’exposaient en centre ville) les infantilisant et leur niant
tout droit d’expression et d’information. Ces même personnes ont tout fait
pour décourager ceux qui voulaient marcher de nuit en solidarité avec les
réfugiés , évoquant les dangers de déclenchement de bagarres, de colère des
passeurs si nous les génions dans leur travail, d’exposition inutile des
réfugiés à des représsailles policière...

- 20h : les personnes qui voulaient assister au concert se retrouvent devant le
centre de Sangatte. L’annulation laisse un sentiment amère mais l’envie de
marcher dans la nuit sur une partie du trajet effectué plusieurs fois par
jour et par nuit par ceux qui tentent de passer en Angleterre, l’envie de
rencontrer et de discuter avec des réfugiés en marchant avec eux en
solidarité , domine l’assemblée.

- en attendant 21h30, nous nous rassemblons sur la place de l’église. La
volonté de faire cette marche est forte malgré les incertitudes quant à
l’utilité, les conséquences, le déroulement . Nous pensions être une dizaine
et nous nous retrouvons à 50... Les refugiés ne sont pas
prévenus...seront-ils avec nous ? Comprendront-ils notre démarche ?
un groupe part en avance pour les informer (l’entrée du centre est une
grille située à 300m du hangar, constament gardée par un car de CRS qui
filtre les entrée, mais les réfugiés vont et viennent librement)
Notre présence et notre volonté de marche solidaire est annoncée par
l’intermédiaire d’un ancien réfugié. Les migrants arrivent vers nous par
petits groupes. La police, par mesure de sécurité demande à nous escorter
avec un véhicule en warning (des connards roulent à 80km/h sur cette petite
route de campagne et des accidnts ont déjà eu lieu) Mais nous refuseront de
marcher derrière un véhicule de police et une d nos voiture se chargera de
la visibilité.

Le groupe de réfugiés qui veulent se joindre à notre action augmente
rapidement (certains pensent que nous voulons les faire passer en Angleterre
et même passer avec eux...mais tous comprennent rapidement que nous sommes
dans le cadre d’une action symbolique)

En attendant les groupes qui sortent du hangar, nous nous mettons à chanter
"solidarité avec les réfugiés" et les migrants présents chantent avec nous .
Nous serons accompagnés d’environ 200 réfugiés...4km à pied jusqu’au pont de
Coquelle d’où l’entrée du tunnel est visible.

Des tentatives de conversation en anglais (qu’ils sont très minoritaires à
parler), frustration des problèmes de communication, sollicitation
permanente de l’unique traducteur, bonne humeur, arrivée d’une journaliste
de la voix du nord..les réfugiés en profitent pour dénoncer les conditions
dans lesquelles ils vivent sous le hangar géré par la croix rouge (des
puces, la gale, manque de couvertures et de vêtements), les incidents avec
les camioneurs (molestage d’une femme enceinte).Ils nous font part de leur
volonté d’entamer une grève de la faim, nous demandent si nous pouvons
revenir tous les jours...

Arrivés près du pont une partie déclare vouloir tenter le passage en
Angleterre . Ils s’éparpillent dans la nature..
Une partie rentre au centre avec nous (une vingtaine).
Nous organisons un système de navette de voitures pour ramener tout le monde
vers sangatte (on manque d’entrainement pour la marche ...) mais un groupe
d’irréductible rentrera à pied jusqu’au bout.
Quant à la police, elle se contentera de faire en sorte qu’aucun réfugié ne
montera dans une voiture (les personnes qui prennent des réfugiés en stop
sont accusée de servir de passeur....) Etant donné que tout s’était bien
passé nous n’avons pas cherché de provocation de ce coté pour cette fois.
Mais il est certain qu’une action devrait être entreprise pour dénoncer le
fait qu’un français ne peut prendre un migrant en stop sans se retrouver
avec la voiture immobilisée et emmené au poste.

Ce type d’action, impliquant les réfugiés sans se substituer à eux n’avait
jamais été mis en place à Sangatte. Tout fut plus ou moins improvisé mais
l’objectif d’une action politique de solidarité a été réussi malgré les
humanitaires du collectif qui ne voulaient pas d’implication directe des
réfugiés.

Aujourd’hui, les réfugiés savent qu’ils peuvent être soutenus.
D’ailleurs, ils prévoient prochainement d’organiser une manif pour dénoncer
leurs conditions de vie.

Quant à nous, nous savons maintenant que notre soutien symbolique les
intéresse , que les « hordes d’extrême droite » (annoncées par les RG) sont
invisibles mis à part quelques autocollants "dégage, tu nique la France",
que la police ne bouge pas face au nombre, que la barrière de la langue se
franchit, qu’on ne pourra compter que sur nous même pour diffuser des info,
que les humanitaires sont des peureux, que les migrants réclament notre
soutien, que leur condition de vie ne sont pas aussi bonne que la croix
rouge peut nous le laisser penser, qu’ils sont prèts à tout, QU’ON DOIT SE
MOBILISER AVEC EUX ...

Marie F

quand on peut faire un peu, ne rien faire est une grave erreur...

 
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En direct de Sangatte
21 octobre 2001, message de Jacques
 

Place de l’eglise de Sangate, décision prise de rejoindre le centre à pied,
où étaient retournès quelques militants, puis débuter la marche.

A peine pris le départ, la camionnette de CRS qui nous surveillait de loin
depuis notre arrivée. s’avance jusqu’à notre hauteur, pour nous demander
nos intentions, puis nous dépasse...

Alors que nous sommes à quelques centaines de metres du centre, nous y
entendons de nombreux cris. Inquiétude : Les flics y sont-ils entrés
pour empécher les réfugiés de nous rejoindre ? Quelques instants plus
tard, les cris se transforment en clameur. Perplexité...

Alors que nous arrivons à l’entrée, nous nos craintes se dissipent en
voyant des dizaines d’ombres suivant les quelques militants présents
dans le centre. :-)

Négociation rapide avec les flics, qui nous accordent l’autorisation
de marcher vers Eurotunel. Seule condition : qu’un de leurs véhicules
nous précède... N’ayant pas vraiment envie d’avoir le décors de notre
marche entaché par ce genre de véhicule, nous proposons que ce soit un
de nos véhicule qui fasse le travail. Proposition accordée..

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à plus de 250 à marcher en
pleine nuit :-)

Nous marchons donc dans la nuit noire, mais dans une ambiance de fête,
en criant les slogans habituels. Mais en faisant tout de même attention aux
voitures qui nous croisent.

Petite indécision en arrivant à un rond-point, juste avant l’arriivée du
but annonce (un pont juste à coté du site, oq nous avions garré des
voitures pour notre retour). Nous continuons cependant tous ensemble
(enfin presque, j’ai l’impression qu’il y avait un peu moins de monde
qu’un peu plus tôt.. ;-) )

Arrivés presque à notre but, nous nous arrretons pour discuter de la
suite des evènements. Evidement, c’est ici que se pose la question : que
veulent faire les réfugiés ? Retourner à Sangate, ou tenter leur chance.
Et que devons nous faire nous-mêmes ?

Pendant que nous discutons, deux flics (un civil et un en uniforme de la
PAF) nous rejoignent, et demandent nos intentions. Certains réfugiés
demandent à ce que les flics les rapatrient à Sangate. Les flics
refusent : vous n’ètes pas encore dans la zone interdite...

Le temps que nous discutons, les sans-papiers montre leur décision :
une grande partie d’entre eux s’avance vers le pont !
Les flics les laissent passer...

Nous restons là, à les regarder tenter leur chance (passage de frontière
ou rapatriement automobile à Sangate, allez savoir ! )

Une autre partie des réfugiés décide de rentrer à pied à Sangate.
Afin d’éviter qu’ils ne marchent trop, nous organisons des navettes
automobiles. La route du retour est très encombrèe : Des réfugiés
marchant dans les deux sens. Lors de mon passage en voiture devant le
centre, nous voyons un véhicule de la police débarquant un groupe de
réfugiés. Faisaient-ils partie des marcheurs, où etait-ce des personnes
ayant tenté leur chance en dehors de nos activités ?

Dans tous les cas, J’ai l’impression que les CRS ne vont pas beaucoup
dormir cette nuit... :-)

A+ Jacques.

 
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> En direct de Sangatte, Walt Dickney, 13 novembre 2001

Il veulent aller en Angleterre ? On les laisse passer. Point à la ligne ça ne nous concerne pas. Mieux on leur file gratos les tickets Eurostar. Et les anglais vont gueuler. ouais. Surement. ALros que c’est eux qui les ont attiré en leur faisant miroiter moultes avantages (maison, argent... etc.) Et maintenant ? Ils n’en veulent plus, ils le rejettent. Et on les récupère en essayant tant bien que mal de les héberger chez nous, tout en sachant qu’ils ne veulent que ALLER en Angleterre... Cercle vicieux infini et donc interminable.

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Sangatte c’est une honte, 24 octobre 2003

chez eux, c’est la guerre la famine et tout.
ça nous regarde pas hein ?
on peut pas accueillir toute la misère du monde hein ?
Mais non on est pas egoistes.
On est 5% en France en dessous du SMIC, c’est pour ça qu’on se permet d’etre radins avec les plus pauvres que nous.
D’ailleurs si on avait du fric, et ben : on le garderait madame !
Voilà, alors non non, personne n’est responsable : on est tous coupables ! Et ceetains plus que d’autres : les riches...

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> Sangatte c’est une honte, angix, 2 décembre 2003

Notre nouveau gouvernement, n’aime pas tout ces gens : l’Afghanistan est un pays sûr au yeux de la France, même si tous les jours des gens se font tuer par les bombes que nos chers amis Américains n’arrivent pas à stabiliser la situation, la France rejète en bloc tous ces ressortissants Afghans sous ce prétexte et c’est honteux, des jeunes gens mourront si la France les renvoient

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> Sangatte c’est une honte, 15 janvier 2004

je demeure à COQUELLES petit village paisible à 2 KM de l’ancien centre de réfugiés de SANGATTE. vous ne faites pas allusion aux dégradations et agressions commises par les "pauvres réfugiés de ce centre" dans les champs : barbelés arrachés laissant s’échapper les chevaux, vaches ; les rejets d’ordures dans champs canettes de biere et autres détritus, excréments ,a au climat d’insécurité qui a régné pendant ces 3 années de centre, les jeunes filles interpellées, les agressions physiques et verbales, les réseaux de prostitution et de trafic de drogue mis en place par ces "malheureux réfugiés", les policiers et crs agressés, les règlement de compte entre ethnies différentes. Il est vraiment dommage
que vous jugiez sans faire la part de choses et en n’interrogeant pas les personnes directement concernées.

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> En direct de Sangatte, LA VERITE, 10 mars 2005

MOI MEME JE SUI SANGATTOISE EST A TRAVERS VOTRE TEXTE JE NEST VRAIMENT PAS L’IMPRESSION QUE VOUS VOUS METTEZ A LA PLACE DES HABITANTS, DE CE QU’ON A PU VIVRE, A LEPOQUE DU CAMP J’AVAIS 17 ANS JE N’AVAIS MEME PLUS LE DROIT DE SORTIR SEULE A PARTIR D’UNE CERTAINE HEURE, MEME DANS MA PROPRE COURS JE NE POUVEZ PAS SORTIR PAR PEUR QU’ON ME VOIT CAR ILS COUPAIENT LES COURS AFIN D’ALLER AU PLUS VITE, BREF JE C CE QUE J’AI VECUE EST SACHEZ QUE CE SONT LOIN D’ETRE LES PLUS BELLES ANNEES DE MA VIE. JE NE PRECISERAIT PA PLUS CE SUJET QUI MET DIFFICIL DEVOQUER.

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> En direct de Sangatte, marcsali, 13 novembre 2005

Je vous félicite mme. de votre humanité
il ne faut pas vivre dans le passé néanmoins qui peut vivre sas son passé ??

Votre texto me fait chau au coeur, étant
venu en tant que refugié en France à 20 ans
aujord’hui je me pense integré....mais pas amnésique ;-) ...comment peut-on vivre à côté de la detresse et se reffuser à ouvrir les yeux devant cela ... Hummaniste et chrétien dans l’âme et mes gestes nous ne devons jamais perdre le capacité de révolte devant la douleur et le chagrin
d’autrui.

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